J’ai le plaisir de vous souhaiter la bienvenue, à vous tous, venus ici de diverses
régions du monde, malgré les difficultés dues à la pandémie, pour participer à la
conférence internationale: «Eradiquer le travail des enfants, construire un avenir
meilleur», qui se tiendra cet après-midi au dicastère pour le service du
développement humain intégral.
Le fléau de l’exploitation du travail des enfants, sur lequel vous réfléchissez
ensemble aujourd’hui, revêt une importance particulière pour le présent et pour
l’avenir de notre humanité. Notre relation avec les enfants, la mesure dans
laquelle nous respectons leur dignité humaine innée et leurs droits
fondamentaux, expriment quel genre d’adultes nous sommes et voulons être et
quel genre de société nous voulons construire.
Le fait que dans les économies contemporaines, dont les activités productives
bénéficient des innovations technologiques, au point que l’on parle de
«quatrième révolution industrielle», l’emploi des enfants dans les activités de
travail persiste partout dans le monde est choquant et troublant. Cela met en
danger leur santé, leur bien-être psycho-physique et les prive du droit à
l’instruction et de vivre leur enfance dans la joie et la sérénité. La pandémie a
aggravé encore plus cette situation.
Le travail des mineurs ne doit pas être confondu avec les petites tâches
domestiques que les enfants, dans leur temps libre et selon leur âge, peuvent
effectuer dans le cadre de la vie familiale, pour aider les parents, la fratrie, les
grands-parents ou d’autres membres de la communauté. Ces activités sont
généralement propices à leur développement, car elles permettent de tester
leurs capacités et de grandir dans la conscience et la res-ponsabilité. Le travail
des mineurs, c’est autre chose! C’est l’exploitation des enfants dans les
processus de production de l’économie mondialisée au profit des bénéfices et des
revenus d’autrui. C’est la négation du droit des enfants à la santé, à l’instruction,
à une croissance harmonieuse, qui comprend également la possibilité de jouer et
de rêver. C’est tragique. Un enfant qui ne peut pas rêver, qui ne peut pas -jouer,
ne peut pas grandir. C’est voler l’avenir des enfants et donc de l’humanité
elle-même. C’est une atteinte à la dignité hu-maine.
L’extrême pauvreté, le manque de travail et le désespoir qui en résulte dans les
familles sont les facteurs qui exposent le plus les enfants à l’exploitation par le
travail. Si nous voulons éradiquer le fléau du travail des enfants, nous devons
œuvrer ensemble pour éradiquer la pauvreté, pour corriger les distorsions du
système économique en vigueur, qui concentre la richesse entre les mains d’un
petit nombre. Nous devons encourager les Etats et les acteurs du monde de
l’entreprise à créer des opportunités de travail décent avec des salaires
équitables, qui permettent de répondre aux besoins des familles sans que leurs
enfants soient obligés de travailler. Nous devons unir nos efforts pour
promouvoir une instruction de qualité dans chaque pays, gratuite pour tous,
ainsi qu’un système de santé accessible à tous sans distinction. Tous les acteurs
sociaux sont appelés à lutter contre le travail des enfants et les causes qui le
déterminent. La participation à cette conférence de représentants des
organisations internationales, de la société civile, de l’entreprise et de l’Eglise est
un signe de grande espérance.
J’exhorte le di-castère pour le service du développement humain intégral, qui est
également chargé de promouvoir le développement des enfants, de poursuivre
ce travail de stimulation, de facilitation et de coordination des initiatives et des
efforts déjà en cours à tous les niveaux dans la lutte contre le travail des
enfants. Et à vous, intervenants et participants à cette rencontre, j’exprime ma
reconnaissance: merci de partager vos compétences et votre engagement pour
cette cause qui est une véritable question de civilisation. Je vous encourage à
continuer dans cette voie, sans vous laisser décourager par les inévitables
difficultés, mais en élargissant de plus en plus le réseau des personnes et des
organisations impliquées. Gardons toujours à l’esprit les paroles de Jésus dans
l’Evangile: «Tout ce que vous avez fait à l’un de ces petits de mes frères, c’est à
moi que vous l’avez fait» (Mt 25, 40).
Je vous confie, ainsi que vos familles et votre travail, à l’intercession maternelle
de la Très Sainte Vierge Marie, et je vous bénis de tout cœur. Merci.