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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU FORUM INTERNATIONAL « MIGRATIONS ET PAIX »

Mesdames et Messieurs,
J’adresse à chacun de vous mes salutations cordiales, ainsi qu’une sincère gratitude
pour votre précieux travail. Je remercie Mgr Tomasi pour ses aimables paroles et M.
Pöttering pour son intervention; je suis également reconnaissant pour les trois
témoignages qui représentent concrètement le thème de ce forum: «Intégration et
développement: de la réaction à l’action». En effet, il n’est pas possible de lire les
défis actuels des mouvements migratoires contemporains et de la construction de la
paix sans inclure le binôme «développement et intégration»: c’est dans ce but que
j’ai voulu instituer le Dicastère pour le service du développement humain intégral, à
l’intérieur duquel une section s’occupe spécifiquement de ce qui concerne les
migrants, les réfugiés et les victimes de la traite.
Les migrations, dans leurs différentes formes, ne représentent certes pas un
phénomène nouveau dans l’histoire de l’humanité. Elles ont profondément marqué
chaque époque, favorisant la rencontre des peuples et la naissance de nouvelles
civilisations. Dans son essence, migrer est l’expression du désir intrinsèque de
bonheur propre à tout être humain, un bonheur qui doit être recherché et poursuivi.
Pour nous, chrétiens, toute la vie terrestre est un itinéraire vers notre patrie
céleste.
Le début de ce troisième millénaire est fortement caractérisé par des mouvements
migratoires qui, en termes d’origine, de transit et de destination, concernent
pratiquement toutes les régions de la terre. Malheureusement, dans une grande
partie des cas, il s’agit de déplacements forcés, causés par des conflits, des
catastrophes naturelles, des persécutions, des changements climatiques, des
violences, une pauvreté extrême et des conditions de vie indignes: «Le nombre de
personnes qui émigrent d’un continent à l’autre, de même que celui de ceux qui se
déplacent à l’intérieur de leurs propres pays et de leurs propres aires
géographiques, est impressionnant. Les flux migratoires contemporains constituent
le plus vaste mouvement de personnes, sinon de peuples, de tous les temps»(1).
Face à ce scénario complexe, je sens le devoir d’exprimer une préoccupation
particulière pour la nature forcée de nombreux flux migratoires contemporains, qui
augmente les défis à la communauté politique, à la société civile et à l’Eglise et qui
exige que l’on réponde de façon encore plus urgente à ces défis de manière
coordonnée et efficace.
Notre réponse commune pourrait s’articuler autour de quatre verbes: accueillir,
protéger, promouvoir et intégrer.
Accueillir: «Il y a un caractère de refus qui nous rapproche, qui nous conduit à ne
pas regarder le prochain comme un frère à accueillir, mais à le laisser hors de notre
horizon personnel de vie, à le transformer plutôt en un concurrent, en un sujet à
dominer»(2). Devant ce caractère de refus, enraciné, en ultime analyse, dans
l’égoïsme et amplifié par des démagogies populistes, un changement d’attitude est
urgent, pour surmonter l’indifférence et préférer aux craintes une attitude
généreuse d’accueil envers ceux qui frappent à nos portes. Pour ceux qui fuient les
guerres et de terribles persécutions, souvent pris au pièges dans les filets

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d’organisations criminelles sans scrupules, il faut ouvrir des canaux humanitaires
accessibles et sûrs. Un accueil responsable et digne de nos frères et sœurs
commence en leur donnant un premier hébergement dans des espaces adéquats et
décents. Les grands rassemblements de demandeurs d’asile et de réfugiés n’ont
pas donné de résultats positifs, mais ont plutôt donné lieu à de nouvelles situations
de vulnérabilité et de malaise. Les programmes d’accueil diffus, déjà lancés dans
différentes localités, semblent au contraire faciliter la rencontre personnelle,
permettre une meilleure qualité des services et offrir de plus grandes garanties de
succès.
Protéger. Mon prédécesseur, le Pape Benoît, a souligné que l’expérience migratoire
rend souvent les personnes plus vulnérables à l’exploitation, à l’abus et à la
violence(3). Nous parlons de millions de travailleurs, hommes et femmes, migrants
— et parmi ceux-ci, en particulier ceux qui sont en situation irrégulière — de
réfugiés et de demandeurs d’asile, de victimes de la traite. La défense de leurs
droits inaliénables, la garantie des libertés fondamentales et le respect de leur
dignité sont des devoirs dont personne ne peut se dispenser. Protéger ces frères et
sœurs est un impératif moral à traduire en adoptant des instruments juridiques,
internationaux et nationaux, clairs et pertinents; en effectuant des choix politiques
justes et clairvoyants, en préférant les processus constructifs, sans doute plus
lents, aux retours de consensus immédiats; en mettant en œuvre des programmes
opportuns et humanisants dans la lutte contre les «trafiquants de chair humaine»
qui font du profit sur les malheurs d’autrui; en coordonnant les efforts de tous les
acteurs, parmi lesquels, vous pouvez en être certains, il y aura toujours l’Eglise.
Promouvoir. Protéger ne suffit pas, il faut promouvoir le développement humain
intégral des migrants, des déplacés et des réfugiés, qui «se réalise à travers le soin
que l’on porte aux biens incommensurables de la justice, de la paix et de la
sauvegarde de la création»(4). Le développement, selon la doctrine sociale de
l’Eglise(5), est un droit indéniable de tout être humain. En tant que tel, il doit être
garanti en assurant les conditions nécessaires pour son exercice, aussi bien dans le
domaine individuel que dans le domaine social, en donnant à tous un accès égal
aux biens fondamentaux et en offrant des possibilités de choix et de croissance. Là
aussi, une action coordonnée et prévoyante de toutes les forces en jeu est
nécessaire: de la communauté politique à la société civile, des organisations
internationales aux institutions religieuses. La promotion humaine des migrants et
de leurs familles commence par les communautés d’origine, là où doit être garanti,
avec le droit de pouvoir émigrer, également le droit de ne pas devoir émigrer(6),
c’est-à-dire le droit de trouver dans sa patrie des conditions qui permettent une
réalisation digne de l’existence. A cette fin, il faut encourager les efforts qui
conduisent à la mise en œuvre de programmes de coopération internationale,
détachés de tout intérêt partisan, et de développement transnational dans lesquels
les migrants sont impliqués comme protagonistes.
Intégrer. L’intégration, qui n’est ni assimilation ni incorporation, est un processus
bidirectionnel, qui se fonde essentiellement sur la reconnaissance mutuelle de la
richesse culturelle de l’autre: ce n’est pas l’aplatissement d’une culture sur l’autre,
ni un isolement réciproque, avec le risque de «ghettoïsations» aussi néfastes que
dangereuses. En ce qui concerne celui qui arrive et qui est tenu de ne pas se fermer
à la culture et aux traditions du pays d’accueil, en respectant avant tout ses lois, il
ne faut absolument pas négliger la dimension familiale du processus d’intégration:

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c’est pourquoi je me sens le devoir de redire la nécessité, plusieurs fois soulignée
par le Magistère(7), de politiques visant à favoriser et à privilégier les
regroupements familiaux. En ce qui concerne les populations autochtones, il faut les
aider en les sensibilisant de façon adéquate et en les disposant de façon positive
aux processus d’intégration, pas toujours simples et immédiats, mais toujours
essentiels et incontournables pour l’avenir. Il faut aussi pour cela des programmes
spécifiques qui favorisent la rencontre significative avec l’autre. Pour la
communauté chrétienne, ensuite, l’intégration pacifique de personnes de cultures
différentes est, en quelque sorte, également un reflet de sa catholicité, étant donné
que l’unité, qui n’annule pas les différences ethniques et culturelles, constitue une
dimension de la vie de l’Eglise qui, dans l’Esprit de la Pentecôte, est ouverte à tous
et désire embrasser chacun(8).
Je crois que conjuguer ces quatre verbes, à la première personne du singulier et à
la première personne du pluriel, représente aujourd’hui un devoir, un devoir à
l’égard de frères et sœurs qui, pour des raisons diverses, sont forcés de quitter leur
lieu d’origine: un devoir de justice, de civilisation et de solidarité.
Avant tout, un devoir de justice. Les inégalités économiques inacceptables, qui
empêchent de mettre en pratique le principe de la destination universelle des biens
de la terre, ne sont plus durables. Nous sommes tous appelés à entreprendre des
processus de partage respectueux, responsable et inspiré par les préceptes de la
justice distributive. «Il est donc nécessaire de trouver les moyens pour que tous
puissent bénéficier des fruits de la terre, non seulement pour éviter que s’élargisse
l’écart entre celui qui a plus et celui qui doit se contenter des miettes, mais aussi et
surtout en raison d’une exigence de justice, d’équité et de respect envers tout être
humain»(9). Un petit groupe d’individus ne peut contrôler les ressources de la
moitié du monde. Des personnes et des peuples entiers ne peuvent n’avoir le droit
que de ramasser les miettes. Et personne ne peut se sentir tranquille et dispensé
des impératifs moraux qui découlent de la coresponsabilité dans la gestion de la
planète, une coresponsabilité plusieurs fois rappelée par la communauté politique
internationale, ainsi que par le Magistère(10). Cette coresponsabilité doit être
interprétée en accord avec le principe de subsidiarité «qui donne la liberté au
développement des capacités présentes à tous les niveaux, mais qui exige en
même temps plus de responsabilité pour le bien commun de la part de celui qui
détient plus de pouvoir»(11). Faire justice signifie également réconcilier l’histoire
avec le présent mondialisé, sans perpétuer les logiques d’exploitation de personnes
et de territoires, qui répondent à l’usage le plus cynique du marché, pour
augmenter le bien-être d’un petit nombre. Comme l’a affirmé le Pape Benoît, le
processus de décolonisation a été retardé «aussi bien à cause de nouvelles formes
de colonialisme et de dépendance à l’égard d’anciens comme de nouveaux pays
dominants, qu’en raison de graves irresponsabilités internes aux pays devenus
indépendants»(12). Il faut remédier à tout cela.
En second lieu, il y a un devoir de civilisation. Notre engagement en faveur des
migrants, des déplacés et des réfugiés est une application de ces principes et
valeurs d’accueil et de fraternité qui constituent un patrimoine commun d’humanité
et de sagesse auquel puiser. Ces principes et ces valeurs ont été codifiés au cours
de l’histoire dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, dans de
nombreuses conventions et accords internationaux. «Tout migrant est une
personne humaine qui, en tant que telle, possède des droits fondamentaux

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inaliénables qui doivent être respectés par tous et en toute circonstance»(13).
Aujourd’hui plus que jamais, il est nécessaire de réaffirmer le caractère central de
la personne humaine, sans permettre que des conditions contingentes et
accessoires, ainsi que le respect nécessaire de conditions bureaucratiques ou
administratives, n’en obscurcissent la dignité essentielle. Comme l’a déclaré saint
Jean-Paul II, «la situation d’irrégularité juridique n’autorise pas à négliger la dignité
du migrant, qui possède des droits inaliénables, qui ne peuvent être ni violés ni
ignorés»(14). Par devoir de civilisation, il faut également retrouver la valeur de la
fraternité qui se fonde sur la constitution relationnelle native de l’être humain: «La
vive conscience d’être en relation nous amène à voir et à traiter chaque personne
comme une vraie sœur et un vrai frère; sans cela, la construction d’une société
juste, d’une paix solide et durable devient impossible»(15). La fraternité est la
manière la plus civile d’entrer en relation avec la présence de l’autre, qui ne
menace pas mais interroge, réaffirme et enrichit notre identité individuelle(16).
Il y a, enfin, un devoir de solidarité. Face aux tragédies qui «marquent au fer
rouge» la vie de tant de migrants et de réfugiés — guerres, persécutions, abus,
violence, mort — ne peuvent qu’apparaître des sentiments spontanés d’empathie et
de compassion. «Où est ton frère?» (cf. Gn 4, 9): cette question, que Dieu pose à
l’homme depuis les origines, nous concerne, en particulier, aujourd’hui, à l’égard de
nos frères et sœurs qui migrent: «Ce n’est pas une question adressée aux autres,
c’est une question adressée à moi, à toi, à chacun de nous»(17). La solidarité naît
précisément de la capacité à comprendre les besoins de notre frère et de notre
sœur en difficulté et de s’en charger. C’est sur cela, en substance, que se fonde la
valeur sacrée de l’hospitalité présente dans les traditions religieuses. Pour nous,
chrétiens, l’hospitalité offerte à l’étranger qui a besoin d’un refuge est offerte à
Jésus Christ lui-même, qui s’est identifié avec l’étranger: «J’étais étranger et vous
m’avez accueilli» (Mt 25, 35). C’est un devoir de solidarité de s’opposer à la culture
du rejet et de réserver toute notre attention envers les plus faibles, pauvres et
vulnérables. C’est pourquoi «un changement d’attitude envers les migrants et les
réfugiés est nécessaire de la part de tous; le passage d’une attitude de défense et
de peur, de désintérêt ou de marginalisation — qui, en fin de compte, correspond à
la “culture du rejet” — à une attitude qui ait comme base la “culture de la
rencontre”, seule capable de construire un monde plus juste et fraternel, un monde
meilleur»(18).
En conclusion de cette réflexion, permettez-moi d’attirer votre attention sur un
groupe particulièrement vulnérable parmi les migrants, les déplacés et les réfugiés
que nous sommes appelés à accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. Je veux
parler des enfants et des adolescents qui sont forcés de vivre loin de leur terre
d’origine et coupés de leurs liens familiaux. C’est à eux que j’ai dédié le dernier
message pour la journée mondiale du migrant et du réfugié, en soulignant qu’«il
faut viser la protection, l’intégration et des solutions durables»(19).
Je suis certain que ces deux journées de travail apporteront des fruits abondants de
bonnes œuvres. Je vous assure de ma prière; et vous, s’il vous plaît, n’oubliez pas
de prier pour moi. Merci.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À L’UNIVERSITÉ ROMA TRE

[…] Une réponse que je voudrais vous suggérer — en pensant à la question de
Niccolò — est celle de vous engager, notamment comme université, dans des
projets de partage et de service aux derniers, pour faire croître dans notre ville de
Rome le sens d’appartenance à une «patrie commune». De nombreuses urgences
sociales et de nombreuses situations de difficultés et de pauvreté nous interpellent:
pensons aux personnes qui vivent dans la rue, aux migrants, à ceux qui ont besoin
non seulement de nourriture et de vêtements, mais aussi d’une insertion dans la
société, comme par exemple ceux qui sortent de prison. En répondant à ces
pauvretés sociales, on devient protagonistes d’actions constructives qui s’opposent
à celles destructrices des conflits violents et qui s’opposent également à la culture
de l’hédonisme et du rebut, basée sur les idoles de l’argent, du plaisir, de
l’apparence… En revanche, en travaillant sur des projets, même petits, qui
favorisent la rencontre et la solidarité, on retrouve ensemble un sentiment de
confiance dans la vie. […]

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LETTRE APOSTOLIQUE SOUS FORME DE « MOTU OWN » DEL SOMMO PONTEFICE FRANCESCO SANCTUARIUM EN ECCLESIA avec lequel les compétences sont transférées aux Sanctuaires au Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation

4. […] Par la spiritualité propre à chaque sanctuaire, les pèlerins sont conduits à la
« pédagogie de l’évangélisation » [6] pour un engagement toujours plus responsable
tant dans leur formation chrétienne que dans le témoignage nécessaire de la
charité qui en découle. . De plus, le sanctuaire contribue un peu à l’engagement
catéchétique de la communauté chrétienne [7], transmettant de manière cohérente
l’époque, le message qui a donné lieu à sa fondation, enrichit la vie des croyants en
leur offrant les raisons d’une engagement envers la foi (cf. 1 Thes 1,3) plus mature
et consciente. Enfin, dans le sanctuaire, les portes sont ouvertes aux malades, aux
handicapés et, surtout, aux pauvres, aux marginalisés, aux réfugiés et aux
migrants. […]

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MESSAGE DE SA SAINTETÉ LE PAPE FRANÇOIS À L’OCCASION DE LA RENCONTRE MONDIALE DES MOUVEMENTS POPULAIRES À MODESTO (CALIFORNIE) du 16 AU 18 FÉVRIER 2017

Chers frères et sœurs,
J’aimerais d’abord vous féliciter des efforts que vous déployez afin de reproduire à
une échelle nationale le travail qui s’accomplit dans les Rencontres mondiales des
Mouvements populaires. Par la présente, je voudrais encourager et raffermir
chacun, chacune d’entre vous, vos organismes et toutes les personnes qui œuvrent
avec vous pour assurer [à tous] les trois T « une terre, un toit et un travail ». Je
vous félicite pour tout ce que vous accomplissez.
Je voudrais remercier pour la Campagne catholique pour le développement humain
(CCHD), son président, Mgr David Talley, ainsi que les évêques hôtes, Mgr Stephen
Blaire, Mgr Armando Ochoa et Mgr Jaime Soto, pour le soutien sans réserve qu’ils
ont offert en vue de cette rencontre. Merci, Cardinal Peter Turkson, de votre appui
constant aux mouvements populaires à partir du nouveau Dicastère pour le
développement humain intégral. Je suis très heureux de vous voir travailler
ensemble pour la justice sociale ! J’aimerais tellement que se propage dans tous les
diocèses cette énergie constructive, qui établit des ponts entre les peuples et les
personnes, des ponts pouvant surmonter les murs de l’exclusion, de l’indifférence,
du racisme et de l’intolérance.
Je tiens également à souligner le travail accompli par le réseau national PICO et les
organismes qui ont pris l’initiative de cette rencontre. J’ai appris que le sigle PICO
signifie : des personnes qui améliorent les communautés par un travail
d’organisation (People Improving Communities through Organizing). Quelle belle
synthèse de la mission des mouvements populaires : travailler localement, main
dans la main avec les voisins, organisés entre vous, pour faire progresser nos
communautés.
Il y a quelques mois, à Rome, nous avons parlé des murs et de la peur, des ponts
et de l’amour. Je ne veux pas me répéter : ces questions représentent un défi pour
nos plus importantes valeurs.
Nous savons qu’aucun de ces maux ne date d’hier. C’est depuis un moment que
nous sommes confrontés à la crise du paradigme dominant, un système qui cause
d’énormes souffrances à la famille humaine, s’attaquant simultanément à la dignité
des personnes et à notre Maison commune afin de soutenir la tyrannie invisible de
l’argent qui ne garantit que les privilèges d’une petite minorité. « L’humanité vit en
ce moment un tournant historique »[1].
Nous chrétiens et toutes les personnes de bonne volonté, il nous revient de vivre et
d’agir en ce moment. « Il s’agit d’une responsabilité grave, puisque certaines
réalités du temps présent, si elles ne trouvent pas de bonnes solutions, peuvent
déclencher des processus de déshumanisation sur lesquels il est ensuite difficile de
revenir[2]. » Ce sont là les signes des temps que nous devons reconnaître pour
agir. Nous avons perdu un temps précieux, sans y prêter suffisamment d’attention,
sans trouver des solutions à ces réalités destructrices. Ainsi, les processus de

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déshumanisation s’accélèrent. La direction que prendra ce tournant historique, la
façon dont sera résolue cette crise qui s’aggrave dépendront du rôle de premier
plan des peuples, et dans une large mesure, de vous, les mouvements populaires.
Nous ne devons pas nous laisser paralyser par la peur, ni nous laisser enchainer
dans les mailles du conflit. Nous devons reconnaître le danger mais aussi
l’opportunité que chaque crise comporte afin de parvenir à une heureuse synthèse.
Dans la langue chinoise, qui exprime la sagesse ancestrale d’un grand peuple, le
mot crise est formé de deux idéogrammes : Wēi, qui représente le danger, et Jī, qui
représente l’opportunité.
Le danger, c’est de rejeter le prochain, sans nous en rendre compte, et ainsi, de
nier son humanité et notre propre humanité, de nous renier nous-mêmes et de
renier le plus important des commandements de Jésus. C’est la déshumanisation.
Mais il existe une opportunité : que la lumière de l’amour du prochain éclaire la
terre de son éclat resplendissant comme un éclair dans les ténèbres, qui nous
éveille et [ainsi] jaillit l’humanité véritable avec cette résistance tenace et forte de
l’authentique.
Aujourd’hui résonne à nos oreilles la question que le docteur de la loi pose à Jésus
dans l’Évangile de Luc [10, 25-37] : ‘‘Et qui est mon prochain ?’’ Qui est cet autre
qu’on doit aimer comme soi-même ? Peut-être s’attendait-il à une réponse
commode : ‘‘Mes parents ? Mes concitoyens ? Ceux de ma religion ?…’’. Peut-être
voudrait-il conduire Jésus à nous exempter de l’obligation d’aimer les païens, ou les
étrangers, considérés à cette époque comme impurs. Cet homme veut une règle

claire qui lui permette de classer les autres entre ‘‘prochains’’ et les ‘‘non-
prochains’’, entre ceux qui peuvent devenir prochains et ceux qui ne peuvent pas

devenir prochains[3].
Jésus répond par une parabole mettant en scène deux personnages qui
appartiennent à l’élite de l’époque et un troisième, considéré comme un étranger,
païen et impur : le Samaritain. Sur la route de Jérusalem à Jéricho, le prêtre et le
lévite découvrent un homme à moitié mort, que des bandits ont attaqué, dépouillé,
roué de coups, puis abandonné. Dans de telles situations, la Loi du Seigneur
imposait l’obligation de porter assistance à la personne en danger, mais le prêtre et
le lévite poursuivent leur chemin sans s’arrêter. Ils étaient pressés. Cependant le
Samaritain, lui le méprisé, celui sur lequel personne n’aurait rien misé, et qui de
toute manière avait aussi ses devoirs et des choses à faire, quand il a vu l’homme
blessé, il n’a pas poursuivi sa route comme les deux autres hommes qui étaient liés
au temple, mais « il le vit et fut saisi de compassion » (v. 33). Le Samaritain fait
preuve d’une vraie compassion : il bande les plaies de l’homme, le conduit à une
auberge, prend personnellement soin de lui, fournit ce qu’il faut pour qu’on puisse
l’assister. Tout cela nous enseigne que la compassion, l’amour, n’est pas un
sentiment vague, mais signifie prendre soin de l’autre au point de payer
personnellement pour lui. Cela signifie s’engager, en faisant le pas nécessaire pour
se ‘‘faire proche’’ de l’autre au point de s’identifier à lui : « Tu aimeras ton prochain
comme toi-même ». Voilà le commandement du Seigneur[4].
Les blessures, que provoque le système économique centré sur le dieu argent et qui
agit parfois avec la brutalité des brigands de la parabole, ont été négligées de façon
criminelle. Dans la société globalisée, il y a une manière élégante de tourner le
regard de l’autre côté qu’on adopte souvent : sous le couvert du politiquement
correct ou des modes idéologiques, on regarde celui qui souffre sans le toucher, on

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le voit à la télévision en direct, et même on utilise un langage apparemment
tolérant et plein d’euphémismes, mais on ne fait rien de systématique pour guérir
les blessures sociales ni pour affronter les structures qui laissent abandonnés sur la
route un si grand nombre de frères et de sœurs. Cette attitude hypocrite, si
différente de celle du Samaritain, manifeste l’absence d’une vraie conversion et
d’un engagement vrai envers l’humanité.
Il s’agit d’une escroquerie morale qui, tôt ou tard, devient manifeste, à la façon
d’un mirage qui se dissipe. Les blessures sont bel et bien là, elles sont une réalité.
Le chômage est réel, la violence est réelle, la corruption est réelle, la crise
d’identité est réelle, le fait que les démocraties se vident de leurs substances est
réel. La gangrène d’un système ne peut éternellement être masquée, puisque tôt
ou tard la puanteur se sent ; et lorsqu’elle ne peut plus être niée, le pouvoir même
qui a déclenché cet état de choses se met à jouer sur la peur, l’insécurité, les
querelles, voire sur l’indignation justifiée des gens, en attribuant la responsabilité
de tous ces maux à un ‘‘non-prochain’’. Je ne parle de personne en particulier, je
parle d’un processus social qui se développe dans de nombreuses parties du monde
et comporte un grave danger pour l’humanité.
Jésus nous enseigne une autre voie : ne pas classer les autres de façon à
déterminer qui est un prochain et qui ne l’est pas. Tu peux te faire le prochain de
toute personne dans le besoin, et tu le feras si tu as de la compassion dans ton
cœur. C’est à dire si tu as la capacité de souffrir avec l’autre. Tu dois devenir un
Samaritain. Et ensuite tu dois aussi être comme l’aubergiste, à qui le Samaritain
confie, à la fin de la parabole, la personne blessée. Qui est l’aubergiste? C’est
l’Église, la communauté chrétienne, les personnes solidaires, les organisations
sociales. C’est nous, c’est vous, à qui le Seigneur Jésus confie, chaque jour, ceux
qui sont affligés dans leur corps et leur esprit, pour que nous puissions continuer de
répandre sur eux, sans mesure, toute sa miséricorde et son salut. C’est là que
réside l’humanité authentique qui résiste à la déshumanisation marquée au sceau
de l’indifférence, de l’hypocrisie ou de l’intolérance.
Je sais que vous vous êtes engagés à lutter pour la justice sociale, à défendre notre
Sœur et Mère la Terre et à assister les migrants. Je voudrais vous encourager dans
votre choix et vous faire part de deux réflexions à cet égard.
La crise écologique est réelle. « Il existe un consensus scientifique très solide qui
indique que nous sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système
climatique[5]». La science n’est pas la seule forme de connaissance, certes. Il est
également vrai que la science n’est pas nécessairement ‘‘neutre’’ ; très souvent elle
cache des points de vue idéologiques ou des intérêts économiques. Cependant,
nous savons aussi ce qui se passe lorsque nous rejetons la science et méprisons la
voix de la nature. J’assume ce qui nous concerne en tant que catholiques. Ne
versons pas dans le négationnisme. Le temps presse. Agissons. Je vous demande, à
nouveau, à vous, les peuples autochtones, les pasteurs, les dirigeants politiques, de
défendre la création.
L’autre réflexion, je vous en ai déjà fait part lors de notre dernière rencontre, mais
j’estime qu’il est important de la répéter : aucun peuple n’est criminel et aucune
religion n’est terroriste. Il n’existe pas de terrorisme chrétien, il n’existe pas de
terrorisme juif et il n’existe pas de terrorisme musulman. Cela n’existe pas. Aucun
peuple n’est criminel, ni trafiquant de drogue ni violent. « On accuse les pauvres et
les populations les plus pauvres de la violence, mais, sans égalité de chances, les

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différentes formes d’agression et de guerre trouveront un terrain fertile qui tôt ou
tard provoquera l’explosion[6]. » Il y a des individus fondamentalistes et violents
au sein de tous les peuples et de toutes les religions, qui de plus se radicalisent
avec les générations intolérantes, s’alimentent de haine et de xénophobie. En
combattant la terreur par l’amour, nous travaillons pour la paix.
Je vous demande fermeté et douceur pour défendre ces principes. Je vous demande
de ne pas les troquer comme des marchandises bon marché et à l’instar de saint
François d’Assise, donnons-nous tout entiers pour que : là où il y a la haine, je
mette l’amour ; là où il y a l’offense, je mette le pardon; là où il y a la discorde, je
mette l’union; là où il y a l’erreur, je mette la vérité[7].
Sachez que je prie pour vous, que je prie avec vous, et je voudrais demander à
Dieu notre Père de vous accompagner et de vous bénir, de vous combler de son
amour et de vous protéger. Je vous demande de prier pour moi, et d’aller de
l’avant.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À LA COMMUNAUTÉ DE « LA CIVILTÀ CATTOLICA »

[…] La crise est mondiale et il est par conséquent nécessaire de tourner notre
regard vers les convictions culturelles dominantes et les critères à travers lesquels
les personnes considèrent que quelque chose est bon ou mauvais, désirable ou non.
Seule une pensée vraiment ouverte peut affronter la crise et la compréhension de
là où va le monde, de la manière d’affronter les crises les plus complexes et
urgentes, la géopolitique, les défis de l’économie et la grave crise humanitaire liée
au drame des migrations, qui est le véritable nœud politique mondial de nos jours.
[…]

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PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE

APPELS
[…] Je reviens à la célébration d’aujourd’hui, la Journée de prière et de réflexion
contre la traite des personnes, qui est célébrée aujourd’hui parce que c’est
aujourd’hui la fête de Sainte Joséphine Bakhita [montre une brochure à son sujet].
Cette fille asservie en Afrique, exploitée, humiliée, n’a pas perdu espoir et a
continué sa foi, et a fini par arriver en tant que migrante en Europe. Et là il a
entendu l’appel du Seigneur et est devenu une religieuse. Nous prions Sainte
Joséphine Bakhita pour tous les migrants, réfugiés, exploités qui souffrent tant.
Et en parlant de migrants chassés, exploités, je voudrais prier avec vous
aujourd’hui, d’une manière spéciale pour nos frères et soeurs Rohingya: chassés du
Myanmar, ils passent d’un côté à l’autre parce qu’ils n’en veulent pas … des gens
pacifiques. Ils ne sont pas chrétiens, ils sont bons, ils sont nos frères et soeurs! Il
souffre depuis des années. Ils ont été torturés, tués, simplement parce qu’ils
perpétuent leurs traditions, leur foi musulmane. Nous prions pour eux. Je vous
invite à prier pour eux notre Père qui est au Ciel, tous ensemble, pour nos frères et
soeurs Rohingya. […]
La mémoire d’aujourd’hui de Sœur Giuseppina Bakhita, qui a été victime de la traite
d’enfants, augmente en vous, chers jeunes, l’attention portée à vos pairs les plus
défavorisés et en difficulté. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DE LA DIRECTION ANTIMAFIA ET ANTITERRORISME

[…] La société a une grande confiance dans votre professionnalisme et votre
expérience de magistrats chargés d’enquêtes, engagés à combattre et à éradiquer
le crime organisé. Je vous exhorte à consacrer tous vos efforts spécialement dans
la lutte contre la traite des personnes et du trafic de migrants: ce sont des délits
très graves qui frappent les plus faibles d’entre les faibles! A cet égard, il est
nécessaire d’accroître les activités de protection des victimes en prévoyant une
assistance juridique et sociale de nos frères et sœurs à la recherche de paix et d’un
avenir. Ceux qui fuient leur pays à cause de la guerre, des violences et des
persécutions ont le droit de trouver un accueil adéquat et une protection appropriée
dans les pays qui se disent civilisés.[…]

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

Chers frères et sœurs,
On célèbre aujourd’hui la journée mondiale du migrant et du réfugié, consacrée au
thème « Mineurs migrants, vulnérables et sans voix ». Nos petits frères, en
particulier s’ils ne sont pas accompagnés, sont exposés à de nombreux dangers. Et
je vous le dis qu’il y en a beaucoup! Il est nécessaire d’adopter toutes les mesures
possibles pour garantir aux mineurs migrants la protection et la défense, ainsi que
leur intégration.
J’adresse un salut particulier aux représentants des diverses communautés
ethniques rassemblées ici. Chers amis, je vous souhaite de vivre sereinement dans
les localités qui vous accueillent, en respectant les lois et les traditions, et en même
temps, en préservant les valeurs de vos cultures d’origine. La rencontre de
différentes cultures est toujours un enrichissement pour tous! Je remercie le Bureau
Migrantes du diocèse de Rome et tous ceux qui travaillent avec les migrants pour
les accueillir et les accompagner dans leurs difficultés, et j’encourage à poursuivre
cette œuvre, en rappelant l’exemple de sainte Françoise-Xavière Cabrini, patronne
des migrants, dont on fête le centenaire de la mort cette année. Cette sœur
courageuse a consacré sa vie à apporter l’amour du Christ à ceux qui étaient loin de
leur patrie et de leur famille. Que son témoignage nous aide à prendre soin du frère
étranger, dans lequel Jésus est présent, souvent souffrant, rejeté et humilié.
Combien de fois dans la Bible, le Seigneur nous a demandé d’accueillir les migrants
et les étrangers, en nous rappelant que nous aussi sommes des étrangers! […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À LA DÉLÉGATION DE LA « GLOBAL FOUNDATION »

[…] Je voudrais avant tout répéter qu’un système économique mondial qui met au
rebut hommes, femmes et enfants, parce qu’ils semblent ne plus être utiles selon
les critères de rentabilité des entreprises ou d’autres organisations, est
inacceptable, parce qu’inhumain. Cette mise au rebut des personnes constitue
précisément la régression et la déshumanisation de tout système politique et
économique : ceux qui causent ou permettent le rejet des autres — réfugiés,
enfants victimes d’abus ou esclavagisés, pauvres qui meurent dans la rue quand il
fait froid — deviennent eux-mêmes des machines sans âme, acceptant
implicitement le principe qu’eux aussi, tôt ou tard, seront écartés — cela est un
boomerang! Mais c’est la vérité : tôt ou tard, il seront écartés — quand ils ne seront
plus utiles à une société qui a mis au centre le dieu argent.[…]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À L’OCCASION DES VŒUX DU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE

[…] Des millions de personnes vivent encore au milieu de conflits insensés. Même
dans les endroits considérés comme sûrs, il existe un sentiment général de peur.
Nous sommes souvent submergés par les images de la mort, la douleur des
innocents plaidant pour l’aide et consolation du deuil de ceux qui pleurent un être
cher à cause de la haine et de la violence, la situation des réfugiés qui fuient la
guerre ou des migrants qui meurent tragiquement. […]
Je suis convaincu que pour beaucoup l’extraordinaire Jubilé de la Miséricorde a été
une occasion particulièrement appropriée aussi de découvrir la « grande et impact
positif de la miséricorde en tant que valeur sociale » [13]. Chaque puits peut aider
à donner naissance à « une culture de la miséricorde, basée sur la redécouverte de
la rencontre avec les autres: une culture où personne ne regarde l’autre avec
indifférence ou se enfuit quand il voit la souffrance des frères » [14]. Ce n’est

qu’ainsi qu’il sera possible de construire des sociétés ouvertes et accueillantes vis-
à-vis des étrangers tout en étant sûres et en paix avec elles. Cela est d’autant plus

nécessaire à l’heure actuelle, dans laquelle d’immenses flux migratoires se
poursuivent sans relâche dans différentes parties du monde. Je pense en particulier
aux nombreux réfugiés et réfugiés dans certaines régions d’Afrique, en Asie du
Sud-Est et à ceux qui fuient les zones de conflit au Moyen-Orient.
L’année dernière, la communauté internationale a été confrontée à deux réunions
importantes organisées par les Nations Unies: le premier Sommet mondial
humanitaire et le Sommet sur les grandes mouvements des réfugiés et des
migrants. Nous avons besoin d’un engagement commun envers les migrants, les
réfugiés et les réfugiés, ce qui leur permet de recevoir un accueil digne. Cela
signifie savoir comment combiner le droit de « tout être humain […] pour immigrer
dans d’autres communautés politiques et de s’y établir « [15], et en même temps
garantir la possibilité d’intégration des migrants dans le tissu social dans lequel ils
s’intègrent, sans eux, leur identité culturelle et leur équilibre politico-social sont
menacés. D’autre part, les migrants eux-mêmes ne doivent pas oublier qu’ils ont le
devoir de respecter les lois, la culture et les traditions des pays dans lesquels ils
sont accueillis.
Une approche prudente par les pouvoirs publics ne concerne pas la mise en œuvre
des politiques de fermeture envers les migrants, mais consiste à évaluer la mesure
dans laquelle est en mesure de votre sagesse et de prévoyance pays, sans nuire au
bien commun des citoyens, offrent une vie décente pour les migrants, en particulier
ceux qui ont réellement besoin de protection. Surtout, la crise dramatique actuelle
ne peut être réduite à un simple décompte numérique. Les migrants sont des

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personnes avec des noms, des histoires, des familles, et il ne peut jamais être une
paix véritable, il existera aussi longtemps que même un être humain est violée
dans l’identité personnelle et réduite à un simple chiffre statistique ou d’un objet
d’intérêt économique.
La question de l’immigration est une question qui ne peut laisser indifférent certains
pays, tandis que d’autres soutiennent le fardeau humanitaire, souvent avec
beaucoup d’efforts et les inconvénients lourds, pour faire face à une situation
d’urgence qui ne semble pas à la fin. Tout le monde devrait se sentir les fabricants
et les concurrents au bien commun international, même par des gestes concrets de
l’humanité, qui sont des éléments essentiels de cette paix et de développement que
les nations entières et des millions de personnes attendent toujours. Je suis donc
reconnaissant aux nombreux pays qui accueillent généreusement ceux qui en ont
besoin, à commencer par les différents pays européens, notamment l’Italie,
l’Allemagne, la Grèce et la Suède.
Il restera gravé à jamais le voyage que je fis dans l’île de Lesbos, avec mes frères
Patriarche Bartholomew et l’archevêque Ieronymos, et où j’ai vu de première main
le sort des camps de réfugiés, mais aussi l’humanité et de l’esprit de service des
nombreuses personnes impliquées pour les aider. Nous ne devons pas non plus
oublier l’accueil offert par d’autres pays européens et du Moyen-Orient, tels que le
Liban, la Jordanie et la Turquie, ainsi que l’engagement de plusieurs pays d’Afrique
et d’Asie. Même pendant mon voyage au Mexique, où j’ai pu faire l’expérience de la
joie du peuple mexicain, je me sentais proche de milliers de migrants d’Amérique
centrale, qui souffrent des injustices terribles et les dangers pour tenter d’être en
mesure d’avoir un avenir meilleur, les victimes d’extorsion et l’objet de ce
commerce ignoble – une forme horrible d’esclavage moderne – qui est le trafic de
personnes. […]