L’engagement de l’Eglise en Mauritanie auprès de migrants
La situation qui s’est produit en Mauritanie depuis décembre 2020 n’est pas paisible. Dans les trois premiers mois de 2021, le pays a connu plusieurs naufrages qui ont provoqué la mort de plusieurs migrants, ainsi que leur disparition.
Dans leur souci de chercher le bien-être et la dignité, beaucoup des d’hommes et des femmes en détresse originaires du Mali, Sénégal, Guinée-Bissau, Guinée, Cameroun, Nigeria, Gambie, Ghana et Côte d’Ivoire, accompagnés de leurs enfants, succombe dans la côte maritime de la Mauritanie. Pour gagner l’Europe, leur destination finale, les jeunes migrants, demandeurs d’asile et réfugiés passent par la ville de Nouakchott et de Nouadhibou qui sont à proximité des Îles Canaries et du Maroc. Une enquête sur l’immigration réalisée en 2020 dans les deux villes de Nouakchott et Nouadhibou, indique qu’en ces trois premiers mois de 2021, près de 2000 migrants subsahariens sont arrivés en Mauritanie alors qu’ils tentaient de traverser l’Afrique de l’Ouest par l’Océan atlantique afin de rejoindre les îles Canaries. Les pirogues taxis collectent les migrants dans les ports de Guinée, Mbour, Saint Louis, Nouakchott et Nouadhibou.
Actuellement, beaucoup des migrants qui tentent de gagner l’Europe vivent à Nouadhibou dans des conditions déplorables et ne peuvent manger à leur faim. Dû à la Covid-19, les immigrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés vivent des moments stressants à cause de l’arrêt de plusieurs activités économiques et sociales. Plusieurs se sont retrouvés dans la rue et les réseaux de prostitution et trafic d’alcool ont augmenté dans les quartiers de Nouadhibou. L’engagement du diocèse de Nouakchott pour soulager la souffrance des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés, y compris des Mauritaniens vulnérables, est bien remarquable. L’Église a mis en place un mécanisme de protection sociale au profit de ces personnes. La Mission Catholique et de la Caritas Paroissiale de Nouadhibou assure quotidiennement une permanence pour accueillir des migrants qui arrivent le jour comme la nuit à Nouadhibou. Être souriant et accueillir l’autre avec toutes ses détresses, tout le poids de son parcours, dans le respect de la personne, ne portant aucun jugement, sans pouvoir faire des promesses ou résoudre ses problèmes. La tâche de la Caritas Paroissiale est plutôt d’être l’outil qui permet aux migrants de se relever, de retrouver une dignité, de se prendre en charge et de donner courage pour qu’ils se connectent avec eux-mêmes et soient optimistes sur leur vie et leur avenir.
Le diocèse de Mauritanie compte avec un bureau “Accueil-Écoute” à Nouakchott et une “Caritas paroissiale” à Nouadhibou. Ces deux structures ecclésiales ont pour mission de mettre en œuvre toute l’action sociale et caritative de l’Église en Mauritanie, de prêter une oreille attentive à tous les cas de figure qui se présentent à elles et d’apporter d’assistance humanitaire, soutien psychologique et sensibilisation contre l’immigration clandestine. L’Église cherche à assister les migrants, demandeurs d’asile et réfugiés, les sensibiliser à ne pas prendre de routes dangereuses pour l’Europe, ainsi que les orienter. Depuis 2020, les deux cellules ecclésiales en Mauritanie sont également engagées dans la prévention contre la Covid-19 et fournissent d’appui médical, des matériaux hygiéniques et sanitaires d’urgence.
Les programmes “Accueil-Écoute” et “Caritas paroissiale” interviennent dans la promotion féminine (d’alphabétisation et appui aux femmes migrants enceintes), intégration dans le travail, formation professionnelle en informatique-bureautique, comptabilité, gestion, couture-teinture-broderie, coiffure, cuisine et pâtisserie. Ces projets consistent à aider les migrants et les Mauritaniens à trouver d’emploi et prendre en charge leur propre destin. Ils ont aussi un service de logement temporaire pour les demandeurs d’asile et pour les migrants nouvellement arrivés qui ne connaissant personne à Nouakchott et à Nouadhibou. Il y a également des projets de microcrédit pour favoriser une bonne insertion sociale des personnes plus vulnérables.
Le diocèse de Nouakchott est confronté à quelques difficultés pour bien aboutir sa mission caritative-sociale. C’est-à-dire, le manque de spécialistes bénévoles, insuffisance financière par rapport au nombre de personnes qui demandent de l’aide, ainsi que des solutions à court terme en raison de l’instabilité de ces personnes. D’ailleurs, c’est dans ce contexte difficile que l’Église continue à recevoir, écouter, voire soulager autant que possible la souffrance des uns et des autres. Les difficultés sont vécues dans un contexte d’appréciations abondantes.
À part les migrants et les personnes les plus vulnérables, les actions de l’Église en Mauritanie sont très appréciées par les autorités civiles et administratives du pays. L’Église travaille en réseautage dans le cadre d’accueil-écoute, d’accompagnement, d’assistance urgente et d’amélioration des conditions de vie des migrants. Plusieurs invitations d’échange en technique d’écoute et de gestion de projet sont également mises en place. Le bureau “Accueil-Écoute” à Nouakchott et la “Caritas paroissiale” à Nouadhibou agissent pour assurer le respect de la dignité et une meilleure intégration sociale dans le pays de leurs bénéficiaires. La joie de servir les frères et sœurs migrants, des réfugiés et d’autres personnes contraintes de migrer est au cœur de la mission de l’Église en Mauritanie. Plus il est difficile, plus il faut aimer pour le bonheur des plus vulnérables.