Chers sœurs et frères,
Je vous souhaite la bienvenue, à vous qui avez adhéré au projet «Snapshots
from the borders». Je remercie M. Salvatore Martello, maire de Lampedusa et
Linosa, pour les paroles qu’il m’a adressées au nom de tous. Et je vous remercie
aussi pour cette belle croix, si significative, que vous avez apportée. Merci.
Votre projet est un projet clairvoyant. Il se propose de promouvoir une
compréhension plus profonde de la migration, qui permette aux sociétés
européennes d’apporter une réponse plus humaine et coordonnée aux défis des
migrations contemporaines. Le réseau d’autorités locales et d’organisations de la
société civile, qui est né de ce projet, se propose de contribuer de façon positive
au développement de politiques migratoires qui répondent à cette fin.
L’horizon migratoire actuel est complexe et présente souvent des aspects
dramatiques. Les interdépendances mondiales qui déterminent les flux
migratoires doivent être mieux étudiées et comprises. Les défis sont nombreux
et nous interpellent tous. Personne ne peut rester indifférent face aux tragédies
humaines qui continuent d’avoir lieu dans diverses régions du monde. Parmi
celles-ci nous interpellent souvent celles qui ont comme théâtre la Méditerranée,
une mer de frontières, mais également de rencontre entre les cultures.
En février dernier, au cours de la Rencontre — très positive — avec les évêques
de la Méditerranée, à Bari, je rappelais que «parmi ceux qui, dans la région
méditerranéenne, peinent le plus, il y a ceux qui fuient la guerre ou qui laissent
leur terre en quête d’une vie digne de l’homme. […] Nous sommes conscients
qu’en divers contextes sociaux un sentiment d’indifférence, et même de refus,
est répandu […]. La communauté internationale s’est contentée d’interventions
militaires alors qu’elle devrait mettre en place des institutions qui garantissent
des opportunités égales et des lieux où les citoyens auraient la possibilité de
prendre en charge le bien commun […]. Dans le même temps, nous
n’accepterons jamais que celui qui cherche l’espérance en prenant la mer meure
sans recevoir de secours […]. Certes, l’accueil et une intégration digne sont des
étapes d’un processus qui n’est pas facile. Cependant, il est impensable de s’y
engager en construisant des murs» (Discours, 23 février 2020).
Face à ces défis, il apparaît évident que la solidarité concrète et la responsabilité
partagée sont indispensables, tant au niveau national qu’international. «La
pandémie actuelle a mis en évidence notre interdépendance: nous sommes tous
liés, les uns aux autres, tant dans le mal que dans le bien» (Audience générale,
2 septembre 2020). Il faut agir ensemble, pas seuls.
Il est également fondamental de changer la façon de voir et de raconter la
migration: il s’agit de mettre au centre les personnes, les visages, les histoires.
D’où l’importance de projets, comme celui que vous avez promu, qui tentent de
proposer des approches différentes, inspirées par la culture de la rencontre, qui
constitue le chemin vers un nouvel humanisme. Et quand je parle de «nouvel
humanisme», je ne l’entends pas seulement comme une philosophie de vie, mais
également comme une spiritualité, comme un mode de comportement.
Les habitants des villes et des territoires de frontière — les sociétés, les
communautés, les Eglises — sont appelés à être les premiers acteurs de ce
tournant, grâce aux opportunités constantes de rencontre que l’histoire leur
offre. Les frontières, depuis toujours considérées comme des barrières de
division, peuvent en revanche devenir des «fenêtres», des espaces de
connaissance mutuelle, d’enrichissement réciproque, de communion dans la
diversité; elles peuvent devenir des lieux dans lesquels on expérimente des
modèles pour surmonter les difficultés que les nouvelles arrivées comportent
pour les communautés autochtones.
Je vous encourage à continuer de travailler ensemble pour la culture de la
rencontre et de la solidarité. Que le Seigneur bénisse vos efforts dans ce sens et
que la Vierge vous protège, ainsi que les personnes pour lesquelles vous
travaillez. Je prie pour vous et vous, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour
moi. Que le Seigneur vous bénisse tous, ainsi que votre travail et vos efforts en
vue d’aller de l’avant dans cette direction. Merci.