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DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À LA PLÉNIÈRE DE L’ ACADÉMIE PONTIFICALE DES SCIENCES SOCIALES

Please note that this document is an unofficial translation and is provided for reference only.

Mesdames et Messieurs!
Je vous souhaite la bienvenue et un bon travail dans cette session plénière de
l’Académie pontificale des sciences sociales. Et je remercie le professeur Zamagni
pour ses paroles aimables et perspicaces.
Vous avez concentré votre attention sur la réalité de la famille. J’apprécie ce choix
et aussi la perspective selon laquelle vous le considérez, c’est-à-dire comme un «
bien relationnel ». Nous savons que les changements sociaux changent les
conditions de vie du mariage et des familles partout dans le monde. De plus, le
contexte actuel de crise prolongée et multiple met à rude épreuve les projets de
familles stables et heureuses. Nous pouvons répondre à cet état de fait en
redécouvrant la valeur de la famille comme source et origine de l’ordre social,
comme cellule vitale d’une société fraternelle et capable de prendre soin de la
maison commune.
La famille est presque toujours à la première place sur l’échelle des valeurs des
différents peuples, car elle est inscrite dans la nature même des femmes et des
hommes. En ce sens, le mariage et la famille ne sont pas des institutions purement
humaines, malgré les nombreuses mutations qu’ils ont connues au cours des siècles
et les différences culturelles et spirituelles entre les différents peuples. Au-delà de
toutes les différences, des traits communs et permanents émergent, qui
manifestent la grandeur et la valeur du mariage et de la famille. Cependant, si cette
valeur est vécue de manière individualiste et privatiste, comme c’est en partie le
cas en Occident, la famille peut être isolée et fragmentée dans le contexte de la
société. Ainsi, les fonctions sociales que la famille exerce entre les individus et dans
la communauté sont perdues, notamment vis-à-vis des plus faibles, comme les
enfants,

Il s’agit donc de comprendre que la famille est bonne pour la société , non comme
une simple agrégation d’individus, mais comme une relation fondée sur un « lien de
perfection mutuelle », pour reprendre une expression de saint Paul ( cf. 3.12- 14).
En effet, l’être humain est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui est
amour (cf. 1 Jn 4, 8.16). L’amour mutuel entre l’homme et la femme est le reflet de
l’amour absolu et indéfectible dont Dieu aime l’être humain, destiné à être fécond
et à s’accomplir dans l’œuvre commune de l’ordre social et du soin de la création.
Le bien de la famille n’est pas de type agrégatif , c’est-à-dire qu’il ne consiste pas à
agréger les ressources des individus pour accroître l’utilité de chacun, mais c’est un
lien relationnel de perfection , qui consiste à partager des relations d’amour fidèle ,
confiance, coopération, réciprocité, dont dérivent les biens des membres individuels
de la famille et, par conséquent, leur bonheur. Ainsi comprise, la famille, qui est un
bien relationnel en soi, devient également la source de nombreux biens et relations
pour la collectivité, comme les bonnes relations avec l’État et les autres associations
de la société, la solidarité entre les familles, l’accueil des les plus en difficulté,
l’attention aux plus petits, le contraste avec les processus d’appauvrissement, etc.
Ce lien perfectif, qu’on pourrait appeler son « génome social » spécifique, consiste à
aimer l’action motivée par le don, en vivant selon la règle de la réciprocité
généreuse et de la générativité. La famille humanise les personnes à travers la
relation du « nous » et en même temps promeut les différences légitimes de
chacun. Ceci, attention, est vraiment important pour comprendre ce qu’est une
famille, qui n’est pas seulement une agrégation de personnes.
La pensée sociale de l’Église aide à comprendre cet amour relationnel propre à la
famille, comme a tenté de le faire l’exhortation apostolique Amoris Laetitia , en
s’insérant dans le sillage de la grande tradition, mais avec cette tradition, en faisant
un pas en avant.
Un aspect que je voudrais souligner est que la famille est le lieu d’ accueil. On n’en
parle pas beaucoup, mais c’est important. Ses qualités se manifestent de manière
particulière dans les familles où il y a des membres fragiles ou handicapés. Ces
familles développent des vertus particulières, qui renforcent la capacité d’amour et
d’endurance patiente face aux difficultés de la vie. Pensons à la réhabilitation des
malades, à l’accueil des migrants, et plus généralement à l’insertion sociale de ceux
qui sont victimes de marginalisation, dans toutes les sphères sociales, notamment
dans le monde du travail. Les soins intégrés à domicile pour les personnes
gravement handicapées mettent en mouvement chez les membres de la famille
cette capacité de soins qui est en mesure de répondre aux besoins spécifiques de
chacun. Pensez aussi aux familles qui génèrent des bénéfices pour l’ensemble de la
société, y compris les familles adoptives et les familles d’accueil. La famille – on le
sait – est le principal antidote à la pauvreté, matérielle et spirituelle, comme c’est
aussi le problème de l’hiver démographique ou de la maternité et de la paternité
irresponsables. Ces deux éléments sont à souligner. L’hiver démographique est une
affaire sérieuse. Ici, en Italie, c’est une affaire sérieuse par rapport à d’autres pays
européens. Cela ne peut pas être laissé de côté, c’est une affaire sérieuse. Et
l’irresponsabilité de la maternité et de la paternité est une autre chose grave dont il
faut tenir compte pour éviter que cela ne se produise.
La famille devient un lien de perfection et un bien relationnel à mesure qu’elle fait
prospérer sa propre nature, par elle-même et avec l’aide d’autres personnes et
institutions, y compris gouvernementales. Il est nécessaire que des politiques
sociales, économiques et culturelles « favorables à la famille » soient promues dans
tous les pays . Par exemple, les politiques qui rendent possible l’harmonisation
entre la famille et le travail ; des politiques fiscales qui reconnaissent les charges
familiales et soutiennent les fonctions éducatives des familles en adoptant des
instruments appropriés d’équité fiscale ; politiques d’acceptation de la vie; des
services sociaux, psychologiques et de santé axés sur le soutien aux relations de
couple et parentales. […]

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MESSAGE URBI ET ORBI DU PAPE FRANÇOIS PÂQUES 2022

[…] Je porte dans mon cœur toutes les nombreuses victimes ukrainiennes, les
millions de réfugiés et de déplacés internes, les familles divisées, les personnes
âgées restées seules, les vies brisées et les villes rasées. J’ai dans les yeux le
regard des enfants devenus orphelins et fuyant la guerre. En les regardant, nous ne
pouvons pas ne pas entendre leur cri de douleur, avec celui des nombreux autres
enfants qui souffrent dans le monde entier : ceux qui meurent de faim ou par
manque de soins, ceux qui sont victimes d’abus et de violences et ceux qui ont été
privés du droit de naître.
Dans la douleur de la guerre, des signes encourageants ne manquent également
pas, comme les portes ouvertes de nombreuses familles et communautés qui
accueillent des migrants et des réfugiés dans toute l’Europe. Que ces nombreux
actes de charité deviennent une bénédiction pour nos sociétés, parfois dégradées
par tant d’égoïsme et d’individualisme, et qu’ils contribuent à les rendre
accueillantes pour tous. […]

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VENDREDI SAINT « PASSION DU SEIGNEUR » CHEMIN DE CROIX PRÉSIDÉ PAR PAR SA SAINTETÉ LE PAPE FRANÇOIS

XIV
ème station
Le corps de Jésus est déposé dans le tombeau
V/. Adoramus te, Christe, et benedicimus tibi.
R/. Quia per sanctam crucem tuam redemisti mundum.
Prenant le corps, Joseph l’enveloppa dans un linceul immaculé, et le déposa dans le
tombeau neuf qu’il s’était fait creuser dans le roc. Puis il roula une grande pierre à
l’entrée du tombeau et s’en alla. Or Marie Madeleine et l’autre Marie étaient là,
assises en face du sépulcre. (Mt 27, 59-61)
Désormais, nous sommes là. Nous sommes morts à notre passé. Nous aurions aimé
vivre sur notre propre terre, mais la guerre nous en a empêchés. Il est difficile pour
une famille de devoir choisir entre ses rêves et la liberté. Entre désirs et survie.
Nous sommes ici après des voyages au cours desquels nous avons vu mourir des
femmes et des enfants, des amis, des frères et des sœurs. Nous sommes ici,
survivants. Perçus comme un fardeau. Nous qui étions importants chez nous, nous
sommes ici des numéros, des catégories, des simplifications. Pourtant, nous
sommes bien plus que des immigrés. Nous sommes des personnes. Nous sommes
venus ici pour nos enfants. Nous mourons chaque jour pour eux, pour qu’ils
puissent essayer de vivre ici une vie normale, sans les bombes, sans le sang, sans
les persécutions. Nous sommes catholiques, mais même cela semble parfois passer
au second plan par rapport au fait que nous sommes des migrants. Si nous ne nous
résignons pas, c’est parce que nous savons que la grande pierre devant la porte du
tombeau sera un jour roulée.
Seigneur Jésus, enlevé du bois de la croix par des mains amies.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui as été enterré dans la tombe neuve de Joseph d’Arimathie.
R/. Dona nobis pacem.
Toi qui n’as pas connu la corruption de la tombe.
R/. Dona nobis pacem.
Tous :
Notre Père…
Seigneur Jésus,
Toi qui es descendu aux enfers
pour libérer Adam et Eve et leurs enfants de leur ancienne captivité,
écoute nos supplications pour les familles de migrants :
arrache-les à l’isolement qui tue
et donne à chacun de te reconnaître en chaque personne
comme notre frère et notre sœur bien-aimés.
Toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles.
R/. Amen.

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS À MALTA (2-3 AVRIL 2022) ANGÉLUS

Chers frères et sœurs !
Je suis reconnaissant pour les paroles que Mgr Scicluna m’a adressées en votre
nom. Mais c’est moi qui vous dis merci !
Je voudrais exprimer ma reconnaissance au Président de la République et aux
Autorités, à mes Frères Évêques, à vous, chers prêtres, religieux et religieuses,
ainsi qu’à tous les citoyens et fidèles de Malte et de Gozo pour l’accueil et l’affection
que j’ai reçus. Ce soir, après avoir rencontré plusieurs frères et sœurs migrants, il
sera déjà temps de rentrer à Rome, mais je porterai avec moi beaucoup de
moments et de paroles de ces jours-ci. Beaucoup de gestes. Je garderai surtout
dans mon cœur beaucoup de visages, et le visage lumineux de Malte ! Je remercie
également ceux qui ont œuvré pour cette visite et je voudrais saluer cordialement
les frères et sœurs des diverses confessions chrétiennes et religions que j’ai
rencontrés ces jours-ci. Je demande à vous tous de prier pour moi ; je le ferai pour
vous.
Prions les uns pour les autres !
Dans ces îles on respire le sens du Peuple de Dieu. Allez de l’avant, en vous
rappelant que la foi grandit dans la joie et se renforce dans le don. Poursuivez la
chaîne de sainteté qui a conduit tant de Maltais à se donner avec enthousiasme à
Dieu et aux autres. Je pense à Dun Ġorġ Preca, canonisé il y a quinze ans. Et je
voudrais enfin adresser un mot aux jeunes, qui sont votre avenir. Chers jeunes
amis, je partage avec vous la plus belle chose de la vie. Savez-vous ce que c’est?
C’est la joie de se dépenser dans l’amour, qui nous rend libres. Mais cette joie a un
nom : Jésus. Je vous souhaite la beauté d’aimer Jésus, qui est le Dieu de
miséricorde – nous l’avons entendu aujourd’hui dans l’Evangile -, qui croit en vous,
rêve avec vous, aime vos vies et ne vous décevra jamais. Et pour avancer avec
Jésus et avec la famille, avec le Peuple de Dieu, n’oubliez pas les racines. Parlez
avec les personnes âgées, parlez avec les grands-parents, parlez avec les anciens.
Que le Seigneur vous accompagne et que la Vierge vous garde. Nous la prions
maintenant pour la paix, en pensant à la tragédie humanitaire de l’Ukraine
martyrisée, encore sous les bombardements de cette guerre sacrilège. Ne nous
lassons pas de prier et d’aider ceux qui souffrent
Que la paix soit avec vous!

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS À MALTA (2-3 AVRIL 2022) RENCONTRE AVEC LES MIGRANTS DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Chers frères et sœurs,
Je vous salue tous avec affection et je suis heureux de conclure ma visite à Malte
en passant un peu de temps avec vous. Je remercie le Père Dionisio pour son
accueil ; et surtout je suis reconnaissant à Daniel et à Siriman pour leurs
témoignages : vous nous avez ouvert votre cœur et votre vie, et en même temps
vous êtes devenus les porte-parole de beaucoup de frères et sœurs qui ont été
contraints de quitter leur patrie pour chercher un refuge sûr.
Comme je l’ai dit il y a quelques mois à Lesbos, « je suis ici pour vous dire que je
suis proche de vous… je suis ici pour voir vos visages, pour vous regarder dans les
yeux » (Discours à Mytilène, 5 décembre 2021). Depuis le jour où je suis allé à
Lampedusa, je ne vous ai jamais oubliés. Je vous porte toujours dans mon cœur et
vous êtes toujours présents dans mes prières.
Dans cette rencontre avec vous, qui êtes migrants, le sens de la devise de mon
voyage à Malte apparaît pleinement. Il s’agit d’une citation des Actes des Apôtres
qui dit : « Ils nous ont traités avec une rare humanité » (28,2). Cela fait référence
à la façon dont les Maltais ont accueilli l’Apôtre Paul et tous ceux qui ont fait
naufrage au large de l’île avec lui. Ils les ont traités « avec une rare humanité ». Non
seulement avec humanité, mais avec une humanité hors du commun, une attention
particulière, que saint Luc a voulu immortaliser dans le livre des Actes. Je souhaite
à Malte de traiter toujours de cette façon ceux qui débarquent sur ses côtes, d’être
vraiment pour eux un “port sûr”.
Cette expérience de naufrage est une expérience que des milliers d’hommes, de
femmes et d’enfants ont vécue au fil des ans en Méditerranée. Et
malheureusement, pour beaucoup d’entre eux, elle a été tragique. On a appris
justement hier la nouvelle du sauvetage au large de la Lybie de seulement quatre
migrants d’une embarcation qui en contenait environ quatre-vingt-dix. Prions pour
nos frères qui ont trouvé la mort dans notre Mer Méditerranée. Et prions aussi pour
être sauvés d’un autre naufrage qui a lieu pendant que ces événements se
déroulent : c’est le naufrage de la civilisation qui menace non seulement les
réfugiés, mais nous tous. Comment pouvons-nous nous sauver de ce naufrage qui
risque d’emporter le navire de notre civilisation ? En se comportant avec humanité.
En regardant les gens non pas comme des numéros, mais pour ce qu’ils sont –
comme nous l’a dit Siriman – c’est-à-dire des visages, des histoires, simplement des
hommes et des femmes, des frères et des sœurs. Et en pensant qu’au lieu de cette
personne que je vois sur une embarcation ou en mer, à la télévision ou sur une
photo, ce pourrait être moi, mon fils, ou ma fille… Peut-être qu’en ce moment
même, alors que nous sommes ici, des embarcations traversent la mer du Sud au
Nord… Prions pour ces frères et sœurs qui risquent leur vie en mer en quête
d’espérance. Vous aussi avez vécu ce drame, et vous êtes arrivés ici.
Vos histoires rappellent celles de nombreuses personnes qui, ces derniers jours, ont
été contraintes de fuir l’Ukraine à cause de cette guerre injuste et sauvage. Mais
aussi celle de nombreux autres hommes et femmes qui ont été contraints de quitter
leur maison et leur terre, en Asie, en Afrique et en Amérique, en recherche d’un lieu
sûr. Je pense aux Rohingyas… Mes pensées et mes prières vont à eux tous en ce
moment.
Récemment j’ai reçu de votre Centre un autre témoignage : l’histoire d’un jeune qui
raconte le moment douloureux où il a dû quitter sa mère et sa famille d’origine.
Cela m’a touché et fait réfléchir. Mais toi aussi Daniel, toi aussi Siriman, et chacun
de vous, avez vécu cette expérience de partir en se détachant de ses racines. C’est
un déchirement. Un déchirement qui laisse sa marque. Pas seulement une douleur
passagère, émotive. Il laisse une blessure profonde sur le chemin de croissance
d’un jeune, d’une jeune. Il faut du temps pour guérir cette blessure ; il faut du
temps et surtout il faut des expériences riches d’humanité : rencontrer des
personnes accueillantes qui savent écouter, comprendre, accompagner ; et aussi
rester avec les autres compagnons de voyage pour partager, pour porter ensemble
le poids… Cela aide à la cicatrisation des blessures.
Je pense aux centres d’accueil : combien il est important qu’ils soient des lieux
d’humanité ! Nous savons que c’est difficile, il y a tellement de facteurs qui
alimentent les tensions et les rigidités. Et pourtant, sur tous les continents, il y a
des personnes et des communautés qui relèvent le défi, conscientes que la réalité
des migrations est un signe des temps où la civilisation est en jeu. Et pour nous
chrétiens, il en va aussi de la fidélité à l’Évangile de Jésus qui a dit « j’étais un
étranger, et vous m’avez accueilli » (Mt 25, 35). Cela ne se fait pas en un jour ! Il
faut du temps, il faut beaucoup de patience, il faut surtout un amour fait de
proximité, de tendresse et de compassion, comme l’est l’amour de Dieu pour nous.
Je pense que nous devons dire un grand « merci » à ceux qui ont tant travaillé pour
cela. Faisons-le avec des applaudissements, tous ensemble !
Permettez-moi, frères et sœurs, d’exprimer un rêve. Puissiez-vous, migrants, après
avoir vécu un accueil riche d’humanité et de fraternité, devenir personnellement
témoins et animateurs d’accueil et de fraternité. Ici et là où Dieu le voudra, là où la
Providence guidera vos pas. C’est le rêve que je souhaite partager avec vous et que
je remets entre les mains de Dieu. Car ce qui nous est impossible ne l’est pas pour
lui. Je crois qu’il est très important que dans le monde d’aujourd’hui les migrants
deviennent des témoins des valeurs humaines essentielles pour une vie digne et
fraternelle. Ce sont des valeurs que vous portez en vous, qui appartiennent à vos
racines. Une fois la blessure du déchirement, du déracinement, cicatrisée, vous
pouvez faire ressortir cette richesse que vous portez en vous, patrimoine très
précieux de l’humanité, et la mettre en commun avec les communautés dans
lesquelles vous êtes accueillis et dans les milieux où vous vous insérez. Voilà le
chemin ! Le chemin de la fraternité et de l’amitié sociale. Voilà l’avenir de la famille
humaine dans un monde globalisé. Je suis heureux de pouvoir partager ce rêve
avec vous aujourd’hui, tout comme vous, dans vos témoignages, partagez vos
rêves avec moi !
Il me semble qu’il y a là aussi la réponse à une question qui est au cœur de ton
témoignage, Siriman. Tu nous as rappelé que ceux qui doivent quitter leur pays
partent avec un rêve dans le cœur : le rêve de la liberté et de la démocratie. Ce
rêve se heurte à une dure réalité, souvent dangereuse, parfois terrible, inhumaine.
Tu as donné une voix à l’appel étouffé de millions de migrants dont les droits
fondamentaux sont violés, parfois malheureusement avec la complicité des
autorités compétentes. Et cela est ainsi, et je veux le dire ainsi : parfois
malheureusement avec la complicité des autorités compétentes. Et tu as attiré
l’attention sur le point essentiel : la dignité de la personne. Je répète tes paroles :
vous n’êtes pas des numéros, mais des personnes en chair et en os, des visages,
des rêves parfois brisés.
C’est de là que nous pouvons et devons recommencer : à partir des personnes et
de leur dignité. Ne nous laissons pas tromper par ceux qui disent : « il n’y a rien à
faire », « ces problèmes nous dépassent », « je m’occupe de mes affaires et que les
autres s’arrangent ». Non. Ne tombons pas dans ce piège. Répondons au défi des
migrants et des réfugiés avec le style de l’humanité, allumons des feux de
fraternité, autour desquels les gens pourront se réchauffer, se relever, reprendre
espérance. Renforçons le tissu de l’amitié sociale et la culture de la rencontre, en
partant de lieux comme celui-ci, qui ne sont peut-être pas parfaits, mais qui sont
des « laboratoires de paix ».
Et puisque ce Centre porte le nom du Pape saint Jean XXIII, j’aime rappeler ce qu’il
a écrit à la fin de sa mémorable encyclique sur la paix : « Que [le Seigneur]
bannisse des âmes ce qui peut mettre la paix en danger, et qu’il transforme tous les
hommes en témoins de vérité, de justice et d’amour fraternel. Qu’il éclaire ceux qui
président aux destinées des peuples, afin que, tout en se préoccupant du légitime
bien-être de leurs compatriotes, ils assurent le maintien de l’inestimable bienfait de
la paix. Que le Christ, enfin, enflamme le cœur de tous les hommes et leur fasse
renverser les barrières qui divisent, resserrer les liens de l’amour mutuel, user de
compréhension à l’égard d’autrui et pardonner à ceux qui leur ont fait du tort. Et
qu’ainsi, grâce à lui, tous les peuples de la terre forment entre eux une véritable
communauté fraternelle, et que parmi eux ne cesse de fleurir et de régner la paix
tant désirée » (Pacem in Terris, n. 91).
Chers frères et sœurs, dans quelques instants, avec certains d’entre vous,
j’allumerai un cierge devant l’image de la Vierge. Un geste simple, mais d’une
grande signification. Dans la tradition chrétienne, cette petite flamme est un
symbole de la foi en Dieu. Et c’est aussi un symbole de l’espérance, une espérance
que Marie, notre Mère, soutient dans les moments les plus difficiles. C’est
l’espérance que j’ai vue dans vos yeux aujourd’hui, qui a donné un sens à votre
voyage et vous permet de continuer. Que la Vierge vous aide à ne jamais perdre
cette espérance ! C’est à elle que je confie chacun de vous et vos familles, et je
vous emmène avec moi dans mon cœur et dans mes prières. Et vous aussi, s’il vous
plait, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci !
PRIÈRE À LA FIN DE LA RENCONTRE AVEC LES MIGRANTS
Seigneur Dieu, créateur de l’univers
source de liberté et de paix
d’amour et de fraternité,
Tu nous as créés à ton image
et tu as insufflé en chacun de nous ton souffle de vie,
pour nous faire participer à ton être, dans la communion.
Même lorsque nous avons rompu ton alliance
Tu ne nous as pas abandonnés au pouvoir de la mort.
mais dans ton infinie miséricorde
tu nous as toujours appelés à revenir vers Toi
et à vivre comme tes enfants.
Répands en nous ton Esprit Saint
et donne-nous un cœur nouveau
capable d’écouter le cri, souvent silencieux,
de nos frères et soeurs qui ont perdu la
la chaleur de leur maison et de leur patrie.
Fais que nous puissions leur donner de l’espérance
avec des regards et des gestes d’humanité.
Fais de nous des instruments de paix
et d’amour fraternel concret.
Libère-nous des peurs et des préjugés,
afin que nous puissions faire nôtres leurs souffrances
et lutter ensemble contre l’injustice,
pour que grandisse un monde où chaque personne soit respectée dans son
inviolable dignité,
celle que Tu as mise en nous, ô Père,
et que ton Fils a consacré pour toujours.
Amen.

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS À MALTA (2-3 AVRIL 2022) RENCONTRE AVEC LES AUTORITES, LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CORPS DIPLOMATIQUE DISCOURS DU SAINT-PÈRE

Monsieur le Président de la République,
Membres du Gouvernement et du Corps diplomatique
distinguées Autorités civiles et religieuses,
éminents Représentants de la société et du monde de la culture,
Mesdames et messieurs !
Je vous salue cordialement et je remercie le Président pour les aimables paroles
qu’il m’a adressées au nom de tous les citoyens. Vos ancêtres ont offert l’hospitalité
à l’apôtre Paul sur le chemin de Rome, le traitant, lui et ses compagnons de voyage,
« avec une rare humanité » (Ac 28, 2). Aujourd’hui, venant de Rome, j’expérimente
moi aussi l’accueil chaleureux des Maltais, un trésor du pays qui se transmet de
génération en génération.
En raison de sa situation, Malte peut être définie comme le cœur de la
Méditerranée. Mais pas seulement sa situation géographique : l’imbrication des
événements historiques et la rencontre des peuples ont fait de ces îles, depuis des
millénaires, un centre de vitalité et de culture, de spiritualité et de beauté, un
carrefour qui a su accueillir et harmoniser des influences venues de toutes parts.
Cette diversité d’influences fait penser à la variété des vents qui caractérisent le
pays. Ce n’est pas un hasard si, dans les anciennes représentations cartographiques
de la Méditerranée, la rose des vents était souvent située près de l’île de Malte. Je
voudrais emprunter l’image de la rose des vents, qui situe les mouvements d’air
selon les quatre points cardinaux, afin de décrire quatre influences essentielles à la
vie sociale et politique de ce pays.
C’est principalement du Nord-Ouest que les vents soufflent sur les îles maltaises. Le
Nord rappelle l’Europe, en particulier la maison qu’est l’Union européenne, édifiée
pour qu’une grande famille puisse y vivre unie afin de préserver la paix. L’unité et la
paix sont les cadeaux que le peuple maltais demande à Dieu chaque fois qu’il
chante l’hymne national. La prière écrite par Dun Karm Psaila dit en effet : «
Accorde, Dieu tout-puissant, sagesse et miséricorde à ceux qui gouvernent, santé à
ceux qui travaillent, et assure au peuple maltais l’unité et la paix ». La paix suit
l’unité et en découle. Cela nous rappelle l’importance de travailler ensemble, de
faire passer la cohésion avant la division, de renforcer les racines et les valeurs
communes qui ont forgé l’unité de la société maltaise.
Mais pour assurer une bonne coexistence sociale, il ne suffit pas de consolider le
sentiment d’appartenance, il faut renforcer les fondements de la vie commune,
basée sur le droit et la loi. L’honnêteté, la justice, le sens du devoir et la
transparence sont les piliers essentiels d’une société civilement avancée.
L’engagement à éliminer l’illégalité et la corruption doit donc être aussi fort que le
vent du Nord qui balaie les côtes du pays. Que le droit et la transparence soient
toujours cultivés, car ils permettent d’éradiquer les brigandages et la criminalité,
qui ont en commun le fait de ne pas agir à la lumière du jour.
La maison européenne, qui s’engage à promouvoir les valeurs de justice et d’équité
sociale, est également en première ligne pour la sauvegarde de la grande maison
de la création. L’environnement dans lequel nous vivons est un don du ciel, comme
le reconnaît encore l’hymne national qui demande à Dieu de garder la beauté de
cette terre, une mère parée de la plus belle lumière. À Malte, où la luminosité du
paysage soulage les difficultés, la création apparaît comme un don rappelant, dans
les épreuves de l’histoire et de la vie, qu’il est beau d’habiter la terre. Il convient
donc de la préserver de l’avidité insatiable, de l’appétit d’argent et de la spéculation
immobilière qui compromettent non seulement les paysages, mais aussi l’avenir. Au
contraire, la protection de l’environnement et la justice sociale préparent l’avenir, et
sont d’excellents moyens d’enthousiasmer les jeunes à la bonne politique, de les
éloigner de la tentation du désintérêt et du désengagement.
Le vent du Nord se mêle souvent au vent d’Ouest. Ce pays européen, en particulier
sa jeunesse, partage les modes de vie et de pensée occidentaux. Cela comporte de
grands avantages – je pense par exemple aux valeurs de liberté et de démocratie –
mais aussi des risques dont il faut se prémunir afin que la soif de progrès ne
conduise pas à un détachement des racines. Malte est un merveilleux « laboratoire
de développement organique » où le progrès ne signifie pas couper les racines du
passé au nom d’une fausse prospérité dictée par le profit, les besoins induits par la
consommation, ou par le droit d’avoir n’importe quel droit. Pour obtenir un sain
développement, il est important de préserver la mémoire et de tisser
respectueusement l’harmonie entre les générations, sans se laisser prendre par les
approbations artificielles et par les colonisations idéologiques qui surviennent, par
exemple, dans le domaine de la vie, du principe de la vie. Ce sont des colonisations
idéologiques qui vont contre le droit à la vie dès le moment de sa conception.
À la base d’une croissance solide, il y a la personne humaine, le respect de la vie et
de la dignité de chaque homme et de chaque femme. Je connais l’engagement des
Maltais à protéger la vie et à en prendre soin. Déjà dans les Actes des Apôtres,
vous vous êtes distingués en sauvant nombre de personnes. Je vous encourage à
continuer à défendre la vie, à partir de son début jusqu’à sa fin naturelle, mais
aussi à la protéger à tout moment contre le rejet et le mépris. Je pense notamment
à la dignité des travailleurs, des personnes âgées et des malades ; et des jeunes,
qui risquent de gâcher l’immense bien qu’ils sont en poursuivant des mirages qui
laissent un si grand vide en eux. C’est ce que provoquent le consumérisme
exacerbé, la fermeture aux besoins des autres et le fléau de la drogue qui étouffe la
liberté en créant la dépendance. Protégeons la beauté de la vie !
En continuant la rose des vents, nous regardons vers le Sud. De nombreux frères et
sœurs en quête d’espérance arrivent de cette direction. Je tiens à remercier les
Autorités et la population de les avoir accueillis au nom de l’Évangile, de l’humanité
et du sens de l’hospitalité typique des maltais. Selon l’étymologie phénicienne,
Malte signifie « port sûr ». Cependant, face à l’afflux croissant de ces dernières
années, les craintes et les insécurités ont généré découragement et frustration. Afin
d’affronter correctement la complexe question migratoire, il est nécessaire de la
situer dans des perspectives plus larges de temps et d’espace. Dans le temps : le
phénomène migratoire n’est pas une circonstance du moment, mais il marque notre
époque. Il porte en lui les dettes des injustices passées, de l’exploitation, du
changement climatique, et des conflits aventureux dont nous payons les
conséquences. Du Sud pauvre et peuplé, des personnes en grand nombre se
déplacent vers le Nord plus riche : c’est un fait, qui ne peut être rejeté par des
fermetures anachroniques, car il n’y aura pas de prospérité ni d’intégration dans
l’isolement. Ensuite, il y a la question de l’espace : l’élargissement de l’urgence
migratoire – pensons aux réfugiés de l’Ukraine martyrisée – appelle des réponses
larges et partagées. Il n’est pas possible que certains pays prennent en charge
l’ensemble du problème dans l’indifférence des autres ! Et les pays civilisés ne
peuvent cautionner des accords obscurs avec des criminels qui asservissent des
personnes pour leur propre bénéfice. Malheureusement cela arrive. La Méditerranée
a besoin d’une coresponsabilité européenne, afin qu’elle redevienne le lieu de la
solidarité et non l’avant-poste d’un tragique naufrage de la civilisation. Le Mare
nostrum ne peut devenir le cimetière le plus grand d’Europe.
Et à propos de naufrages, je pense à saint Paul qui, au cours de sa dernière
traversée de la Méditerranée, arrive sur ces côtes de manière inattendue, et qui est
secouru. Puis, mordu par une vipère, il est jugé comme un criminel ; mais peu
après, n’en ayant subi aucune conséquence (cf. Ac 28, 3-6), il est considéré comme
une divinité. Entre les exagérations des deux extrêmes, l’évidence première s’est
imposée : Paul est un homme qui a besoin d’être accueilli. L’humanité passe avant
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tout, elle est première sur tout. C’est ce qu’enseigne ce pays dont l’histoire a
bénéficié de l’arrivée désespérée de l’apôtre naufragé. Au nom de l’Évangile qu’il a
vécu et prêché, élargissons nos cœurs et redécouvrons la beauté de servir ceux qui
sont dans le besoin. Continuons dans cette voie. Alors qu’aujourd’hui, la peur et le
« récit de l’invasion » prévalent à l’égard de ceux qui traversent la Méditerranée en
quête de salut, et que l’objectif premier semble être la protection de sa propre
sécurité à tout prix, aidons-nous à ne pas voir le migrant comme une menace et à
ne pas céder à la tentation d’installer des pont-levis et d’ériger des murs. L’autre
n’est pas un virus dont il faudrait se défendre, mais une personne à accueillir, et «
l’idéal chrétien invitera toujours à dépasser le soupçon, le manque de confiance
permanent, la peur d’être envahi, les comportements défensifs que le monde actuel
nous impose » (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 88). Ne laissons pas l’indifférence
éteindre le rêve de vivre ensemble ! Bien sûr, accepter demande des efforts et
impose des sacrifices. C’était aussi le cas pour saint Paul : pour se sauver, il a fallu
d’abord sacrifier les biens du navire (cf. Ac 27, 38). Mais elles sont saintes, ces
renonciations faites pour un bien plus grand, pour la vie de l’homme qui est le
trésor de Dieu !
Enfin, il y a le vent d’Est, qui souffle souvent à l’aube. Homère l’appelait « Euro »
(Odyssée V, 379,423). Mais de l’Europe de l’Est, de l’Orient où la lumière se lève en
premier, sont arrivées les ténèbres de la guerre. Nous pensions que les invasions
d’autres pays, les violents combats urbains et les menaces atomiques étaient de
sombres souvenirs d’un passé lointain. Mais le vent glacial de la guerre, qui
n’apporte que mort, destruction et haine, s’est abattu avec violence sur la vie de
nombre de personnes, et sur les journées de tous. Et tandis qu’une fois de plus
quelques puissants, tristement enfermés dans leurs prétentions anachroniques
d’intérêts nationalistes, provoquent et fomentent des conflits, le peuple ordinaire
ressent le besoin de construire un avenir qui, ou bien sera fait ensemble ou bien ne
sera pas. À présent, dans la nuit de la guerre qui s’est abattue sur l’humanité, s’il
vous plait, ne laissons pas le rêve de paix s’évanouir.
Malte, qui brille de lumière au cœur de la Méditerranée, peut nous inspirer car il est
urgent de redonner de la beauté au visage de l’homme défiguré par la guerre. Une
belle statue méditerranéenne datant de plusieurs siècles avant Jésus-Christ
représente la paix, Irène, sous les traits d’une femme tenant Pluton, la richesse,
dans ses bras. Cela nous rappelle que la paix engendre le bienêtre, et la guerre
seulement la pauvreté. Le fait que la statue représente la paix et la richesse comme
une mère tenant un enfant, fait réfléchir. La tendresse des mères qui donnent la vie
au monde, et la présence des femmes, sont la véritable alternative à la logique
contre-nature du pouvoir qui conduit à la guerre. Ce dont nous avons besoin, c’est
de compassion et d’attention, et non de visions idéologiques et de populisme qui se
nourrissent de paroles de haine et qui n’ont pas à cœur la vie concrète des gens,
des gens ordinaires.
Il y a plus de soixante ans, dans un monde menacé de destruction où les
oppositions idéologiques et la logique de fer des partis dictaient la loi, une voix à
contre-courant s’éleva du bassin méditerranéen, opposant à l’exaltation de son
propre camp un élan prophétique au nom de la fraternité universelle. C’était la voix
de Giorgio La Pira qui affirmait : « La conjoncture historique que nous vivons, le
choc des intérêts et des idéologies qui secouent l’humanité en proie à un incroyable
infantilisme, redonnent à la Méditerranée une responsabilité capitale : redéfinir les
règles d’une Mesure où l’homme laissé au délire et à la démesure puisse se
reconnaître » (Discours au Congrès Méditerranéen de la Culture, 19 février 1960).
Ces mots sont actuels : nous pouvons les répéter car ils ont une grande utilité.
Comme nous avons besoin d’une « mesure humaine » face à l’agressivité puérile et
destructrice qui nous menace, face au risque d’une « guerre froide étendue » qui
pourrait étouffer la vie de peuples entiers et de générations ! Cet « infantilisme » n’a
malheureusement pas disparu. Il resurgit avec force dans les séductions de
l’autocratie, dans les nouveaux impérialismes, dans l’agressivité généralisée, dans
l’incapacité de construire des ponts et de partir des plus pauvres. Il est très difficile
de penser aujourd’hui dans une logique de paix. Nous nous sommes habitués à
penser dans une logique de guerre. C’est de là que le vent glacial de la guerre
commence à souffler et qui, cette fois encore, a été nourri au fil des ans. Oui, la
guerre couve depuis longtemps avec de grands investissements et la vente des
armes. Et il est triste de constater que l’enthousiasme pour la paix, né après la
Seconde Guerre mondiale, s’est émoussé au cours des dernières décennies, tout
comme le chemin de la communauté internationale, avec un petit nombre de
puissants qui vont de l’avant pour leur propre compte, à la recherche d’espaces et
de zones d’influence. Ainsi, non seulement la paix, mais aussi de nombreuses
questions majeures telles que la lutte contre la faim et les inégalités, ont été de
facto reléguées hors des principaux agendas politiques.
Mais la solution aux crises de chacun consiste à s’occuper de celles de tous, car les
problèmes mondiaux appellent des solutions mondiales. Aidons-nous à écouter la
soif de paix des peuples, travaillons à jeter les bases d’un dialogue toujours plus
large, recommençons à nous réunir dans des conférences internationales pour la
paix, où la question du désarmement soit centrale, le regard tourné vers les
générations à venir ! Et que les fonds énormes qui continuent d’être alloués aux
armements soient convertis en développement, en santé et en alimentation.
Toujours en regardant vers l’Est, je voudrais enfin tourner mes pensées vers le
Moyen-Orient voisin qui se reflète dans la langue de ce pays, laquelle s’harmonise
avec beaucoup d’autres, comme pour rappeler la capacité des Maltais à générer des
coexistences bénéfiques dans une sorte de convivialité des différences. C’est ce
dont le Moyen-Orient a besoin : le Liban, la Syrie, le Yémen et d’autres contextes
déchirés par les problèmes et la violence. Que Malte, cœur de la Méditerranée,
continue à faire palpiter l’espérance, le soin de la vie, l’acceptation des autres,
l’aspiration à la paix, avec l’aide de Dieu, dont le nom est paix.
Que Dieu bénisse Malte et Gozo !

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DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS AUX DÉLÉGATIONS DES PEUPLES AUTOCHTONES DU CANADA

[…] Mais votre arbre qui porte du fruit a subi une tragédie, dont vous m’avez parlé
ces jours-ci: celui du déracinement. La chaîne qui a transmis les savoirs et les
modes de vie, en union avec le territoire, a été brisée par la colonisation, qui sans
respect a arraché beaucoup d’entre vous à leur milieu vital et a tenté de vous
configurer à une autre mentalité. C’est ainsi que votre identité et votre culture ont
été blessées, de nombreuses familles séparées, de nombreux jeunes sont devenus
victimes de cette action au caractère homologuant, soutenue par l’idée que le
progrès passe par la colonisation idéologique, selon des programmes étudiés dans
les détails plutôt qu’en respectant la vie des peuples. C’est quelque chose qui se
produit, malheureusement, encore aujourd’hui, à différents niveaux: les
colonisations idéologiques. Combien de colonisations politiques, idéologiques et
économiques reste-t-il dans le monde, poussées par la cupidité, la soif de profit,
sans tenir compte des populations, de leurs histoires et de leurs traditions, pas plus
que de la maison commune de la création. Malheureusement, cette mentalité
coloniale est encore répandue. Aidons-nous les uns les autres à la sur-monter. […]

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PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE

Chers frères et sœurs, samedi et dimanche prochains, je me rendrai à Malte. Sur
cette terre lumineuse, je serai pèlerin sur les traces de l’apôtre Paul, qui y fut
accueilli avec une grande humanité après avoir fait naufrage en mer lors de son
voyage pour Rome. Ce voyage apostolique sera ainsi l’occasion d’aller aux sources
de l’annonce de l’Evangile, pour connaître en personne une communauté chrétienne
à l’histoire millénaire d’un pays qui se trouve au centre de la Méditerranée et au sud
du continent européen, aujourd’hui encore plus engagé dans l’accueil de nombreux
frères et sœurs à la recherche d’un refuge. Je vous salue dès à présent, vous tous
Maltais: bonne journée. Je salue tous ceux qui sont engagés à préparer cette visite
et je demande à chacun de m’accompagner par la prière. Merci! […]

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

A l’issue de l’Angelus:
Chers frères et sœurs, plus d’un mois s’est écoulé depuis le début de l’invasion de
l’Ukraine, depuis le début de cette guerre cruelle et insensée qui, comme chaque
guerre, représente un échec pour tous, pour nous tous. Il faut répudier la guerre,
lieu de mort où les pères et les mères enterrent leurs enfants, où les hommes tuent
leurs frères sans même les avoir vus, où les puissants décident et les pauvres
meurent.
La guerre ne détruit pas seulement le présent, mais aussi l’avenir d’une société. J’ai
lu que depuis le début de l’agression contre l’Ukraine, un enfant sur deux a été
déplacé du pays. Cela veut dire détruire l’avenir, provoquer des traumatismes
dramatiques chez les plus petits et innocents parmi nous. Voilà la bestialité de la
guerre, acte barbare et sacrilège !
La guerre ne peut pas être quelque chose d’inévitable : nous ne devons pas nous
habituer à la guerre ! Au contraire, nous devons convertir l’indignation d’aujourd’hui
en engagement de demain. Parce que, si nous sortons de tout ça comme avant,
nous serons d’une certaine manière tous coupables. Face au danger
d’autodestruction, que l’humanité comprenne que le moment est venu d’abolir la
guerre, de l’éliminer de l’histoire de l’homme avant qu’elle n’élimine l’homme de
l’histoire.
Je prie pour que chaque responsable politique réfléchisse à cela, s’engage pour cela
! Et, en regardant l’Ukraine martyrisée, qu’il comprenne que chaque jour de guerre
aggrave la situation pour tout le monde. C’est pourquoi je renouvelle mon appel :
assez, que l’on s’arrête, que se taisent les armes, que l’on négocie sérieusement
pour la paix ! Prions encore, sans nous lasser, la Reine de la paix, à laquelle nous
avons consacré l’humanité, en particulier la Russie et l’Ukraine, avec une grande et
intense participation, pour laquelle je vous remercie tous. Prions ensemble. Je vous
salue Marie… […]

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DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS À LA FÉDÉRATION ITALIENNE TRANSMISSIONS

Please note that this document is an unofficial translation and is provided for reference only.

[…] J’ai entendu dire que vous vous engagez à apporter également votre
contribution au service des nombreux frères et sœurs qui ont fui l’Ukraine à cause
de la guerre. Je vous en remercie. Nous espérons et prions pour que cette guerre –
honteuse pour nous tous, pour toute l’humanité – se termine au plus vite : c’est
inacceptable ; chaque jour ajoute plus de morts et de destruction. De nombreuses
personnes se sont mobilisées pour aider les réfugiés. Des gens ordinaires, surtout
dans les pays voisins, mais aussi ici en Italie, où des milliers d’Ukrainiens sont
arrivés et continuent d’arriver. Votre contribution est précieuse, c’est une manière
concrète et artisanale de construire la paix. Et je suis d’accord avec ce qu’a dit le
président en parlant de la protection civile européenne : l’Europe donne sa réponse
à cette guerre, non seulement au niveau des hautes institutions, mais aussi au
niveau de la société civile, des associations bénévoles comme la vôtre. Cette façon
de réagir est fondamentale et indispensable, elle régénère le tissu humain et social
face à une blessure aussi grave et aussi grande que celle causée par la guerre.
Nous devons aider les réfugiés ukrainiens, non seulement en ce moment, mais
ensuite, plus tard, lorsque le souvenir de la guerre s’estompera, car à ce
moment-là, ils auront plus de difficultés que maintenant : parce que maintenant
nous sommes tous ensemble, et puis… Nous devons penser à l’avenir, et ce n’est
pas facile. […]