8 décembre 2016 | Lettre

LETTRE DU SAINT-PÈRE AUX EVÊQUES

[…] Encore aujourd’hui, il nous est demandé la même chose, à nous pasteurs,
d’être des hommes capables d’écouter la voix du Père, de ne pas y être sourds, et
de pouvoir ainsi être plus sensibles à la réalité qui nous entoure. Aujourd’hui, avec
saint Joseph pour modèle, nous sommes invités à ne pas nous laisser voler la joie.
Nous sommes invités à la défendre des Hérode de notre époque. Et, comme saint
Joseph, nous avons besoin de courage pour accepter cette réalité, pour nous lever
et la pendre dans nos mains (cf. Mt 2, 20). Le courage de la protéger des nouveaux
Hérode de notre époque qui détruisent l’innocence de nos enfants. Une innocence
brisée sous le poids du travail clandestin et de l’esclavage, sous le poids de la
prostitution et de l’exploitation. Une innocence détruite par les guerres et par
l’émigration forcée, avec la perte de tout ce que cela comporte. Des milliers de nos
enfants sont tombés entre les mains de bandits, de mafias, de marchands de mort
qui ne font que détruire et exploiter leurs besoins.
A titre d’exemple, aujourd’hui, 75 millions d’enfants – en raison des situations
d’urgence et des crises prolongées – ont dû interrompre leur instruction. En 2015,
68% des personnes faisant l’objet de trafic sexuel dans le monde étaient des
enfants. Par ailleurs, un tiers des enfants qui ont dû vivre en dehors de leurs pays
l’on fait par déplacement forcé. Nous vivons dans un monde où presque la moitié
des enfants qui meurent en dessous de 5 ans, meurent de malnutrition. En 2016,
on calcule que 150 millions d’enfants mineurs ont travaillé, pour beaucoup dans des
conditions d’esclavage. Selon le dernier rapport de l’UNICEF, si la situation
mondiale ne change pas, en 2030, 167 millions d’enfants vivront dans une extrême
pauvreté, 69 millions d’enfants en dessous de 5 ans mourront entre 2016 et 2030,
et 60 millions d’enfants n’iront pas à l’école primaire. […]