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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS AU PRÉSIDENT EXÉCUTIF DU FORUM ÉCONOMIQUE MONDIAL

[…] Les instabilités financières récurrentes ont apporté de nouveaux problèmes et de graves défis auxquels les gouvernements doivent faire face, tels que la croissance du chômage, l’augmentation des diverses formes de pauvreté, l’augmentation de l’écart socio-économique et de nouvelles formes d’esclavage, souvent ancrées dans des situations de conflit, de migration et de divers problèmes sociaux. «A cela s’ajoutent des styles de vie un peu égoïstes, caractérisés par une opulence désormais insoutenable et souvent indifférente au monde environnant, surtout aux plus pauvres. On constate avec regret une prévalence des questions techniques et économiques au centre du débat politique, au détriment d’une authentique orientation anthropologique. L’être humain risque d’être réduit à un simple engrenage d’un mécanisme qui le traite à la manière d’un bien de consommation à utiliser, de sorte que — nous le remarquons malheureusement souvent — lorsque la vie n’est pas utile au fonctionnement de ce mécanisme elle est éliminée sans trop de scrupule» (Discours au parlement européen, Strasbourg, 25 novembre 2014). […]

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU CHILI ET AU PÉROU (15-22 JANVIER 2018) MILIEU DU JOUR AVEC DES RELIGIEUSES CONTEMPLATIVES HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE

[…] Etre l’amour ! C’est savoir être sensible à la souffrance de tant de frères et dire avec le psalmiste : « Dans mon angoisse j’ai crié vers le Seigneur, il m’a exaucé, mis au large » (Ps 117, 5). C’est de cette manière que votre vie en clôture arrive à avoir une portée missionnaire et universelle ainsi qu’« un rôle fondamental dans la vie de l’Eglise. Vous priez et intercédez pour beaucoup de frères et sœurs qui sont en prison, migrants, réfugiés et persécutés, pour tant de familles blessées, les personnes sans travail, les pauvres, les malades, les victimes des dépendances, pour ne citer que quelques-unes des situations qui sont chaque jour plus pressantes. Vous êtes comme ces amis qui portèrent un paralytique devant le Seigneur pour qu’il le guérisse (cf. Mc 2, 1-12). Ils n’avaient pas honte, c’étaient des gens ‘‘éhontés’’, mais à proprement parler. Ils n’ont pas eu honte de faire un trou dans le toit et de faire descendre le paralytique. Soyez ‘‘éhontées’’, n’ayez pas honte de faire en sorte que par la prière la misère des hommes se rapproche du pouvoir de Dieu. Voilà votre prière ! Par la prière, jour et nuit, vous amenez au Seigneur la vie de beaucoup de frères et sœurs qui, pour diverses raisons, ne peuvent le rejoindre pour faire l’expérience de sa miséricorde qui soigne, alors que Lui les attend pour leur faire grâce. Avec votre prière, vous pouvez guérir les plaies de beaucoup de frères »[2]. […]

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU CHILI ET AU PÉROU (15-22 JANVIER 2018) RENCONTRE AVEC LA POPULATION SALUT DU SAINT-PÈRE

[…] En pensant à ces choses, permettez-moi de m’arrêter sur un thème douloureux. Nous avons coutume d’employer le terme ‘‘traite des personnes’’. En arrivant à Puerto Maldonado, à l’aéroport, j’ai vu une affiche qui a positivement attiré mon attention : ‘‘Faites attention à la traite’’. On voit qu’il y a une prise de conscience. Mais en réalité nous devrions parler d’esclavage : esclavage du travail, esclavage sexuel, esclavage du profit. Il est regrettable de constater à quel point sur cette terre, qui est sous la protection de la Mère de Dieu, de nombreuses femmes sont dévalorisées, méprisées et exposées à d’innombrables violences. Nous ne pouvons pas ‘‘naturaliser’’ la violence, la considérer comme quelque chose de naturel. Non, on ne ‘‘naturalise’’ pas la violence à l’encontre des femmes, en entretenant une culture machiste qui ne prend pas en compte le rôle important de la femme dans nos communautés. Il ne nous est pas permis de regarder de l’autre côté, chers frères, et de permettre que tant de femmes, surtout adolescentes, soient ‘‘bafouées’’ dans leur dignité. De nombreuses personnes ont émigré vers l’Amazonie en cherchant un toit, une terre et un travail. Elles y sont venues, en quête d’un avenir meilleur pour elles-mêmes et pour leurs familles. Elles ont abandonné leurs vies humbles, pauvres mais dignes. Beaucoup d’entre elles, avec la promesse que certains travaux mettraient fin à leurs situations précaires, se sont laissées attirer par l’éclat prometteur de l’exploitation de l’or. Mais n’oublions pas que l’or peut devenir un faux dieu qui exige des sacrifices humains. […]

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU CHILI ET AU PÉROU (15-22 JANVIER 2018) RENCONTRE AVEC LES POPULATIONS DE L’AMAZONIE DISCOURS DU SAINT-PÈRE

[…] Probablement, les peuples autochtones amazoniens n’ont jamais été aussi menacés sur leurs territoires qu’ils le sont présentement. L’Amazonie est une terre disputée sur plusieurs fronts : d’une part, le néo-extractivisme et la forte pression des grands intérêts économiques qui convoitent le pétrole, le gaz, le bois, l’or, les monocultures agro-industrielles. D’autre part, la menace visant ses territoires vient de la perversion de certaines politiques qui promeuvent la ‘‘conservation’’ de la nature sans tenir compte de l’être humain et, concrètement, de vous, frères amazoniens qui y habitez. Nous connaissons des mouvements qui, au nom de la conservation de la forêt, accaparent de grandes superficies de terre et en font un moyen de négociation, créant des situations d’oppression des peuples autochtones pour lesquels, le territoire et les ressources naturelles qui s’y trouvent deviennent ainsi inaccessibles. Cette problématique asphyxie vos populations et provoque la migration des nouvelles générations face au manque d’alternatives locales. Nous devons rompre avec le paradigme historique qui considère l’Amazonie comme une réserve inépuisable des États sans prendre en compte ses populations. Je crois qu’il est indispensable de faire des efforts pour créer des instances institutionnelles de respect, de reconnaissance et de dialogue avec les peuples natifs, en assumant et en sauvegardant la culture, la langue, les traditions, les droits et la spiritualité qui leur sont propres. Un dialogue interculturel dans lequel ils soient « les principaux interlocuteurs, surtout lorsqu’on développe les grands projets qui affectent leurs espaces » (Lett. enc. Laudato si’, n. 146). La reconnaissance et le dialogue seront la meilleure voie pour transformer les relations historiques marquées par l’exclusion et la discrimination. En contrepartie, il est juste de reconnaître qu’il existe des initiatives porteuses d’espérance qui naissent dans vos propres rangs et dans vos organisations et permettent que les peuples autochtones eux-mêmes ainsi que les communautés soient les gardiens des forêts, et que les ressources produites par la sauvegarde de ces forêts reviennent comme bénéfice à leurs familles, pour l’amélioration de leurs conditions de vie, pour la santé et l’éducation de leurs communautés. Ce ‘‘bien-faire’’ se trouve en syntonie avec les pratiques du ‘‘bien-vivre’’ que nous découvrons dans la sagesse de nos peuples. Et permettez-moi de vous dire que vraiment, pour certains, vous êtes considérés comme un obstacle ou une ‘‘gêne’’ ; en vérité, par votre vie, vous constituez un cri pour qu’on prenne conscience du mode de vie qui ne parvient pas à limiter ses propres coûts. Vous êtes la mémoire vivante de la mission que Dieu nous a donnée à nous tous : sauvegarder la Maison commune. La défense de la terre n’a d’autre finalité que la défense de la vie. Nous savons la souffrance que certains d’entre vous endurent à cause des déversements d’hydrocarbures qui menacent sérieusement la vie de vos familles et contaminent votre milieu naturel. Parallèlement, il existe une autre atteinte à la vie qui est causée par cette contamination environnementale due à l’exploitation minière illégale. Je me réfère à la traite des personnes : la main-d’œuvre esclave ou l’abus sexuel. La violence à l’encontre des adolescents et des femmes est un cri qui parvient au ciel. « La situation de ceux qui font l’objet de diverses formes de traite des personnes m’a toujours attristé. Je voudrais que nous écoutions le cri de Dieu qui nous demande à tous : « Où est ton frère ? » (Gn4, 9). Où est ton frère esclave ? […] Ne faisons pas semblant de rien. Il y a de nombreuses complicités [et ne regardons pas ailleurs].

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU CHILI ET AU PÉROU (15-22 JANVIER 2018) RECONTRE AVEC LES AUTORITÉS CIVILES DISCOURS DU SAINT-PÈRE

[…] Par exemple, l’exploitation minière clandestine est devenue un danger qui détruit la vie des personnes ; les forêts et les rivières sont dévastées en même temps que toute la richesse qu’ils possèdent. Ce processus de dégradation implique et promeut des organisations, à l’extérieur des structures légales, qui dégradent beaucoup de nos frères en les soumettant à la traite – nouvelle forme d’esclavage -, au travail informel, à la délinquance… et à d’autres maux qui affectent gravement leur dignité, et en même temps, celle de la nation. […]

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU CHILI ET AU PÉROU (15-22 JANVIER 2018) SAINTE MESSE DE LA VIERGE DU CARMEL ET PRIÈRE POUR LE CHILI

[…] Chers frères, Iquique est une terre de rêves (c’est ce que signifie le nom en aymara) ; une terre ayant su héberger des gens de divers peuples et cultures qui ont dû quitter leurs proches, s’en aller. Une démarche toujours fondée sur l’espérance d’obtenir une vie meilleure, mais nous savons qu’elle est toujours accompagnée de sacs à dos chargés de peur et d’incertitude quant à l’avenir. Iquique est une zone de migrants qui nous rappelle la grandeur d’hommes et de femmes ; de familles entières qui, face à l’adversité, ne se résignent pas et se fraient une voie en quête de vie. Ils – surtout ceux qui ont dû quitter leur terre parce qu’ils ne disposaient pas du minimum nécessaire pour vivre – sont une image de la Sainte Famille qui a dû traverser des déserts pour pouvoir survivre. Cette terre est une terre de rêves, cependant faisons de sorte qu’elle continue d’être également une terre d’hospitalité. Hospitalité festive, car nous savons bien qu’il n’y a pas de joie chrétienne lorsque des portes se ferment ; il n’y a pas de joie chrétienne lorsqu’on fait sentir aux autres qu’ils sont de trop ou que parmi nous ils n’ont pas leur place (cf. Lc 16, 19-31). Comme Marie à Cana, efforçons-nous d’apprendre à être attentifs sur nos places et dans nos villages et à reconnaître ceux dont la vie ‘‘prend de l’eau’’ ; qui ont perdu – ou on leur a volé – les raisons de célébrer. Ceux qui ont le cœur triste. Et n’ayons pas peur d’élever la voix pour dire : « ils n’ont pas de vin ». Le cri du peuple de Dieu, le cri du pauvre, sous forme de prière et qui élargit le cœur et nous enseigne à être attentifs. Soyons attentifs à toutes les situations d’injustice et aux nouvelles formes d’exploitation qui conduisent beaucoup de nos frères à perdre la joie de la fête. Soyons attentifs à la précarisation du travail qui détruit des vies et des foyers. Soyons attentifs à ceux qui tirent profit de la situation irrégulière de beaucoup de migrants, parce qu’ils ne connaissent pas la langue ou n’ont pas les papiers en ‘‘règle’’. Soyons attentifs au manque de toit, de terre et de travail pour de nombreuses familles. Et comme Marie, disons : Seigneur, ils n’ont pas de vin. Comme les servants de la fête, apportons ce que nous avons, aussi insignifiant semble-t-il. Comme eux, n’ayons pas peur de ‘‘donner un coup de main’’, et que notre solidarité ainsi que notre engagement pour la justice fassent partie de la danse ou du chant que nous pouvons entonner pour notre Seigneur. Profitons-en aussi afin d’apprendre et de nous laisser imprégner par les valeurs, la sagesse et la foi que les migrants portent avec eux. Sans nous fermer à ces ‘‘jarres’’ remplies de sagesse et d’histoire que portent ceux qui continuent d’arriver en ces contrées. Ne nous privons pas de tout le bien qu’ils ont à offrir.[…]

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS AU CHILI ET AU PÉROU (15-22 JANVIER 2018) RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS, AVEC LA SOCIÉTÉ CIVILE ET AVEC LE CORPS DIPLOMATIQUE DISCOURS DU SAINT-PÈRE

[…] Cette capacité d’écoute revêt une grande importance dans cette nation où la pluralité ethnique, culturelle et historique demande à être préservée de toute tentative de division ou de suprématie et qui requiert de nous la capacité de nous défaire des dogmatismes qui excluent, pour une saine ouverture au bien commun (qui, s’il n’a pas un caractère communautaire, ne sera jamais un bien). Il faut écouter : écouter les chômeurs, qui ne peuvent pas subvenir dans le présent et encore moins dans l’avenir aux besoins de leurs familles ; les peuples autochtones, souvent oubliés et dont les droits ont besoin d’être pris en compte et la culture protégée, pour que ne se perde pas une partie de l’identité et de la richesse de cette nation. Écouter les migrants, qui frappent à la porte de ce pays à la recherche d’un mieux-être et, en même temps, avec la force et l’espérance de vouloir construire un avenir meilleur pour tous. Écouter les jeunes, dans leur désir d’avoir plus d’opportunités, surtout sur le plan éducatif et, ainsi se sentir des protagonistes du Chili dont ils rêvent, en les préservant activement du fléau de la drogue qui les prive du meilleur de leurs vies. Écouter les personnes âgées, avec leur sagesse si nécessaire et leur fragilité croissante. Nous ne pouvons pas les abandonner. Écouter les enfants, qui se présentent au monde les yeux remplis d’étonnement et d’innocence et attendent de nous des réponses réelles pour un avenir de dignité. Et ici, je ne peux m’empêcher de manifester la douleur et la honte, honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l’Église. Je voudrais m’unir à mes frères dans l’épiscopat, car s’il est juste de demander pardon et de soutenir avec force les victimes, il nous faut en même temps nous engager pour que cela ne se reproduise pas. […]

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

A l’issue de l’Angélus Chers frères et sœurs, c’est aujourd’hui la journée mondiale du migrant et du réfugié. Ce matin, j’ai célébré la Messe avec un groupe important de migrants et de réfugiés résidents dans le diocèse de Rome. Dans mon message pour cette journée, j’ai souligné que les migrations sont aujourd’hui un signe des temps. «Tout immigré qui frappe à notre porte est une occasion de rencontre avec Jésus Christ, qui s’identifie à l’étranger de toute époque accueilli ou rejeté (cf. Mt 25, 35.43). […] A ce sujet, nous souhaitons réaffirmer que notre réponse commune pourrait s’articuler autour de quatre verbes fondés sur les principes de la doctrine de l’Eglise: accueillir, protéger, promouvoir et intégrer». A partir de maintenant, pour des raisons pastorales, la journée mondiale du migrant et du réfugié sera célébrée le deuxième dimanche de septembre. La prochaine, c’est-à-dire la cent-cinquième, aura lieu le dimanche 8 septembre 2019. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À L’OCCASION DES VŒUX DU CORPS DIPLOMATIQUE ACCRÉDITÉ PRÈS LE SAINT-SIÈGE

[…] Il est aussi important que puissent retourner dans leur patrie les nombreux réfugiés qui ont trouvé accueil et refuge dans les nations limitrophes, surtout en Jordanie, au Liban et en Turquie. L’engagement et les efforts accomplis par ces pays dans cette situation difficile mérite l’appréciation et le soutien de toute la communauté internationale, qui est en même temps appelée à œuvrer pour créer les conditions en vue du rapatriement des réfugiés provenant de la Syrie. C’est un engagement qu’elle doit concrètement prendre en commençant par le Liban, afin que ce pays bien-aimé continue à être un ‘‘message’’ de respect et de cohabitation ainsi qu’un modèle à imiter pour toute la région et pour le monde entier. […] […] En même temps, on ne peut oublier la situation de familles brisées à cause de la pauvreté, des guerres et des migrations. Nous avons trop souvent sous nos yeux le drame des enfants qui, seuls, traversent les frontières séparant le sud du nord du monde, souvent victimes du trafic d’êtres humains. Aujourd’hui, on parle beaucoup de migrants et de migrations, parfois juste pour susciter des peurs ancestrales. Il ne faut pas oublier que les migrations ont toujours existé. Dans la tradition judéo-chrétienne, l’histoire du salut est essentiellement une histoire de migrations. Il ne faut pas non plus oublier que la liberté de mouvement, tout comme celle de quitter son propre pays et d’y retourner, fait partie des droits fondamentaux de l’homme (cf. Déclaration universelle des droits de l’homme, art. 13). Il faut donc sortir d’une rhétorique répandue sur la question et aller au fait essentiel que devant nous, il y a d’abord et avant tout des personnes. C’est ce que j’ai voulu réaffirmer par le Message pour la Journée Mondiale de la Paix, célébrée le 1er janvier dernier, consacré aux : ‘‘[Les] migrants et [les] réfugiés : des hommes et des femmes en quête de paix’’. Tout en reconnaissant qu’ils ne sont pas toujours tous animés des meilleures intentions, on ne peut pas oublier que la majorité des migrants préfèrerait rester dans leur propre pays, alors qu’elle se trouve contrainte à le quitter « à cause des discriminations, des persécutions, de la pauvreté et de la dégradation environnementale. […] Accueillir l’autre exige un engagement concret, une chaîne d’entraide et de bienveillance, une attention vigilante et compréhensive, la gestion responsable de nouvelles situations complexes qui, parfois, s’ajoutent aux autres problèmes innombrables déjà existants, ainsi que des ressources qui sont toujours limitées. En pratiquant la vertu de prudence, les gouvernants sauront accueillir, promouvoir, protéger et intégrer, en établissant des dispositions pratiques, « dans la mesure compatible avec le bien réel de leur peuple, …[pour] s’intégrer » (Pacem in terris, n. 106). Ils ont une responsabilité précise envers leurs communautés, dont ils doivent assurer les justes droits et le développement harmonieux, pour ne pas être comme le constructeur imprévoyant qui fit mal ses calculs et ne parvint pas à achever la tour qu’il avait commencé à bâtir (cf. Lc 14, 28-30)» (François, Message pour la 51ème Journée Mondiale de la Paix, 13 novembre 2017, n. 1). Je voudrais de nouveau remercier les Autorités de ces États qui se sont prodigués au cours de ces années pour fournir une assistance aux nombreux migrants parvenus à leurs frontières. Je pense d’abord à l’engagement de nombreux pays en Asie, en Afrique et dans les Amériques, qui accueillent et assistent un grand nombre de personnes. Je garde encore vivante dans le cœur la rencontre que j’ai eue à Dacca avec quelques membres du peuple Rohingya et j’aimerais renouveler aux autorités du Bangladesh mes sentiments de gratitude pour l’assistance qu’elles offrent, sur leur propre territoire, à ces personnes. Je voudrais ensuite exprimer une gratitude spéciale à l’Italie qui, ces années, a montré un cœur ouvert et généreux et a su aussi donner des exemples positifs d’intégration. Mon souhait est que les difficultés que le pays a traversées ces dernières années, et dont les conséquences persistent, ne conduisent pas à des fermetures et à des verrouillages, mais au contraire à une redécouverte de ces racines et de ces traditions qui ont nourri la riche histoire de la Nation et qui constituent un inestimable trésor à offrir au monde entier. De même, j’exprime mon appréciation pour les efforts accomplis par d’autres Etats européens, en particulier la Grèce et l’Allemagne. Il ne faut pas oublier que de nombreux réfugiés et migrants cherchent à rejoindre l’Europe parce qu’ils savent qu’ils pourront y trouver paix et sécurité, qui sont d’ailleurs le fruit d’un long cheminement né des idéaux des Pères fondateurs du projet européen après la seconde guerre mondiale. L’Europe doit être fière de ce patrimoine, fondé sur certains principes et sur une vision de l’homme qui plonge ses bases dans son histoire millénaire, inspirée par la conception chrétienne de la personne humaine. L’arrivée des migrants doit la pousser à redécouvrir son patrimoine culturel et religieux propre, de sorte que, reprenant conscience de ses valeurs sur lesquelles elle s’est édifiée, elle puisse en même temps maintenir vivante sa tradition et continuer à être un lieu accueillant, annonciateur de paix et de développement. L’an passé, les gouvernements, les organisations internationales et la société civile se sont consultés réciproquement sur les principes de base, sur les priorités et sur les modalités les plus opportunes pour répondre aux mouvements migratoires et aux situations persistantes qui concernent les réfugiés. Les Nations Unies, suite à la Déclaration de New York pour les Réfugiés et les Migrants de 2016, ont initié d’importants processus de préparation en vue de l’adoption de deux Pactes Mondiaux (Global Compacts), respectivement sur les réfugiés et pour une migration sûre, ordonnée et régulière. Le Saint Siège souhaite que ces efforts, grâce aux négociations qui s’ouvriront bientôt, conduisent à des résultats dignes d’une communauté mondiale toujours plus interdépendante, fondée sur les principes de solidarité et d’aide mutuelle. Dans le contexte international actuel, les possibilités et les moyens d’assurer à tout homme et à toute femme qui vit sur terre des conditions de vie dignes de la personne humaine ne manquent pas. Dans le Message pour la Journée Mondiale de la Paix de cette année j’ai suggéré quatre ‘‘jalons’’ pour l’action : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer (Ibid., n. 4). Je voudrais m’arrêter en particulier sur ce dernier, sur lequel s’affrontent différentes positions à la lumière d’autant d’évaluations, d’expériences, de préoccupations et de convictions. L’intégration est un “processus bidirectionnel”, avec des droits et des devoirs réciproques. Celui qui accueille est en effet appelé à promouvoir le développement humain intégral, alors qu’on demande à celui qui est accueilli de se conformer immanquablement aux normes du pays qui l’accueille, ainsi qu’au respect de ses principes identitaires. Tout processus d’intégration doit toujours maintenir au centre des normes qui concernent les divers aspects de la vie politique et sociale, la défense et la promotion des personnes, surtout de celles qui se trouvent dans des situations de vulnérabilité. Le Saint Siège n’a pas l’intention d’interférer dans les décisions qui reviennent aux Etats, lesquels, à la lumière de leurs situations politiques, sociales et économiques respectives, et aussi des capacités propres et des possibilités d’hospitalité et d’intégration, ont la première responsabilité de l’accueil. Cependant, il estime nécessaire de jouer un rôle pour le “rappel” des principes d’humanité et de fraternité qui fondent toute société unie et harmonieuse. Dans cette perspective, il est important de ne pas oublier l’interaction avec les communautés religieuses, tant institutionnelles qu’au niveau associatif, qui peuvent jouer un rôle précieux de renfort dans l’assistance et la protection, de médiation sociale et culturelle, de pacification et d’intégration. […]

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SOLENNITÉ DE SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU LI JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

[…] Comme mère, Marie a une fonction très spéciale: elle se situe entre son Fils Jésus et les hommes dans la réalité de leurs privations, dans la réalité de leur indigence et de leurs souffrances. Marie intercède, comme à Cana, consciente qu’en tant que mère elle peut, ou plutôt elle doit rappeler au Fils les besoins des hommes, en particulier des plus faibles et des plus nécessiteux. C’est à ces personnes qu’est dédié le thème de la journée mondiale de la paix que nous célébrons aujourd’hui: «Les migrants et les réfugiés: des hommes et des femmes en quête de paix», qui est la devise de cette journée. Je désire, encore une fois, être la voix de nos frères et sœurs qui invoquent un horizon de paix pour leur avenir. Pour cette paix, qui est le droit de tous, beaucoup d’entre eux sont prêts à risquer leur vie dans un voyage qui, dans la plupart des cas, est long et dangereux; ils sont disposés à affronter des peines et des souffrances (cf. Message pour la journée mondiale de la paix 2018, n. 1). S’il vous plaît, n’éteignons pas l’espérance dans leurs cœurs; n’étouffons pas leurs attentes de paix! Il est important que de la part de tous, institutions civiles, organismes éducatifs, d’assistance et ecclésiaux, il existe un engagement pour assurer aux réfugiés, aux migrants, à tous, un avenir de paix. Que le Seigneur nous accorde d’œuvrer avec générosité en cette nouvelle année, pour réaliser un monde plus solidaire et plus accueillant. Je vous invite à prier pour cela, tandis qu’avec vous je confie à Marie, Mère de Dieu et notre mère, l’année 2018 à peine commencée. Les vieux moines russes, mystiques, disaient qu’en temps de turbulences spirituelles il fallait se rassembler sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu. En pensant aux nombreuses turbulences d’aujourd’hui, et en particulier aux migrants et aux réfugiés, prions comme ils nous ont enseigné à prier: «Sous ta protection nous cherchons refuge, Sainte Mère de Dieu. Ne méprise pas nos prières, nous qui sommes dans le besoin, mais libères-nous de tout danger, ô Vierge glorieuse et bénie» […]