13 avril 2016 | Audience Générale

PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE

INVITATION À LA PRIÈRE POUR LA VISITE À LESBO
Samedi prochain, j’irai à l’île de Lesbos, où de nombreux réfugiés sont passés ces
derniers mois. Avec mes frères, j’irai avec le patriarche de Constantinople
Bartholomé et l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce Hieronymos, pour
exprimer la proximité et la solidarité aux réfugiés et aux citoyens de Lesbos et à
tout le peuple grec si généreux en hospitalité. Je vous demande, s’il vous plaît, de
m’accompagner de prières, invoquant la lumière et le pouvoir du Saint-Esprit et
l’intercession maternelle de la Vierge Marie. […]

Rencontre avec les habitants et la communauté catholique.

Mémoire des victimes de la migration.

16 aprile 2016
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M. le Chef du Gouvernement,
Distinguées Autorités,
Chers frères et sœurs,
Depuis que Lesbos est devenue un point de chute pour de nombreux migrants en
recherche de paix et de dignité, j’ai ressenti le désir de venir ici. Aujourd’hui je
remercie Dieu qui me l’a accordé. Et je remercie Monsieur le Président Paulopoulos
de m’avoir invité, avec le Patriarche Bartholomée et l’Archevêque Hieronymos.
Je voudrais exprimer mon admiration au peuple grec qui, malgré les graves
difficultés à affronter, a su tenir ouverts les cœurs et les portes. Beaucoup de
personnes simples ont mis à disposition le peu qu’elles avaient pour le partager
avec celui qui était privé de tout. Dieu saura récompenser cette générosité, comme
celle d’autres nations voisines, qui, dès les premiers moments, ont accueilli avec
une grande disponibilité de très nombreux migrants forcés.
Est aussi bénie la présence généreuse de beaucoup de volontaires et de
nombreuses associations qui, avec les diverses institutions publiques, ont apporté
et apportent leur aide, exprimant concrètement une proximité fraternelle.
Je voudrais renouveler aujourd’hui un appel plein de tristesse à la responsabilité et
à la solidarité face à une situation si dramatique. Beaucoup de réfugiés qui se
trouvent sur cette île et en divers endroits de la Grèce vivent dans des conditions
critiques, dans un climat d’anxiété et de peur, parfois de désespoir, en raison des
difficultés matérielles et de l’incertitude de l’avenir.
Les préoccupations des institutions et des personnes, ici en Grèce comme dans
d’autres pays d’Europe, sont compréhensibles et légitimes. Il ne faut cependant
jamais oublier que les migrants, avant d’être des numéros sont des personnes, des

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visages, des noms, des histoires. L’Europe est la patrie des droits humains, et
quiconque pose le pied en terre européenne devrait pouvoir en faire l’expérience ;
ainsi il se rendra plus conscient de devoir à son tour les respecter et les défendre.
Malheureusement, certains – parmi lesquels beaucoup d’enfants – n’ont même pas
réussi à arriver : ils ont perdu la vie en mer, victimes de voyages inhumains et
soumis aux brimades de lâches bourreaux.
Vous, habitants de Lesbos, vous montrez qu’en cette terre, berceau de civilisation,
bat encore le cœur d’une humanité qui sait reconnaître avant tout le frère et la
sœur, une humanité qui veut construire des ponts et qui renonce à l’illusion de
construire des enclos pour se sentir plus en sécurité. En effet, les barrières créent
des divisions, au lieu d’aider le vrai progrès des peuples, et les divisions provoquent
tôt ou tard des conflits.
Pour être vraiment solidaires avec celui qui est contraint de fuir de sa propre terre,
il faut travailler pour supprimer les causes de cette dramatique réalité : il ne suffit
pas de se limiter à faire face à l’urgence du moment, mais il faut développer des
politiques de longue haleine, qui ne soient pas unilatérales. Avant tout il est
nécessaire de construire la paix là où la guerre a apporté destructions et mort, et
empêcher que ce cancer se répande ailleurs. Pour cela il est nécessaire de
s’opposer avec fermeté à la prolifération et au trafic des armes, et de leurs réseaux
souvent occultes. Que ceux qui poursuivent des projets de haine et de violence
soient privés de tout soutien. En revanche, que la collaboration entre les pays, les
Organisations internationales et les Institutions humanitaires soit promue
inlassablement, non pas en isolant mais en soutenant celui qui fait face à l’urgence.
Dans cette perspective, je renouvelle le souhait que le premier Sommet
Humanitaire Mondial, qui aura lieu à Istanbul le mois prochain, soit un succès.
Tout cela, on peut seulement le faire ensemble : ensemble on peut et on doit
chercher des solutions dignes de l’homme à la question complexe des réfugiés. Et
pour cela, la contribution des Eglises et des Communautés religieuses est aussi
indispensable. Ma présence ici, avec le Patriarche Bartholomée et l’Archevêque
Hieronymos, témoigne de notre volonté de continuer à collaborer pour que ce défi
de notre temps devienne une occasion, non pas de conflit, mais de croissance de la
civilisation de l’amour.
Chers frères et sœurs, face aux tragédies qui blessent l’humanité, Dieu n’est pas
indifférent, il n’est pas distant. Il est notre Père qui nous aide à construire le bien et
à repousser le mal. Non seulement il nous soutient, mais en Jésus il nous a montré
le chemin de la paix. Face au mal du monde, il s’est fait notre serviteur, et par son
service d’amour il a sauvé le monde. Voilà le vrai pouvoir qui engendre la paix. Seul
celui qui sert avec amour construit la paix. Le service fait sortir de soi-même et il
prend soin des autres, il ne permet pas que les personnes ni les choses tombent en
ruine, mais il sait les préserver, dépassant la couche épaisse d’indifférence qui
obscurcit les esprits et les cœurs.
Merci à vous, parce que vous êtes des gardiens d’humanité, parce que vous prenez
soin avec tendresse de la chair du Christ qui souffre dans le frère le plus petit,
affamé et étranger, et que vous avez accueilli (cf. Mt 25, 35).
Συχαριστώ!