Archive

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ AUPRÈS DU SAINT-SIÈGE

[…] Des formes semblables de brutalité, qui fauchent souvent des victimes parmi
les plus petits et ceux qui sont sans défense, ne manquent pas non plus,
malheureusement, dans d’autres parties du monde. Je pense en particulier au
Nigeria, où les violences qui frappent sans discernement la population ne cessent
pas, et où le phénomène tragique des séquestrations de personnes est en
croissance continue, souvent des jeunes filles enlevées pour faire l’objet d’un trafic.
C’est un commerce exécrable qui ne peut pas continuer ! Une plaie qu’il faut
éradiquer car elle nous concerne tous, depuis chaque famille jusqu’à la
communauté mondiale tout entière (cf. Discours aux nouveaux Ambassadeurs
accrédités près le Saint-Siège, 12 décembre 2013). […]
[…] À côté des vies rejetées à cause des guerres ou des maladies, il y a celles des
nombreuses personnes déplacées et réfugiées. Encore une fois on en comprend les
aspects à partir de l’enfance de Jésus, qui témoigne d’une autre forme de la culture
du déchet qui porte atteinte aux relations et « défait » la société. En effet, face à la
brutalité d’Hérode, la Sainte Famille est contrainte à fuir en Égypte, d’où elle pourra
revenir seulement quelques années plus tard (cf. Mt 2, 13-15). La conséquence des
situations de conflit que nous venons de décrire est souvent la fuite de milliers de
personnes de leur terre d’origine. Parfois on ne part pas tant pour chercher un
avenir meilleur, mais tout simplement pour avoir un avenir, puisque rester dans
son pays peut signifier une mort certaine. Combien de personnes perdent la vie
dans des voyages inhumains, soumises aux brimades de véritables bourreaux
avides d’argent ? J’en ai fait mention au cours de ma récente visite au Parlement
Européen, en rappelant qu’« on ne peut tolérer que la Mer Méditerranée devienne
un grand cimetière » (Discours au Parlement Européen, Strasbourg, 25 novembre
2014). Il y a ensuite un autre fait alarmant : beaucoup de migrants, surtout dans
les Amériques, sont des enfants seuls, proies plus faciles des dangers, et qui
demandent davantage de soin, d’attention et de protection.
Souvent arrivés sans papiers d’identité dans des contrées inconnues dont ils ne
parlent pas la langue, il est difficile pour les migrants d’être accueillis et de trouver
du travail. Au-delà des incertitudes de la fuite, ils sont contraints d’affronter aussi le
drame du refus. Un changement d’attitude à leur égard est donc nécessaire, pour
passer du désintérêt et de la peur à une acceptation sincère de l’autre. Cela
requiert naturellement de « mettre en acte des législations adéquates qui sachent
en même temps protéger les droits des citoyens (…) et garantir l’accueil des
migrants » (ibid). En remerciant tous ceux qui, même au prix de leur vie,
s’emploient à porter secours aux réfugiés et aux migrants, j’exhorte aussi bien les
États que les Organisations internationales à s’engager activement pour résoudre
ces graves situations humanitaires et à fournir aux pays d’origine des migrants des
aides pour en favoriser le développement socio-politique et le dépassement des

110
conflits internes, qui sont la principale cause de ce phénomène. « Il est nécessaire
d’agir sur les causes et non seulement sur les effets » (ibid). Du reste, cela
permettra aux migrants de retourner un jour dans leur patrie et de contribuer à sa
croissance et à son développement.
Mais à côté des migrants, des déplacés et des réfugiés, il y a beaucoup d’autres «
exilés cachés » (Angelus, 29 décembre 2013), qui vivent à l’intérieur de nos
maisons et de nos familles. Je pense surtout aux personnes âgées et aux personnes
handicapées, comme aussi aux jeunes. Les premières sont objet de rebut quand
elles sont considérées comme un poids et comme des « présences encombrantes »
(ibid.), tandis que les derniers sont mis à l’écart en niant leurs perspectives
concrètes de travail pour construire leur avenir. D’autre part, il n’existe pas pire
pauvreté que celle qui prive du travail et de la dignité du travail (cf. Discours aux
participants à la rencontre mondiale avec les Mouvements populaires, 28 octobre
2014), et qui fait du travail une forme d’esclavage. C’est ce que j’ai voulu rappeler
au cours d’une rencontre récente avec les mouvements populaires, qui s’emploient
avec dévouement à rechercher des solutions adéquates à certains problèmes de
notre temps, comme la plaie toujours plus étendue du chômage des jeunes et du
travail au noir, et le drame de beaucoup de travailleurs, spécialement des enfants,
exploités avec avidité. Tout cela est contraire à la dignité humaine et dérive d’une
mentalité qui place au centre l’argent, les bénéfices et les profits économiques au
détriment de l’homme lui-même. […]
[…] Un témoignage éloquent que la culture de la rencontre est possible, je l’ai
expérimenté au cours de ma visite en Albanie, Nation pleine de jeunes, qui sont
l’espérance pour l’avenir. Malgré les blessures endurées dans l’histoire récente, le
pays est caractérisé par « la cohabitation pacifique et la collaboration entre ceux
qui appartiennent à différentes religions » (Discours aux Autorités, Tirana, 21
septembre 2014) dans un climat de respect et de confiance réciproque entre
catholiques, orthodoxes et musulmans. C’est un signe important qu’une foi sincère
en Dieu ouvre à l’autre, engendre dialogue et action pour le bien, alors que la
violence naît toujours d’une mystification de la religion elle-même, adoptée en
prétextant des projets idéologiques qui ont comme unique but la domination de
l’homme sur l’homme. Également, au cours de mon récent voyage en Turquie, pont
historique entre Orient et Occident, j’ai pu constater les fruits du dialogue
œcuménique et interreligieux, ainsi que l’engagement envers les réfugiés provenant
des autres pays du Moyen-Orient. J’ai retrouvé cet esprit d’accueil aussi en
Jordanie, que j’ai visitée au début de mon pèlerinage en Terre Sainte, comme aussi
dans le témoignage venu du Liban, à qui je souhaite de dépasser les difficultés
politiques actuelles. […]

Archive

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

[…] Et alors nous pouvons nous demander : quel est ce mystère dans lequel Dieu
se cache ? Où puis-je le rencontrer ? Nous voyons autour de nous des guerres,
l’exploitation des enfants, des tortures, des trafics d’armes, la traite des
personnes…. Dans toutes ces réalités, dans tous ces frères et sœurs les plus petits
qui souffrent à cause de ces situations, il y a Jésus (cf. Mt 25, 40.45). La crèche
nous présente un chemin différent de celui rêvé par la mentalité mondaine : c’est le
chemin de l’abaissement de Dieu, cette humilité de l’amour de Dieu qui s’abaisse,
s’anéantit, sa gloire cachée dans la mangeoire de Bethléem, dans la croix sur le
calvaire, dans le frère et dans la sœur qui souffrent.[…]

Archive

MESSAGE URBI ET ORBI DU PAPE FRANÇOIS NOËL 2014

[…] À lui, Sauveur du monde, je demande aujourd’hui qu’il regarde nos frères et
sœurs d’Irak et de Syrie qui, depuis trop de temps, souffrent des effets du conflit
en cours et, avec ceux qui appartiennent à d’autres groupes ethniques et religieux,
subissent une persécution brutale. Que Noël leur apporte de l’espérance, comme
aux nombreuses personnes dispersées, déplacées et réfugiées, enfants, adultes et
personnes âgées, de la région et du monde entier ; que l’indifférence se change en
proximité et le refus en accueil, pour que tous ceux qui à présent sont dans
l’épreuve puissent recevoir les aides humanitaires nécessaires pour survivre à la
rigueur de l’hiver, revenir dans leurs pays et vivre avec dignité. Puisse le Seigneur
ouvrir les cœurs à la confiance et donner sa paix à tout le Moyen-Orient, depuis la
Terre bénie de sa naissance, en soutenant les efforts de ceux qui s’engagent
efficacement pour le dialogue entre Israéliens et Palestiniens.[…]
[…]Que Jésus sauve les trop nombreux enfants victimes de violence, faits objet de
trafic et de traite des personnes, ou contraints à devenir soldats ; des enfants, tant
d’enfants victimes d’abus. Qu’il donne réconfort aux familles des enfants tués au
Pakistan la semaine dernière. Qu’il soit proche de tous ceux qui souffrent de
maladies, en particulier les victimes de l’épidémie d’Ébola, surtout au Liberia, en
Sierra Leone et en Guinée. Tandis qu’avec cœur beaucoup mettent tout en œuvre
courageusement pour assister les malades et leurs proches, je renouvelle une
invitation pressante à assurer l’assistance et les thérapies nécessaires.
Enfant-Jésus. Ma pensée va à tous les enfants aujourd’hui tués et maltraités, ceux
qui le sont avant de voir la lumière, privés de l’amour généreux de leurs parents et
enterrés dans l’égoïsme d’une culture qui n’aime pas la vie ; ceux qui sont déplacés
à cause des guerres et des persécutions, abusés et exploités sous nos yeux et notre
silence complice ; et aux enfants massacrés sous les bombardements, même là où
le Fils de Dieu est né. Aujourd’hui encore leur silence impuissant crie sous l’épée de
nombreux Hérode. Au-dessus de leur sang plane aujourd’hui l’ombre des Hérode

actuels. Vraiment, il y a tant de larmes en ce Noël, avec les larmes de l’Enfant-
Jésus ! […]

Archive

LETTRE DU PAPE FRANÇOIS AUX CHRÉTIENS DU MOYEN-ORIENT

[…] En m’adressant à vous, je ne peux pas oublier non plus d’autres groupes
religieux et ethniques qui subissent également la persécution et les conséquences
de ces conflits. Je suis quotidiennement les nouvelles de l’immense souffrance de
beaucoup de personnes au Moyen-Orient. Je pense spécialement aux enfants, aux
mères, aux personnes âgées, aux personnes déplacées et aux réfugiés, à tous ceux
qui souffrent de la faim, à ceux qui doivent affronter la rigueur de l’hiver sans un
toit sous lequel se protéger. Cette souffrance crie vers Dieu et fait appel à
l’engagement de tous, à travers la prière et toutes sortes d’initiatives. A tous, je
veux exprimer ma proximité et ma solidarité ainsi que celles de l’Église, et offrir
une parole de consolation et d’espérance.[…]

Archive

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À SA BÉATITUDE IGNACE YOUSSIF III YOUNAN, PATRIARCHE D’ANTIOCHE DES SYRIENS, AVEC LES ÉVÊQUES ET LES FIDÈLES DE LA LA COMMUNAUTÉ SYRO- ANTIOCHIENNE

[…] Beaucoup ont fui pour se mettre à l’abri d’une inhumanité qui jette à la rue des
populations entières, les laissant sans aucun moyen de subsistance. Efforcez-vous
de coordonner vos efforts avec les autres Eglises, pour répondre aux besoins
humanitaires, tant de ceux qui restent dans leur patrie, que de ceux qui se sont
réfugiés dans d’autres pays. […]

Archive

MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA CÉLÉBRATION DE LA XLVIIIe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX NON PLUS ESCLAVES, MAIS FRÈRES

[…] Je pense aussi aux conditions de vie de nombreux migrants qui, dans leur
dramatique parcours, souffrent de la faim, sont privés de liberté, dépouillés de leurs
biens ou abusés physiquement et sexuellement. Je pense à ceux d’entre eux qui,
arrivés à destination après un voyage dans des conditions physiques très dures et
dominé par la peur et l’insécurité, sont détenus dans des conditions souvent
inhumaines. Je pense à ceux d’entre eux que les diverses circonstances sociales,
politiques et économiques poussent à vivre dans la clandestinité, et à ceux qui,
pour rester dans la légalité, acceptent de vivre et de travailler dans des conditions
indignes, spécialement quand les législations nationales créent ou permettent une
dépendance structurelle du travailleur migrant par rapport à l’employeur, en
conditionnant, par exemple, la légalité du séjour au contrat de travail… Oui, je
pense au « travail esclave »..[…]
[…] Je ne peux pas ne pas penser à tous ceux qui, mineurs ou adultes, font l’objet
de trafic et de commerce pour le prélèvement d’organes, pour être enrôlés comme
soldats, pour faire la mendicité, pour des activités illégales comme la production ou
la vente de stupéfiants, ou pour des formes masquées d’adoption
internationale.[…]
[…] À côté de cette cause ontologique – refus de l’humanité dans l’autre –, d’autres
causes concourent à expliquer les formes contemporaines d’esclavage. Parmi elles,
je pense surtout à la pauvreté, au sous-développement et à l’exclusion,
spécialement quand ils se combinent avec le manque d’accès à l’éducation ou avec
une réalité caractérisée par de faibles, sinon inexistantes, opportunités de travail.
Fréquemment, les victimes de trafic et de d’asservissement sont des personnes qui
ont cherché une manière de sortir d’une condition de pauvreté extrême, en croyant
souvent à de fausses promesses de travail, et qui au contraire sont tombées entre
les mains de réseaux criminels qui gèrent le trafic d’êtres humains. Ces réseaux
utilisent habilement les technologies informatiques modernes pour appâter des
jeunes, et des très jeunes, partout dans le monde.
De même, la corruption de ceux qui sont prêts à tout pour s’enrichir doit être
comptée parmi les causes de l’esclavage. En effet, l’asservissement et le trafic des
personnes humaines requièrent une complicité qui souvent passe par la corruption
des intermédiaires, de certains membres des forces de l’ordre ou d’autres acteurs
de l’État ou de diverses institutions, civiles et militaires. « Cela arrive quand au
centre d’un système économique se trouve le dieu argent et non l’homme, la
personne humaine. Oui, au centre de tout système social ou économique doit se
trouver la personne, image de Dieu, créée pour être le dominateur de l’univers.

103
Quand la personne est déplacée et qu’arrive le dieu argent se produit ce
renversement des valeurs »[5]. […]
[…] 5. Souvent, en observant le phénomène de la traite des personnes, du trafic
illégal des migrants et d’autres visages connus et inconnus de l’esclavage, on a
l’impression qu’il a lieu dans l’indifférence générale.
Si, malheureusement, cela est vrai en grande partie, je voudrais cependant
rappeler l’immense travail silencieux que de nombreusescongrégations religieuses,
surtout féminines, réalisent depuis de nombreuses années en faveur des victimes.
Ces instituts œuvrent dans des contextes difficiles, dominés parfois par la violence,
en cherchant à briser les chaînes invisibles qui lient les victimes à leurs trafiquants
et exploiteurs ; des chaînes dont les mailles sont faites de mécanismes
psychologiques subtils qui rendent les victimes dépendantes de leurs bourreaux par
le chantage et la menace, pour eux et leurs proches, mais aussi par des moyens
matériels, comme la confiscation des documents d’identité et la violence physique.
L’action des congrégations religieuses s’articule principalement autour de trois
actions : le secours aux victimes, leur réhabilitation du point de vue psychologique
et de la formation, et leur réintégration dans la société de destination ou
d’origine.[…]
[…] Le organizzazioni intergovernative, conformemente al principio di sussidiarietà,
sono chiamate ad attuare iniziative coordinate per combattere le reti transnazionali
del crimine organizzato che gestiscono la tratta delle persone umane ed il traffico
illegale dei migranti. Si rende necessaria una cooperazione a diversi livelli, che
includa cioè le istituzioni nazionali ed internazionali, così come le organizzazioni
della società civile ed il mondo imprenditoriale.
[…]Les entreprises[6], en effet, ont le devoir de garantir à leurs employés des
conditions de travail dignes et des salaires convenables, mais aussi de veiller à ce
que des formes d’asservissement ou de trafic de personnes humaines n’aient pas
lieu dans les chaînes de distribution. La responsabilité sociale de l’entreprise est
accompagnée par la responsabilité sociale du consommateur. En effet, chaque
personne devrait avoir conscience qu’« acheter est non seulement un acte
économique mais toujours aussi un acte moral »[7]. […]
[…] Ces dernières années, le Saint-Siège, en accueillant le cri de douleur des
victimes du trafic et la voix des congrégations religieuses qui les accompagnent
vers la libération, a multiplié les appels à la communauté internationale afin que les
différents acteurs unissent leurs efforts et coopèrent pour mettre un terme à ce
fléau[8]. De plus, certaines rencontres ont été organisées dans le but de donner
une visibilité au phénomène de la traite des personnes et de faciliter la
collaboration entre divers acteurs, dont des experts du monde académique et des
organisations internationales, des forces de l’ordre de différents pays de
provenance, de transit et de destination des migrants, et des représentants des
groupes ecclésiaux engagés en faveur des victimes. Je souhaite que cet
engagement continue et se renforce dans les prochaines années.
Globaliser la fraternité, non l’esclavage ni l’indifférence

104
6. Dans son œuvre d’« annonce de la vérité de l’amour du Christ dans la société
»[9], l’Église s’engage constamment dans les actions de caractère caritatif à partir
de la vérité sur l’homme. Elle a la tâche de montrer à tous le chemin vers la
conversion, qui amène à changer le regard sur le prochain, à reconnaître dans
l’autre, quel qu’il soit, un frère et une sœur en humanité, à en reconnaître la dignité
intrinsèque dans la vérité et dans la liberté, comme nous l’illustre l’histoire de
Joséphine Bakhita, la sainte originaire de la région du Darfour au Soudan, enlevée
par des trafiquants d’esclaves et vendue à des maîtres terribles dès l’âge de neuf
ans, et devenue ensuite, à travers de douloureux événements, ‘‘libre fille de Dieu’’
par la foi vécue dans la consécration religieuse et dans le service des autres,
spécialement des petits et des faibles. Cette sainte, qui a vécu entre le XIXème et le
XXèmesiècle, est aujourd’hui un témoin et un modèle d’espérance[10] pour les
nombreuses victimes de l’esclavage, et elle peut soutenir les efforts de tous ceux
qui se consacrent à la lutte contre cette « plaie dans le corps de l’humanité
contemporaine, une plaie dans la chair du Christ »[11].
Dans cette perspective, je désire inviter chacun, dans son rôle et dans ses
responsabilités particulières, à faire des gestes de fraternité à l’égard de ceux qui
sont tenus en état d’asservissement. Demandons-nous comment, en tant que
communauté ou comme individus, nous nous sentons interpellés quand, dans le
quotidien, nous rencontrons ou avons affaire à des personnes qui pourraient être
victimes du trafic d’êtres humains, ou quand nous devons choisir d’acheter des
produits qui peuvent, en toute vraisemblance, avoir été fabriqués par l’exploitation
d’autres personnes. Certains d’entre nous, par indifférence ou parce qu’assaillis par
les préoccupations quotidiennes, ou pour des raisons économiques, ferment les
yeux. D’autres, au contraire, choisissent de faire quelque chose de positif, de
s’engager dans les associations de la société civile ou d’effectuer de petits gestes
quotidiens – ces gestes ont tant de valeur ! – comme adresser une parole, une
salutation, un « bonjour », ou un sourire, qui ne nous coûtent rien mais qui peuvent
donner l’espérance, ouvrir des voies, changer la vie d’une personne qui vit dans
l’invisibilité, et aussi changer notre vie par la confrontation à cette réalité.[…]

Archive

PAROLES DU PAPE FRANÇOIS

Mesdames et Messieurs,
Je remercie tous les responsables religieux qui sont réunis ici pour leur engagement
en faveur de ceux ayant survécu à la traite des personnes, ainsi que toutes les
personnes présentes pour leur participation intense à ce geste de fraternité, en
particulier envers les plus souffrants de nos frères. Inspirés par nos confessions
religieuses, aujourd’hui, nous nous sommes réunis en vue d’une initiative historique
et d’une action concrète: déclarer que nous collaborerons ensemble pour déraciner
le terrible fléau de l’esclavage moderne, sous toutes ses formes. […]
[…] C’est pourquoi nous déclarons au nom de toutes et de chacune de nos
croyances que l’esclavage moderne — sous la forme de traite des personnes, de
travail forcé, de prostitution, de trafic d’organes — est un crime de « lèse-humanité
». Ses victimes sont de toutes conditions, mais le plus souvent, elles se trouvent
parmi les plus pauvres et les plus vulnérables de nos frères et sœurs.[…]
[…] Malgré les efforts importants de nombreuses personnes, l’esclavage moderne
continue d’être un fléau atroce qui est présent, à grande échelle, dans le monde
entier, parfois même sous la forme du tourisme. Ce crime de « lèse-humanité » se
cache derrière d’apparentes habitudes acceptées, mais en réalité, il fait ses victimes
dans la prostitution, la traite des personnes, le travail forcé, le travail d’esclave, la
mutilation, la vente d’organes, la consommation de drogues, le travail des enfants.
Il se cache derrière des portes fermées, dans des lieux spécifiques, dans les rues,
dans les automobiles, dans les usines, dans les campagnes, sur les bateaux de
pêche et dans beaucoup d’autres endroits. Et cela a lieu tant dans les villes que
dans les villages, dans les centres d’accueil des nations les plus riches et de celles
les plus pauvres du monde. Et le pire dans cette situation est que
malheureusement, elle s’aggrave chaque jour davantage.[…]
[…]Je demande au Seigneur qu’il nous accorde aujourd’hui la grâce de nous faire
nous-même le prochain de chaque personne, sans exception, en aidant activement
et toujours ceux que nous rencontrons sur notre chemin — qu’il s’agisse d’un
vieillard abandonné de tous, d’un travailleur injustement réduit à l’esclavage et
méprisé, d’une réfugiée ou d’un réfugié pris au piège du crime organisé, d’une
jeune garçon ou d’une jeune fille qui marche sur les routes du monde victime du
commerce sexuel, d’un homme ou d’une femme poussés à la prostitution par la
tromperie de gens sans crainte de Dieu, d’un petit garçon ou d’une petite fille
mutilés de leurs organes — et qui interpellent notre conscience, en faisant écho à la
voix du Seigneur : je vous dis que chaque fois qu’ils l’ont fait à l’un de mes frères,
c’est à moi qu’ils l’ont fait. […]

Archive

SALUT AUX JEUNES RÉFUGIÉS ASSISTÉS PAR LES SALÉSIENS DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Chers jeunes,
J’ai beaucoup désiré cette rencontre avec vous. J’aurais voulu aussi rencontrer
d’autres réfugiés, mais il n’a pas été possible de faire autrement. Vous provenez de
la Turquie, de la Syrie, de l’Irak et de divers pays du Moyen Orient et de l’Afrique.
Vous êtes ici des représentants de centaines de jeunes de votre âge, dont beaucoup
sont réfugiés et déplacés, quotidiennement assistés par les Salésiens. Je veux vous
manifester ma participation à votre souffrance et j’espère que ma visite, avec la
grâce du Seigneur, pourra vous donner un peu de consolation dans votre situation
difficile. Elle est la triste conséquence des conflits exacerbés et de la guerre, qui est
toujours un mal et n’est jamais la solution des problèmes, mais plutôt en crée
d’autres.
Les réfugiés, comme vous, se trouvent souvent privés, parfois pour longtemps, des
biens fondamentaux : une habitation digne, l’assistance sanitaire, l’éducation, le
travail. Ils ont dû abandonner non seulement des réalités matérielles, mais surtout
la liberté, la proximité des membres de la famille, leur milieu vital et les traditions
culturelles. Les conditions dégradantes dans lesquelles de nombreux réfugiés
doivent vivre sont intolérables ! Pour cela, il faut tout mettre en œuvre pour
éliminer les causes de cette réalité. Je lance un appel à une plus grande
convergence internationale destinée à résoudre les conflits qui ensanglantent vos
terres d’origine, à contrecarrer les autres causes qui poussent les personnes à
laisser leur patrie et à promouvoir les conditions pour qu’elles puissent y rester ou y
retourner. J’encourage tous ceux qui œuvrent généreusement et honnêtement pour
la justice et la paix à ne pas perdre courage. Je m’adresse aux Chefs politiques, afin
qu’ils tiennent compte du fait que la grande majorité de leurs populations aspire à
la paix, même si parfois elle n’a plus la force ni la voix pour la demander !
De nombreuses organisations font beaucoup pour les réfugiés ; je suis heureux en
particulier de l’œuvre efficace de beaucoup d’institutions catholiques, qui offrent
une aide généreuse à de nombreuses personnes dans le besoin, sans aucune
discrimination. Aux Autorités turques, je désire exprimer une vive reconnaissance
pour le grand effort accompli dans l’assistance aux réfugiés, spécialement aux
réfugiés syriens et irakiens, et pour l’engagement concret en vue de chercher à
satisfaire leurs exigences. Je souhaite que le soutien nécessaire de la communauté
internationale ne fasse pas non plus défaut.[…]

Archive

VISITE AU PRÉSIDENT DES AFFAIRES RELIGIEUSES AU DIYANET DISCOURS DU SAINT-PÈRE

[…] La situation au Moyen-Orient est vraiment tragique, spécialement en Irak et en
Syrie. Tous souffrent des conséquences des conflits, et la situation humanitaire est
angoissante. Je pense à tant d’enfants, aux souffrances de tant de mamans, aux
personnes âgées, aux personnes déplacées et aux réfugiés, aux violences de toutes
sortes. Une préoccupation particulière vient du fait que, surtout à cause d’un
groupe extrémiste et fondamentaliste, des communautés entières, spécialement –
mais pas seulement – les chrétiens et les yazidis, ont subi et souffrent encore des
violences inhumaines à cause de leur identité ethnique et religieuse. Ils ont été
chassés de force de leurs maisons, ils ont dû tout abandonner pour sauver leur vie
et ne pas renier leur foi. La violence a frappé aussi des édifices sacrés, des
monuments, des symboles religieux et le patrimoine culturel, comme si on voulait
effacer toute trace, toute mémoire de l’autre.[…]

Archive

RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS DISCOURS DU SAINT-PÈRE

[…] La Turquie, en accueillant généreusement un grand nombre de réfugiés, est
directement impliquée à ses frontières par les effets de cette dramatique situation,
et la communauté internationale a l’obligation morale de l’aider à prendre soin des
réfugiés. Avec la nécessaire assistance humanitaire, on ne peut pas rester
indifférent face à ce qui a provoqué ces tragédies. En répétant qu’il est licite
d’arrêter l’injuste agresseur, cependant toujours dans le respect du droit
international, je veux aussi rappeler qu’on ne peut confier la résolution du problème
à la seule réponse militaire.[…]