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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

[…] C’est ce que confirme un autre texte du Livre de l’Exode, appelé «code de
l’Alliance», où l’on dit que l’on ne peut être dans l’Alliance avec le Seigneur et
maltraiter ceux qui bénéficient de sa protection. Et qui sont ceux qui bénéficient de

sa protection? La Bible dit: la veuve, l’orphelin, et l’étranger, le migrant, c’est-à-
dire les personnes les plus seules et sans défense (cf. Ex 22, 20-21). En répondant

aux pharisiens qui l’avaient interrogé, Jésus cherche aussi à les aider à mettre de
l’ordre dans leur religiosité, à rétablir ce qui compte vraiment et ce qui est moins
important. Jésus dit: «A ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi
que les Prophètes» (Mt 22, 40). Ce sont les plus importants et les autres dépendent
de ces deux-là. Et Jésus a vécu précisément sa vie ainsi: en prêchant et en faisant
ce qui compte vraiment et qui est essentiel, c’est-à-dire l’amour. L’amour donne
élan et fécondité à la vie et au chemin de foi: sans l’amour, la vie comme la foi
restent stériles. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE « (RE)THINKING EUROPE », ORGANISÉE PAR LA COMMISSION DES ÉPISCOPATS DE LA COMMUNAUTÉ EUROPÉENNE (COMECE) EN COLLABORATION AVEC LA SECRÉTAIRERIE D’ÉTAT

[…] La première, et peut-être la plus grande contribution que les chrétiens puissent
offrir à l’Europe d’aujourd’hui, c’est de lui rappeler qu’elle n’est pas un ensemble de
nombres ou d’institutions, mais qu’elle est faite de personnes. Malheureusement,
on remarque comment souvent tout débat se réduit facilement à une discussion de
chiffres. Il n’y a pas les citoyens, il y a les suffrages. Il n’y a pas les migrants, il y a
les quotas. Il n’y a pas les travailleurs, il y a les indicateurs économiques. Il n’y a
pas les pauvres, il y a les seuils de pauvreté. Le caractère concret de la personne
humaine est ainsi réduit à un principe abstrait, plus commode et plus apaisant. On
en saisit la raison : les personnes ont des visages, elles nous obligent à une
responsabilité réelle, active ‘‘personnelle’’ ; les chiffres nous occupent avec des
raisonnements, certes utiles et importants, mais ils resteront toujours sans âme. Ils
nous offrent l’alibi d’un désengagement, parce qu’ils ne nous touchent jamais dans
la chair. […]
Un domaine inclusif
L’une des responsabilités communes des dirigeants, c’est de favoriser une Europe
qui soit une communauté inclusive, affranchie d’une mauvaise compréhension de
fond : inclusion n’est pas synonyme d’aplatissement indifférencié. Au contraire, on
est authentiquement inclusif lorsqu’on sait valoriser les différences, en les
assumant comme patrimoine commun et enrichissant. Dans cette perspective, les
migrants sont une ressource plus qu’un poids. Les chrétiens sont appelés à méditer
sérieusement l’affirmation de Jésus : « J’étais un étranger, et vous m’avez accueilli
» (Mt 25, 35). Surtout devant le drame des déplacés et des réfugiés, on ne peut
pas oublier le fait qu’on est devant des personnes, qui ne peuvent pas être choisies
ou rejetées selon le bon vouloir, suivant les logiques politiques, économiques, voire
religieuses.
Cependant, cela n’est pas en opposition avec le droit de chaque autorité de
gouvernement de gérer la question migratoire « avec la vertu propre au
gouvernement, c’est-à-dire la prudence » (Conférence de presse sur le vol de
retour de la Colombie, 10 septembre 2017, L’Osservatore Romano, éd. en langue
française, n. 38, jeudi 21 septembre 2017, p. 13), qui doit tenir compte aussi bien
de la nécessité d’avoir un cœur ouvert que de la possibilité d’intégrer pleinement,
au niveau social, économique et politique, ceux qui arrivent dans le pays. On ne
peut pas penser que le phénomène migratoire soit un processus sans discernement
et sans règles, mais on ne peut pas non plus ériger des murs d’indifférence ou de
peur. De leur côté, les migrants eux-mêmes ne doivent pas négliger le devoir grave

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de connaître, de respecter et d’assimiler aussi la culture ainsi que les traditions de
la nation qui les accueille. […]

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JOURNÉE MONDIALE DE L’ALIMENTATION DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

[…] 1. La célébration de cette journée mondiale de l’alimentation nous voit ici
réunis pour rappeler le 16 octobre 1945, quand les gouvernements, décidés à
éliminer la faim grâce au développement du secteur agricole, instituèrent la FAO.
C’était une période de grave insécurité alimentaire et de grands déplacements de
population, avec des millions de personnes à la recherche de lieux où pouvoir
survivre à la misère et aux adversités causées par la guerre. […]
Comment peut-on surmonter les conflits? Le droit international nous indique les
moyens pour les prévenir ou les résoudre rapidement, évitant qu’ils se prolongent
et produisent des famines et la destruction du tissu social. Pensons aux populations
martyrisées par des guerres qui durent désormais depuis des décennies et qui
pouvaient être évitées ou tout au moins arrêtées, et qui, au contraire, propagent
leurs effets désastreux, dont l’insécurité alimentaire et le déplacement forcé de
personnes. La bonne volonté et le dialogue sont nécessaires pour freiner les conflits
et il faut s’engager à fond pour un désarmement graduel et systématique, prévu
par la Charte des Nations unies, ainsi que pour remédier à la plaie funeste du trafic
des armes. A quoi sert-il de dénoncer que des millions de personnes sont victimes
de la faim et de la malnutrition à cause des conflits si l’on ne s’emploie pas
efficacement pour la paix et le désarmement? […]
Permettez-moi ici de me relier au débat sur la vulnérabilité qui, au niveau
international, divise lorsque l’on parle des migrants. Vulnérable est celui qui est en
situation d’infériorité et qui ne peut se défendre, qui n’a pas les moyens, et qui vit
donc une exclusion. Et cela parce qu’il est contraint par la violence, par des
situations naturelles ou, pire encore, par l’indifférence, par l’intolérance et même
par la haine. Devant cette situation, il est juste d’identifier les causes pour agir avec
la compétence nécessaire. Mais il n’est pas acceptable que, pour éviter de
s’engager, on se retranche derrière des sophismes linguistiques qui ne font pas
honneur à la diplomatie, mais la réduisent, d’un «art du possible» à un exercice
stérile pour justifier les égoïsmes et l’inactivité.[…]
4. Prêtons attention au cri de tant de nos frères marginalisés et exclus: «J’ai faim,
je suis étranger, nu, malade, enfermé dans un camp de réfugiés». C’est une
question de justice, non une supplique ou un appel d’urgence. Un dialogue ample et
sincère est nécessaire à tous les niveaux pour qu’apparaissent les meilleures
solutions et que mûrisse une nouvelle relation entre les différents acteurs de la
scène internationale, faite de responsabilité réciproque, de solidarité et de
communion.
Le joug de la misère, engendré par les déplacements souvent tragiques des
migrants, peut être ôté grâce à une prévention faite de projets de développement
qui créent du travail et une capacité de réponse aux crises climatiques et

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environnementales. La prévention coûte bien moins que les effets provoqués par la
dégradation des terrains ou par la pollution des eaux, des effets qui frappent les
zones névralgiques de la planète où la pauvreté est la seule loi, les maladies sont
en augmentation et l’espérance de vie diminue. […]

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LETTRE DU PAPE FRANÇOIS AUX ÉVÊQUES DE L’INDE

[…] 5. Il y a cinq décennies, lorsque l’Eglise syro-malabare s’est étendue à certains
territoires de l’Inde centrale et du nord avec les «éparchies missionnaires», les
évêques latins étaient généralement convaincus qu’il ne devait y avoir qu’une
juridiction, c’est-à-dire un évêque dans un territoire déterminé. Ces éparchies
démembrées à partir de diocèses latins ont aujourd’hui une juridiction exclusive sur
ces territoires, à la fois sur les fidèles latins et syro-malabars. Cependant, grâce à
l’expérience de ces dernières décennies qui s’est développée tant dans les
territoires traditionnels des Eglises orientales, que dans le vaste monde de ce que
l’on appelle la diaspora, où ces fidèles sont établis depuis longtemps, l’expérience
d’une coopération fructueuse et harmonieuse entre les évêques catholiques de
différentes Eglises sui iuris sur le même territoire manifeste non seulement une
justification ecclésiologique, mais également une utilité pastorale de cette solution.
Dans un monde où un grand nombre de chrétiens sont contraints d’émigrer, les
juridictions superposées sont devenues désormais habituelles et se révèlent être
toujours plus un instrument efficace pour assurer le soin pastoral des fidèles dans le
plein respect de leurs traditions ecclésiales.[…]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS « CHILD DIGNITY IN THE DIGITAL WORLD »

[…] Nous devons avoir les yeux ouverts et ne pas nous cacher une vérité qui est
désagréable et que nous voudrions ne pas voir. D’ailleurs, n’avons-nous peut-être
pas assez compris, ces dernières années, que cacher la réalité des abus sexuels est
une très grave erreur et une source de nombreux maux ? Alors, regardons la
réalité, comme vous l’avez regardée ces jours-ci. Des phénomènes très graves
déferlent sur le réseau : la diffusion d’images pornographiques toujours plus
extrêmes, parce que, en raison de l’accoutumance, le seuil de stimulation s’élève ;
le phénomène croissant de sexting entre les jeunes gens et les jeunes filles qui
utilisent les réseaux sociaux ; le harcèlement qui s’exprime toujours plus en ligne et
qui est une véritable violence morale et physique contre la dignité des autres
jeunes ; la sextortion ; le racolage à but sexuel des mineurs à travers le réseau qui
est désormais un fait dont la presse parle continuellement ; pour en arriver
jusqu’aux crimes les plus graves et épouvantables des organisations en ligne du
trafic des personnes, de la prostitution, voire de la commande et de la vision en
direct de viols et de violences sur mineurs commis ailleurs dans le monde. Le
réseau a donc son côté obscur et des zones obscures (le dark net) où le mal trouve
des moyens toujours nouveaux et plus efficaces, envahissants et capillaires pour
agir et s’étendre. La vieille diffusion de la pornographie par la presse était un
phénomène de faible dimension par rapport à ce qui est en train de se passer
aujourd’hui dans une mesure rapidement croissante à travers le réseau. De tout
cela, vous avez parlé avec clarté, de manière documentée et approfondie, et nous
vous en sommes reconnaissants.
Nous restons certainement horrifiés devant tout cela. Mais malheureusement nous
restons aussi désorientés. Comme vous le savez bien, et comme vous nous
l’enseignez, la caractéristique du réseau est sa nature globale, qui couvre la planète
dépassant toute frontière, devenant toujours plus capillaire, rejoignant partout
toutes sortes d’utilisateurs, même les enfants, grâce à des dispositifs mobiles
toujours plus souples et maniables. Pour cette raison, aujourd’hui, personne au
monde, aucune autorité nationale seule ne se sent capable d’embrasser
adéquatement et de contrôler les dimensions et le développement de ces
phénomènes qui s’entrecroisent et s’unissent à d’autres problèmes dramatiques liés
au réseau, comme les trafics illicites, la criminalité économique et financière, le
terrorisme international. Du point de vue éducatif également nous nous sentons
désorientés, parce que la rapidité du développement met “hors-jeu” les générations
les plus âgées, rendent très difficile ou quasi impossible le dialogue entre les
générations et la transmission équilibrée des normes et de la sagesse de vie
acquise grâce à l’expérience des années.
Mais nous ne devons pas nous laisser dominer par la peur qui est toujours
mauvaise conseillère. Et moins encore nous laisser paralyser par le sentiment
d’impuissance qui nous oppresse face à la difficulté de la tâche. Nous sommes au

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contraire appelés à nous mobiliser ensemble, sachant que nous avons besoin les
uns des autres pour chercher et trouver les voies et les attitudes correctes afin de
donner des réponses efficaces. Nous devons avoir confiance qu’ « il est possible
d’élargir de nouveau le regard, et la liberté humaine est capable de limiter la
technique, de l’orienter, comme de la mettre au service d’un autre type de progrès,
plus sain, plus humain, plus social, plus intégral » (Enc. Laudato si’, n. 112).
Pour que cette mobilisation soit efficace, je vous invite à contrer fermement
certaines erreurs possibles de perspective. Je me limite à en indiquer trois.
La première est de sous-évaluer le dommage qui est fait aux mineurs par les
phénomènes rappelés précédemment. La difficulté pour les endiguer peut nous
conduire à la tentation de dire : « dans le fond la situation n’est peut-être pas si
grave… ». Mais les progrès de la neurobiologie, de la psychologie, de la psychiatrie,
conduisent au contraire à faire ressortir l’impact profond des images violentes et
sexuelles sur les esprits malléables des enfants, à reconnaître les perturbations
psychologiques qui se manifestent lors de la croissance dans les situations et les
comportements de dépendance, de vrai esclavage consécutifs à l’abus de
consommation d’images provoquantes ou violentes. Ce sont des perturbations qui
pèseront lourdement sur les enfants d’aujourd’hui toute leur vie durant.
Et qu’il me soit permis ici de faire une observation. On insiste avec raison sur la
gravité de ces problèmes pour les mineurs, mais il est possible, par contrecoup, de
sous évaluer ou de chercher à faire oublier qu’existent aussi des problèmes chez les
adultes. Et la limite de la distinction entre l’âge adulte et l’âge de la minorité est
nécessaire pour les normes juridiques ; mais ceci n’est pas suffisant pour affronter
les défis, car la diffusion de la pornographie toujours plus extrême et des autres
utilisations impropres du réseau cause non seulement des troubles, des
dépendances, et de graves dommages également chez les adultes, et marque aussi
effectivement l’imaginaire concernant l’amour et les relations entre les sexes. Et ce
serait une grave illusion de penser qu’une société dans laquelle la consommation
anormale de sexe sur le réseau se répand parmi les adultes soit ensuite capable de
protéger efficacement les mineurs.
La seconde erreur est de penser que les solutions techniques automatiques, les
filtres construits sur la base d’algorithmes toujours plus précis pour identifier et
bloquer la diffusion des images abusives et nuisibles soient suffisants pour faire
face aux problèmes. Il s’agit certainement de mesures nécessaires. Certainement
les entreprises qui mettent à disposition de millions de personnes des réseaux
sociaux et des instruments informatiques toujours plus puissants, capillaires et
rapides, doivent y investir une part en proportion conséquente de leurs gains
considérables. Mais il est aussi nécessaire que, à l’intérieur même de la dynamique
du développement technique, la force de l’exigence éthique soit sentie par ses
acteurs et protagonistes de manière beaucoup plus urgente, dans toute son
ampleur et dans ses diverses implications.
Et ici nous dévons prendre en considération la troisième erreur possible de
perspective qui consiste dans la vision idéologique et mythique du réseau comme
règne de la liberté sans limites. Se trouvent justement aussi parmi vous des
représentants de ceux qui doivent faire les lois et de ceux qui doivent les faire
observer pour la garantie et la sauvegarde du bien commun et de chaque personne.
Le réseau a ouvert un espace nouveau et très large de libre expression et
d’échange d’idées et d’informations. C’est certainement un bien, mais, comme nous

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le voyons, il a aussi offert des instruments nouveaux pour des activités illicites
horribles et, dans le domaine qui nous occupe, pour l’abus et l’offense à la dignité
des mineurs, pour la corruption de leur esprit et la violence sur leur corps. Il ne
s’agit pas ici d’un exercice de liberté mais de crimes contre lesquels il faut lutter
avec intelligence et détermination, en élargissant la collaboration entre les
gouvernements et les forces de l’ordre au niveau global, de même que le réseau est
devenu global.
De tout cela vous avez discuté entre vous et, dans la “Déclaration” que vous venez
de me présenter, vous avez indiqué plusieurs directions où il faut encourager la
collaboration concrète entre tous les acteurs appelés à s’engager pour faire face au
grand défi de la défense de la dignité des mineurs dans le monde numérique.
J’appuie avec grande résolution et avec élan les engagements que vous prenez.
Il s’agit de réveiller la conscience de la gravité des problèmes, de faire des lois
adéquates, de contrôler les développements de la technologie, d’identifier les
victimes et de poursuivre les coupables de crimes, d’assister les mineurs touchés
pour les réhabiliter, d’aider les éducateurs et les familles à assurer leur service,
d’être créatifs dans l’éducation des jeunes à un usage adéquat d’internet – qu’il soit
sain pour eux-mêmes et pour les autres mineurs -, de développer la sensibilité et
la formation morale, de continuer la recherche scientifique dans tous les domaines
liés à ce défi.
Vous exprimez avec raison le vœu que les leaders religieux également et les
communautés de croyants participent à cet effort commun, en mettant en jeu toute
leur expérience, leur autorité et leur capacité éducative et de formation morale et
spirituelle. En effet, seule la lumière et la force qui viennent de Dieu peuvent nous
permettre d’affronter les nouveaux défis. En ce qui concerne l’Eglise catholique, je
veux assurer de sa disponibilité et de son engagement. Comme nous le savons
tous, l’Eglise catholique, ces dernières années, est devenue toujours plus
consciente de ne pas avoir pourvu suffisamment en son sein à la protection des
mineurs : des faits très graves sont venus au jour dont nous avons dû reconnaître
les responsabilités devant Dieu, les victimes et l’opinion publique. C’est en raison,
justement, des dramatiques expériences qui ont été faites et des compétences
acquises dans l’engagement de conversion et de purification que l’Eglise sent
aujourd’hui le devoir particulièrement grave d’œuvrer de manière toujours plus
profonde et clairvoyante pour la protection des mineurs et de leur dignité, non
seulement en son sein mais dans toute la société et dans le monde entier ; et ce,
pas toute seule – parce que, c’est, à l’évidence, insuffisant – mais en offrant sa
collaboration active et cordiale à toutes les forces et à toutes les composantes de la
société qui veulent s’engager dans la même direction. En ce sens, elle adhère à
l’objectif de « mettre un terme à la maltraitance, à l’exploitation et à la traite, et à
toutes les formes de violence et de torture dont sont victimes les enfants » énoncé
par les Nations Unies dans l’Agenda pour le développement durable 2030 (Objectif
16.2). […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DU SYNODE DE L’ÉGLISE CHALDÉENNE

[…] Je vous accueille avec joie en ces jours où vous êtes réunis en synode, alors
que vous vous préparez à affronter des questions d’importance primordiale pour
l’Eglise chaldéenne, parmi lesquelles les migrations forcées des chrétiens, la
reconstruction des villages, le retour des personnes déplacées, le droit particulier de
l’Eglise, la question liturgique et la pastorale des vocations. Je remercie Sa
Béatitude, le patriarche Louis Raphaël, pour le salut qu’il m’a adressé également en
votre nom. Je saisis cette occasion pour saluer, à travers vous, les fidèles de la
bien- aimée terre irakienne, durement éprouvés, en partageant l’espérance des
récentes nouvelles qui parlent d’une reprise de la vie et de l’activité dans des
régions et des villes jusqu’à présent soumises à une oppression douloureuse et
violente. Puisse la miséricorde de Dieu soulager les blessures de la guerre qui
affligent le cœur de vos communautés, afin qu’elles puissent finalement se
redresser. […]

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VISITE AU « HUB » RÉGIONAL DE VIA ENRICO MATTEI : RENCONTRE AVEC LES MIGRANTS ET LE PERSONNEL QUI OFFRE LE SERVICE D’ASSISTANCE PAROLES DU SAINT-PÈRE

Chers frères et sœurs,
Je vous salue tous cordialement et je veux vous assurer de ma proximité. J’ai voulu
que ma première rencontre avec Bologne ait lieu précisément ici. C’est le «port»
d’arrivée de ceux qui viennent de plus loin et avec des sacrifices que parfois, vous
ne parvenez pas même à raconter.
Beaucoup ne vous connaissent pas et ont peur. Cela les fait se sentir en droit de
juger et de pouvoir le faire avec dureté et froideur en croyant bien voir. Mais il n’en
est pas ainsi. On ne voit bien qu’avec la proximité que donne la miséricorde. Sans
elle, l’autre reste un étranger, et même un ennemi, et il ne peut pas devenir mon
prochain. De loin, nous pouvons dire et penser n’importe quoi, comme cela arrive
facilement quand on écrit des phrases terribles et des insultes sur internet. Si nous
regardons notre prochain sans miséricorde, nous ne nous rendons pas compte de
sa souffrance, de ses problèmes. Et si nous regardons notre prochain sans
miséricorde, nous risquons que Dieu nous regarde lui aussi sans miséricorde.
Aujourd’hui, je vois uniquement beaucoup de volonté d’amitié et d’aide. Je voudrais
remercier les institutions et tous les volontaires pour leur attention et leur
engagement à prendre soin de vous tous qui êtes accueillis ici. Je vois en vous,
comme en tout étranger qui frappe à notre porte, Jésus Christ, qui s’identifie avec
l’étranger, de toute époque et condition, accueilli ou refusé (cf. Mt 25, 35.43).
Le phénomène exige une vision et une grande détermination dans la gestion, une
intelligence et des structures, des mécanismes clairs qui ne permettent pas de
distorsions ou d’exploitation, encore plus inacceptables parce que commises sur des
pauvres. Je crois qu’il est véritablement nécessaire qu’un plus grand nombre de
pays adoptent des programmes de soutien à l’accueil privé et communautaire et
ouvrent des couloirs humanitaires pour les réfugiés en situations de grandes
difficultés, pour éviter des attentes insupportables et des temps perdus qui peuvent
donner de fausses illusions. L’intégration commence avec la connaissance. Le
contact avec l’autre conduit à découvrir le «secret» que chacun porte en soi et
également le don qu’il représente, à s’ouvrir à lui pour en accueillir les aspects
valables, en apprenant ainsi à l’aimer et en vainquant la peur, à l’aider à s’insérer
dans la nouvelle communauté qui l’accueille. Chacun de vous a son histoire, me
disait la dame qui m’accompagnait. Et cette histoire est quelque chose de sacré,
nous devons la respecter, l’accepter, l’accueillir et aider à aller de l’avant. Certains
de vous sont mineurs: ces garçons et filles ont un besoin particulier de tendresse et
ont droit à la protection, qui prévoit des programmes de garde temporaire ou de
familles d’accueil.

352
Je viens parmi vous parce que je veux porter dans mes yeux, vos yeux — j’ai
regardé vos yeux —, votre cœur dans le mien. Je veux porter avec moi vos visages
qui demandent d’être rappelés, aidés, je dirais «adoptés», parce qu’au fond vous
cherchez quelqu’un qui parie sur vous, qui vous donne confiance, qui vous aide à
trouver cet avenir dont l’espérance vous a fait arriver jusqu’ici.
Savez-vous ce que vous êtes? Vous êtes des «lutteurs d’espérance»! Certains ne
sont pas arrivés parce qu’ils ont été engloutis par le désert ou par la mer. Les
hommes ne s’en souviennent pas, mais Dieu connaît leurs noms et les accueille
près de lui. Marquons un temps de silence en les rappelant et en priant pour eux.
[silence] A vous, lutteurs d’espérance, je souhaite que l’espérance ne devienne pas
déception ou, pire, désespoir, grâce aux nombreuses personnes qui vous aident à
ne pas la perdre. Dans mon cœur je veux porter votre peur, vos difficultés, vos
risques, l’incertitude… il y a beaucoup de pancartes qui disent «aide-nous à avoir
des papiers»; les personnes que vous aimez, qui vont sont chères et pour
lesquelles vous vous êtes mis à chercher un avenir. Vous porter dans les yeux et
dans le cœur, nous aidera à travailler davantage pour une ville accueillante et
capable de créer des opportunités pour tous. Pour cela, je vous exhorte à être
ouverts à la culture de cette ville, prêts à marcher sur la voie indiquée par les lois
de ce pays.
L’Eglise est une mère qui ne fait pas de distinction et qui aime tout homme comme
enfant de Dieu, son image. Bologne est une ville connue depuis toujours pour son
accueil. Celui-ci s’est renouvelé avec de nombreuses expériences de solidarité,
d’hospitalité dans des paroisses et des réalités religieuses, mais aussi dans de
nombreuses familles et dans les diverses associations sociales. Certains ont trouvé
un nouveau frère à aider ou un enfant à faire grandir. Et d’autres ont trouvé des
nouveaux parents qui désirent avec lui un avenir meilleur. Comme je voudrais que
ces expériences, possibles pour tous, se multiplient! Que la ville n’ait pas peur de
donner les cinq pains et les deux poissons: la Providence interviendra et tous seront
rassasiés.
Bologne a été la première ville en Europe, il y a 760 ans, à libérer les esclaves de
l’esclavage. Il y en avait exactement 5.855. Vraiment beaucoup. Et pourtant
Bologne n’a pas eu peur. Ils ont été rachetés par la municipalité, c’est-à-dire par la
ville. Peut-être le firent-ils aussi pour des raisons économiques, car la liberté aide
tout le monde et convient à tous. Ils n’ont pas eu peur d’accueillir ceux qui étaient
alors considérés comme des «non-personnes» et de les reconnaître comme des
êtres humains. Ils écrivirent dans un livre les noms de chacun d’eux! Comme je
voudrais que vos noms aussi soient écrits et rappelés pour trouver ensemble,
comme cela eut lieu alors, un avenir commun.
Je vous remercie et vous bénis de tout cœur. Et s’il vous plaît, priez pour moi.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DE L’ASSOCIATION NATIONALE DES COMMUNES ITALIENNES (ANCI)

[…]Car la ville est un organisme vivant, un grand corps animé dans lequel, si une
partie respire avec difficulté, c’est aussi parce qu’elle ne reçoit pas suffisamment
d’oxygène des autres. Je pense aux situations dans lesquelles font défaut la
disponibilité et la qualité des services, et où se forment de nouvelles poches de
pauvreté et d’exclusion. C’est dans ce cas que la ville avance à deux vitesses: d’un
côté, l’autoroute de ceux qui peuvent avancer vite en ayant toujours de très
nombreuses garanties; de l’autre, les routes étroites des pauvres et des chômeurs,
des familles nombreuses, des immigrés et de ceux qui n’ont personne sur qui
compter.[…]
Pour agir dans cette perspective, nous avons besoin d’une politique et d’une
économie à nouveau axées sur l’éthique: une éthique de la responsabilité, des
relations, de la communauté et de l’environnement. Nous avons également besoin
d’un «nous» authentique, de formes de citoyenneté solides et durables. Nous avons
besoin d’une politique de l’accueil et de l’intégration, qui ne marginalise pas celui
qui arrive sur notre territoire, mais qui s’efforce de mettre à profit les ressources
dont chacun est porteur.
Je comprends le malaise de beaucoup de vos concitoyens face à l’arrivée massive
de migrants et de réfugiés. Celui-ci trouve une explication dans la crainte innée à
l’égard de l’«étranger», une crainte aggravée par les blessures dues à la crise
économique, par le manque de préparation des communautés locales, par
l’inadéquation de nombreuses mesures prises dans un climat d’urgence. Ce malaise
peut être surmonté à travers l’offre d’espaces de rencontre personnelle et de
connaissance réciproque. C’est alors que sont les bienvenues toutes les initiatives
qui promeuvent la culture de la rencontre, l’échange réciproque de richesses
artistiques et culturelles, la connaissance des lieux des communautés d’origine des
nouveaux arrivants. […]

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PAPE FRANÇOIS AUDIENCE GÉNÉRALE

[…] Un poète français — Charles Péguy — nous a laissé des pages magnifiques sur
l’espérance (cf. Le porche du mystère de la deuxième vertu). Il dit de façon
poétique que Dieu ne s’étonne pas tant de la foi des êtres humains, ni de leur
charité; mais ce qui le remplit véritablement d’émerveillement et d’émotion est
l’espérance des gens: «Que ces pauvres enfants — écrit-il — voient comme tout ça
se passe et qu’ils croient que demain ça ira mieux». L’image du poète rappelle les
visages de tant de gens qui sont passés dans ce monde — paysans, ouvriers
pauvres, migrants à la recherche d’un avenir meilleur — qui ont lutté de façon
tenace malgré l’amertume d’un aujourd’hui difficile, rempli de tant d’épreuves, mais
animé par la confiance que leurs enfants auraient eu une vie plus juste et plus
sereine. Ils luttaient pour leurs enfants, ils luttaient dans l’espérance.
L’espérance est la poussée du cœur de celui qui part en quittant sa maison, sa
terre, parfois sa famille et ses parents — je pense aux migrants —, pour chercher
une vie meilleure, plus digne pour eux et pour leurs proches. Et c’est aussi la
poussée dans le cœur de celui qui accueille: le désir de se rencontrer, de se
connaître, de dialoguer… L’espérance est la poussée à «partager le voyage», parce
que le voyage se fait à deux; ceux qui viennent sur notre terre, et nous qui allons
vers leur cœur, pour les comprendre, pour comprendre leur culture, leur langue.
C’est un voyage à deux, mais sans espérance, ce voyage ne peut pas se faire.
L’espérance est la poussée à partager le voyage de la vie, comme nous le rappelle
la campagne de la Caritas que nous inaugurons aujourd’hui. Mes frères, n’ayons
pas peur de partager le voyage! N’ayons pas peur! N’ayons pas peur de partager
l’espérance![…]
J’ai le plaisir d’accueillir les représentants de Caritas, réunis ici pour lancer
officiellement la campagne « Partageons le voyage » – jolies noms de votre
campagne: partagez le voyage – que je voulais faire correspondre à cette audition.
Je salue les migrants, les demandeurs d’asile et les réfugiés qui, avec les
opérateurs de la Caritas italienne et d’autres organisations catholiques, sont le
signe d’une Église qui cherche à être ouverte, inclusive et accueillante. Merci à tous
pour votre service infatigable. Vous avez déjà fait les applaudissements, mais ils
méritent tous d’être applaudis, tout le monde!
Avec votre engagement quotidien, vous nous rappelez que le Christ lui-même nous
demande d’accueillir nos frères et soeurs migrants et nos réfugiés avec les bras
grands ouverts. Accueillant comme ça, avec les bras grands ouverts. Quand les
bras sont ouverts, ils sont prêts pour une étreinte sincère, une étreinte
chaleureuse, un câlin embrassant, un peu comme cette colonnade sur la Piazza, qui
représente l’Église mère qui embrasse tout le monde dans le même voyage.

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Je salue également les représentants de nombreuses organisations de la société
civile impliquées dans l’assistance aux migrants et aux réfugiés qui, avec Caritas,
ont apporté leur soutien à la collecte de signatures pour une nouvelle loi sur
l’immigration plus adaptée au contexte actuel. Vous êtes tous les bienvenus.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX DIRECTEURS NATIONAUX DE LA PASTORALE DES MIGRANTS, PARTICIPANT À LA RENCONTRE ORGANISÉE PAR LE CONSEIL DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES EUROPÉENNES (CCEE)

Chers frères et sœurs,

Je vous accueille avec joie à l’occasion de votre rencontre et je remercie le cardinal-
président pour les paroles qu’il m’a adressées en votre nom à tous. Je veux vous

remercier de tout cœur pour votre engagement, ces dernières années, en faveur de
nos nombreux frères et sœurs migrants et réfugiés qui frappent aux portes de
l’Europe à la recherche d’un lieu plus sûr et d’une vie plus digne.
Face aux flux migratoires massifs, complexes et variés, qui ont remis en question
les politiques migratoires adoptées jusqu’à présent et les instruments de protection
sanctionnés par des conventions internationales, l’Eglise entend demeurer fidèle à
sa mission: celle d’«aimer Jésus Christ, de l’adorer et de l’aimer, particulièrement
dans les plus pauvres et abandonnés; au nombre de ceux-ci figurent certainement
les migrants et les réfugiés» (Message pour la journée mondiale du migrant et du
réfugié 2015: Insegnamenti II, 2 [2014], 200).
L’amour maternel de l’Eglise envers nos frères et sœurs exige de se manifester de
façon concrète à toutes les étapes de l’expérience migratoire, du départ au voyage,
de l’arrivée au retour, de sorte que toutes les réalités ecclésiales locales situées le
long du trajet soient protagonistes de l’unique mission, chacune selon ses
possibilités. Reconnaître et servir le Seigneur dans ces membres de son «peuple en
chemin» est une responsabilité commune à toutes les Eglises particulières dans
l’accomplissement d’un engagement constant, coordonné et efficace.
Chers frères et sœurs, je ne vous cache pas ma préoccupation devant les signes
d’intolérance, de discrimination et de xénophobie que l’on constate dans diverses
régions d’Europe. Ceux-ci sont souvent motivés par la méfiance et par la crainte à
l’égard de l’autre, celui qui est différent, l’étranger. Je suis encore plus préoccupé
par la triste constatation que nos communautés catholiques en Europe ne sont pas
exemptes de ces réactions de défense et de rejet, justifiées par un vague «devoir
moral» de conserver leur identité culturelle et religieuse d’origine. L’Eglise s’est
diffusée sur tous les continents grâce à la «migration» de missionnaires qui étaient
convaincus de l’universalité du message de salut de Jésus Christ, destiné aux
hommes et aux femmes de toute culture. Dans l’histoire de l’Eglise, les tentations
d’exclusivisme et de retranchement culturel n’ont pas manqué, mais l’Esprit Saint
nous a toujours aidés à les surmonter, garantissant une ouverture constante vers
l’autre, considérée comme une possibilité concrète de croissance et
d’enrichissement.

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L’Esprit, j’en suis certain, nous aide aujourd’hui également, à conserver une
attitude d’ouverture confiante qui permet de dépasser toutes les barrières, de
franchir tous les murs.
Dans mon écoute constante des Eglises particulières en Europe, j’ai perçu un
profond malaise face à l’arrivée massive de migrants et de réfugiés. Un tel malaise
doit être reconnu et compris à la lumière d’un moment historique marqué par la
crise économique, qui a laissé des blessures profondes. En outre, ce malaise a été
aggravé par la portée et par la composition des flux migratoires, par un manque de
préparation important des sociétés d’accueil et par des politiques nationales et
communautaires souvent inadaptées. Mais le malaise est également révélateur des
limites des processus d’unification européenne, des obstacles auxquels doit se
confronter l’application concrète de l’universalité des droits humains, des murs
contre lesquels se heurte l’humanisme intégral qui constitue l’un des fruits les plus
beaux de la civilisation européenne. Et pour les chrétiens, il faut interpréter tout
cela, au-delà de l’immanentisme laïc, dans la logique du caractère central de la
personne humaine que Dieu a créée unique et irremplaçable.
Dans une perspective purement ecclésiologique, l’arrivée de tant de frères et sœurs
dans la foi offre aux Eglises en Europe une opportunité supplémentaire de réaliser
pleinement leur catholicité, élément constitutif de l’Eglise que nous confessons tous
les dimanches dans le Credo. Du reste, ces dernières années, beaucoup d’Eglises
particulières en Europe ont été enrichies par la présence de migrants catholiques
qui ont apporté leurs dévotions et leur enthousiasme liturgique et apostolique.
Dans une perspective purement missiologique, les flux migratoires contemporains
constituent une nouvelle «frontière» missionnaire, une occasion privilégiée
d’annoncer Jésus Christ et son Evangile sans quitter son propre milieu, de
témoigner de façon concrète de la foi chrétienne dans la charité et dans un profond
respect des autres expressions religieuses. La rencontre avec les migrants et les
réfugiés d’autres confessions et religions est un terrain fécond pour le
développement d’un dialogue œcuménique et interreligieux sincère et enrichissant.
Dans mon message pour la journée mondiale du migrant et du réfugié de l’année
prochaine, j’ai souligné que la réponse pastorale aux défis migratoires
contemporains doit s’articuler autour de quatre verbes: accueillir, protéger,
promouvoir et intégrer. Le verbe accueillir se traduit ensuite en d’autres verbes tels
que développer les voies d’entrée légales et sûres, offrir un premier hébergement
adéquat et digne et assurer à tous la sécurité personnelle et l’accès aux services de
base. Le verbe protéger se traduit par le fait d’offrir des informations sûres et
certifiées avant le départ, défendre les droits fondamentaux des migrants et
réfugiés indépendamment de leur statut migratoire et veiller sur les plus
vulnérables, qui sont les enfants, les jeunes garçons et les jeunes filles. Promouvoir
signifie essentiellement garantir les conditions pour le développement humain
intégral de tous, migrants et autochtones. Le verbe intégrer se traduit par le fait
d’ouvrir des espaces de rencontre interculturelle, favoriser l’enrichissement
réciproque et promouvoir des parcours de citoyenneté active.
Dans le même message, j’ai souligné l’importance des accords mondiaux que les
Etats se sont engagés à rédiger et à approuver d’ici la fin 2018. La section migrants
et réfugiés du dicastère pour le service du développement humain intégral a
préparé 20 points d’action que les Eglises locales sont invitées à utiliser, compléter
et approfondir dans leur pastorale: ces points sont fondés sur les «bonnes

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pratiques» qui caractérisent la réponse tangible de l’Eglise aux besoins des
migrants et des réfugiés. Ces mêmes points sont utiles pour le dialogue que les
diverses institutions ecclésiales peuvent avoir avec les gouvernements respectifs en
vue des accords mondiaux. Je vous invite, chers directeurs, à connaître ces points
et à les promouvoir auprès de vos conférences épiscopales.
Les mêmes points d’action forment également un paradigme articulé autour des
quatre verbes déjà mentionnés, paradigme qui pourrait servir de critère d’étude ou
de vérification des pratiques pastorales en place dans les Eglises locales, en vue
d’une mise à jour toujours opportune et enrichissante. Que la communion dans la
réflexion et dans l’action soit votre force parce que, quand on est seul, les obstacles
semblent beaucoup plus grands. Que votre voix soit toujours opportune et
prophétique et surtout, qu’elle soit précédée d’une œuvre cohérente et inspirée par
les principes de la doctrine chrétienne.
En vous renouvelant mes remerciements pour votre engagement important dans le
domaine d’une pastorale migratoire aussi complexe que brûlante d’actualité, je
vous assure de ma prière. Et vous aussi, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour
moi.