Nouadhibou: un carrefour sans fin

Nouadhibou: un carrefour sans fin

À Nouadhibou, capitale économique mauritanienne, la population compte plus de 50.000 personnes migrantes. Cette ville côtière est devenue un des principaux points de passage pour rejoindre l’Europe par la traversée du Sahara ou de la Méditerranée. Mais le renforcement des contrôles aux frontières contraint les personnes exilées à emprunter des routes toujours plus dangereuses pour repartir.

Depuis 2014, l’Association Daniel-Brottier est l’une des rares structures mobilisée pour accueillir et aider les personnes en exil pigées à Nouadhibou. Elle les sensibilise aux dangers de la route migratoire. 

Avec son bonnet bleu et ses habits colorés, Daniel (nom fictif) se distingue au milieu de ce paysage monochrome. Avec soin, il arrose cette plante isolée qui, comme lui, tente d’éclore et de trouver sa place au milieu de ce désert mauritanien inhospitalier. Derrière lui, se hisse le dôme d’une petite chapelle discrète. C’est ici qu’il a trouvé un peu de répit au cours de son périple migratoire. Le père Pachel Florian Mbabe, figure de proue de l’Association Daniel-Brottier à Nouadhibou, l’a accueilli et lui a confié un petit boulot de jardinier.

Du haut de ses 15 ans, ce jeune guinéen a déjà un parcours de vie qu’on aurait souhaité qu’il ne connaisse jamais. Sans le dire à personne, sauf à sa mère, il quitte seul son pays pour tenter de rejoindre l’Europe. Dans le bus pour Dakar, il est abandonné sur le bord de la route. À la frontière mauritanienne, il n’est pas épargné par la violence. À plusieurs reprises, il tente de traverser le désert, mais il est rattrapé en vain et sans ménagements par les garde-frontières. Désormais à Nouadhibou, il est submergé par la sensation d’être pris au piège dans un carrefour sans issues.

Du haut de ses 15 ans, Daniel fait preuve d’un courage et d’une détermination sans limites pour atteindre son rêve d’un avenir meilleur. Il compte bien poursuivre sa route — à pied ou en bateau, il ne sait pas encore — malgré les dangers et les difficultés qui l’attendent.

Mgr Martin Happe
Évêque de Nouakchott, Mauritania