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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA 56e JOURNÉE MONDIALE DES COMMUNICATIONS SOCIALES

Chers frères et sœurs!
L’année dernière, nous avons réfléchi à la nécessité de “venir et voir” pour
découvrir la réalité et pouvoir la raconter à partir de l’expérience des événements et
de la rencontre avec les personnes. En poursuivant dans cette ligne, je voudrais
maintenant porter l’attention sur un autre verbe, « écouter », qui est décisif dans la
grammaire de la communication et condition pour un dialogue authentique. […]
[…] La réalité de la migration forcée est également une question complexe et
personne n’a de recette toute faite pour la résoudre. Je répète que pour surmonter
les préjugés sur les migrants et dénouer la dureté de nos cœurs, il faudrait essayer
d’écouter leurs histoires ; donner un nom et une histoire à chacun d’eux. Beaucoup
de bons journalistes le font déjà. Et beaucoup d’autres voudraient le faire, si
seulement ils le pouvaient. Encourageons-les ! Écoutons ces histoires ! Chacun sera
alors libre de soutenir les politiques migratoires qu’il juge les plus appropriées pour
son pays. Mais nous aurons de toute façon devant les yeux, non pas des chiffres,
non pas de dangereux envahisseurs, mais des visages et des histoires de personnes
concrètes, des regards, des attentes, des souffrances d’hommes et de femmes à
écouter.
S’écouter dans l’Église
Même dans l’Église, il y a un grand besoin d’écouter et de s’écouter. C’est le don le
plus précieux et le plus généreux que nous pouvons offrir les uns les autres. Nous,
chrétiens, nous oublions que le service de l’écoute nous a été confié par celui qui
est l’auditeur par excellence, à l’œuvre duquel nous sommes appelés à participer. «
Nous devons écouter à travers l’oreille de Dieu, si nous voulons être capables de
parler à travers sa Parole ». C’est ainsi que le théologien protestant Dietrich
Bonhoeffer nous rappelle que le premier service que nous devons aux autres dans
la communion est de les écouter. Celui qui ne sait pas écouter son frère ne sera
bientôt plus capable d’écouter Dieu non plus.
Dans l’action pastorale, le travail le plus important est « l’apostolat de l’oreille ».
Écouter, avant de parler, comme l’exhorte l’apôtre Jacques : « Que chacun soit
prompt à écouter, lent à parler » (1, 19). Donner gratuitement un peu de son temps
pour écouter les gens est le premier geste de charité.
Un processus synodal vient d’être récemment lancé. Prions pour qu’il soit une
grande occasion d’écoute réciproque. La communion, en effet, n’est pas le résultat
de stratégies ni de programmes, mais elle se construit dans l’écoute réciproque
entre frères et sœurs. Comme dans une chorale, l’unité ne requiert pas l’uniformité,
la monotonie, mais la pluralité et la variété des voix, la polyphonie. Au même
moment, chaque voix de la chorale chante en écoutant les autres voix et en relation
avec l’harmonie de l’ensemble. Cette harmonie est conçue par le compositeur, mais
sa réalisation dépend de la symphonie de toutes les voix et de chacune d’elles.
En prenant conscience que nous participons à une communion qui nous précède et
nous inclut, nous pouvons redécouvrir une Église symphonique dans laquelle
chacun est en mesure de chanter avec sa propre voix, en accueillant celles des
autres comme un don, pour manifester l’harmonie de l’ensemble que l’Esprit Saint
compose.
Rome, Saint Jean de Latran, 24 janvier 2022, Mémoire de saint François de Sales.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À LA DÉLÉGATION DE LA CUSTODIE DE TERRE SAINTE À L’OCCASION DU CENTENAIRE DE « TERRE SAINTE MAGAZINE »

[…] Faire connaître la Terre Sainte, signifie transmettre le «cinquième Evangile»,
c’est-à-dire l’environnement historique et géographique dans lequel la Parole de
Dieu a été révélée puis s’est faite chair en Jésus de Nazareth, pour nous et pour
notre salut. Cela signifie aussi faire connaître les personnes qui y vivent
aujourd’hui, la vie des chrétiens des différentes Eglises et dénominations, mais
aussi celle des juifs et des musulmans, pour essayer de construire, dans un
contexte complexe et difficile comme celui du Moyen-Orient, une société fraternelle.
La communication, à l’heure des réseaux sociaux, doit contribuer à construire des
communautés, mieux, une fraternité (cf. Message pour la Journée mondiale des
communications sociales 2019). Je vous encourage à raconter la fraternité qui est
possible: celle entre les chrétiens d’Eglises et de confessions malheureusement
encore séparées, mais qui, en Terre Sainte, sont souvent déjà proches de l’unité,
comme j’ai moi-même eu l’occasion de le constater. Raconter la fraternité possible
entre tous les enfants d’Abraham, juifs, chrétiens et musulmans. Raconter la
fraternité ecclésiale qui s’ouvre aux migrants, aux personnes déplacées et aux
réfugiés, pour leur redonner la dignité dont ils ont été privés lorsqu’ils ont dû
quitter leur pays à la recherche d’un avenir pour eux et leurs enfants. Raconter
cette réalité.
Je vous remercie car, pour raconter la Terre Sainte, vous vous efforcez de
rencontrer les personnes où et comme elles sont (cf. Message pour la J.M.C.S.
2021). En effet, pour écrire vos reportages, vos enquêtes et vos publications, vous
ne vous limitez pas aux territoires plus tranquilles, mais vous vous rendez
également dans les réalités les plus difficiles et les plus douloureuses, comme la
Syrie, le Liban, la Palestine et Gaza. Je sais que vous vous efforcez de présenter
les histoires du bien, celles de résistance active aux maux de la guerre, celles de
réconciliation, celles de restauration de la dignité des enfants auxquels on a volé
l’enfance, celles des réfugiés avec leurs tragédies, mais aussi avec leurs rêves et
leurs espoirs. Merci, parce que pour faire -ainsi votre travail, vous n’avez pas
épargné la semelle de vos chaussures, et je sais que vous ne les épargnerez pas
non plus à l’avenir pour pouvoir raconter tout cela.
En effet, pour communiquer une réalité déterminée, rien ne peut remplacer
complètement l’expérience personnelle, le fait de vivre sur place. Et vous vivez et
travaillez dans le lieu même où la Parole de Dieu, son message de salut s’est fait
chair et a pu être «rencontré» en Jésus Christ, non seulement dans ses paroles,
mais dans ses yeux, dans sa voix, dans ses gestes (cf. Message pour la J.M.C.S.
2021).
La force d’attraction de Jésus «dépendait de la vérité de sa prédication, mais
l’efficacité de ce qu’il disait était indissociable de son regard, de son comportement,
et même de ses silences. Les disciples non seulement écoutaient ses paroles, mais
ils le regardaient parler. En effet, en lui — le Logos incarné — la Parole s’est faite
Visage, le Dieu invisible s’est laissé voir, entendre et toucher […] (cf. 1 Jn 1, 1-3).
La parole n’est efficace que si elle se “voit”, si elle nous fait participer à une
expérience, à un dialogue» (ibid.)
Chers communicateurs de la Custodie de Terre Sainte, vous êtes appelés à faire
connaître ce que le synode sur la Parole de Dieu (2008), puis le Pape Benoît XVI,
ont appelé le «cin-quième Evangile», c’est-à-dire la Terre où l’histoire et la
géographie du salut se rencontrent et permettent de faire une lecture nouvelle du
texte biblique, en particulier des textes évangéliques. Là, «nous pouvons voir, et
même toucher la réalité de l’histoire que Dieu a réalisée avec les hommes. En
commençant par les lieux de la vie d’Abraham jusqu’aux lieux de la vie de Jésus, de
l’incarnation jusqu’à la tombe vide, signe de sa résurrection. Oui, Dieu est entré
dans cette terre, il a agi avec nous dans ce monde» (Benoît XVI, Regina caeli, 17
mai 2009). Et le mystère pascal illumine et donne un sens également à l’histoire
d’aujourd’hui, au chemin des populations qui vivent sur cette terre aujourd’hui, un
chemin marqué malheureusement par des blessures et des conflits aujourd’hui
encore, mais que la grâce de Dieu ouvre toujours à l’espérance, une espérance de
fraternité et de paix (cf. ibid). Dans ce sens également, en racontant la Terre
Sainte, vous racontez le «cinquième Evangile», celui que Dieu continue d’écrire
dans l’histoire.
A travers les moyens de communication sociale, vous pouvez enrichir la foi de
nombreuses personnes, même celles qui n’ont pas la possibilité d’effectuer un
pèlerinage aux Lieux Saints. Vous le faites à travers votre engagement
professionnel, réalisé chaque jour avec compétence au service de l’Evangile. Cela
est précieux pour les croyants du monde entier et, dans le même temps, cela
soutient les chrétiens vivant sur la Terre de Jésus. Et je voudrais profiter de cette
occasion pour leur exprimer ma proximité. Je les rappelle toujours, même dans la
prière. S’il vous plaît, en rentrant chez vous, apportez mon salut et ma bénédiction
aux familles et aux communautés chrétiennes de Terre Sainte.
Chers frères et sœurs, que vous accompagnent toujours dans votre activité la
providence du Seigneur et la protection de la Sainte Vierge. Je vous donne de tout
cœur ma Bénédiction, à vous tous ainsi qu’à vos autres collaborateurs qui n’ont pas
pu venir. Et je vous demande, de la Terre Sainte, une prière également pour moi.
Merci!

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉS AUPRÈS DU SAINT-SIÈGE POUR LA PRÉSENTATION DES VŒUX POUR LA NOUVELLE ANNÉE

[…] Chers Ambassadeurs,
l’année dernière, grâce notamment à l’assouplissement des restrictions imposées
en 2020, j’ai eu l’occasion de recevoir de nombreux chefs d’État et de
Gouvernement, ainsi que plusieurs autorités civiles et religieuses.
Parmi les multiples rencontres, je voudrais mentionner ici la journée du 1er juillet
dernier, consacrée à la réflexion et à la prière pour le Liban. Au cher peuple
libanais, aux prises avec une crise économique et politique qui peine à trouver des
solutions, je désire aujourd’hui renouveler ma proximité et ma prière, tout en
souhaitant que les réformes nécessaires et le soutien de la communauté
internationale aident le pays à rester ferme dans son identité de modèle de
coexistence pacifique et de fraternité entre les différentes religions qui y sont
présentes.
Au cours de l’année 2021, j’ai pu reprendre également les voyages apostoliques.
J’ai eu la joie de me rendre en Irak au mois de mars. La Providence a voulu qu’il ait
lieu, comme un signe d’espérance après des années de guerre et de terrorisme. Le
peuple irakien a le droit de retrouver la dignité qui lui revient et de vivre en paix.
Ses racines religieuses et culturelles sont millénaires : la Mésopotamie est berceau
de civilisation ; c’est de là que Dieu a appelé Abraham pour initier l’histoire du
salut.
En septembre, je me suis ensuite rendu à Budapest pour la clôture du Congrès
Eucharistique International, puis en Slovaquie. Ce fut l’occasion de rencontrer les
fidèles catholiques et d’autres confessions chrétiennes, ainsi que de dialoguer avec
les juifs. De même, le voyage à Chypre et en Grèce, dont le souvenir en moi est
encore vif, m’a permis d’approfondir les liens avec les frères orthodoxes et de faire
l’expérience de la fraternité entre les différentes confessions chrétiennes.
Une partie émouvante de ce voyage a eu lieu sur l’île de Lesbos où j’ai pu me
rendre compte de la générosité de tous ceux qui œuvrent pour fournir un accueil et
un aide aux migrants, mais où j’ai surtout vu les visages des nombreux enfants et
des adultes des centres d’accueil. Il y a dans leurs yeux la fatigue du voyage, la
peur d’un avenir incertain, la douleur pour les êtres chers qu’ils ont laissés derrière
eux et la nostalgie de la patrie qu’ils ont été contraints d’abandonner. Devant ces
visages, nous ne pouvons pas rester indifférents et nous ne pouvons pas nous
retrancher derrière des murs et des fils barbelés sous prétexte de défendre la
sécurité ou un mode de vie. Nous ne le pouvons pas.
Je remercie donc ceux qui, individus et gouvernements, œuvrent pour garantir un
accueil et une protection aux migrants, en prenant également en charge leur
promotion humaine et leur intégration dans les pays qui les ont accueillis. Je suis
conscient des difficultés que rencontrent certains États face à des flux humains
considérables. On ne peut demander à personne l’impossible, mais il y a une nette
différence entre accueillir, même de façon limitée, et repousser totalement.
Il faut vaincre l’indifférence et rejeter la pensée selon laquelle les migrants seraient
le problème des autres. Le résultat de cette approche se voit dans la
déshumanisation même des migrants concentrés dans des hotspots, où ils finissent
par être des proies faciles de la criminalité et des trafiquants d’êtres humains, ou
par faire des tentatives désespérées de fuite qui se terminent parfois par la mort.
Malheureusement, il faut également relever que les migrants eux-mêmes sont
souvent transformés en arme de chantage politique, en une sorte de “marchandise
de négociation” qui prive les personnes de leur dignité.
Je désire ici renouveler ma gratitude aux Autorités italiennes, grâce auxquelles
quelques personnes ont pu venir à Rome avec moi depuis Chypre et la Grèce. Ce
fut un geste simple mais significatif. Je souhaite au peuple italien, qui a beaucoup
souffert au début de la pandémie mais qui a également montré des signes
encourageants de reprise, de maintenir toujours cet esprit d’ouverture généreuse et
de solidarité qui le caractérise.
En même temps, je crois qu’il est d’une importance fondamentale que l’Union
Européenne trouve sa cohésion interne dans la gestion des migrations, comme elle
a su la trouver face aux conséquences de la pandémie. Il est nécessaire de créer
un système cohérent et complet de gestion des politiques d’immigration et d’asile,
afin de partager les responsabilités en matière d’accueil des migrants, d’examen
des demandes d’asile, de redistribution et d’intégration de ceux qui peuvent être
accueillis. La capacité de négocier et de trouver des solutions communes est l’une
des forces de l’Union Européenne et constitue un modèle précieux pour relever à
long terme les défis mondiaux à venir.
Cependant, les migrations ne concernent pas seulement l’Europe, bien qu’elle soit
particulièrement touchée par les flux en provenance d’Afrique et d’Asie. Ces
dernières années, nous avons assisté, entre autres, à l’exode des réfugiés syriens,
rejoints ces derniers mois par ceux qui fuient l’Afghanistan. Nous ne devons pas
non plus oublier les exodes massifs qui touchent le continent américain et se
pressent à la frontière entre le Mexique et les États-Unis d’Amérique. Beaucoup de
ces migrants sont des Haïtiens qui fuient les tragédies qui ont frappé leur pays ces
dernières années.
La question migratoire, ainsi que la pandémie et le changement climatique,
montrent clairement que personne ne peut se sauver tout seul, c’est-à-dire que les
grands défis de notre époque sont toujours mondiaux. Il est donc inquiétant de
constater que face à une plus grande interconnexion des problèmes, les solutions
sont de plus en plus fragmentées. On rencontre souvent un manque de volonté
d’ouvrir des fenêtres de dialogue et de fraternité, ce qui finit par alimenter de
nouvelles tensions et divisions, ainsi qu’un sentiment général d’incertitude et
d’instabilité. Au contraire, il convient de retrouver le sens de notre identité
commune en tant qu’unique famille humaine. Toute autre alternative ne serait
qu’un isolement croissant, marqué de verrouillages et de fermetures réciproques
qui saperaient encore davantage le multilatéralisme, qui est pourtant le style
diplomatique qui a caractérisé les relations internationales depuis la fin de la
seconde guerre mondiale.
La diplomatie multilatérale traverse depuis quelque temps une crise de confiance,
due à la baisse de crédibilité des systèmes sociaux, gouvernementaux et
intergouvernementaux. Des résolutions, déclarations et décisions importantes sont
souvent prises sans de véritables négociations dans lesquelles tous les pays ont
voix au chapitre. Ce déséquilibre, qui est devenu dramatiquement évident
aujourd’hui, cause une désaffection de la part de nombreux États à l’égard des
organismes internationaux et affaiblit le système multilatéral dans son ensemble, le
rendant toujours moins efficace pour relever les défis mondiaux.
Le manque d’efficacité de nombreuses organisations internationales est également
dû à la vision différente qu’ont les différents membres des objectifs qu’ils devraient
se fixer. Il n’est pas rare que le centre d’intérêt se déplace vers des questions qui,
par nature, sont clivantes et ne sont pas strictement liées à l’objectif de
l’organisation, avec en conséquence des agendas de plus en plus dictés par un
mode de pensée qui nie les fondements naturels de l’humanité et les racines
culturelles qui constituent l’identité de nombreux peuples. Comme j’ai eu l’occasion
de le dire en d’autres occasions, je crois qu’il s’agit d’une forme de colonisation
idéologique qui ne laisse pas de place à la liberté d’expression et qui, aujourd’hui,
prend de plus en plus la forme de la cancel culture qui envahit de nombreux
domaines et institutions publiques. Au nom de la protection de la diversité, on finit
par effacer le sens de toute identité, avec le risque de faire taire les positions qui
défendent une idée respectueuse et équilibrée des différentes sensibilités. On
assiste à l’élaboration d’une pensée unique – dangereuse – contrainte de nier
l’histoire, ou pire encore, à la réécrire sur la base de catégories contemporaines,
alors que toute situation historique doit être interprétée selon l’herméneutique de
l’époque et non selon l’herméneutique actuelle.
La diplomatie multilatérale est donc appelée à être véritablement inclusive, non pas
en effaçant mais en valorisant les diversités et les sensibilités historiques qui
distinguent les différents peuples. Elle regagnera ainsi en crédibilité et en efficacité
pour relever les défis à venir qui demandent à l’humanité de se rassembler comme
une grande famille qui, tout en partant de points de vue différents, doit être
capable de trouver des solutions communes pour le bien de tous. Cela suppose une
confiance réciproque et une disponibilité au dialogue, c’est-à-dire à « s’écouter,
discuter, se mettre d’accord et cheminer ensemble ». De plus, « le dialogue est le
chemin le plus adéquat pour parvenir à reconnaître ce qui doit toujours être affirmé
et respecté, au-delà du consensus de circonstance ». Nous ne devons jamais
oublier qu’ « existent des valeurs permanentes ». Il n’est pas toujours facile de les
reconnaître, mais les accepter « donne solidité et stabilité à une éthique sociale.
Même lorsque nous les avons reconnues et acceptées grâce au dialogue et au
consensus, nous voyons que ces valeurs fondamentales sont au-dessus de tout
consensus ». Je voudrais rappeler en particulier le droit à la vie, de la conception
jusqu’à la fin naturelle, et le droit à la liberté religieuse.
Dans cette perspective, une prise de conscience collective s’est accrue, ces
dernières années, de l’urgence de prendre soin de notre maison commune qui
souffre d’une exploitation continue et aveugle des ressources. À cet égard, je pense
en particulier aux Philippines, frappées ces dernières semaines par un typhon
dévastateur, ainsi qu’à d’autres nations du Pacifique vulnérables aux effets négatifs
du changement climatique qui mettent en péril la vie des habitants dont la plupart
dépendent de l’agriculture, de la pêche et des ressources naturelles.
Un tel constat doit pousser la communauté internationale dans son ensemble à
trouver des solutions communes et à les mettre en pratique. Personne ne peut
s’exempter d’un tel effort parce que nous sommes tous concernés et engagés au
même titre. Lors de la récente COP26 à Glasgow, un certain nombre de pas ont été
faits dans la bonne direction, bien qu’ils soient plutôt limités par rapport à l’ampleur
du problème à traiter. La route à parcourir pour atteindre les objectifs de l’Accord de
Paris est complexe et semble être encore longue, alors que le temps à disposition
se réduit. Il reste encore beaucoup à faire, et 2022 sera donc une autre année
cruciale pour vérifier dans quelle mesure et comment ce qui a été décidé à Glasgow
peut et doit être encore renforcé, dans la perspective de la COP27, prévue en
Égypte en novembre prochain. […]

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MESSAGE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES MISSIONS 2022

Chers frères et sœurs !
Ces paroles sont celles de la dernière conversation de Jésus Ressuscité avec ses
disciples, avant de monter au Ciel, telle qu’elle est décrite dans les Actes des
Apôtres : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ;
vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et
jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). Et c’est aussi le thème de la Journée
Mondiale des Missions 2022 qui nous aide, comme toujours, à vivre le fait que
l’Eglise est missionnaire par nature. Cette année, elle nous donne l’occasion de
commémorer quelques anniversaires importants pour la vie et la mission de l’Église
: la fondation, il y a 400 ans, de la Congrégation de Propaganda Fide – aujourd’hui
pour l’Evangélisation des Peuples – et, il y a 200 ans, l’Œuvre pour la Propagation
de la Foi qui, avec l’Œuvre de la Sainte enfance et l’Œuvre de Saint Pierre Apôtre, a
obtenu il y a 100 ans la reconnaissance « Pontificale ».
Arrêtons-nous sur ces trois expressions clé qui résument les trois fondements de la
vie et de la mission des disciples : « Vous serez mes témoins », « jusqu’aux
extrémités de la terre » et « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit
viendra sur vous ».
1. « Vous serez mes témoins » – L’appel de tous les chrétiens à témoigner du Christ
C’est le point central, le cœur de l’enseignement de Jésus aux disciples en vue de
leur mission dans le monde. Tous les disciples seront témoins de Jésus grâce au
Saint-Esprit qu’ils recevront : ils seront constitués comme tels par grâce. Où qu’ils
aillent, où qu’ils soient. De même que le Christ est le premier envoyé, c’est-à-dire
missionnaire du Père (cf. Jn 20, 21) et, en tant que tel, son « témoin fidèle » (cf. Ap
1, 5), de même tout chrétien est appelé à être un missionnaire et un témoin du
Christ. Et l’Église, communauté des disciples du Christ, n’a d’autre mission que celle
d’évangéliser le monde en témoignant du Christ. L’identité de l’Église est
d’évangéliser.
Une relecture d’ensemble plus approfondie éclaire certains aspects toujours actuels
pour la mission confiée par le Christ à ses disciples : « Vous serez mes témoins ».
La forme plurielle souligne le caractère communautaire-ecclésial de l’appel
missionnaire des disciples. Tout baptisé est appelé à la mission dans l’Église et par
mandat de l’Église : la mission se fait donc ensemble, et non individuellement, en
communion avec la communauté ecclésiale et non de sa propre initiative. Et même
s’il y a quelqu’un qui, dans une situation très particulière, accomplit seul la mission
d’évangélisation, il l’accomplit et devra toujours l’accomplir en communion avec
l’Église qui l’a envoyé. Comme l’enseigne saint Paul VI dans l’Exhortation
apostolique Evangelii nuntiandi, un document qui m’est très cher : « Evangéliser
n’est pour personne un acte individuel et isolé, mais c’est un acte profondément
ecclésial. Lorsque le plus obscur prédicateur, catéchiste ou pasteur, dans la contrée
la plus lointaine, prêche l’Evangile, rassemble sa petite communauté ou confère un
sacrement, même seul, il fait un acte d’Eglise et son geste se rattache
certainement, par des rapports institutionnels, mais aussi par des liens invisibles et
par des racines souterraines de l’ordre de la grâce, à l’activité évangélisatrice de
toute l’Eglise » (n. 60). En effet, ce n’est pas un hasard si le Seigneur Jésus a
envoyé ses disciples en mission deux par deux. Le témoignage des chrétiens au
Christ a un caractère essentiellement communautaire. D’où l’importance essentielle
de la présence d’une communauté, même petite, dans la réalisation de la mission.
Deuxièmement, il est demandé aux disciples de vivre leur vie personnelle dans une
optique de mission : ils sont envoyés par Jésus dans le monde non seulement pour
faire la mission, mais aussi et surtout pour vivre la mission qui leur a été confiée ;
non seulement pour rendre témoignage, mais aussi et surtout pour être des
témoins du Christ. Comme le dit l’apôtre Paul avec des mots vraiment émouvants :
« Toujours nous portons, dans notre corps, la mort de Jésus, afin que la vie de
Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. » (2 Co 4, 10). L’essence de la
mission est de rendre témoignage au Christ, c’est-à-dire à sa vie, sa passion, sa
mort et sa résurrection par amour du Père et de l’humanité. Ce n’est pas un hasard
si les Apôtres ont cherché à remplacer Judas parmi ceux qui, comme eux, avaient
été « témoins de sa résurrection » (Ac 1, 22). C’est du Christ, et du Christ
ressuscité dont nous devons témoigner et dont nous devons partager la vie. Les
missionnaires du Christ ne sont pas envoyés pour se communiquer eux-mêmes,
pour montrer leurs qualités et leurs capacités de persuasion ou leurs compétences
en matière de gestion. Ils ont, au contraire, le grand honneur d’offrir le Christ, en
paroles et en actes, en annonçant à tous la Bonne Nouvelle du salut avec joie et
franchise, comme les premiers apôtres.
Par conséquent, en dernière analyse, le véritable témoin c’est le “martyr”, celui qui
donne sa vie pour le Christ en échange du don qu’il nous fait de lui-même. « La
première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu,
l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus »
(Evangelii gaudium, n. 264).
Enfin, en ce qui concerne le témoignage chrétien, l’observation de saint Paul VI
reste toujours pertinente : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les
témoins que les maîtres ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des
témoins » (Evangelii Nuntiandi, n. 41). Par conséquent, pour la transmission de la
foi, le témoignage de la vie évangélique des chrétiens est fondamental. De même,
la tâche de proclamer sa personne et son message reste tout aussi nécessaire. En
effet, Paul VI lui-même poursuit : « Oui, elle est toujours indispensable, la
prédication, cette proclamation verbale d’un message […] La parole reste toujours
actuelle, surtout lorsqu’elle est porteuse de la puissance de Dieu. C’est pourquoi
reste lui aussi d’actualité l’axiome de saint Paul : “La foi vient de ce qu’on entend”
(Rm 10, 17) : c’est la Parole entendue qui conduit à croire » (ibid., n. 42).
Par conséquent, l’exemple de la vie chrétienne et l’annonce du Christ vont
ensemble dans l’évangélisation. L’un sert l’autre. Ce sont les deux poumons avec
lesquels toute communauté doit respirer pour être missionnaire. Ce témoignage
complet, cohérent et joyeux du Christ sera certainement la force d’attraction pour la
croissance de l’Église également au troisième millénaire. J’exhorte donc chacun à
retrouver le courage, la franchise, cette parrhésie des premiers chrétiens, pour
témoigner du Christ en paroles et en actes, dans tous les domaines de la vie.
2. « Jusqu’aux extrémités de la terre » – L’actualité perpétuelle d’une mission
d’évangélisation universelle
En exhortant les disciples à être ses témoins, le Seigneur ressuscité, leur dit là où
ils sont envoyés : « A Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux
extrémités de la terre » (Ac 1, 8). Le caractère universel de la mission des disciples
apparaît clairement ici. Le mouvement géographique “centrifuge” est mis en
évidence, presque en cercles concentriques, de Jérusalem considérée par la
tradition juive comme le centre du monde, à la Judée et la Samarie, et jusqu’aux «
les extrémités de la terre ». Ils ne sont pas envoyés pour faire du prosélytisme
mais pour annoncer. Le chrétien ne fait pas de prosélytisme. Les Actes des Apôtres
nous racontent ce mouvement missionnaire : ils nous donnent une belle image de
l’Église “en sortie” pour accomplir sa vocation de témoigner du Christ Seigneur,
guidée par la Providence divine dans les circonstances concrètes de la vie. En effet,
les premiers chrétiens sont persécutés à Jérusalem et c’est pourquoi ils sont
dispersés en Judée et en Samarie et ont partout témoigné du Christ (cf. Ac 8, 1.4).
Quelque chose de similaire se produit encore à notre époque. En raison des
persécutions religieuses et des situations de guerre et de violence, de nombreux
chrétiens sont contraints de fuir leur terre pour se rendre dans d’autres pays. Nous
sommes reconnaissants envers ces frères et sœurs qui ne s’enferment pas dans
leur souffrance, mais témoignent du Christ et de l’amour de Dieu dans les pays qui
les accueillent. C’est ce à quoi saint Paul VI les exhortait à faire lorsqu’il considérait
la « responsabilité qui revient aux migrants dans les pays qui les reçoivent »
(Evangelii nuntiandi, n. 21). En effet, nous expérimentons de plus en plus comment
la présence de fidèles de diverses nationalités enrichit le visage des paroisses et les
rend plus universelles, plus catholiques. Par conséquent, la pastorale des migrants
est une activité missionnaire à ne pas négliger, elle peut aider aussi les fidèles
locaux à redécouvrir la joie de la foi chrétienne qu’ils ont reçue.
L’indication « jusqu’aux extrémités de la terre » interpellera les disciples de Jésus à
toutes les époques et les poussera à aller au-delà des lieux habituels pour lui rendre
témoignage. Malgré toutes les facilités dues aux progrès de la modernité, il existe
encore aujourd’hui des zones géographiques où les missionnaires témoins du Christ
ne sont pas encore arrivés avec la Bonne Nouvelle de son amour. D’autre part,
aucune réalité humaine ne devrait être étrangère à l’attention des disciples du
Christ dans leur mission. L’Église du Christ a été, est et sera toujours “en sortie”
vers de nouveaux horizons géographiques, sociaux et existentiels, vers des lieux et
des situations humaines “limites”, afin de témoigner du Christ et de son amour à
tous les hommes et toutes les femmes de tout peuple, de toute culture et de tout
statut social. En ce sens, la mission sera toujours aussi missio ad gentes, comme
nous l’a enseigné le Concile Vatican II, car l’Église devra toujours aller au-delà,
au-delà de ses propres limites, pour témoigner de l’amour du Christ à tous. À cet
égard, je voudrais rappeler le souvenir et remercier les nombreux missionnaires qui
ont dépensé leur vie pour aller “au-delà”, en incarnant la charité du Christ envers
les nombreux frères et sœurs qu’ils ont rencontrés.
3. « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous » –
Laissez-vous toujours fortifier et guider par l’Esprit
En annonçant aux disciples leur mission d’être ses témoins, le Christ ressuscité
promet également la grâce pour une si grande responsabilité : « Vous allez recevoir
une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins »
(Ac 1, 8). En effet, selon le récit des Actes des Apôtres, c’est précisément après la
descente de l’Esprit Saint sur les disciples de Jésus qu’a lieu la première action de
témoignage au Christ mort et ressuscité, avec une proclamation kérygmatique, le
discours missionnaire de saint Pierre aux habitants de Jérusalem. Ainsi commence
l’ère de l’évangélisation du monde par les disciples de Jésus, qui étaient avant
faibles, craintifs et fermés. L’Esprit Saint les a fortifiés, leur a donné le courage et la
sagesse de témoigner du Christ devant tout le monde.
Tout comme « personne n’est capable de dire : “Jésus est Seigneur” sinon dans
l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3), de même aucun chrétien ne peut rendre un
témoignage complet et authentique au Christ Seigneur sans l’inspiration et l’aide de
l’Esprit. Par conséquent, tout disciple missionnaire du Christ est appelé à
reconnaître l’importance fondamentale de l’action de l’Esprit, à vivre avec lui dans
la vie quotidienne et recevoir sans cesse de sa part force et inspiration. Plus encore,
au moment où nous nous sentons fatigués, démotivés, perdus, rappelons-nous de
nous tourner vers l’Esprit Saint dans la prière, qui – je tiens à le souligner une fois
de plus – a un rôle fondamental dans la vie missionnaire, pour nous laisser
restaurer et fortifier par lui, source divine inépuisable des énergies nouvelles et de
la joie de partager la vie du Christ avec les autres. « Recevoir la joie de l’Esprit est
une grâce. Elle est la seule force que nous puissions avoir pour prêcher l’Évangile,
pour professer la foi au Seigneur » (Message aux Œuvres Pontificales Missionnaires,
21 mai 2020). L’Esprit est donc le véritable protagoniste de la mission : c’est lui qui
donne la parole juste, au bon moment et de juste manière.
C’est à la lumière de l’action de l’Esprit Saint que nous voulons aussi lire les
anniversaires missionnaires de cette année 2022. L’institution de la Sacrée
Congrégation de propaganda fide, en 1622, était motivée par le désir de
promouvoir le mandat missionnaire sur de nouveaux territoires. Une intuition
providentielle ! La Congrégation s’est avérée cruciale pour rendre la mission
évangélisatrice de l’Église véritablement telle, c’est-à-dire indépendante de
l’ingérence des pouvoirs du monde, afin d’établir ces Églises locales qui font preuve
d’une telle vigueur aujourd’hui. Nous espérons que, comme au cours des quatre
siècles passés, la Congrégation, avec la lumière et la force de l’Esprit, poursuivra et
intensifiera son travail de coordination, d’organisation et d’animation des activités
missionnaires de l’Église.
Le même Esprit, qui guide l’Église universelle, inspire également des hommes et
des femmes simples pour des missions extraordinaires. C’est ainsi qu’une jeune fille
Française, Pauline Jaricot, fonda l’Œuvre pour la Propagation de la Foi, il y a
exactement 200 ans. Sa béatification sera célébrée en cette année jubilaire. Bien
que ce fut dans des conditions précaires, elle accepta l’inspiration de Dieu pour
mettre en place un réseau de prières et de collectes pour les missionnaires, afin
que les fidèles puissent participer activement à la mission « jusqu’aux extrémités
de la terre ». De cette idée géniale est née la Journée Mondiale des Missions, que
nous célébrons chaque année, et dont la collecte dans toutes les communautés est
destinée au fonds universel avec lequel le Pape soutient l’activité missionnaire.
Dans ce contexte, je rappelle également l’Evêque français Charles de Forbin-Janson
qui lança l’Œuvre de la Sainte Enfance afin de promouvoir la mission parmi les
enfants avec la devise “les enfants évangélisent les enfants, les enfants prient pour
les enfants, les enfants aident les enfants dans le monde entier” ; de même Mme
Jeanne Bigard, qui donna naissance à l’Œuvre de Saint Pierre Apôtre pour le soutien
des séminaristes et des prêtres en terre de mission. Ces trois Œuvres missionnaires
ont été reconnues comme “pontificales” il y a juste cent ans. Et c’est également
sous l’inspiration et la direction de l’Esprit Saint que le bienheureux Paolo Manna,
né il y a 150 ans, fonda l’actuelle Union Pontificale Missionnaire pour sensibiliser et
encourager à la mission les prêtres, les religieux et religieuses et tout le peuple de
Dieu. Paul VI lui-même fut membre de cette œuvre et lui confirma une
reconnaissance pontificale. Je mentionne ces quatre Œuvres Pontificales
Missionnaires pour leurs grands mérites historiques et aussi pour vous inviter à
vous réjouir avec elles en cette année spéciale pour leurs activités de soutien à la
mission évangélisatrice dans l’Église universelle et dans les Églises locales. Je forme
le vœu que les Églises locales trouveront dans ces Œuvres un instrument solide
pour nourrir l’esprit missionnaire dans le Peuple de Dieu.
Chers frères et sœurs, je continue à rêver d’une Église entièrement missionnaire et
d’un nouveau printemps missionnaire des communautés chrétiennes. Et je répète le
souhait de Moïse pour le peuple de Dieu en chemin : « Si le Seigneur pouvait faire
de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11, 29). Oui, puissions-nous
tous, dans l’Église, être ce que nous sommes déjà en vertu de notre baptême : des
prophètes, des témoins, des missionnaires du Seigneur ! Avec la puissance de
l’Esprit Saint, et jusqu’aux extrémités de la terre. O Marie, Reine des Missions, priez
pour nous !
Rome, Saint Jean de Latran, 6 janvier 2022, Épiphanie du Seigneur.

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SOLENNITÉ DE SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU LVe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

A l’issue de l’Angelus:
[…] Rentrons chez nous en pensant: paix, paix, paix! La paix est nécessaire. Je
regardais les images du programme télévisé «A sua immagine» aujourd’hui, sur la
guerre, sur les déplacés, sur les pauvretés… Mais cela a lieu dans le monde
aujourd’hui. Nous voulons la paix! […]

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PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE

Catéchèse sur saint Joseph – 5. Saint Joseph, migrant persécuté et
courageux
Chers frères et sœurs, bonjour !
Aujourd’hui, je voudrais vous présenter saint Joseph comme un migrant
persécuté et courageux . C’est ainsi que l’évangéliste Matthieu le décrit. Cet
événement particulier de la vie de Jésus, qui voit comme protagonistes
également Joseph et Marie, est traditionnellement connu comme la «fuite en
Egypte» (cf. Mt 2, 13-23). La famille de Nazareth a subi une telle humiliation et
a fait l’expérience directe de la précarité, de la peur et de la douleur de devoir
quitter sa propre terre. Aujourd’hui encore, tant de nos frères et tant de nos
sœurs sont contraints de vivre les mêmes injustices et souffrances. La cause est
presque toujours l’arrogance et la violence des puissants. Il en a été également
de même pour Jésus.
Le roi Hérode apprend des Mages la naissance du «roi des Juifs» et la nouvelle le
bouleverse. Il ne se sent pas en sécurité, il se sent menacé dans son pouvoir. Il
réunit donc toutes les autorités de Jérusalem pour s’informer sur le lieu de la
naissance, et prie les Mages de le lui indiquer précisément, afin que — dit-il
faussement — il puisse lui aussi aller l’adorer. Mais lorsqu’il se rend compte que
les Mages sont partis dans une autre direction, il conçoit un plan diabolique: tuer
tous les enfants de Bethléem âgés de deux ans et moins, car, selon le calcul des
Mages, c’était l’espace de temps où Jésus était né.
Entre-temps, un ange ordonne à Joseph: «Lève-toi, prends avec toi l’enfant et
sa mère, fuis en Egypte et restes-y jusqu’à ce que je t’avertisse. Car Hérode
veut chercher l’enfant pour le tuer» (Mt 2, 13). Pensons aujourd’hui aux si
nombreuses personnes qui ont cette inspiration: «Fuyons, fuyons, car nous
sommes en danger ici». Le plan d’Hérode rappelle celui du Pharaon qui voulait
jeter dans le Nil tous les jeunes garçons du peuple d’Israël (cf. Ex 1, 22). Et la
fuite en Egypte évoque toute l’histoire d’Israël, depuis Abraham, qui y est resté
(cf. Gn 12, 10), jusqu’à Joseph, fils de Jacob, vendu par ses frères (cf. Gn 37,
36) et puis devenu «chef du pays» (cf. Gn 41, 37-57); et à Moïse, qui a libéré
son peuple de l’esclavage des Egyptiens (cf. Ex 1, 18).
La fuite de la Sainte Famille en Egypte sauve Jésus, mais n’empêche
malheureusement pas Hérode de perpétrer son massacre. Nous sommes donc
confrontés à deux personnalités opposées: d’un côté Hérode avec sa férocité et
de l’autre côté Joseph avec son attention et son courage. Hérode a voulu
défendre son pouvoir, sa «peau », avec une cruauté impitoyable, comme en
témoignent également les exécutions d’une de ses femmes, de certains de ses
enfants et de centaines d’opposants. C’était un homme cruel: pour résoudre les
problèmes, il n’avait qu’une seule recette: «supprimer». Il est le symbole des
nombreux tyrans d’hier et d’aujourd’hui. Et pour eux, pour ces tyrans, les gens
ne comptent pas: c’est le pouvoir qui compte, et s’ils ont besoin d’espace pour le
pouvoir, ils suppriment les gens. Et cela se passe aussi aujourd’hui: nous n’avons
pas besoin de revenir à l’histoire ancienne, cela se passe aujourd’hui. C’est
l’homme qui devient un «loup» pour les autres hommes. L’histoire regorge de
personnalités qui, vivant à la merci de leurs peurs, tentent de les surmonter en
exerçant le pouvoir de manière despotique et en accomplissant des actes de
violence inhumains. Mais nous ne devons pas penser que nous vivons dans la
perspective d’Hérode seulement si nous devenons des tyrans, non! En réalité,
c’est une attitude dans laquelle nous pouvons tous tomber, chaque fois que nous
essayons de bannir nos peurs par l’arrogance, même si elle n’est que verbale ou
faite de petits abus réalisés pour mortifier ceux qui nous entourent. Dans nos
cœurs, nous avons aussi la possibilité d’être de petits Hérode.
Joseph est le contraire d’Hérode: tout d’abord, il est «un homme juste» (Mt
1,19), tandis qu’Hérode est un dictateur; de plus, il fait preuve de courage en
exécutant l’ordre de l’Ange. On peut imaginer les péripéties qu’il a dû affronter
au cours du long et dangereux voyage et les difficultés liées au séjour dans un
pays étranger, avec une autre langue: de nombreuses difficultés. Son courage
apparaît également au moment de son retour, lorsque, rassuré par l’Ange, il
surmonte ses craintes compréhensibles et s’installe avec Marie et Jésus à
Nazareth (cf. Mt 2, 19-23). Hérode et Joseph sont deux personnages opposés,
qui reflètent les deux faces de l’humanité de toujours. C’est une lieu commun
erroné de considérer le courage comme la vertu exclusive du héros. En réalité, la
vie quotidienne de chaque personne — la vôtre, la mienne, nous tous — exige du
courage: on ne peut pas vivre sans courage! Le courage d’affronter les difficultés
quotidiennes. De tous temps et dans toutes les cultures, nous trouvons des
hommes et des femmes courageux qui, pour être cohérents avec leurs
convictions, ont surmonté toutes sortes de difficultés, enduré l’injustice, la
condamnation et même la mort. Le courage est synonyme de force, qui, avec la
justice, la prudence et la tempérance, fait partie du groupe des vertus humaines
connues sous le nom de vertus « cardinales ».
La leçon que nous laisse aujourd’hui Joseph est la suivante : la vie nous réserve
toujours des adversités, cela est vrai, et face à elles nous pouvons aussi nous
sentir menacés, avoir peur, mais ce n’est pas en faisant sortir le pire de nous,
comme Hérode, que nous pourrons surmonter certains moments, mais plutôt en
nous comportant comme Joseph qui réagit à la peur avec le courage de faire
confiance à la Providence de Dieu. Aujourd’hui, je crois que nous devons prier
pour tous les migrants, tous les persécutés et tous ceux qui sont victimes de
circonstances défavorables: qu’elles soient politiques, historiques ou
personnelles. Mais pensons aux nombreuses personnes victimes des guerres et
qui veulent fuir leur patrie et ne le peuvent pas; pensons aux migrants qui
entreprennent cette route pour chercher la liberté et nombreux finissent sur la
route ou dans la mer; pensons à Jésus dans les bras de Joseph et Marie, en
fuite, et voyons en Lui chacun des migrants d’aujourd’hui. La migration
d’aujourd’hui est une réalité face à laquelle nous ne pouvons fermer les yeux.
C’est un scandale social de l’humanité.
Saint Joseph,
Toi qui as fait l’expérience de la souffrance de ceux qui doivent fuir
Toi qui as été contraint de fuir
pour sauver la vie des personnes qui te sont chères,
protège tous ceux qui fuient à cause de la guerre,
de la haine, de la faim.
Soutiens-les dans leurs difficultés,
Renforce-les dans l’espérance, et fais-leur rencontrer l’accueil et la solidarité.
Guide leurs pas et ouvres les cœurs de ceux qui peuvent les aider. Amen.

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PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE

APPEL
Lors de mon voyage à Chypre et en Grèce, j’ai pu constater par moi-même, une
fois de plus, l’humanité blessée des réfugiés et des migrants. J’ai également pu
constater que seuls quelques pays européens supportent la majeure partie des
conséquences du phénomène migratoire en Méditerranée, alors qu’en réalité, il
réclame une responsabilité partagée par tous, et de laquelle nul pays ne peut
s’exonérer car c’est un problème d’humanité.
En particulier, grâce à la généreuse ouverture des autorités italiennes, j’ai pu
faire venir à Rome un groupe de personnes rencontrées au cours de mon voyage
: aujourd’hui, certaines d’entre elles sont parmi nous. Bienvenue ! Nous nous
occuperons d’eux, en tant qu’Église, dans les mois à venir. C’est un petit signe
qui, j’espère, servira à stimuler les autres pays européens afin qu’ils permettent
aux réalités ecclésiales locales de prendre en charge d’autres frères et sœurs qui
doivent d’urgence, être relogés, accompagnés, promus et intégrés.
De nombreuses Églises locales, congrégations religieuses et organisations
catholiques sont prêtes à les accueillir et à les accompagner vers une intégration
fructueuse. Il suffit d’ouvrir une porte, la porte du cœur ! Ne manquons pas de le
faire en ce Noël

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MESSAGE VIDÉO DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS POUR L’INAUGURATION DE L’ANNÉE ACADÉMIQUE DE L’UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DU SACRÉ-COEUR, MILAN, À L’OCCASION DU CENTENAIRE DE LA FONDATION

Please note that this document is an unofficial translation and is provided for reference only.

[…] Dans cette perspective, j’ai promu un Pacte Éducatif Global, pour
sensibiliser chacun à l’écoute des grandes questions de sens de notre temps, à
commencer par celles des nouvelles générations face aux injustices sociales, aux
violations des droits, aux migrations forcées. L’université ne peut rester sourde à
ces plaintes. Je suis heureux que vous ayez accepté cette invitation à une saison
renouvelée d’engagement éducatif. Vos projets de coopération internationale,
destinés aux différentes populations de la planète, les nombreuses aides
financières que vous apportez chaque année aux étudiants dans le besoin, votre
attention aux plus petits et aux malades témoignent d’un engagement concret.
Je vous encourage à continuer sur cette voie ! […]

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PRÉSENTATION DES LETTRES DE CRÉANCE DES AMBASSADEURS DE: MOLDAVIE, KIRGHIZSTAN, NAMIBIE, LESOTHO, LUXEMBOURG, TCHAD, GUINEÉ-BISSAU DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

[…] La réalité de la pandémie en cours nous rappelle une fois de plus que nous
sommes «une communauté mondiale où le mal de l’un porte préjudice à tout le
monde» (Lett. enc. Fratelli tutti, 32). Malgré les progrès médicaux et
technologiques accomplis au cours des années, quelque chose d’apparemment
insignifiant, quelque chose de microscopique — un objet apparemment
insignifiant — a changé pour toujours notre monde, que nous en soyons
conscients ou pas. Comme j’ai eu l’occasion de l’observer au début de la
pandémie, il est urgent d’apprendre de cette expérience et d’ouvrir les yeux pour
voir ce qui est plus important: les uns avec les autres (cf. Moment extraordinaire
de prière, 27 mars 2020). En particulier, je -souhaite sincèrement qu’à travers
cette expérience, la communauté internationale parvienne à une plus grande
conscience du fait que nous formons une seule famille humaine; chacun de nous
est responsable de ses frères et sœurs, sans exclure personne. C’est une vérité
qui devrait nous pousser à affronter non seulement la crise sanitaire actuelle,
mais tous les problèmes qui frappent l’humanité et notre maison commune —
pauvreté, émigration, terrorisme, changement climatique, pour n’en citer que
quelques-uns — de façon solidaire et non isolée. […]

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

À l’issue de l’Angélus:
[…] J’adresse également mes vœux à Caritas Internationalis, qui fête ses 70
ans. C’est une jeune fille! Elle doit grandir et devenir encore plus forte! Caritas
est dans le monde entier la main bienveillante de l’Eglise pour les pauvres et les
plus vulnérables, dans lesquels le Christ est présent. Je vous invite à accomplir
votre service avec humilité et créativité, pour atteindre les plus marginalisés et
favoriser le développement intégral comme antidote à la culture du rebut et de
l’indifférence. En particulier, j’encourage votre campagne mondiale Ensemble
(Together We) fondée sur la force des communautés pour promouvoir la
sauvegarde de la création et des pauvres. Les blessures infligées à notre maison
commune ont des effets dramatiques sur les derniers, mais les communautés
peuvent contribuer à la nécessaire conversion écologique. C’est pourquoi j’invite
à adhérer à la campagne de Caritas Internationalis! Et vous, chers amis de
Caritas Internationalis, poursuivez votre travail de rationaliser l’organisation, afin
que l’argent n’aille pas à l’organisation, mais au pauvres. Rationalisez bien cette
organisation. […]