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PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE

[…] Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur cette parole de Jésus : « J’étais un
étranger et vous m’avez accueilli, nu et vous m’avez vêtu » (Mt 25, 35-36). A notre
époque, l’œuvre qui concerne les étrangers est plus que jamais actuelle. La crise
économique, les conflits armés et les changements climatiques poussent de
nombreuses personnes à émigrer. Toutefois, les migrations ne sont pas un
phénomène nouveau, mais elles appartiennent à l’histoire de l’humanité. C’est un
manque de mémoire historique de penser que celles-ci n’appartiennent qu’à notre
époque.[…]
Au cours des siècles, nous avons assisté à cet égard à de grandes expressions de
solidarité, même si les tensions sociales n’ont pas manqué. Aujourd’hui, le contexte
de crise économique favorise malheureusement l’apparition d’attitudes de
fermeture et de refus d’accueillir. Dans certaines parties du monde s’élèvent des
murs et des barrières. Il semble parfois que l’œuvre silencieuse de nombreux
hommes et femmes qui, de diverses manières, se prodiguent pour aider et assister
les réfugiés et les migrants soit obscurcie par la rumeur d’autres personnes qui
donnent voix à un égoïsme instinctif. Mais la fermeture n’est pas une solution, elle
finit même par favoriser les trafics criminels. L’unique voie pour trouver une
solution est celle de la solidarité. Solidarité avec le migrant, solidarité avec
l’étranger…[…]
Même aujourd’hui, nous avons besoin de ces témoignages car la miséricorde peut
atteindre beaucoup de personnes dans le besoin. C’est un engagement qui implique
tout le monde, personne exclu. Diocèses, paroisses, instituts de vie consacrée,
associations et mouvements, comme chrétiens individuels, nous sommes tous
appelés à accueillir des frères et sœurs qui fuient la guerre, la faim, la violence et
les conditions de vie inhumaines. Ensemble, nous sommes une force de soutien
pour ceux qui ont perdu leur patrie, leur famille, leur travail et leur dignité. […]

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ADRESSE DU SAINT-PÈRE FRANCIS AUX DIRECTEURS DE LA « FONDATION VODAFONE » Aulette de la salle Paul VI

Je vous souhaite la bienvenue à tous et je remercie le PDG du groupe Vodafone
pour sa présentation de cette initiative intéressante intitulée « Instant Schools for
Africa ». Il est proposé, comme nous l’avons entendu, de permettre à de nombreux
jeunes africains, dont une partie a été hébergée dans des camps de réfugiés,
d’accéder en ligne à des ressources éducatives importantes. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX ORGANISMES CARITATIFS CATHOLIQUES QUI OPÈRENT DANS LE CONTEXTE DE LA CRISE HUMANITAIRE EN SYRIE, IRAK ET DANS LES PAYS VOISINS

[…] Un an après notre dernière réunion, nous devons constater avec une grande
tristesse que, malgré les nombreux efforts déployés dans divers domaines, la
logique des armes et de l’oppression, les intérêts obscurs et la violence continuent
de dévaster ces pays. Jusqu’à présent, il n’a pas été possible de mettre un terme
aux souffrances exténuantes et aux violations continues des droits de l’homme. Les
conséquences dramatiques de la crise sont désormais visibles bien au-delà des
frontières de la région. Le phénomène migratoire grave en est l’expression. […]
[…] En regardant les nombreux visages souffrants, en Syrie, en Irak et dans les
pays proches et éloignés où des millions de réfugiés sont obligés de chercher refuge
et protection, l’Eglise voit le visage de son Seigneur pendant la Passion.
Le travail de ceux qui, comme vous qui représentez de nombreux travailleurs sur le
terrain, s’engagent à aider ces personnes et à préserver leur dignité est
certainement le reflet de la miséricorde de Dieu et, en tant que tel, un signe que le
mal a le dernier mot C’est un signe de grand espoir, pour lequel je veux remercier,
avec vous, tant de personnes anonymes – mais pas pour Dieu! – qui, spécialement
en cette année jubilaire, prient et intercèdent en silence pour les victimes des
conflits, en particulier pour les enfants et les plus faibles, et soutiennent également
votre travail. A Alep, les enfants doivent boire de l’eau polluée! […]

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VISITE DU PAPE FRANÇOIS À ASSISE POUR LA JOURNÉE MONDIALE DE PRIÈRE POUR LA PAIX « SOIF DE PAIX. RELIGIONS ET CULTURES EN DIALOGUE » PAROLES DU SAINT-PÈRE

[…] On ne peut pas rester indifférent. Aujourd’hui, le monde a soif de paix. Dans
de nombreux pays, il y a des guerres, souvent oubliées, mais qui causent toujours
de la souffrance et de la pauvreté. À Lesbos, avec le cher Patriarche œcuménique
Bartholomée, nous avons vu aux yeux des réfugiés la douleur de la guerre,
l’angoisse des peuples assoiffés de paix. Je pense aux familles dont la vie a été
bouleversée. aux enfants qui n’ont pas connu d’autre vie que la violence; aux
personnes âgées, forcées de quitter leurs terres: toutes ont une grande soif de
paix. Nous ne voulons pas que ces tragédies tombent dans l’oubli. Nous souhaitons
donner la parole à ceux qui souffrent, à ceux qui sont sans voix et sans écouter. Ils
savent bien, souvent mieux que les puissants, qu’il n’y a pas de lendemain dans la
guerre et que la violence des armes détruit la joie de vivre. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE DE LA CONFÉDÉRATION EUROPÉENNE DE L’UNION MONDIALE DES ANCIENS ÉTUDIANTS DES JÉSUITES

Chers frères et sœurs, Chers membres de la Confédération européenne et de
l’union mondiale des anciens élèves des jésuites,
Je suis heureux de vous recevoir aujourd’hui à l’occasion de votre conférence sur
les migrations et sur la crise des réfugiés. Il s’agit de la crise humanitaire la plus
grande, depuis la seconde guerre mondiale. Diplômés dans des écoles jésuites,
vous êtes venus à Rome en tant qu’« hommes et femmes pour les autres », en
particulier — cette fois-ci — pour étudier les racines des migrations forcées, pour
considérer votre responsabilité en relation avec la situation actuelle et pour être
envoyés comme promoteurs de changements dans vos communautés d’origine.
Tragiquement, dans le monde d’aujourd’hui, plus de 65 millions de personnes ont
été contraintes d’abandonner leurs lieux de résidence. Ce nombre sans précédent
va au-delà de toute imagination. Le nombre total des réfugiés est à présent plus
grand que la population de l’Italie tout entière! Si nous allons au-delà des simples
statistiques, nous découvrirons cependant que les réfugiés sont des hommes et des
femmes, des garçons et des filles qui ne sont pas différents des membres de nos
familles et de nos amis. Chacun d’eux a un nom, un visage et une histoire, ainsi
que le droit inaliénable de vivre en paix et d’aspirer à un avenir meilleur pour ses
propres enfants.
Vous avez dédié votre association mondiale à la mémoire du père Pablo Arrupe, qui
a également été le fondateur du Jesuit Refugee Service, l’organisation qui vous a
accompagnés au cours de cette semaine passée à Rome. Il y a plus de trente-cinq
ans, le père Arrupe se sentit poussé à agir en réponse à la situation des « boat
people » sud-vietnamiens, qui se trouvaient exposés aux attaques des pirates et
aux tempêtes dans la mer chinoise du sud, alors qu’ils cherchaient désespérément
à échapper aux violences dans leur pays. Malheureusement, le monde d’aujourd’hui
se trouve encore impliqué dans d’innombrables conflits. La terrible guerre en Syrie,
ainsi que les guerres civiles au Soudan du Sud et ailleurs dans le monde peuvent
sembler insolubles. Cela est précisément la raison pour laquelle votre rencontre «
pour contempler et agir » qui concerne la question des réfugiés est aussi
importante.
Aujourd’hui plus que jamais, alors que la guerre fait rage dans diverses parties de
monde et qu’un nombre de réfugiés jamais atteint auparavant meurt en tentant de
traverser la mer Méditerranée — qui est devenue un cimetière —, ou bien passe des
années dans des camps, l’Église a besoin que vous puisiez au courage et à
l’exemple du père Arrupe. Grâce à votre éducation jésuite, vous avez été invités à
devenir « compagnons de Jésus » et, avec saint Ignace de Loyola comme votre
guide, vous avez été envoyés dans le monde pour être des hommes et des femmes
pour et avec les autres. En ce moment de l’histoire, il existe un profond besoin de

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personnes qui écoutent le cri des pauvres et qui y répondent avec compassion et
générosité.
En conclusion de la journée mondiale de la jeunesse à Cracovie, il y a quelques
semaines, j’ai dit à la jeunesse qui était réunie là-bas d’être courageuse. En tant
que diplômés d’écoles dirigées par des pères jésuites, sachez aussi être courageux
en répondant aux nécessités des réfugiés à l’époque présente. En tant qu’élèves
des pères jésuites, cela vous fera du bien, alors que vous vous occupez des
problèmes que les réfugiés affrontent, de vous rappeler de vos racines ignatiennes.
Tandis que dans vos pays, vous vous efforcez de comprendre les causes de
l’immigration forcée et de servir les réfugiés, il est nécessaire que vous offriez au
Seigneur « toute votre liberté, votre mémoire, votre intelligence et votre volonté
tout entière ».

Au cours de cette année de la miséricorde, la porte sainte de la basilique Saint-
Pierre est restée ouverte, pour rappeler que la miséricorde de Dieu est offerte à

tous ceux qui en ont besoin, à présent et pour toujours. Des millions de fidèles ont
accompli le pèlerinage à la porte sainte, ici et dans les églises du monde entier, en
faisant mémoire du fait que la miséricorde de Dieu dure pour toujours et s’adresse
à tous. Egalement grâce à votre aide, l’Église sera capable de répondre plus
pleinement à la tragédie humaine des réfugiés à travers des actes de miséricorde
qui promeuvent leur intégration dans le contexte européen et au-delà de celui-ci. Je
vous encourage donc à souhaiter la bienvenue aux réfugiés dans vos foyers et
communautés, de manière à ce que leur première expérience en Europe ne soit pas
celle traumatisante de dormir au froid dans la rue, mais celle d’un accueil
chaleureux et humain. Rappelez-vous que l’authentique hospitalité est une profonde
valeur évangélique, qui alimente l’amour et est notre plus grande sécurité contre
les actes de terrorisme odieux.
Je vous exhorte à puiser aux joies et aux succès que votre éducation chez les
jésuites vous ont apportés, en vous occupant de l’éducation des réfugiés dans le
monde. C’est un fait préoccupant que, dans le monde, moins de 50% des enfants
réfugiés ont accès à l’école primaire. Malheureusement, ce nombre se réduit à 22%
pour les adolescents réfugiés inscrits à l’école secondaire et à moins de 1% pour
ceux qui peuvent accéder à l’instruction universitaire.
Avec le Jesuit Refugee Service mettez en action votre miséricorde et aidez à
changer cette situation dans le domaine éducatif. En faisant cela, vous construirez
une Europe plus forte et un avenir plus lumineux pour les réfugiés.
On peut parfois se sentir seuls au moment où l’on cherche à traduire la miséricorde
en action. Sachez cependant que vous unissez votre travail à celui des nombreuses
organisations ecclésiales qui œuvrent dans le domaine humanitaire, qui se
consacrent aux exclus et aux personnes marginalisées. Plus important encore,
rappelez-vous que l’amour de Dieu vous accompagne dans ce travail. Vous êtes les
yeux, la bouche, les mains et le cœur de Dieu dans ce monde.
Je vous remercie pour avoir affronté les questions difficiles posées par l’accueil des
réfugiés. De nombreuses portes vous ont été ouvertes grâce à l’éducation reçue par
les jésuites, alors que les réfugiés trouvent de nombreuses portes closes. Vous avez
beaucoup appris des réfugiés que vous avez rencontrés. En quittant Rome et en
rentrant chez vous, je vous exhorte à aider à transformer vos communautés en lieu
d’accueil où tous les enfants de Dieu ont l’opportunité, pas simplement de survivre,
mais de grandir, de fleurir et de porter du fruit.

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Et alors que vous persévérez dans ce travail constant pour assurer l’accueil et
l’instruction des réfugiés, pensez à la Sainte-Famille — Marie, Joseph et l’Enfant
Jésus — au cours de leur long voyage en Egypte en tant que réfugiés, alors qu’ils
fuyaient la violence et trouvaient refuge parmi les étrangers. Rappelez-vous
également des paroles de Jésus : « Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à
manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire, j’étais un étranger et vous
m’avez accueilli » (Mt 25, 35). Apportez ces paroles et ces gestes avec vous
aujourd’hui. Puissent-ils être un encouragement et un réconfort pour vous. Pour ma
part, en vous assurant de ma prière, je vous demande s’il vous plaît de ne pas
oublier de prier pour moi. Merci!

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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ 2017 “Migrants mineurs, vulnérables et sans voix”

Chers frères et sœurs,
« Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il
accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a
envoyé » (Mc 9, 37 ; cf. Mt 18, 5 ; Lc 9, 48 ; Jn 13, 20). Par ces mots, les
Évangélistes rappellent à la communauté chrétienne un enseignement de Jésus qui
est enthousiasmant et, à la fois, exigeant. Ces paroles, en effet, tracent la voie sûre
qui conduit à Dieu, en partant des plus petits et en passant par le Sauveur, dans la
dynamique de l’accueil. L’accueil même, donc, est une condition nécessaire pour
que se concrétise cet itinéraire : Dieu s’est fait l’un de nous, en Jésus il s’est fait
enfant et l’ouverture à Dieu dans la foi, qui alimente l’espérance, se décline dans la
proximité affectueuse aux plus petits et aux plus faibles. Charité, foi et espérance
sont toutes impliquées dans les œuvres de miséricorde, soit spirituelles, soit
corporelles, que nous avons redécouvertes durant le récent Jubilé Extraordinaire.
Mais les Évangélistes s’arrêtent aussi sur la responsabilité de celui qui va à
l’encontre de la miséricorde : « Celui qui est un scandale, une occasion de chute,
pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui
accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes et qu’il soit englouti en
pleine mer » (Mt 18, 6 ; cf. Mc 9, 42 ; Lc 17, 2). Comment ne pas penser à ce
sévère avertissement en considérant l’exploitation perpétrée par des gens sans
scrupules aux dépens de nombreux enfants contraints à la prostitution ou pris dans
le circuit de la pornographie, asservis dans le travail des mineurs ou enrôlés comme
soldats, impliqués dans des trafics de drogue et dans d’autres formes de
délinquance, forcés à la fuite par des conflits et par les persécutions, avec le risque
de se retrouver seuls et abandonnés ?
C’est pourquoi, à l’occasion de la Journée Mondiale du Migrant et du Réfugié, je
tiens à attirer l’attention sur la réalité des migrants mineurs, en particulier ceux qui
sont seuls, en demandant à chacun de prendre soin des enfants qui sont trois fois
sans défense, parce que mineurs, parce qu’étrangers et parce que sans défense,
quand, pour diverses raisons, ils sont forcés à vivre loin de leur terre d’origine et
séparés de l’affection de leurs proches.
Les migrations, aujourd’hui, ne sont pas un phénomène limité à certaines régions
de la planète, mais touchent tous les continents et prennent toujours plus les
dimensions d’une question mondiale dramatique. Il ne s’agit pas uniquement de
personnes à la recherche d’un travail digne ou de meilleures conditions de vie, mais
aussi d’hommes et de femmes, de personnes âgées et d’enfants qui sont contraints
d’abandonner leurs maisons avec l’espérance de se sauver et de trouver ailleurs
paix et sécurité. Ce sont les mineurs qui paient en premier lieu le prix élevé de
l’immigration, provoquée presque toujours par la violence, la misère et par les
conditions environnementales, facteurs auxquels s’ajoute également la globalisation
dans ses aspects négatifs. La course effrénée vers des gains rapides et faciles

263
comporte aussi le développement d’aberrants fléaux tels que le trafic d’enfants,
l’exploitation et l’abus de mineurs et, en général, la privation des droits inhérents à
l’enfance entérinés par la Convention Internationale relative aux Droits de l’Enfant.
L’âge de l’enfance, par sa délicatesse particulière, a des exigences uniques et
inaliénables. Avant tout le droit à un environnement familial sain et protégé pour
pouvoir grandir sous la conduite et avec l’exemple d’un papa et d’une maman ;
ensuite, le droit-devoir de recevoir une éducation adéquate, principalement en
famille et aussi à l’école, où les enfants pourront grandir en tant que personnes et
protagonistes de leur propre avenir et de celui de leur nation respective. De fait,
dans de nombreuses régions du monde, lire, écrire et faire les calculs les plus
élémentaires est encore un privilège réservé à peu de personnes. Tous les mineurs,
ensuite, ont le droit de jouer et de se livrer à des activités récréatives, ils ont, en
somme, le droit d’être des enfants.
Parmi les migrants, par contre, les enfants constituent le groupe le plus vulnérable,
parce que, alors qu’ils se lancent dans la vie, ils sont invisibles et sans voix : la
précarité les prive de documents, en les cachant aux yeux du monde ; l’absence
d’adultes pour les accompagner empêche que leur voix s’élève et se fasse entendre.
Ainsi, les migrants mineurs échouent facilement aux plus bas niveaux de la
dégradation humaine, où l’illégalité et la violence brûlent en une flambée l’avenir de
trop d’innocents, tandis que le réseau de l’abus des mineurs est difficile à rompre.
Comment affronter cette réalité ?
Avant tout, en prenant conscience que le phénomène migratoire n’est pas étranger
à l’histoire du salut, ; bien au contraire, il en fait partie. Un commandement de Dieu
y est lié : « Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez
vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte » (Ex 22, 20) ; « Aimez donc
l’immigré, car au pays d’Égypte vous étiez des immigrés » (Dt 10, 19). Ce
phénomène constitue un signe des temps, un signe qui parle de l’œuvre
providentielle de Dieu dans l’histoire et dans la communauté humaine en vue de la
communion universelle. Sans sous-estimer, certes, les problématiques et, souvent,
les drames et les tragédies des migrations, ainsi que les difficultés liées à l’accueil
digne de ces personnes, l’Église encourage à reconnaître le dessein de Dieu dans ce
phénomène également, avec la certitude que personne n’est étranger dans la
communauté chrétienne, qui embrasse « toutes nations, tribus, peuples et langues
» (Ap 7, 9). Chacun est précieux, les personnes sont plus importantes que les
choses et la valeur de chaque institution se mesure à la façon dont elle traite la vie
et la dignité de l’être humain, surtout en conditions de vulnérabilité, comme dans le
cas des mineurs migrants.
En outre, il faut viser la protection, l’intégration et des solutions durables.
Avant tout, il s’agit d’adopter toutes les mesures possibles pour garantir aux
migrants mineurs protection et défense, parce que « ces garçons et filles finissent
souvent dans la rue, livrés à eux-mêmes et la proie de ceux qui les exploitent sans
scrupules et, bien souvent, les transforment en objet de violence physique, morale
et sexuelle » (Benoît XVI, Message per la Journée mondiale du migrant et du
réfugié 2008).
Par ailleurs, la ligne de démarcation entre migration et trafic peut devenir parfois
ténue. Les facteurs sont nombreux qui contribuent à créer un état de vulnérabilité
chez les migrants, surtout s’ils sont mineurs : l’indigence et le manque de moyens
de survie – auxquels s’ajoutent des expectatives irréalistes suscitées par les media

264
– ; le bas niveau d’alphabétisation ; l’ignorance des lois, de la culture et souvent de
la langue des pays hôtes. Tout cela les rend dépendants physiquement et
psychologiquement. Mais la plus puissante impulsion vers l’exploitation et l’abus
des enfants provient de la demande. Si l’on ne trouve pas le moyen d’intervenir
avec plus de rigueur et d’efficacité à l’encontre de ceux qui en tirent profit, les
multiples formes d’esclavage dont sont victimes les mineurs se pourront pas être
enrayées.
Il est nécessaire, par conséquent, que les migrants, pour le bien-même de leurs
enfants, collaborent toujours plus étroitement avec les communautés qui les
accueillent. Avec une grande gratitude, nous regardons vers les organismes et les
institutions, ecclésiales et civiles, qui, avec un engagement remarquable, offrent
temps et ressources pour protéger les mineurs de diverses formes d’abus. Il est
important que se réalisent des collaborations toujours plus efficaces et plus
incisives, fondées non seulement sur l’échange d’informations, mais aussi sur
l’intensification de réseaux capables d’assurer des interventions rapides et
étendues, sans sous-évaluer le fait que la force extraordinaire des communautés
ecclésiales se révèle surtout lorsqu’il y a unité de prière et de communion dans la
fraternité.
En deuxième lieu, il faut travailler pour l’intégration des enfants et des adolescents
migrants. Ils dépendent en tout de la communauté des adultes et, très souvent,
l’insuffisance des ressources financières devient un empêchement à l’adoption de
politiques adéquates d’accueil, d’assistance et d’inclusion. Par conséquent, au lieu
de favoriser l’insertion sociale des migrants mineurs, ou bien des programmes de
rapatriement sûr et assortis d’assistance, on cherche uniquement à empêcher leur
entrée, en favorisant ainsi le recours à des réseaux illégaux ; ou bien ils sont
renvoyés dans leur pays d’origine, sans s’assurer que cela corresponde à leur réel
‘‘intérêt supérieur’’.
La condition des migrants mineurs est encore plus grave lorsqu’ils se trouvent dans
une situation d’irrégularité ou quand ils sont à la solde de la criminalité organisée.
Alors, ils sont souvent envoyés dans des centres de détention. Il n’est pas rare, en
effet, qu’ils soient arrêtés et, puisqu’ils n’ont pas d’argent pour payer la caution ou
le voyage de retour, ils peuvent rester longtemps reclus, exposés à des abus et à
des violences de divers types. Dans ces cas, le droit des États à gérer les flux
migratoires et à sauvegarder le bien commun national doit se conjuguer avec le
devoir de résoudre et de régulariser la situation des migrants mineurs, dans le plein
respect de leur dignité et en cherchant à répondre à leurs besoins, quand ils sont
seuls, mais aussi à ceux de leurs parents, pour le bien de l’entière cellule familiale.
Ensuite, l’adoption de procédures nationales adéquates et de plans de coopération,
établis de commun accord entre pays d’origine et ceux d’accueil, demeure
fondamentale, en vue de l’élimination des causes de l’immigration forcée des
mineurs.
En troisième lieu, j’adresse à tous un appel pressant afin qu’on cherche et qu’on
adopte des solutions durables. Puisqu’il s’agit d’un phénomène complexe, la
question des migrants mineurs doit être affrontée à la racine. Guerres, violations
des droits humains, corruption, pauvreté, déséquilibres et catastrophes
environnementales font partie des causes du problème. Les enfants sont les
premiers à en souffrir, en subissant parfois des tortures et des violences

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corporelles, qui accompagnent des tortures et des violences morales et
psychologiques, en laissant en eux des signes presque toujours indélébiles.
Il est absolument nécessaire, par conséquent, d’affronter dans les pays d’origine les
causes qui provoquent les migrations. Cela exige, en premier lieu, l’engagement de
la communauté internationale tout entière à enrayer les conflits et les violences qui
contraignent les personnes à la fuite. En outre, une vision clairvoyante s’impose,
capable de prévoir des programmes adéquats pour les régions affectées par de
multiples graves injustices et instabilités, afin qu’à tous soit garanti l’accès à un
développement authentique, qui promeuve le bien des enfants, qui sont l’espérance
de l’humanité.
Enfin, je souhaite vous adresser un mot, à vous, qui cheminez aux côtés des
enfants et des adolescents sur les routes de l’émigration : ils ont besoin de votre
précieuse aide, et l’Église aussi a besoin de vous et vous soutient dans le généreux
service que vous rendez. Ne vous lassez pas de vivre avec courage le bon
témoignage de l’Évangile, qui vous appelle à reconnaître et à accueillir le Seigneur
Jésus présent dans les plus petits et les plus vulnérables.
Je confie tous les migrants mineurs, leurs familles, leurs communautés et vous qui
vous leur êtes proches, à la protection de la Sainte Famille de Nazareth, afin qu’elle
veille sur chacun et les accompagnent sur leur chemin ; et à ma prière, je joins la
Bénédiction apostolique

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JUBILÉ DES OPÉRATEURS ET DES VOLONTAIRES DE LA MISÉRICORDE HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

[…] Suivre Jésus est un engagement sérieux et en même temps joyeux ; cela
demande radicalité et courage pour reconnaître le divin Maître dans le plus pauvre
ainsi que dans le marginalisé de la vie et pour se mettre à son service. C’est
pourquoi, les volontaires qui, par amour pour Jésus, servent les derniers et les
démunis n’attendent aucune reconnaissance ni aucune gratification, mais renoncent
à tout cela parce qu’ils ont découvert l’amour authentique. Et chacun de nous peut
dire : ‘‘Comme le Seigneur est venu vers moi et s’est penché sur moi en temps de
besoin, de la même manière moi aussi je vais vers lui et je me penche sur ceux qui
ont perdu la foi ou vivent comme si Dieu n’existait pas, sur les jeunes sans valeurs
et sans idéaux, sur les familles en crise, sur les malades et les détenus, sur les
réfugiés et les migrants, sur les faibles et sur ceux qui sont sans défense
corporellement et spirituellement, sur les mineurs abandonnés à eux-mêmes, ainsi
que sur les personnes âgées laissées seules. Partout où il y a une main tendue qui
demande une aide pour se remettre debout, doit se percevoir notre présence ainsi
que la présence de l’Église qui soutient et donne espérance’’. Et cela, il faut le faire
avec la mémoire vivante de la main du Seigneur tendue sur moi quand j’étais à
terre.[…]

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CATECHÈSE DU PAPE FRANÇOIS POUR LES OPÉRATEURS DE MISÉRICORDE

[…] Frères et sœurs, vous représentez ici le monde grand et varié des volontaires.
Vous comptez parmi les réalités les plus précieuses de l’Eglise, vous qui chaque
jour, souvent dans le silence et en secret, donnez forme et visibilité à la
miséricorde. Vous êtes des artisans de miséricorde : avec vos mains, avec vos
yeux, avec votre écoute, avec votre proximité, avec vos caresses… artisans ! Vous
exprimez l’un des désirs les plus beaux du cœur de l’homme, celui de faire sentir à
une personne qui souffre qu’elle est aimée. Dans les diverses situations de besoin
et de nécessité de beaucoup de personnes, votre présence est la main tendue du
Christ qui rejoint chacun. Vous êtes la main tendue du Christ : avez-vous pensé à
cela ? La crédibilité de l’Église passe de manière convaincante aussi à travers votre
service envers les enfants abandonnés, les malades, les pauvres sans nourriture ni
travail, les personnes âgées, les sans toit, les prisonniers, les réfugiés et les
émigrés, tous ceux qui sont touchés par les catastrophes naturelles… Bref, partout
où il y a une demande d’aide, arrive votre témoignage actif et désintéressé. Vous
rendez visible la loi du Christ, celle qui consiste à porter les fardeaux les uns des
autres (cf. Ga 6, 2 ; Jn 13, 34). Chers frères et sœurs, vous touchez la chair du
Christ avec vos mains : n’oubliez pas cela. Vous touchez la chair du Christ avec vos
mains. Soyez toujours prêts dans la solidarité, forts dans la proximité, actifs pour
susciter la joie et convaincants dans la consolation. Le monde a besoin de signes
concrets de solidarité, surtout face à la tentation de l’indifférence, et il demande
des personnes capables de contrer par leur vie l’individualisme, le fait de penser
seulement à soi et de se désintéresser des frères dans le besoin. Soyez toujours
contents et remplis de joie dans votre service ; mais n’en faites jamais un motif de
présomption qui porterait à vous sentir meilleurs que les autres. En revanche, que
votre œuvre de miséricorde soit l’humble et éloquent prolongement de Jésus-Christ
qui continue à se pencher et à prendre soin de celui qui souffre. L’amour, en effet,
« édifie » (1Co 8, 1) et permet jour après jour à nos communautés d’être signe de
la communion fraternelle. […]

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PAPE FRANÇOIS Message pour la deuxième Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la création Usons de miséricorde envers notre maison commune

1. La terre crie …
[…] La planète continue de se réchauffer, en partie en raison de l’activité humaine:
2015 a été la plus chaude enregistrée et probablement 2016 sera encore plus. Cela
provoque des sécheresses, les inondations, les incendies et les phénomènes
météorologiques extrêmes de plus en plus sévères. Le changement climatique
contribue également à la crise déchirante des migrants forcés. Les pauvres de la
planète, qui sont aussi les moins responsables du changement climatique, sont déjà
les plus vulnérables et en subissent les effets. […]
3. Examen de conscience et repentance
[…] En 2000, également une année jubilaire, mon prédécesseur Saint Jean-Paul II
a appelé les catholiques à faire amende honorable pour le passé et le présent de
l’intolérance religieuse, ainsi que pour les injustices commises contre les juifs, les
femmes, peuples autochtones, immigrants, pauvres et enfants à naître. Dans ce
Jubilé extraordinaire de la miséricorde, j’invite tout le monde à faire de même. En
tant qu’individus, se sont habitués à des modes de vie induits soit par une culture
méconnue de bien-être est un « désir immodéré de consommer plus que ce qui a
vraiment besoin » (ibid., 123), et en tant que participants à un « système elle a
imposé la logique du profit à tout prix, sans penser à l’exclusion sociale ou la
destruction de la nature », [4] repentons-nous du mal que nous faisons à notre
maison commune. […]

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

[…] C’est ce qui est décrit dans la deuxième parabole, dans laquelle Jésus indique
l’attitude de désintéressement qui doit caractériser l’hospitalité et dit ceci : «
Lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des
aveugles ; heureux seras-tu alors de ce qu’ils n’ont pas de quoi te le rendre ! » (vv.
13-14). Il s’agit de choisir la gratuité au lieu du calcul opportuniste qui cherche à
obtenir une récompense, qui cherche l’intérêt et qui cherche à s’enrichir davantage.
En effet, les pauvres, les simples, ceux qui ne comptent pas, ne pourront jamais
rendre une invitation à manger. Ainsi, Jésus montre sa préférence pour les pauvres
et les exclus, qui sont les privilégiés du Royaume de Dieu, et lance le message
fondamental de l’Évangile qui est de servir son prochain par amour pour Dieu.
Aujourd’hui, Jésus se fait la voix de celui qui n’a pas de voix et adresse à chacun de
nous un appel implorant à ouvrir notre cœur et à faire nôtres les souffrances et les
angoisses des pauvres, de ceux qui ont faim, des exclus, des réfugiés, des vaincus
par la vie, de ceux qui sont écartés par la société et par les abus des plus forts. Et
ces personnes rejetées représentent en réalité la très grande majorité de la
population. […]