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SOLENNITÉ DE SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU LI JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

[…] Comme mère, Marie a une fonction très spéciale: elle se situe entre son Fils Jésus et les hommes dans la réalité de leurs privations, dans la réalité de leur indigence et de leurs souffrances. Marie intercède, comme à Cana, consciente qu’en tant que mère elle peut, ou plutôt elle doit rappeler au Fils les besoins des hommes, en particulier des plus faibles et des plus nécessiteux. C’est à ces personnes qu’est dédié le thème de la journée mondiale de la paix que nous célébrons aujourd’hui: «Les migrants et les réfugiés: des hommes et des femmes en quête de paix», qui est la devise de cette journée. Je désire, encore une fois, être la voix de nos frères et sœurs qui invoquent un horizon de paix pour leur avenir. Pour cette paix, qui est le droit de tous, beaucoup d’entre eux sont prêts à risquer leur vie dans un voyage qui, dans la plupart des cas, est long et dangereux; ils sont disposés à affronter des peines et des souffrances (cf. Message pour la journée mondiale de la paix 2018, n. 1). S’il vous plaît, n’éteignons pas l’espérance dans leurs cœurs; n’étouffons pas leurs attentes de paix! Il est important que de la part de tous, institutions civiles, organismes éducatifs, d’assistance et ecclésiaux, il existe un engagement pour assurer aux réfugiés, aux migrants, à tous, un avenir de paix. Que le Seigneur nous accorde d’œuvrer avec générosité en cette nouvelle année, pour réaliser un monde plus solidaire et plus accueillant. Je vous invite à prier pour cela, tandis qu’avec vous je confie à Marie, Mère de Dieu et notre mère, l’année 2018 à peine commencée. Les vieux moines russes, mystiques, disaient qu’en temps de turbulences spirituelles il fallait se rassembler sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu. En pensant aux nombreuses turbulences d’aujourd’hui, et en particulier aux migrants et aux réfugiés, prions comme ils nous ont enseigné à prier: «Sous ta protection nous cherchons refuge, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières, nous qui sommes dans le besoin, mais libères-nous de tout danger, ô Vierge glorieuse et bénie» […]

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RENCONTRE AVEC LES PRÊTRES, RELIGIEUX, RELIGIEUSES, CONSACRÉS, SÉMINARISTES ET NOVICES

DISCOURS PRÉPARÉ PAR LE SAINT-PÈRE

[…] La compassion du Christ. Le Rosaire nous introduit dans la méditation de la
passion et de la mort de Jésus. En entrant plus profondément dans ces mystères
douloureux, nous parvenons à connaître leur force salvifique et nous sommes
confirmés dans l’appel à en être participants par nos vies, par la compassion et le
don de soi. Le sacerdoce et la vie religieuse ne sont pas des carrières. Ils ne sont
pas des véhicules pour avancer. Ils sont un service, une participation à l’amour du
Christ qui se sacrifie pour son troupeau. En nous configurant chaque jour à Celui
que nous aimons, nous parvenons à apprécier le fait que nos vies ne nous
appartiennent pas. Ce n’est plus nous qui vivons, mais le Christ qui vit en nous (cf.
Ga 2, 20).
Nous incarnons cette compassion quand nous accompagnons les personnes,
spécialement dans leurs moments de souffrance et d’épreuve, en les aidant à
trouver Jésus. Père Franco, merci pour avoir mis cet aspect au premier plan :
chacun de nous est appelé à être un missionnaire, portant l’amour miséricordieux
du Christ à tous, surtout à tous ceux qui se trouvent aux périphéries de nos
sociétés. Je suis particulièrement reconnaissant que beaucoup d’entre vous, de
nombreuses manières, soyez engagés dans les domaines du social, de la santé et
de l’éducation, servant aux besoins de vos communautés locales et des nombreux
migrants et réfugiés qui arrivent dans le pays. Votre service à la plus large
communauté humaine, en particulier à ceux qui se trouvent le plus dans le besoin,
est précieux pour construire une culture de la rencontre et de la solidarité.[…]

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RENCONTRE INTERRELIGIEUSE ET ŒCUMÉNIQUE POUR LA PAIX

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

[…] Un esprit d’ouverture, d’acceptation et de coopération entre les croyants ne
contribue pas simplement à une culture d’harmonie et de paix ; celui-ci est son
cœur battant. Comme notre monde a besoin de ce cœur qui bat avec force, pour
contrer le virus de la corruption politique, les idéologies religieuses destructrices, la
tentation de fermer les yeux face aux besoins des pauvres, des réfugiés, des
minorités persécutées et des plus vulnérables ! Cette ouverture est nécessaire pour
accueillir les personnes de notre monde, spécialement les jeunes, qui parfois se
sentent seuls et déconcertés dans la recherche du sens de la vie !
Chers amis, je vous remercie pour vos efforts à promouvoir la culture de la
rencontre, et je prie pour qu’avec la démonstration de l’engagement commun des
adeptes des religions à discerner le bien et à le mettre en pratique, nous aidions
tous les croyants à grandir dans la sagesse et dans la sainteté, et à coopérer pour
construire un monde toujours plus humain, uni et pacifique.. […]
MOTS DU SAINT-PÈRE FRANCIS
AU GROUPE DES RÉFUGIÉS ROHINGYA

Chers frères et sœurs, nous sommes tous proches de vous. C’est un peu ce que
nous pouvons faire parce que votre tragédie est très grande. Mais nous faisons de
la place dans notre cœur. Au nom de tous ceux qui vous persécutent, de ceux qui
vous ont fait du mal, en particulier pour l’indifférence du monde, je demande
pardon. Le pardon. Beaucoup d’entre vous m’ont parlé du grand cœur du
Bangladesh qui vous a accueilli. Maintenant, je fais appel à votre grand cœur pour
pouvoir nous donner le pardon que nous demandons.
Chers frères et sœurs, le récit judéo-chrétien de la création dit que le Seigneur qui
est Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance. Nous sommes tous
cette image. Aussi ces frères et soeurs. Ils sont aussi une image du Dieu vivant.
Une tradition de vos religions disent que Dieu, tout d’abord, a pris un peu de sel et
le jeta dans l’eau, qui était l’âme de tous les hommes; et chacun de nous apporte
du sel divin. Ces frères et soeurs apportent dans le sel de Dieu.
Chers frères et sœurs, nous montrent que le monde ce qui rend les pratiques du
monde à l’image de Dieu Nous continuons à leur faire du bien, pour les aider. nous
continuons d’agir pour que leurs droits soient reconnus. Nous ne fermons pas les
coeurs, nous ne regardons pas dans l’autre sens. La présence de Dieu, aujourd’hui,
est aussi appelée « Rohingya ». Chacun de nous, donnez notre réponse.

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RENCONTRE AVEC LES ÉVÊQUES DU BANGLADESH

[…] La réalité de la communion a été au cœur du Plan Pastoral et continue
d’inspirer le zèle missionnaire qui caractérise l’Eglise au Bangladesh. Votre conduite
épiscopale elle-même a traditionnellement été marquée par l’esprit de collégialité et
de soutien mutuel. Et ceci est important ! Cet esprit d’affection collégiale est
partagé par vos prêtres et, à travers eux, s’est propagé aux paroisses, aux
communautés et aux formes multiples d’apostolat de vos Eglises locales. Il trouve
son expression dans le sérieux avec lequel, dans vos diocèses, vous vous dévouez
aux visites pastorales et montrez un intérêt concret pour le bien de vos gens. Je
vous demande de persévérer dans ce ministère de présence. Je veux souligner ce
que cela signifie : non seulement se montrer – on peut se montrer au moyen de la
télévision – ; mais une présence comme celle de Dieu en nous, qui s’est fait proche,
qui s’est fait proximité dans l’Incarnation du Verbe, dans le consentement, ce
consentement du Père qui a envoyé le Fils pour qu’il se fasse l’un de nous. Et
j’apprécie la manière dont vous avez forgé cette parole : « ministère de présence ».
L’évêque est quelqu’un qui est présent, qui est près et proche. Toujours. Je répète :
persévérer dans ce ministère de présence qui seul peut nouer des liens de
communion en vous unissant à vos prêtres, qui sont vos frères, fils et
collaborateurs dans la vigne du Seigneur, et aux religieux et religieuses qui
apportent une contribution si fondamentale à la vie catholique dans ce pays. […]

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RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS, LA SOCIÉTÉ CIVILE ET LE CORPS DIPLOMATIQUE

[…] Dans le monde d’aujourd’hui, aucune communauté particulière, nation ou État,
ne peut survivre et progresser dans l’isolement. En tant que membres de l’unique
famille humaine, nous avons besoin les uns des autres et nous sommes dépendants
les uns des autres. Le Président, Sheikh Mujibur Rahman, a compris et cherché à
incorporer ce principe dans la Constitution nationale. Il a imaginé une société
moderne, pluraliste et inclusive, dans laquelle chaque personne et chaque
communauté pourrait vivre dans la liberté, la paix et la sécurité, avec le respect de
la dignité innée et de l’égalité des droits de tous. L’avenir de cette jeune démocratie
et la santé de sa vie politique sont essentiellement liés à la fidélité à cette vision
fondatrice. En effet, c’est seulement à travers un dialogue sincère et le respect de
la légitime diversité, qu’un peuple peut réconcilier les divisions, dépasser les
perspectives unilatérales et reconnaître la valeur des points de vue divergents.
Parce que le vrai dialogue est tourné vers l’avenir, celui-ci construit l’unité dans le
service du bien commun et il est attentif aux besoins de tous les citoyens, en
particulier des pauvres, des défavorisés et de ceux qui n’ont pas de voix.
Au cours des derniers mois, l’esprit de générosité et de solidarité, signes
caractéristiques de la société du Bangladesh, a été observé de manière très vive
dans son élan humanitaire en faveur des réfugiés arrivés en masse de l’Etat de
Rakhine, leur procurant un abri temporaire et les premières nécessités pour vivre.
Ce résultat a été obtenu avec beaucoup de sacrifices. Cela a aussi été fait sous les
yeux du monde entier. Aucun d’entre nous ne peut manquer d’être conscient de la
gravité de la situation, de l’immense coût imposé par les souffrances humaines et
les conditions de vie précaires de si nombreux de nos frères et sœurs, dont la
majorité sont des femmes et des enfants, rassemblés dans des camps de réfugiés.
Il est nécessaire que la communauté internationale mette en œuvre des mesures
décisives face à cette grave crise, non seulement en travaillant pour résoudre les
questions politiques qui ont conduit à ce déplacement massif de personnes, mais
aussi en offrant une assistance matérielle immédiate au Bangladesh dans son effort
pour répondre efficacement aux besoins humains urgents.[…]

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DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANCIS AUX MEMBRES DE LA COMMISSION MIXTE POUR LE DIALOGUE THEOLOGIQUE ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET L’ÉGLISE ASSIRA DE L’EST

[…] Ainsi, en particulier dans les moments de souffrance et de privation, un grand
nombre de fidèles ont dû quitter leurs terres, émigrer vers d’autres pays et
accroître la communauté de la diaspora, qui a de nombreux défis à relever. En
entrant dans certaines sociétés, par exemple, nous rencontrons les difficultés d’une
intégration pas toujours facile et d’une sécularisation marquée, qui peuvent
entraver la sauvegarde des richesses spirituelles de nos propres traditions et le
témoignage de la foi. […]

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DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANCIS AUX MEMBRES DES FAMILLES FRANCISCAINES DU PREMIER ORDRE ET DU TROISIÈME ORDRE ORDINAIRE

[…] Les paroles de François nous poussent à nous demander en fraternité: où
sommes-nous? Avec qui sommes-nous? Avec qui sommes-nous en relation? Qui
sont nos favoris? Et, étant donné que la minorité défie non seulement la fraternité
mais aussi chacun de ses membres, il est opportun que chacun examine la
conscience de son propre style de vie; sur les frais, sur l’habillement, sur ce qu’il
estime nécessaire; sur son dévouement envers les autres, sur l’abandon de l’esprit
de trop se traiter, même sur sa propre fraternité.
Et, s’il vous plaît, quand vous faites des activités pour les « petits », les exclus et les
derniers, ne le faites jamais d’un piédestal de supériorité. Pensez simplement que
tout ce que vous faites pour eux est une façon de rendre ce que vous avez reçu
gratuitement. Comme l’exhorte Francis dans la lettre à l’ensemble de l’Ordre:
« Aucun d’entre vous ne tient pour vous » [14]. Créer un espace accueillant et
disponible pour tous les mineurs de votre temps pour entrer dans votre vie: les
hommes et les femmes marginalisés qui vivent dans nos rues, dans les parcs ou
dans les gares; les milliers de chômeurs, de jeunes et d’adultes; tant de malades
qui n’ont pas accès à des soins adéquats; beaucoup de personnes âgées
abandonnées; les femmes maltraitées; les migrants à la recherche d’une vie digne;
tous ceux qui vivent dans les faubourgs existentiels, privés de dignité et aussi de la
lumière de l’Evangile.
Ouvre ton cœur et embrasse les lépreux de notre temps, et, ayant pris conscience
de la miséricorde que le Seigneur t’a donnée, [15] use-en de miséricorde, comme
ton père saint François l’a utilisé [16], et, comme apprends à être « malade des
malades, affligé des affligés ». [17] Tout cela, loin d’être un sentiment vague,
indique une relation entre des personnes si profondes que, transformant votre
cœur, vous mènera à partager leur destin. […]

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MESSAGE DU SAINT-PÈRE POUR LA JOURNÉE MONDIALE DES PAUVRES 33ème Dimanche du Temps Ordinaire

[…] 5. Nous savons la grande difficulté qui émerge dans le monde contemporain de
pouvoir identifier clairement la pauvreté. Cependant, elle nous interpelle chaque
jour par ses mille visages marqués par la douleur, par la marginalisation, par
l’abus, par la violence, par les tortures et par l’emprisonnement, par la guerre, par
la privation de la liberté et de la dignité, par l’ignorance et par l’analphabétisme,
par l’urgence sanitaire et par le manque de travail, par les traites et par les
esclavages, par l’exil et par la misère, par la migration forcée. La pauvreté a le
visage de femmes, d’hommes et d’enfants exploités pour de vils intérêts, piétinés
par des logiques perverses du pouvoir et de l’argent. Quelle liste impitoyable et
jamais complète se trouve-t-on obligé d’établir face à la pauvreté fruit de l’injustice
sociale, de la misère morale, de l’avidité d’une minorité et de l’indifférence
généralisée ! […]

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MESSAGE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS POUR LA CÉLÉBRATION DE LA LIe JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX Les migrants et les réfugiés : des hommes et des femmes en quête de paix

1. Meilleurs vœux de paix
Que la paix soit sur toutes les personnes et toutes les nations de la terre ! Cette
paix, que les anges annoncent aux bergers la nuit de Noël,[1] est une aspiration
profonde de tout le monde et de tous les peuples, surtout de ceux qui souffrent le
plus de son absence. Parmi ceux-ci, que je porte dans mes pensées et dans ma
prière, je veux une fois encore rappeler les plus de 250 millions de migrants dans le
monde, dont 22 millions et demi sont des réfugiés. Ces derniers, comme l’a affirmé
mon bien-aimé prédécesseur Benoît XVI, « sont des hommes et des femmes, des
enfants, des jeunes et des personnes âgées qui cherchent un endroit où vivre en
paix ».[2] Pour le trouver, beaucoup d’entre eux sont disposés à risquer leur vie au
long d’un voyage qui, dans la plupart des cas, est aussi long que périlleux ; ils sont
disposés à subir la fatigue et les souffrances, à affronter des clôtures de barbelés et
des murs dressés pour les tenir loin de leur destination.
Avec un esprit miséricordieux, nous étreignons tous ceux qui fuient la guerre et la
faim ou qui sont contraints de quitter leurs terres à cause des discriminations, des
persécutions, de la pauvreté et de la dégradation environnementale.
Nous sommes conscients qu’ouvrir nos cœurs à la souffrance des autres ne suffit
pas. Il y aura beaucoup à faire avant que nos frères et nos sœurs puissent
recommencer à vivre en paix dans une maison sûre. Accueillir l’autre exige un
engagement concret, une chaîne d’entraide et de bienveillance, une attention
vigilante et compréhensive, la gestion responsable de nouvelles situations
complexes qui, parfois, s’ajoutent aux autres problèmes innombrables déjà
existants, ainsi que des ressources qui sont toujours limitées. En pratiquant la vertu
de prudence, les gouvernants sauront accueillir, promouvoir, protéger et intégrer,
en établissant des dispositions pratiques, « dans la mesure compatible avec le bien
réel de leur peuple, …[pour] s’intégrer ».[3] Ils ont une responsabilité précise
envers leurs communautés, dont ils doivent assurer les justes droits et le
développement harmonieux, pour ne pas être comme le constructeur imprévoyant
qui fit mal ses calculs et ne parvint pas à achever la tour qu’il avait commencé à
bâtir.[4]
2. Pourquoi tant de réfugiés et de migrants ?
En vue du Grand Jubilé pour les 2000 ans depuis l’annonce de paix des anges à
Bethléem, saint Jean-Paul II interpréta le nombre croissant des réfugiés comme
une des conséquences d’« une interminable et horrible succession de guerres, de
conflits, de génocides, de “ purifications ethniques ”»,[5] qui avaient marqué le

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XXème siècle. Le nouveau siècle n’a pas encore connu de véritable tournant : les
conflits armés et les autres formes de violence organisée continuent de provoquer
des déplacements de population à l’intérieur des frontières nationales et au-delà de
celles-ci.
Mais les personnes migrent aussi pour d’autres raisons, avant tout par « désir d’une
vie meilleure, en essayant très souvent de laisser derrière eux le “ désespoir ” d’un
futur impossible à construire ».[6] Certains partent pour rejoindre leur famille, pour
trouver des possibilités de travail ou d’instruction : ceux qui ne peuvent pas jouir de
ces droits ne vivent pas en paix. En outre, comme je l’ai souligné dans l’Encyclique
Laudato si’, « l’augmentation du nombre de migrants fuyant la misère, accrue par
la dégradation environnementale, est tragique».[7]
La majorité migre en suivant un parcours régulier, tandis que d’autres empruntent
d’autres voies, surtout à cause du désespoir, quand leur patrie ne leur fournit pas
de sécurité ni d’opportunités et que toute voie légale semble impraticable, bloquée
ou trop lente.
Dans de nombreux pays de destination, une rhétorique s’est largement diffusée en
mettant en exergue les risques encourus pour la sécurité nationale ou le poids
financier de l’accueil des nouveaux arrivants, méprisant ainsi la dignité humaine qui
doit être reconnue pour tous, en tant que fils et filles de Dieu. Ceux qui fomentent
la peur des migrants, parfois à des fins politiques, au lieu de construire la paix
sèment la violence, la discrimination raciale et la xénophobie, sources de grande
préoccupation pour tous ceux qui ont à cœur la protection de chaque être
humain.[8]
Tous les éléments dont dispose la communauté internationale indiquent que les
migrations globales continueront à caractériser notre avenir. Certains les
considèrent comme une menace. Moi, au contraire, je vous invite à les regarder
avec un regard rempli de confiance, comme une occasion de construire un avenir
de paix.
3. Avec un regard contemplatif
La sagesse de la foi nourrit ce regard, capable de prendre conscience que nous
appartenons tous « à une unique famille, migrants et populations locales qui les
accueillent, et tous ont le même droit de bénéficier des biens de la terre, dont la
destination est universelle, comme l’enseigne la doctrine sociale de l’Église. C’est ici
que trouvent leur fondement la solidarité et le partage ».[9] Ces mots nous
renvoient à l’image de la Jérusalem nouvelle. Le livre du prophète Isaïe (ch. 60) et
celui de l’Apocalypse (ch. 21) la décrivent comme une cité dont les portes sont
toujours ouvertes, afin de laisser entrer les gens de toute nation, qui l’admirent et
la comblent de richesses. La paix est le souverain qui la guide et la justice le
principe qui gouverne la coexistence de tous en son sein.
Il nous faut également porter ce regard contemplatif sur la ville où nous vivons, «
c’est-à-dire un regard de foi qui découvre ce Dieu qui habite dans ses maisons,
dans ses rues, sur ses places [… en promouvant] la solidarité, la fraternité, le désir
du bien, de vérité, de justice »[10] ; en d’autres termes, en réalisant la promesse
de la paix.
En observant les migrants et les réfugiés, ce regard saura découvrir qu’ils n’arrivent
pas les mains vides : ils apportent avec eux un élan de courage, leurs capacités,
leurs énergies et leurs aspirations, sans compter les trésors de leurs cultures
d’origine. De la sorte, ils enrichissent la vie des nations qui les accueillent. Ce

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regard saura aussi découvrir la créativité, la ténacité et l’esprit de sacrifice
d’innombrables personnes, familles et communautés qui, dans tous les coins du
monde, ouvrent leur porte et leur cœur à des migrants et à des réfugiés, même là
où les ressources sont loin d’être abondantes.
Enfin, ce regard contemplatif saura guider le discernement des responsables du
bien public, afin de pousser les politiques d’accueil jusqu’au maximum « de la
mesure compatible avec le bien réel de leur peuple »,[11] c’est-à-dire en
considérant les exigences de tous les membres de l’unique famille humaine et le
bien de chacun d’eux.
Ceux qui sont animés par ce regard seront capables de reconnaître les germes de
paix qui pointent déjà et ils prendront soin de leur croissance. Ils transformeront
ainsi en chantiers de paix nos villes souvent divisées et polarisées par des conflits
qui ont précisément trait à la présence de migrants et de réfugiés.
4. Quatre pierres angulaires pour l’action
Offrir à des demandeurs d’asile, à des réfugiés, à des migrants et à des victimes de
la traite d’êtres humains une possibilité de trouver cette paix qu’ils recherchent,
exige une stratégie qui conjugue quatre actions : accueillir, protéger, promouvoir et
intégrer.[12]
« Accueillir » rappelle l’exigence d’étendre les possibilités d’entrée légale, de ne pas
repousser des réfugiés et des migrants vers des lieux où les attendent persécutions
et violences, et d’équilibrer le souci de la sécurité nationale par la protection des
droits humains fondamentaux. L’Écriture nous rappelle ceci : « N’oubliez pas
l’hospitalité : elle a permis à certains, sans le savoir, de recevoir chez eux des
anges ».[13]
« Protéger » rappelle le devoir de reconnaître et de garantir l’inviolable dignité de
ceux qui fuient un danger réel en quête d’asile et de sécurité, et d’empêcher leur
exploitation. Je pense, en particulier, aux femmes et aux enfants qui se trouvent
dans des situations où ils sont plus exposés aux risques et aux abus qui vont
jusqu’à faire d’eux des esclaves. Dieu ne fait pas de discrimination : « Le Seigneur
protège l’étranger, il soutient la veuve et l’orphelin ».[14]
« Promouvoir » renvoie au soutien apporté au développement humain intégral des
migrants et des réfugiés. Parmi les nombreux instruments qui peuvent aider dans
cette tâche, je désire souligner l’importance d’assurer aux enfants et aux jeunes
l’accès à tous les niveaux d’instruction : de cette façon, ils pourront non seulement
cultiver et faire fructifier leurs capacités, mais ils seront aussi davantage en mesure
d’aller à la rencontre des autres, en cultivant un esprit de dialogue plutôt que de
fermeture et d’affrontement. La Bible nous enseigne que Dieu « aime l’étranger et
lui donne nourriture et vêtement » ; par conséquent, elle exhorte ainsi : « Aimez
donc l’étranger, car au pays d’Égypte vous étiez des étrangers ».[15]
« Intégrer », enfin, signifie permettre aux réfugiés et aux migrants de participer
pleinement à la vie de la société qui les accueille, en une dynamique
d’enrichissement réciproque et de collaboration féconde dans la promotion du
développement humain intégral des communautés locales. Comme l’écrit saint Paul
: « Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers ni des gens de passage, vous êtes
concitoyens des saints, vous êtes membres de la famille de Dieu ».[16]
5. Une proposition pour deux Pactes internationaux
Je souhaite de tout cœur que cet esprit anime le processus qui, tout au long de
l’année 2018, conduira à la définition et l’approbation par les Nations-Unies de deux

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pactes mondiaux : l’un, pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, et
l’autre concernant les réfugiés. En tant qu’accords adoptés au niveau mondial, ces
pactes constitueront un cadre de référence pour avancer des propositions politiques
et mettre en œuvre des mesures pratiques. Voilà pourquoi il est important qu’ils
soient inspirés par la compassion, la prévoyance et le courage, de façon à saisir
toute occasion de faire progresser la construction de la paix : c’est la condition pour
que le réalisme nécessaire de la politique internationale ne devienne pas une
soumission au cynisme et à la mondialisation de l’indifférence.
Le dialogue et la coordination constituent, en effet, une nécessité et un devoir
spécifiques de la communauté internationale. Au-delà des frontières nationales, il
est également possible que des pays moins riches puissent accueillir un plus grand
nombre de réfugiés ou de mieux les accueillir, si la coopération internationale leur
assure la disponibilité des fonds nécessaires.
La Section Migrants et Réfugiés du Dicastère pour le Service du Développement
Humain Intégral a suggéré 20 points d’action[17] pouvant servir de pistes
concrètes pour l’application de ces quatre verbes dans les politiques publiques, ainsi
que pour le comportement et l’action des communautés chrétiennes. Ces
contributions, comme d’autres, entendent exprimer l’intérêt de l’Église catholique
envers le processus qui conduira à l’adoption de ces pactes mondiaux des Nations
Unies. Cet intérêt confirme une sollicitude pastorale plus générale, qui est née avec
l’Église et se poursuit à travers ses multiples œuvres jusqu’à nos jours.
6. Pour notre maison commune
Les paroles de saint Jean-Paul II nous inspirent : « Si le “ rêve ” d’un monde en
paix est partagé par de nombreuses personnes, si l’on valorise la contribution des
migrants et des réfugiés, l’humanité peut devenir toujours plus la famille de tous et
notre Terre une véritable “ maison commune ” ».[18] Dans l’histoire, beaucoup ont
cru en ce « rêve » et ceux qui l’ont vécu témoignent qu’il ne s’agit pas d’une utopie
irréalisable.
Parmi eux, il faut mentionner sainte Françoise-Xavière Cabrini, dont nous fêtons en
cette année 2017 le centenaire de sa naissance au ciel. Aujourd’hui, 13 novembre,
de nombreuses communautés ecclésiales célèbrent sa mémoire. Cette grande petite
femme, qui consacra sa vie au service des migrants, devenant ensuite leur
patronne céleste, nous a enseigné comment nous pouvons accueillir, protéger,
promouvoir et intégrer nos frères et sœurs. Par son intercession, que le Seigneur
nous accorde à tous de faire l’expérience que « c’est dans la paix qu’est semé la
justice, qui donne son fruit aux artisans de la paix ».[19]

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DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANCIS AUX MEMBRES DE LA FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES UNIVERSITÉS CATHOLIQUES

Chers frères et sœurs,
Je vous souhaite la bienvenue à la fin de la Conférence internationale intitulée
«Réfugiés et migrants dans un monde globalisé: responsabilités et réponses des
universités», organisée par la Fédération internationale des universités catholiques.
Je remercie le président pour les mots avec lesquels il a présenté notre réunion.
[…]
En ce qui concerne le premier domaine, les universités catholiques ont toujours
essayé d’harmoniser la recherche scientifique avec la recherche théologique, en
mettant la raison et la foi dans le dialogue. Je considère qu’il convient
d’entreprendre d’autres études pour traiter les causes de la migration forcée, dans
le but de trouver des solutions pratiques, même si à long terme, il faut d’abord
assurer que les gens le droit de ne pas être obligé d’émigrer. Il est également
important de penser aux réactions négatives de principe, voire discriminatoire et
xénophobe, que l’accueil des migrants apporte aujourd’hui dans les pays d’ancienne
tradition chrétienne, de proposer des moyens de formation des consciences. En
outre, ils méritent certainement une plus grande appréciation des contributions
multiples des migrants et des réfugiés aux entreprises qui les accueillent, ainsi qu’à
celles qui bénéficient à leurs communautés d’origine. Afin de donner des «raisons»
à la pastorale des migrants et des réfugiés, je vous invite à approfondir la réflexion
théologique sur la migration en tant que signe des temps. « L’Église a toujours
contemplé chez les migrants l’image du Christ, qui disait: » J’étais étranger et tu
m’as accueilli « (Mt 25, 35). Leur histoire, pour elle, est-ce un défi à la foi et l’amour
des croyants, appelés à guérir les maux causés par la migration et découvrir le plan
que Dieu poursuit à travers elle, même si elle est causée par les injustices
évidentes « (Conseil Pontifical pour la pastorale des migrants et des itinérants, Istra
Erga migrantes caritas Christi, 12).
En ce qui concerne le domaine de l’enseignement, je souhaite que les universités
catholiques devraient adopter des programmes visant à promouvoir l’éducation des
réfugiés, à différents niveaux, à la fois en offrant aussi des cours à distance pour
ceux qui vivent dans les camps et les centres collection, à la fois par l’octroi de
bourses qui permettent leur réinstallation. Profitant du réseau universitaire
international dense, les universités peuvent également faciliter la reconnaissance
des qualifications et des compétences des migrants et des réfugiés, au profit d’eux
et des entreprises qui les accueillent. Pour répondre aux nouveaux défis de la
migration, les gens doivent être formés ici spécifiquement et les travailleurs

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professionnels pastoraux dédiés à l’appui des migrants et des réfugiés est une autre
tâche urgente pour les universités catholiques. De manière plus générale, je
voudrais inviter les universités catholiques à éduquer leurs élèves, dont certains
sont des leaders politiques, des entrepreneurs et des créateurs de la culture, une

lecture attentive du phénomène migratoire, dans une perspective de justice, co-
responsabilité globale et la communion dans diversité culturelle

La sphère de la promotion sociale considère l’université comme une institution qui
prend en charge la société dans laquelle elle opère, en exerçant d’abord une
conscience critique vis-à-vis des différentes formes de pouvoir politique,
économique et culturel. En ce qui concerne le monde complexe des migrations, la
Section des migrations et des réfugiés du Département du développement humain
intégré a suggéré « 20 points d’action » comme contribution au processus qui
conduira à l’adoption, par la communauté internationale, de deux pactes Global,
l’un sur les migrants et l’autre sur les réfugiés, dans la seconde moitié de 2018.
Dans cette dimension et dans d’autres, les universités peuvent jouer leur rôle
d’acteurs privilégiés dans le domaine social, comme l’incitation à assistance aux
réfugiés, aux demandeurs d’asile et aux migrants nouvellement arrivés. […]
Que le Seigneur bénisse vos efforts au service du monde universitaire et des frères
et sœurs migrants et réfugiés. Je vous assure d’un souvenir dans mes prières, et
vous, s’il vous plaît, n’oublie pas de prier pour moi.