20 mars 2016 | Homélie

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Place Saint-Pierre XXXIe Journée mondiale de la Jeunesse

[…]Mais c’est seulement le début. L’humiliation que subit Jésus devient extrême
dans la Passion. Il est vendu pour trente deniers et trahi par le baiser d’un disciple
qu’il avait choisi et appelé ami. Presque tous les autres fuient et l’abandonnent ;
Pierre le renie trois fois dans la cour du temple. Humilié dans l’âme par des
moqueries, des insultes et des crachats, il souffre dans son corps d’atroces
violences : les coups, le fouet et la couronne d’épine rendent son aspect
méconnaissable. Il subit aussi l’infamie et la condamnation inique des autorités,
religieuse et politique : il est fait péché et reconnu injuste. Ensuite, Pilate l’envoie à
Hérode, et celui-ci le renvoie au gouverneur romain : alors que toute justice lui est
refusée, Jésus éprouve aussi l’indifférence, parce que personne ne veut assumer la
responsabilité de son destin. Et je pense à tant de gens, aux nombreux
marginalisés, aux nombreux déplacés, aux nombreux réfugiés, à ceux dont
beaucoup ne veulent pas assumer la responsabilité en ce qui concerne leur destin.
La foule, qui l’avait acclamé peu de temps avant, change ses louanges en cri
d’accusation, préférant même qu’un homicide soit libéré à sa place. Il arrive ainsi à
la mort de la croix, la plus douloureuse et infamante, réservée aux traitres, aux
esclaves et aux pires criminels. La solitude, la diffamation et la douleur ne sont pas
encore le sommet de son dépouillement. Pour être en tout solidaire avec nous, il
fait aussi, sur la croix, l’expérience du mystérieux abandon du Père. Mais dans
l’abandon, il prie et s’en remet : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit » (Lc
23, 46). Suspendu au gibet, en plus de la dérision, il affronte la dernière tentation :
la provocation à descendre de la croix, à vaincre le mal par la force et à montrer le
visage d’un Dieu puissant et invincible. Jésus, au contraire, précisément ici, au faîte
de l’anéantissement, révèle le vrai visage de Dieu, qui est miséricorde. Il pardonne
à ceux qui l’ont crucifié, il ouvre les portes du paradis au larron repenti et touche le
cœur du centurion. Si le mystère du mal est abyssal, la réalité de l’Amour qui l’a
transpercé est infinie, parvenant jusqu’au tombeau et aux enfers, assumant toute
notre souffrance pour la racheter, portant la lumière aux ténèbres, la vie à la mort,
l’amour à la haine. […]