Échos de la XIIe Assemblée plénière de l’Acerac en Guinée équatoriale

Échos de la XIIe Assemblée plénière de l’Acerac en Guinée équatoriale

Les membres de l’Association des Conférences Épiscopales de la Région d’Afrique Centrale (ACERAC), qui comprend les conférences épiscopales de six pays, à savoir le Cameroun, la Centrafrique, le Tchad, le Congo Brazzaville, la Guinée équatoriale et le Gabon, se sont réunis à Mongomo, en Guinée équatoriale, du 17 au 24 juillet 2022. La réunion a été organisée à l’occasion de la XIIe Assemblée plénière dont le thème était: “Le phénomène de la migration des jeunes: le cas de l’Afrique Centrale.” La Section Migrants et Réfugiés (M&R) a été représentée par le P. Avelino Chico S.J., Coordinateur régional pour l’Afrique. Les autres membres invités à participer à l’Assemblée plénière étaient: Cardinal Philippe Ouédraogo, en tant que Président du SCEAM (Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar), Mgr Protase Rugambwa, Secrétaire du Dicastère pour l’Évangélisation et Mgr Julio Murat, Nonce Apostolique au Cameroun et en Guinée Équatoriale. 

La cérémonie d’ouverture a eu lieu le dimanche 17 juillet par des messes célébrées dans les cinq diocèses du pays. À Mongomo, la messe a été présidée par Mgr Juan Domingo Beka, Évêque du lieu, dans la basilique de Notre-Dame de l’Immaculée Conception. Le président du pays, M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, a assisté à la messe en compagnie de son épouse et des membres du gouvernement. D’autres membres de l’ACERAC, évêques et prêtres, étaient dispersés dans les quatre autres diocèses de Guinée équatoriale: Malabo, Bata, Ebebiyin et Evinayong.  

Le jour suivant, M. Obiang a rencontré les évêques et a déclaré officiellement l’ouverture de la XIIe Assemblée plénière. Dans son message, le Président a souligné que l’Église Catholique peut aider la société civile à gérer la migration illégale en provenance d’Afrique. D’autres discours ont précédé celui du Président. Le Secrétaire général de l’ACERAC, le P. Antonio Mabiala, a donné un aperçu du thème choisi par les évêques. Ensuite, le Nonce Apostolique au Cameroun et en Guinée Equatoriale, a rappelé aux participants la nécessité de créer des commissions pour la pastorale des migrants et des réfugiés dans les églises locales. Le Secrétaire du Dicastère pour l’Évangélisation a rappelé la mission pastorale d’accompagner les migrants et les réfugiés. Le Président sortant de l’ACERAC, Mgr Juan Nsue Edjang Mayé, évêque de Malabo, a parlé de ce que les Évêques d’Afrique Centrale ont fait pour apporter la paix et la justice dans la sous région. Enfin, le Cardinal Philippe Ouédraogo s’est penché sur le droit à rester dans le pays d’origine. Cela demande la création d’un environnement favorable qui incitera les personnes, particulièrement les jeunes, à rester dans leur pays. 

Les conférences ont débuté le mardi 19 juillet. La première a été donnée par le P. Elvis Elengabeka, Recteur du Grand Séminaire International des Spiritains à Libreville, Gabon, qui a parlé du phénomène migratoire dans la Bible. Le P. Elengabeka a montré que Dieu est un migrant, de même qu’Abraham et Jésus. La conférence suivante a été donnée par le P. Chico qui a fait un exposé sur la migration dans la Doctrine sociale de l’Eglise. Citant divers documents de l’Église, il a montré comment l’Église a toujours été et est encore préoccupée par la migration. L’après-midi, deux autres conférences ont eu lieu. Mme Marie-Thérèse Mengue de l’Université Catholique d’Afrique Centrale (UCAC) a donné le premier aperçu de la famille et la migration. La présentation de Mme Mengue est le résultat d’une enquête menée à l’UCAC en 2019. Selon elle, alors que les familles éclatent et cherchent des moyens de survivance, les jeunes essaient de trouver comment devenir des soutiens de familles et l’amélioration de leur situation. Parfois, poursuit-elle, les familles sont prêtes à tout vendre et à investir pour faire partir un jeune. Dans sa deuxième conférence, le P. Chico a parlé des Orientations pastorales sur la traite des personnes. Ces orientations ont été le résultat de la consultation avec des églises locales que la M&R avait organisée en 2018. En Afrique Centrale, la Centrafrique fait partie des pays les plus touchés et la forme la plus importante de trafic est l’exploitation sexuelle et le travail forcé. Pour cette raison, l’Église en Afrique Centrale estime que la prise de conscience de la dignité de la personne humaine et de l’égalité partagée par tous en tant qu’êtres humains est fondamentale.

Le deuxième jour de la série de conférences était consacré aux Médias et à la Migration. Le Dr. Albert Mianzoukouta, de la République du Congo, a dit que les médias semblent faire partie du problème de la migration, car ils continuent à présenter l’Europe et l’Amérique comme un Eldorado. Cela incite de nombreux jeunes à affronter le risque du désert et le danger de l’océan. Les médias Catholiques doivent être capables de donner une vision plus équilibrée, afin que les jeunes réalisent qu’ils peuvent aussi réussir dans leur propre pays. Pour ce faire, l’Église doit toutefois investir dans les médias locaux. Les jeunes, qui ont été amenés par chaque délégation, ont eu également l’opportunité de faire entendre leur voix sur la question de la migration et sur les raisons pour lesquelles beaucoup d’entre eux quittent l’Afrique. Ils pointent du doigt la mauvaise gouvernance, les conflits et les guerres, ainsi que le manque d’opportunités d’emplois sur le continent. En guise de conclusion, une  série de conférences a abouti à une table ronde organisée pour présenter la situation de chaque pays membre de l’ACERAC. Tous les Évêques chargés de la migration se sont convenus que le problème de la migration et de la jeunesse est une question préoccupante nécessitant des actions concrètes. Alors chaque Conférence Épiscopale devrait élaborer des stratégies adaptées à son cas spécifique. Pour donner des consignes concrètes, Mgr Samuel Kleda, Évêque de Douala, a parlé des orientations pastorales sur la migration dans la région ACERAC.  

Enfin, en ce qui concerne le message de la XIIe Assemblée plénière de l’ACERAC sur les jeunes et la migration, il convient de noter que le déplacement des jeunes d’Afrique en général et d’Afrique Centrale en particulier est une préoccupation sociale croissante pour les Évêques. Ceux-ci ont mis en place une Commission dirigée par Mgr Samuel Kleda, pour étudier et développer des stratégies pastorales concrètes sur la façon dont l’Église en Afrique Centrale peut aider les migrants et aborder la question de déplacement forcé. Les Évêques ont également appelé les gouvernements à créer une atmosphère favorable pour que les jeunes restent dans leur pays d’origine. Cela inclut la création d’emplois et la possibilité d’acquérir une meilleure éducation. Quant aux familles, le message indique qu’elles ne devraient pas imposer à leurs enfants de lourdes charges et attentes, car ils se sentent frustrés s’ils ne répondent pas à ces attentes. Certains d’entre eux sont obligés d’émigrer pour apporter cette preuve. En ce qui concerne la question de la traite, les Évêques s’adressent aux jeunes en leur disant “d’être conscient et de faire attention aux nouvelles formes d’esclavages organisées par des réseaux mafieux qui leurs rassurent au départ, mais les conduisent vers un enfer insoupçonné: ‘Mon peuple périt faute de connaissance’, nous dit le Prophète (Osée 4,6).” 

La prochaine Assemblée plénière de l’ACERAC se tiendra au Tchad en 2025. Cela signifie que la nouvelle présidence de l’ACERAC passe naturellement au président de la Conférence Épiscopale du Tchad, Mgr Edmond Djitangar, Archevêque de N’djamena. Mgr Nestor-Désiré Nongo-Aziagbia, Évêque de Bossangoa en Centrafrique, en devient le vice-président.