[…] Et si nous faisons un effort d’imagination, dans le visage de ces femmes, nous
pouvons trouver les visages de nombreuses mères et grand-mères, le visage
d’enfants et de jeunes qui supportent le poids et la douleur de tant d’injustices si
inhumaines. Nous voyons reflétés en eux les visages de ceux qui, marchant par la
ville, sentent la douleur de la misère, la douleur de l’exploitation et de la traite. En
eux, nous voyons aussi les visages de ceux qui font l’expérience du mépris, parce
qu’ils sont immigrés, orphelins de patrie, de maison, de famille ; les visages de
ceux dont le regard révèle solitude et abandon, parce qu’ils ont les mains trop
rugueuses. Elles reflètent le visage de femmes, de mères qui pleurent en voyant
que la vie de leurs enfants reste ensevelie sous le poids de la corruption qui prive
de droits et brise de nombreuses aspirations, sous l’égoïsme quotidien qui crucifie
et ensevelit l’espérance de beaucoup, sous la bureaucratie paralysante et stérile qui
ne permet pas que les choses changent. Dans leur douleur, elles ont le visage de
tous ceux qui, en marchant par la ville, voient leur dignité crucifiée. […]