23 octobre 2014 | Discours du Saint-Père

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À UNE DÉLÉGATION DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DROIT PÉNAL

Salle des Papes

[…] a) Sur le délit de la traite des personnes
L’esclavage, y compris la traite des personnes, est reconnu comme crime contre
l’humanité et comme crime de guerre, aussi bien par le droit international que par
de nombreuses législations nationales. C’est un délit qui lèse l’humanité. Et, du
moment qu’il n’est pas possible de commettre un délit aussi complexe que la traite
des personnes sans la complicité, active ou par omission, des Etats, il est évident
que, quand les efforts pour prévenir et combattre ce phénomène ne sont pas
suffisants, nous nous trouvons à nouveau devant un crime contre l’humanité. Plus
encore, s’il arrive que celui qui est préposé à la protection des personnes et à la
garantie de leur liberté, se rende en revanche complice de ceux qui pratiquent le
commerce d’êtres humains, alors, dans ces cas, les Etats sont responsables devant
leurs citoyens et face à la communauté internationale.
On peut parler d’un milliard de personnes prisonnières de la pauvreté absolue. Un
milliard et demi n’ont pas accès aux services d’hygiène, à l’eau potable, à
l’électricité, à l’éducation de base ou à l’assistance médicale et doivent supporter
des privations économiques incompatibles avec une vie digne (2014 Human
Development Report, Unpd). Même si le nombre total de personnes dans cette
situation a diminué au cours de ces dernières années, leur vulnérabilité a
augmenté, à cause des difficultés accrues qu’elles doivent affronter pour sortir de
cette situation. Cela est dû à la quantité toujours croissante de personnes qui
vivent dans des pays en conflit. Quarante cinq millions de personnes ont été
obligées de fuir à cause de situations de violence ou de persécution pendant la
seule année 2012; sur ce nombre, quinze millions sont réfugiées, le nombre le plus
élevé depuis dix-huit ans. Soixante-dix pour cent de ces personnes sont des
femmes. En outre, on estime que dans le monde, sept personnes sur dix parmi
celles qui meurent de faim sont des femmes et des petites filles (Fonds des nations
unies pour les femmes, Unifem).[…]