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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DE LA COMMISSION PARLEMENTAIRE ANTIMAFIA

[…] Le deuxième niveau d’engagement est économique, à travers la correction ou
la disparition de ces mécanismes qui engendrent partout inégalité et pauvreté.
Aujourd’hui, nous ne pouvons plus parler de lutte contre les mafias sans soulever
l’immense problème d’une finance désormais souveraine sur les règles
démocratiques, grâce à laquelle les réalités criminelles investissent et multiplient
les profits déjà considérables tirés de leurs trafics: drogue, armes, traite des
personnes, traitement de déchets toxiques, conditionnements des appels d’offre
pour les grandes œuvres, jeu de hasard, racket.
Ce double niveau, politique et économique, en présuppose un autre tout aussi
essentiel, qui est la construction d’une nouvelle conscience civile, la seule qui puisse
conduire à une vraie libération des mafias. Il est vraiment nécessaire d’éduquer et
de s’éduquer à une vigilance constante sur soi-même et sur le contexte dans lequel
on vit, en développant une perception plus ponctuelle des phénomènes de
corruption et en travaillant à une manière nouvelle d’être des citoyens, qui
comprend le soin et la responsabilité pour les autres et le bien commun.[…]

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MESSE HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

[…] Dans l’Évangile, Jésus nous prévient aussi de la possibilité que l’autre se ferme,
refuse de changer, persiste dans son mal. On ne peut nier qu’il y a des personnes
persistant dans le péché qui blessent la cohabitation et la communauté : « Je pense
au drame déchirant de la drogue sur laquelle on s’enrichit dans le mépris des lois
morales et civiles » Ce mal porte atteinte directement à la dignité de la personne
humaine et rompt progressivement l’image que le Créateur a modelée en nous. Je
condamne fermement ce fléau qui a arraché de nombreuses vies et qui est
maintenu et soutenu par des hommes sans scrupules. On ne peut pas jouer avec la
vie de notre frère ni manipuler sa dignité. Je lance un appel pour qu’on cherche
comment mettre fin au narcotrafic qui ne fait que semer la mort partout en
tronquant de nombreuses espérances et en détruisant de nombreuses familles. Je
pense également à d’autres drames : « à la dévastation des ressources naturelles
et à la pollution en cours, à la tragédie de l’exploitation dans le travail. Je pense
aux trafics illicites d’argent comme à la spéculation financière, qui souvent prend un
caractère prédateur et nocif pour des systèmes économiques et sociaux entiers,
exposant des millions d’hommes et de femmes à la pauvreté. Je pense à la
prostitution qui chaque jour fauche des victimes innocentes, surtout parmi les plus
jeunes, leur volant leur avenir. Je pense à l’abomination du trafic des êtres
humains, aux délits et aux abus contre les mineurs, à l’esclavage qui répand encore
son horreur en tant de parties du monde, à la tragédie souvent pas entendue des
migrants sur lesquels on spécule indignement dans l’illégalité » (Message pour la
Journée Mondiale de la Paix 2014, n. 8), et même, on spécule aussi sur une «
légalité aseptisée » pacifiste qui ne prend pas en compte la chair du frère, la chair
du Christ. Voilà aussi pourquoi nous devons nous préparer et nous fonder
solidement sur les principes de la justice qui ne diminuent en rien la charité. Il n’est
pas possible de cohabiter en paix sans avoir rien fait contre ce qui corrompt la vie
et lui porte atteinte. À ce sujet, nous nous souvenons de tous ceux qui, avec
courage et inlassablement, ont travaillé et ont perdu la vie dans la défense et la
sauvegarde des droits de la personne humaine et de sa dignité. Tout comme à eux,
l’histoire nous demande d’assumer un engagement définitif pour la défense des
droits humains, ici, à Carthagène des Indes, que vous avez choisie comme siège
national de leur défense […]

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

[…]María de Chiquinquirá et Pietro Claver nous invitent à travailler pour la dignité
de tous nos frères, en particulier pour les pauvres et ceux que la société rejette,
pour ceux qui sont abandonnés, pour les émigrés, pour ceux qui subissent la
violence et la traite. Tous ont leur dignité et sont une image vivante de Dieu, nous
avons tous été créés à l’image et à la ressemblance de Dieu, et toute la Vierge nous
tient dans ses bras comme des enfants bien-aimés. […]

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LETTRE DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DES SŒURS MISSIONNAIRES DU SACRÉ-CŒUR DE JÉSUS, À L’OCCASION DU CENTENAIRE DE LA MORT DE SAINTE FRANÇOISE-XAVIÈRE CABRINI, PATRONNE DES MIGRANTS

A la révérende Mère Sœur Barbara Louise Staley
supérieure générale des missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus
Le centenaire de la mort de sainte Françoise-Xavière Cabrini est un des événements
principaux qui marquent cette année le chemin de l’Eglise, tant par la grandeur de
la figure commémorée que par l’actualité de son charisme et de son message, non
seulement pour la communauté ecclésiale, mais pour la société tout entière. C’est
pourquoi je désire, par ce message que j’accompagne de ma prière, participer
spirituellement à l’assemblée générale que vous tiendrez, en tant qu’institut des
missionnaires du Sacré-Cœur de Jésus, avec des collaborateurs laïcs, du 17 au 23
septembre prochains à Chicago, au sanctuaire national qui porte le nom de votre
bien-aimée fondatrice et patronne des migrants.
Sœur Françoise-Xavière Cabrini a accueilli de Dieu une vocation missionnaire qui, à
cette époque, pouvait être considérée comme singulière: former et envoyer dans le
monde entier des femmes consacrées, avec un horizon missionnaire sans limites,
non pas simplement comme auxiliaires d’instituts religieux ou missionnaires
masculins, mais avec leur propre charisme de consécration féminine, en pleine et
totale disponibilité à la collaboration tant avec les Eglises locales qu’avec les
différentes congrégations qui se consacraient à l’annonce de l’Evangile ad gentes.
Cette consécration clairement missionnaire et féminine naît, chez mère Cabrini, de
l’union totale et amoureuse avec le Cœur du Christ, dont la miséricorde dépasse
toute limite. Elle vit et transmet à ses sœurs un élan de réparation pour le mal dans
le monde et pour l’éloignement à l’égard du Christ, qui soutient la missionnaire
dans des entreprises supérieures aux forces humaines: l’expression de Paul «Omnia
possum in Eo qui me confortat» (Ph 4, 13) était sa devise. Une devise confirmée
par le nombre surprenant et par l’importance des œuvres lancées au cours de sa
vie, en Italie, France, Espagne, Grande-Bretagne, Etats-Unis, Amérique centrale,
Argentine et Brésil. Mais l’amour pour le Cœur du Christ, qui se traduit dans une
inquiétude évangélisatrice, resplendit dans l’attention de Françoise-Xavière Cabrini
pour ce que nous appellerions aujourd’hui les périphéries de l’histoire: par exemple,
un an après un cruel lynchage des Italiens, accusés d’avoir tué le chef de la police
de La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, Mère Cabrini ouvrit une maison dans le
quartier italien le plus mal famé.
Le charisme de sainte Françoise-Xavière Cabrini anime un dévouement total et
intelligent envers les migrants qui se rendaient d’Italie dans le Nouveau Monde. Ce
choix est le fruit de son obéissance sincère et aimante pour le Saint-Père, le Pape
Léon XIII, et n’exclut pas l’attention à d’autres domaines d’action missionnaire. Les
déplacements historiques actuels de populations, avec les tensions qui en découlent
inévitablement, font de mère Cabrini une figure particulièrement actuelle. En
particulier, la sainte unit l’attention aux situations de plus grande pauvreté et

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fragilité, comme les orphelins et les mineurs, à une sensibilité culturelle lucide qui,
dans un dialogue constant avec les hiérarchies locales, s’engage à conserver et à
raviver chez les migrants la tradition chrétienne reçue dans les pays d’origine, une
religiosité parfois superficielle, mais souvent imprégnée d’une authentique mystique
populaire, offrant d’autre part les voies pour s’intégrer pleinement dans la culture
des pays d’arrivée, de sorte que les migrants italiens furent accompagnés par les
Mères missionnaires pour être pleinement italiens et pleinement américains. La
vitalité humaine et chrétienne des migrants devient ainsi un don pour les Eglises et
les peuples qui accueillent. Les grandes migrations actuelles ont besoin d’un
accompagnement riche d’amour et d’intelligence comme celui qui caractérise le
charisme cabrinien, en vue d’une rencontre de peuples qui enrichisse tout le monde
et engendre union et dialogue et non séparation et hostilité. Sans oublier que sainte
Françoise-Xavière Cabrini avait une sensibilité missionnaire non pas sectorielle mais
universelle, qui est la vocation de tout chrétien et de toute communauté des
disciples de Jésus.
La célébration actuelle du centenaire invite à prendre à nouveau conscience de tout
cela, avec une intime et joyeuse gratitude envers Dieu. Et cela constitue un grand
don avant tout pour vous, filles spirituelles de Mère Cabrini. Puisse tout votre
institut, chaque communauté, chaque religieuse recevoir une abondante effusion de
l’Esprit Saint, qui ravive la foi à la suite du Christ selon le charisme missionnaire de
la fondatrice et qu’il pousse aussi de nombreux fidèles laïcs à partager et à soutenir
votre action évangélique dans l’actuel contexte social. Pour ma part, je vous assure
avec une vive affection, de mon souvenir et de ma prière, tant parce que la figure
de mère Cabrini m’est depuis toujours familière, qu’en vertu de la sollicitude
particulière qu’elle consacra à la cause des migrants. En vous demandant de prier
pour moi et pour mon ministère, j’envoie de tout cœur à votre assemblée, à la
congrégation et à toute la famille cabrinienne, une bénédiction apostolique
particulière.

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PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE

[…] Essayez de méditer sur ce passage de l’Écriture non de manière abstraite, mais
après avoir lu une chronique de notre temps, après avoir regardé les nouvelles ou
la couverture du journal, où il y a beaucoup de tragédies, où nous avons déclaré les
tristes nouvelles à quoi nous risquons tous de nous habituer. Et j’en ai salué de
Barcelone: combien de nouvelles tristes de là! J’ai salué une partie du Congo et
combien de nouvelles tristes à partir de là! Et combien d’autres! Pour ne citer que
deux pays qui sont ici … Essayez de penser à des visages des enfants effrayés par
la guerre, aux mères en pleurs, les rêves brisés de nombreux jeunes, les réfugiés
qui font face à Voyage terrible et sont exploités tant de fois … La vie,
malheureusement, c’est aussi ça. Parfois, ce serait dire que c’est avant tout ça.
C’est peut-être. Mais il y a un Père qui pleure avec nous; il y a un Père qui pleure
des larmes infinies envers ses enfants. Nous avons un père qui sait pleurer, qui
pleure avec nous. Un Père qui nous attend pour nous consoler, parce qu’il connaît
notre souffrance et nous a préparé un avenir différent. Telle est la grande vision de
l’espérance chrétienne, qui développe tous les jours de notre vie, et nous voulons
soulever. […]

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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ 2018 « Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer les migrants et les réfugiés »

Chers frères et sœurs,
« L’immigré qui réside avec vous sera parmi vous comme un compatriote, et tu
l’aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été immigrés au pays d’Égypte.
Je suis le Seigneur votre Dieu » (Lv 19, 34).
Durant les premières années de mon pontificat, j’ai exprimé à maintes reprises une
préoccupation spéciale concernant la triste situation de nombreux migrants et
réfugiés qui fuient les guerres, les persécutions, les catastrophes naturelles et la
pauvreté. Il s’agit sans doute d’un ‘‘signe des temps’’ que j’ai essayé de lire, en
invoquant la lumière de l’Esprit Saint depuis ma visite à Lampedusa le 8 juillet
2013. En créant le nouveau Dicastère pour le Service du Développement humain
intégral, j’ai voulu qu’une section spéciale, placée ad tempus sous mon autorité
directe, exprime la sollicitude de l’Église envers les migrants, les personnes
déplacées, les réfugiés et les victimes de la traite.
Tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus
Christ, qui s’identifie à l’étranger de toute époque accueilli ou rejeté (cf. Mt 25,
35.43). Le Seigneur confie à l’amour maternel de l’Église tout être humain contraint
à quitter sa propre patrie à la recherche d’un avenir meilleur (Cf. Pie XII,
Constitution apostolique Exsul Familia, Titulus Primus, I, 1er août 1952). Cette
sollicitude doit s’exprimer concrètement à chaque étape de l’expérience migratoire :
depuis le départ jusqu’au voyage, depuis l’arrivée jusqu’au retour. C’est une grande
responsabilité que l’Église entend partager avec tous les croyants ainsi qu’avec tous
les hommes et femmes de bonne volonté, qui sont appelés à répondre aux
nombreux défis posés par les migrations contemporaines, avec générosité, rapidité,
sagesse et clairvoyance, chacun selon ses propres possibilités.
À ce sujet, nous souhaitons réaffirmer que « notre réponse commune pourrait
s’articuler autour de quatre verbes fondés sur les principes de la doctrine de l’Église
: accueillir, protéger, promouvoir et intégrer » (Discours aux participants au Forum
International ‘‘Migrations et paix’’, 21 février 2017).
En considérant la situation actuelle, accueillir signifie avant tout offrir aux migrants
et aux réfugiés de plus grandes possibilités d’entrée sûre et légale dans les pays de
destination. En ce sens, un engagement concret est souhaitable afin que soit
étendu et simplifié l’octroi de visas humanitaires et pour le regroupement familial.
En même temps, je souhaite qu’un plus grand nombre de pays adoptent des
programmes de patronage privé et communautaire et ouvrent des corridors
humanitaires pour les réfugiés les plus vulnérables. En outre, il serait opportun de
prévoir des visas temporaires spéciaux pour les personnes qui fuient les conflits
dans les pays voisins. Les expulsions collectives et arbitraires de migrants et de
réfugiés ne constituent pas une solution adéquate, surtout lorsqu’elles sont
exécutées vers des pays qui ne peuvent pas garantir le respect de la dignité et des
droits fondamentaux (Cf.Intervention du Représentant permanent du Saint-Siège à

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la 103ème Session du Conseil de l’OIM, 26 novembre 2013). J’en viens encore à
souligner l’importance d’offrir aux migrants et aux réfugiés un premier accueil
approprié et digne. « Les programmes d’accueil diffus, déjà lancés dans différentes
localités, semblent au contraire faciliter la rencontre personnelle, permettre une
meilleure qualité des services et offrir de plus grandes garanties de succès »
(Discours aux participants au Forum International ‘‘Migrations et paix’’, 21 février
2017). Le principe de la centralité de la personne humaine, fermement affirmé par
mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI (Cf. Lettre encyclique Caritas in veritate,
47), nous oblige à toujours faire passer la sécurité personnelle avant la sécurité
nationale. Par conséquent, il est nécessaire de former adéquatement le personnel
préposé aux contrôles de frontière. Les conditions des migrants, des demandeurs
d’asile et des réfugiés, postulent que leur soient garantis la sécurité personnelle et
l’accès aux services élémentaires. Au nom de la dignité fondamentale de chaque
personne, il faut s’efforcer de préférer des solutions alternatives à la détention pour
ceux qui entrent sur le territoire national sans autorisation (Cf. Intervention du
Représentant permanent du Saint-Siège à la 20ème Session du Conseil des droits
humains, 22 juin 2012).
Le deuxième verbe, protéger, se décline en toute une série d’actions pour la
défense des droits et de la dignité des migrants ainsi que des réfugiés,
indépendamment de leur statut migratoire (Cf. Benoît XVI, Lettre encyclique Caritas
in veritate, 62). Cette protection commence dans le pays d’origine et consiste dans
la mise à disposition d’informations sûres et certifiées avant le départ et dans la
prévention contre les pratiques de recrutement illégal (Cf. Conseil Pontifical pour la
Pastorale des Migrants et des Itinérants, Instruction Erga migrantes caritas Christi,
n. 6). Elle devrait se poursuivre, dans la mesure du possible, dans le pays
d’immigration, en assurant aux migrants une assistance consulaire adéquate, le
droit de garder toujours avec soi les documents d’identité personnels, un accès
équitable à la justice, la possibilité d’ouvrir des comptes bancaires personnels et la
garantie d’une subsistance minimum vitale. Si elles sont reconnues et valorisées de
manière appropriée, les capacités et les compétences des migrants, des
demandeurs d’asile et des réfugiés, représentent une vraie ressource pour les
communautés qui les accueillent (Cf. Benoît XVI, Discours aux participants au 6ème
Congrès mondial pour la pastorale des migrants et des réfugiés, 9 novembre 2009).
C’est pourquoi, je souhaite que, dans le respect de leur dignité, leur soient accordés
la liberté de mouvement dans le pays d’accueil, la possibilité de travailler et l’accès
aux moyens de télécommunication. Pour ceux qui décident de retourner dans leur
pays, je souligne l’opportunité de développer des programmes de réintégration
professionnelle et sociale. La Convention internationale sur les droits de l’enfant
offre une base juridique universelle pour la protection des mineurs migrants. Il faut
leur éviter toute forme de détention en raison de leur status migratoire, tandis
qu’on doit leur assurer l’accès régulier à l’instruction primaire et secondaire. De
même, quand ils atteignent l’âge de la majorité il est nécessaire de leur garantir
une permanence régulière et la possibilité de continuer des études. Pour les
mineurs non accompagnés ou séparés de leur famille, il est important de prévoir
des programmes de garde temporaire ou de placement (Cf. Benoît XVI, Message
pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié, 2010, et S. Tomasi,
Intervention du Représentant permanent du Saint-Siège à la 26ème Session
ordinaire du Conseil pour les Droits de l’Homme sur les droits humains des

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migrants,13 juin 2014). Dans le respect du droit universel à une nationalité, celle-ci
doit être reconnue et opportunément assurée à tous les enfants à la naissance.
L’apatridie dans laquelle se trouvent parfois des migrants et des réfugiés peut être
facilement évitée à travers « une législation sur la citoyenneté conforme aux
principes fondamentaux du droit international » (Conseil Pontifical pour la Pastorale
des Migrants et des Itinérants et Conseil Pontifical Cor Unum, Accueillir le Christ
dans les réfugiés et dans les personnes déracinées de force, 2013, n. 70). Le status
migratoire ne devrait pas limiter l’accès à l’assistance sanitaire nationale et aux
systèmes de pension, ni le transfert de leurs contributions en cas de rapatriement.
Promouvoir veut dire essentiellement œuvrer afin que tous les migrants et les
réfugiés ainsi que les communautés qui les accueillent soient mis en condition de se
réaliser en tant que personnes dans toutes les dimensions qui composent
l’humanité voulue par le Créateur (Cf. Paul VI, Lettre encyclique Populorum
progressio, n. 14). Parmi ces dimensions, il faut reconnaître à la dimension
religieuse sa juste valeur, en garantissant à tous les étrangers présents sur le
territoire la liberté de profession et de pratique religieuse. Beaucoup de migrants et
de réfugiés ont des compétences qui doivent être adéquatement certifiées et
valorisées. Puisque « le travail humain est par nature destiné à unir les peuples »
(Jean-Paul II, Lettre encyclique Centesimus annus, n. 27), j’encourage à œuvrer
afin que soit promue l’insertion socio-professionnelle des migrants et des réfugiés,
garantissant à tous – y compris aux demandeurs d’asile – la possibilité de travailler,
des parcours de formation linguistique et de citoyenneté active ainsi qu’une
information appropriée dans leurs langues d’origine. Dans le cas des mineurs
migrants, leur implication dans des activités productives doit être règlementée de
manière à prévenir des abus et des menaces à leur croissance normale. En 2006,
Benoît XVIsoulignait comment, dans le contexte de migration, la famille est « lieu
et ressource de la culture de la vie et facteur d’intégration des valeurs » (Benoît
XVI, Message pour la Journée mondiale du migrant et du réfugié, 2007). Son
intégrité doit être toujours promue, en favorisant le regroupement familial – y
compris des grands-parents, des frères et sœurs et des petits-enfants – sans
jamais le soumettre à des capacités économiques. Une plus grande attention et un
plus grand soutien doivent être portés aux migrants, aux demandeurs d’asile et aux
réfugiés en situation de handicap. Tout en considérant louables les efforts déployés
jusqu’ici par de nombreux pays en termes de coopération internationale et
d’assistance humanitaire, je souhaite que dans la distribution de ces aides, soient
pris en compte les besoins (par exemple l’assistance médicale et sociale ainsi que
l’éducation) des pays en développement qui reçoivent d’importants flux de réfugiés
et de migrants et, également, qu’on inclue parmi les destinataires les communautés
locales en situation de pénurie matérielle et de vulnérabilité (Conseil Pontifical pour
la Pastorale des Migrants et des Itinérants et Conseil Pontifical Cor Unum, Accueillir
le Christ dans les réfugiés et dans les personnes déracinées de force, 2013, nn. 30-
31).
Le dernier verbe, intégrer, se place sur le plan des opportunités d’enrichissement
interculturel général du fait de la présence de migrants et de réfugiés. L’intégration
n’est pas « une assimilation, qui conduit à supprimer ou à oublier sa propre identité
culturelle. Le contact avec l’autre amène plutôt à en découvrir le ‘‘secret’’, à s’ouvrir
à lui pour en accueillir les aspects valables et contribuer ainsi à une plus grande
connaissance de chacun. Il s’agit d’un processus de longue haleine qui vise à former

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des sociétés et des cultures, en les rendant toujours davantage un reflet des dons
multiformes de Dieu aux hommes » (Jean-Paul II, Message pour la Journée
mondiale du migrant et du réfugié (2005), 24 novembre 2004). Ce processus peut
être accéléré à travers l’offre de citoyenneté dissociée des capacités économiques
et linguistiques et l’offre de parcours de régularisation extraordinaire pour des
migrants qui peuvent faire valoir une longue présence dans le pays. J’insiste encore
sur la nécessité de favoriser, dans tous les cas, la culture de la rencontre, en
multipliant les opportunités d’échange interculturel, en documentant et en diffusant
les ‘‘bonnes pratiques’’ d’intégration et en développant des programmes visant à
préparer les communautés locales aux processus d’intégration. Je dois souligner le
cas spécial des étrangers forcés à quitter le pays d’immigration à cause de crises
humanitaires. Ces personnes demandent que leur soient assurés une assistance
adéquate pour le rapatriement et des programmes de réintégration professionnelle
dans leur pays d’origine.
En conformité avec sa tradition pastorale, l’Église est disponible pour s’engager en
première ligne en vue de réaliser toutes les initiatives proposées plus haut ; mais
pour obtenir les résultats espérés, la contribution de la communauté politique et de
la société civile, chacun selon ses responsabilités propres, est indispensable.
Durant le Sommet des Nations Unies, célébré à New York le 19 septembre 2016, les
dirigeants du monde ont clairement exprimé leur volonté d’œuvrer en faveur des
migrants et des réfugiés pour sauver leurs vies et protéger leurs droits, en
partageant ces responsabilités au niveau global. À cet effet, les États se sont
engagés à rédiger et à approuver avant la fin de l’année 2018 deux accords globaux
(Global Compacts), l’un consacré aux réfugiés et l’autre concernant les migrants.
Chers frères et sœurs, à la lumière de ces processus engagés, les prochains mois
représentent une opportunité privilégiée pour présenter et soumettre les actions
concrètes dans lesquelles j’ai voulu décliner les quatre verbes. Je vous invite, donc,
à profiter de chaque occasion pour partager ce message avec tous les acteurs
politiques et sociaux qui sont impliqués – ou intéressés à participer – au processus
qui conduira à l’approbation des deux accords globaux.
Aujourd’hui, 15 août, nous célébrons la solennité de l’Assomption de la très Sainte
Vierge Marie au Ciel. La Mère de Dieu a fait elle-même l’expérience de la dureté de
l’exil (cf. Mt 2, 13-15) ; elle a suivi avec amour l’itinéraire de son Fils jusqu’au
Calvaire et maintenant elle partage éternellement sa gloire. Confions à sa
maternelle intercession les espérances de tous les migrants et réfugiés du monde et
les aspirations des communautés qui les accueillent, afin que, selon le plus grand
commandement de Dieu, nous apprenions tous à aimer l’autre, l’étranger, comme
nous-mêmes.

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

A l’issue de l’Angelus:
Chers frères et sœurs,
C’est aujourd’hui la journée mondiale contre la traite des personnes organisée par
les Nations unies. Chaque année, des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants sont
les victimes innocentes de l’exploitation du travail, de l’exploitation sexuelle et du
trafic d’organes, et il semble que nous y sommes tellement habitués que nous le
considérons une chose normale. C’est laid, c’est cruel, c’est criminel! Je désire
appeler à l’engagement de tous afin que cette plaie aberrante, forme d’esclavage
moderne, soit combattue de façon adéquate. Prions ensemble la Vierge Marie afin
qu’elle soutienne les victimes de la traite et convertisse les cœurs des trafiquants.
Prions la Vierge ensemble: Je vous salue Marie…

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MESSAGE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À LA 40e SESSION DE LA CONFÉRÉNCE DE LA FAO

[…] 2. Un regard sur la situation du monde ne fournit pas d’images réconfortantes.
Nous ne pouvons toutefois pas être uniquement préoccupés et même résignés. Ce
moment d’évidente difficulté doit nous rendre également plus conscients que la
faim et la malnutrition ne sont pas seulement des phénomènes naturels ou
structurels de régions démographiques déterminées, mais sont plutôt le résultat
d’une condition plus complexe de sous-développement, provoquée par l’inertie de
nombreuses personnes et par l’égoïsme de quelques-uns. Les guerres, le
terrorisme, les déplacements forcés de personnes qui empêchent toujours plus, ou
tout au moins conditionnent fortement, les activités mêmes de coopération, ne sont
pas des fatalités, mais plutôt le résultat de choix précis.
Il s’agit d’un mécanisme complexe qui frappe avant tout les catégories les plus
vulnérables, qui sont non seulement exclues des processus productifs, mais qui
sont souvent contraintes de quitter leurs terres à la recherche d’un refuge et d’une
espérance de vie. De même que sont déterminées par des décisions prises en
pleine liberté et en toute conscience les données relatives aux aides aux pays
pauvres, qui apparaissent toujours plus réduites, malgré les appels qui se
succèdent face aux situations de crise toujours plus destructrices qui se manifestent
dans diverses régions de la planète. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DE L’ORGANISATION INTERNATIONALE ITALO-LATINO-AMÉRICAINE

[…] Face à un monde globalisé et de plus en plus complexe, l’Amérique latine doit
unir ses efforts pour faire face au phénomène de l’émigration; et la plupart de ses
causes auraient pu être traitées depuis longtemps, mais il n’est jamais trop tard (cf.
Discours au corps diplomatique du Saint-Siège, 11 janvier 2016). L’émigration a
toujours existé, mais ces dernières années, elle a augmenté d’une manière jamais
vue auparavant. Notre peuple, poussé par la nécessité, part à la recherche de
«nouvelles oasis», où il peut trouver une plus grande stabilité et un travail qui
garantit une plus grande dignité pour la vie. Mais dans cette recherche, beaucoup
de personnes subissent la violation de leurs droits; de nombreux enfants et jeunes
sont victimes de la traite et sont exploités ou tombent dans les réseaux criminels et
la violence organisée. L’émigration est un drame de division: les familles sont
divisées, les enfants sont séparés de leurs parents, ils s’éloignent de leur pays
d’origine et les gouvernements et les pays sont divisés avant cette réalité. Nous
avons besoin d’une politique de coopération commune pour lutter contre ce
phénomène. Il ne s’agit pas d’essayer de trouver des coupables et de fuir la
responsabilité, mais nous sommes tous appelés à travailler de manière coordonnée
et conjointe. […]

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LETTRE DU PAPE FRANÇOIS A SON EXCELLENCE MADAME ANGELA MERKEL, CHANCELIÈRE DE LA RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE D’ALLEMAGNE, À L’OCCASION DU SOMMET DU G20 À HAMBOURG

[…] Je voudrais tout d’abord exprimer à vous et aux dirigeants qui se réuniront à
Hambourg sur mon appréciation pour les efforts déployés pour assurer la
gouvernabilité et la stabilité de l’économie mondiale, avec une attention particulière
aux marchés financiers, le commerce, les questions fiscales et, plus généralement,
à une croissance économique mondiale inclusive et durable (voir. Appuyez sur le
G20 Hangzhou 5 Septembre 2016). Ces efforts, comme pas moins que le
programme de travail du sommet, sont inséparables de l’attention portée aux
conflits en cours et le problème mondial de la migration. […]
Le temps est supérieur à l’espace. La gravité, la complexité et l’interconnexion des
problèmes mondiaux sont telles qu’il n’y a pas de solutions immédiates et
totalement satisfaisantes. Malheureusement, le drame de la migration, inséparable
de la pauvreté et exacerbé par les guerres, en est la preuve. E « peut au lieu de
mettre en œuvre des processus qui sont capables d’offrir le plomb progressif et
non-traumatique et, dans des solutions de temps relativement court, à une liberté
de mouvement et la stabilité des personnes qui sont bénéfiques à tous. Cependant,
cette tension entre l’espace et le temps, entre la limite et la réalisation, exige un
mouvement exactement contraire à la conscience des dirigeants et des puissants.
Une solution efficace, nécessairement étendue dans le temps, ne sera possible que
si l’objectif final du processus est clairement présent dans sa planification. Dans les
cœurs et les esprits des dirigeants dans chacune des phases de mise en œuvre des
mesures de politique n’est pas nécessaire de donner la priorité aux pauvres, les
réfugiés, les souffrances, les personnes déplacées et exclues, quelle que soit la
nation, la race, la religion ou culture et de rejeter les conflits armés. […]