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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DE LA COMMISSION INTERNATIONALE CATHOLIQUE POUR LES MIGRATIONS

Chers frères et sœurs, Je vous souhaite la bienvenue à l’occasion du conseil plénier de la Commission internationale catholique pour les migrations. Je remercie cordialement le président, le cardinal Njue — qui a un grand sens de l’humour — pour ses paroles de salutations et pour la brève synthèse de vos travaux. Comme le fit déjà saint Jean-Paul II, se faisant l’écho des paroles du bienheureux Jean-Baptiste Montini, je veux réaffirmer que la cause de cet organisme dont vous faites partie est la cause du Christ lui-même (cf. Discours aux membres de la CICM, 12 novembre 2001: Insegnamenti, XXIV, 2 [2001], 712). Cette réalité n’a pas changé avec le temps, au contraire, l’engagement s’est renforcé étant donné les conditions inhumaines dans lesquelles se trouvent nos millions de frères et sœurs migrants et réfugiés dans diverses parties du monde. Comme cela a eu lieu au temps du peuple d’Israël esclave en Egypte, le Seigneur écoute leur cri et connaît leurs souffrances (cf. Ex. 3, 7). La libération des pauvres, des opprimés et des persécutés fait partie intégrante, aujourd’hui comme hier, de la mission que Dieu a confiée à l’Eglise. Et le travail de votre Commission représente une expression tangible de cet engagement missionnaire. Beaucoup de choses ont changé depuis 1951, date de sa fondation: les besoins sont devenus de plus en plus complexes, les instruments pour y répondre de plus en plus sophistiqués, le service est devenu de plus en plus professionnel. Mais aucun de ces changements n’a réussi — grâce à Dieu — à ébranler la fidélité de la Commission à sa mission. Merci. Le Seigneur envoya Moïse au milieu de son peuple opprimé pour essuyer les larmes et redonner l’espérance (cf. Ex 3, 16-17). Au cours de plus de 65 années d’activité, la Commission s’est distinguée dans la réalisation, au nom de l’Eglise, d’une œuvre polyédrique d’aide aux migrants et aux réfugiés dans les situations de vulnérabilité les plus diverses. Les multiples initiatives lancées sur les cinq continents représentent des déclinaisons exemplaires des quatre verbes — accueillir, protéger, promouvoir et intégrer — avec lesquels j’ai voulu expliquer la réponse pastorale de l’Eglise face aux migrations (cf. Message pour la journée mondiale du migrant et du réfugié 2018, 15 août 2017). Je souhaite que cette œuvre se poursuive, en poussant les Eglises locales à se prodiguer en faveur des personnes qui ont été contraintes de quitter leur patrie et qui deviennent trop souvent victimes de tromperies, de violences et d’abus en tous genres. Grâce à l’expérience inestimable, accumulée au cours de nombreuses années de travail, la Commission peut offrir une assistance qualifiée aux conférences épiscopales et aux diocèses qui cherchent encore à s’organiser pour mieux répondre à ce défi historique. «Maintenant va, je t’envoie auprès de Pharaon, fais sortir d’Egypte mon peuple, les Israélites» (Ex 3, 10). Ainsi, le Seigneur envoya Moïse chez pharaon pour le convaincre de libérer son peuple. Pour libérer les opprimés, les rejetés et les esclaves d’aujourd’hui, il est essentiel de promouvoir un dialogue ouvert et sincère avec les gouvernants, un dialogue qui met à profit l’expérience vécue, les souffrances et les aspirations du peuple, pour rappeler chacun à ses responsabilités. Les processus lancés par la communauté internationale vers un pacte global sur les réfugiés et un autre pour des migrations sûres, ordonnées et régulières représentent un espace privilégié pour réaliser un tel dialogue. Ici aussi, la Commission s’est engagée en première ligne, en offrant une contribution valide et compétente afin de trouver les nouvelles voies souhaitées par la communauté internationale pour répondre avec sagesse à ces phénomènes qui caractérisent notre époque. Et je me réjouis qu’un grand nombre des conférences épiscopales représentées ici avancent dans cette direction, dans une communion d’intentions qui témoigne au monde entier de la sollicitude pastorale de l’église envers nos frères et sœurs migrants et réfugiés. Le travail n’est pas terminé. Ensemble, nous devons encourager les Etats à se mettre d’accord sur des réponses plus adéquates et concrètes aux défis posés par les phénomènes migratoires; et nous pouvons le faire sur la base des principes fondamentaux de la doctrine sociale de l’Eglise. Nous devons également nous engager pour assurer qu’aux paroles — codifiées dans les pactes cités — suivent des engagements concrets sous le signe d’une responsabilité mondiale et partagée. Mais l’engagement de la Commission va au-delà. Je demande à l’Esprit Saint de continuer à illuminer votre importante mission, en manifestant l’amour miséricordieux de Dieu à nos frères et sœurs migrants et réfugiés. Je vous assure de ma proximité et de ma prière; et vous, s’il vous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci.

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SALUT DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS AUX MEMBRES DE L’ASSOCIATION « PRO PETRI SEDE »

Je vous renouvelle mon appréciation et mes encouragements pour votre mission, vous invitant à la porter chaque jour dans la prière, personnelle et commune, à l’intention des personnes que vous soutenez. Les confier au Seigneur fait aussi partie de votre mission, et vous construisez ainsi la communion ecclésiale, car nous sommes tous enfants d’un même Père. Par l’offrande généreuse que vous apportez au Successeur de Pierre, vous contribuez à la mission de l’Eglise de soutenir toutes personnes, particulièrement les plus pauvres et celles qui ont tout perdu en raison des migrations forcées. Je vous remercie donc chaleureusement en leur nom pour votre aide et votre proximité spirituelle.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DU SYNODE GREC-MELKITE

Béatitude, chers frères dans l’épiscopat, Je vous remercie de votre visite. Cette heureuse occasion nous est donnée par la manifestation publique de la communion ecclésiastique, qui aura lieu demain matin au cours de la célébration eucharistique et que j’ai déjà eu l’occasion d’accorder à Votre Béatitude dans la Lettre du 22 juin dernier, après votre élection comme patriarche, Pater et Caput, de la part du synode des évêques. Cher frère, aujourd’hui comme alors, je vous assure de ma constante proximité dans la prière: que le Seigneur Ressuscité soit proche de vous et vous accompagne dans la mission qui vous est confiée. C’est une prière qui ne peut pas être dissociée de celle pour la bien-aimée Syrie et pour tout le Moyen-Orient, une région dans laquelle votre Eglise est profondément enracinée et exerce un service précieux pour le bien du Peuple de Dieu. Votre présence ne se limite pas au Moyen-Orient, mais s’étend désormais depuis de nombreuses années, aux pays dans lesquels tant de fidèles grecmelkites se sont transférés à la recherche d’une vie meilleure. Ma prière et mon souvenir affectueux s’adressent aussi à ces fidèles de la diaspora et à leurs pasteurs. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À LA IVe JOURNÉE MONDIALE DE PRIÈRE ET DE RÉFLEXION CONTRE LA TRAITE DE ÊTRES HUMAINS

[Joy Monday, en anglais] Nous voulons avant tout vous remercier pour votre attention et votre préoccupation constantes et bienveillantes pour tous les migrants et les victimes de la traite. Nous avons connu de nombreuses difficultés et souffrances avant d’arriver en Italie. Arrivés en Italie, nous avons du mal à nous intégrer et trouver un travail digne est quasiment impossible. Je voudrais vous poser une question: pensez-vous que le silence surprenant sur les cas de traite soit dû à l’ignorance du phénomène? Il y a indubitablement une grande ignorance sur le thème de la traite. Mais parfois, il semble qu’il y ait également peu de volonté de comprendre la portée du problème. Pourquoi? Parce qu’il touche de près notre conscience, parce qu’il est scabreux, parce qu’il nous fait honte. Il y a également ceux qui, tout en sachant, ne veulent pas parler parce qu’ils se trouvent au bout de la «filière de consommation», en tant qu’utilisateurs des «services» qui sont offerts dans la rue ou sur internet. Il y a, enfin, ceux qui ne veulent pas que l’on en parle, parce qu’impliqués directement dans les organisations criminelles qui tirent de gros profits de la traite. Oui, il faut du courage et de l’honnêteté, «quand, dans le quotidien, nous rencontrons ou avons affaire à des personnes qui pourraient être victimes du trafic d’êtres humains, ou quand nous devons choisir d’acheter des produits qui peuvent, en toute vraisemblance, avoir été fabriqués par l’exploitation d’autres personnes».[1] Le travail de sensibilisation doit commencer chez nous, partir de nous-mêmes, car ce n’est qu’ainsi que nous serons capables ensuite d’éveiller les consciences de nos communautés, en les encourageant à s’impliquer afin qu’aucun être humain ne soit plus victime de la traite. Pour les jeunes, cela semble une tâche plus facile, étant donné que leur pensée est moins structurée, qu’ils sont plus libres de raisonner par eux-mêmes. La voix des jeunes, plus enthousiaste et spontanée, doit rompre le silence pour dénoncer les injustices de la traite et proposer des solutions concrètes. Les adultes qui sont prêts à écouter peuvent être d’une grande aide. Pour ma part, comme vous l’aurez remarqué, je n’ai jamais perdu une occasion de dénoncer ouvertement la traite en tant que crime contre l’humanité. C’est «une véritable forme d’esclavage, malheureusement toujours plus répandue, qui concerne tous les pays, y compris les plus développés, et qui touche les personnes les plus vulnérables de la société: les femmes et les jeunes filles, les enfants, les personnes handicapées, les plus pauvres, celles qui sont dans des situations de décomposition familiale et sociale».[2] J’ai également dit qu’«une prise de responsabilité commune ainsi qu’une volonté politique plus ferme sont nécessaires pour réussir à vaincre sur ce front; responsabilité envers tous ceux qui sont tombés victimes de la traite, pour en protéger les droits, pour assurer leur sécurité et celle de leurs familles, pour empêcher que les corrompus et les criminels se soustraient à la justice et aient le dernier mot sur les personnes».[3] [Silvia Migliorini, lycée de la via Dalmazia, Rome] Un grand nombre de jeunes comme nous veulent mieux comprendre la traite, les migrations et leurs causes. Oui, nous voulons nous engager pour rendre ce monde plus juste. Nous voudrions affronter des thèmes comme celui-ci avec les jeunes de notre société, en utilisant notamment les réseaux sociaux, étant donné leur potentialité importante de communication. Cher Pape François, dans les groupes paroissiaux, dans les mouvements de jeunes, dans les institutions éducatives catholiques, souvent, il n’existe pas de place adéquate et suffisante pour affronter ces thèmes. En outre, il serait beau que l’on organise des activités pour promouvoir l’intégration sociale et culturelle avec les personnes victimes de la traite, afin qu’il soit plus facile pour elles de surmonter leur drame et de se refaire une vie. Que pouvons-nous faire, nous les jeunes? Que peut faire l’Eglise? Les jeunes occupent une position privilégiée pour rencontrer les rescapés de la traite d’êtres humains. Allez dans vos paroisses, dans une association près de chez vous, rencontrez les personnes, écoutez-les. De là découleront une réponse et un engagement concrets de votre part. Je vois en effet le risque que cela devienne un problème abstrait, mais il n’est pas abstrait. Il y a des signes que vous pouvez apprendre à «lire», qui vous disent: il pourrait s’agir ici d’une victime de la traite, d’un esclave. Nous avons besoin de promouvoir la culture de la rencontre qui porte toujours en elle une richesse inattendue et de grandes surprises. Saint Paul nous donne un exemple: dans le Christ, l’esclave Onésime n’est plus un esclave, mais beaucoup plus, c’est un frère très cher (cf. Philémon, 1, 16). L’espérance, vous les jeunes, vous pouvez la trouver dans le Christ, et vous pouvez le rencontrer également dans les personnes migrantes, qui se sont enfuies de chez elles, et qui sont tombées dans les filets des réseaux. N’ayez pas peur de les rencontrer. Ouvrez votre cœur, faites-les entrer, soyez prêts à changer. La rencontre avec l’autre porte naturellement à un changement, mais il ne faut pas avoir peur de ce changement. Il sera toujours pour le mieux. Rappelez-vous les paroles du prophète Isaïe: «Elargis l’espace de ta tente» (cf. 54, 2). L’Eglise doit promouvoir et créer de nouveaux espaces de rencontre, pour cette raison, j’ai demandé d’ouvrir les paroisses à l’accueil. Il faut reconnaître le grand engagement en réponse à mon appel, merci! Je vous demande à vous qui êtes présents aujourd’hui d’œuvrer en faveur de l’ouverture à l’autre, surtout lorsqu’il est blessé dans sa dignité. Devenez promoteurs d’initiatives que vos paroisses puissent accueillir. Aidez l’Eglise à créer des espaces de partage d’expériences et d’intégration de foi et de vie. Les réseaux sociaux représentent également, surtout pour les jeunes, une opportunité de rencontre qui peut sembler illimitée: internet peut offrir de grandes possibilités de rencontre et de solidarité entre tous, et cela est une bonne chose, c’est un don de Dieu. Toutefois, pour chaque instrument qui nous est offert, le choix que l’homme décide d’en faire est fondamental. Le milieu de la communication peut nous aider à croître ou, au contraire, à nous désorienter. Il ne faut pas sous-estimer les risques contenus dans certains de ces espaces virtuels; à travers le réseau, de nombreux jeunes sont appâtés et entraînés dans un esclavage dont ils n’ont plus la capacité ensuite de se libérer. Dans ce domaine, les adultes, parents et éducateurs — également les frères et cousins un peu plus grands — sont appelés au devoir de surveiller et de protéger les jeunes. Vous devez faire la même chose avec vos familles et amis, percevoir et signaler des vulnérabilités particulières, des cas suspects sur lesquels il faut faire la lumière. Utilisez donc le réseau pour partager un récit positif de vos expériences de rencontre avec nos frères dans le monde, racontez et partagez les bonnes pratiques et instaurez un cercle vertueux. [Faith Outuru, en anglais] Je suis l’une des nombreuses jeunes provenant d’un pays lointain, avec une culture différente, des conditions de vie et une expérience d’Eglise diverses. A présent, je suis ici et je veux construire ici mon avenir. Mais je pense à mon pays, aux nombreux jeunes qui sont trompés par de fausses promesses, piégés, réduits en esclavage, prostitués. Comment pourrions-nous aider ces jeunes à ne pas tomber dans le piège des illusions et dans les mains des trafiquants? Comme tu l’as dit, il faut faire en sorte que les jeunes ne tombent pas «dans les mains des trafiquants». Et comme il est horrible de se rendre compte qu’un grand nombre des jeunes victimes ont été auparavant abandonnées par leurs familles, considérées comme un déchet par leur société! De plus, un grand nombre d’entre elles ont été conduites à la traite par leurs familles mêmes et par leurs soi-disant amis. Cela est arrivé également dans la Bible: rappelez-vous que ses frères aînés vendirent le jeune Joseph comme esclave, et ainsi, il fut conduit comme esclave en Egypte! Dans des conditions d’extrême difficulté également, l’éducation se révèle importante. C’est un instrument de protection contre la traite, en effet, elle aide à identifier les dangers et à éviter les illusions. Un sain milieu scolaire, tout comme un sain milieu paroissial, permet aux jeunes de dénoncer les trafiquants éhontés et de devenir porteurs de justes messages pour d’autres jeunes, afin qu’ils ne finissent pas dans le même piège. Tous ceux qui ont été victimes de la traite sont des sources inépuisables de soutien pour les nouvelles victimes et des ressources très importantes d’information pour sauver beaucoup d’autres jeunes. Ce sont souvent de fausses nouvelles, parvenues à travers le bouche à oreille ou véhiculées par les réseaux sociaux, qui prennent au piège les innocents. Les jeunes qui ont eu affaire avec la criminalité organisée peuvent jouer un rôle clé pour décrire ses dangers. Les trafiquants sont souvent des personnes sans scrupules, sans morale ni éthique, qui vivent sur les malheurs des autres, en profitant des émotions humaines et du désespoir des gens pour les soumettre à leur volonté, faisant d’eux des esclaves complètement soumis. Il suffit de penser au nombre de femmes africaines très jeunes qui arrivent sur nos côtes en espérant commencer une nouvelle vie, en pensant gagner leur vie de façon honnête, et sont réduites au contraire en esclavage, obligées de se prostituer. Pour les jeunes, il est fondamental de construire pas après pas son identité et d’avoir un point de référence, un phare comme guide. Depuis toujours, l’Eglise veut être aux côtés des des personnes qui souffrent, en particulier des enfants et des jeunes, en les protégeant et en promouvant leur développement humain intégral. Les mineurs sont souvent «invisibles», soumis à des dangers et des menaces, seuls et faciles à manipuler; nous voulons, même dans les réalités les plus précaires, être votre phare d’espérance et de soutien, parce que Dieu est toujours avec vous. «Le courage et l’espérance sont des qualités de tous, mais elles appartiennent en particulier aux jeunes: courage et espérance. L’avenir est assurément entre les mains de Dieu, les mains d’un Père providentiel. Cela ne signifie pas nier les difficultés et les problèmes, mais les considérer, eux oui, comme provisoires et surmontables. Les difficultés, les crises, avec l’aide de Dieu et la bonne volonté de tous peuvent être surmontées, vaincues, transformées». [Antonio Maria Rossi, lycée de via Dalmazia, Rome] Nous, les jeunes italiens, nous sommes confrontés à un contexte marqué chaque jour davantage par la pluralité des cultures et des religions. Il s’agit d’un défi ouvert. Souvent le manque de respect pour celui qui est différent, la culture du rebut et la corruption, dont naît la traite, semblent des choses normales. S’il vous plaît, Pape François, continuez à encourager nos gouvernants afin qu’ils s’opposent à la corruption, à la vente d’armes et à la culture du rebut; encouragez également tous les responsables religieux à garantir des espaces où les diverses cultures et religions puissent se connaître et se valoriser réciproquement, de manière à ce que tous partagent la même spiritualité de l’accueil. Je voudrais vous demander: que pouvons-nous faire, ici, afin que disparaisse définitivement la plaie de la traite? Quand les pays sont en proie à une pauvreté extrême, à la violence et à la corruption, l’économie, le cadre juridique et les infrastructures de base sont inefficaces et ne réussissent pas à garantir la sécurité, les biens et les droits essentiels. Dans ces contextes, les auteurs de ces crimes agissent impunément. La criminalité organisée et le trafic illégal de drogues et d’êtres humains choisissent leurs proies parmi les personnes qui aujourd’hui ont de faibles moyens de subsistance et encore moins d’espérance pour le lendemain. La réponse est donc de créer des opportunités pour un développement humain intégral, en commençant par une instruction de qualité dès la première enfance, en créant successivement des opportunités de croissance à travers le travail. Ces deux modalités de croissance, dans les diverses phases de la vie, représentent les antidotes à la vulnérabilité et à la traite. Celle que j’ai plusieurs fois qualifiée de «culture du rebut» est à la base des comportements qui, sur le marché et notre univers mondialisé, conduisent à l’exploitation des êtres humains à tous les niveaux. «La pauvreté, les besoins et les drames de tant de personnes finissent par entrer dans la normalité».[4] Certains Etats promeuvent, au sein de la communauté internationale, une politique particulièrement dure pour vaincre le trafic d’êtres humains; cette attitude est en soi erronée car, à cause d’intérêts économiques présents en arrière-plan, on ne veut pas affronter les causes profondes. En outre, la position au niveau international n’est pas toujours cohérente avec les politiques internes. J’espère vraiment que vous puissiez envoyer un message aux responsables à tous les niveaux de gouvernement, du monde des affaires et de la société, en demandant l’accès à une instruction de qualité et donc à un emploi juste et durable. Une stratégie comprenant une plus grande connaissance du thème de la traite, à partir d’une terminologie claire et des témoignages concrets des protagonistes, peut certainement apporter une aide. Toutefois, la conscience réelle de ce thème requiert l’attention à la «demande de traite» qui se trouve derrière l’offre (la filière de la consommation); nous sommes tous appelés à sortir de l’hypocrisie et à affronter l’idée d’être une partie du problème, plutôt que passer notre chemin en proclamant notre innocence. Laissez-moi le dire, s’il y a tant de jeunes femmes victimes de la traite qui finissent dans les rues de nos villes, c’est parce que beaucoup d’hommes ici — des jeunes, des hommes mûrs, âgés — demandent ces services et sont disposés à payer pour leur plaisir. Je me demande alors, est-ce que ce sont vraiment les trafiquants les principaux responsables de la traite? Je crois que la cause principale est l’égoïsme sans scrupules de tant de personnes hypocrites dans notre monde. Assurément, arrêter les trafiquants est un devoir de justice. Mais la vraie solution est la conversion des cœurs, la baisse de la demande pour assécher le marché. [Maria Magdalene Savini] Pape François, dans votre message adressé aux maires de grandes villes réunis au Vatican, vous avez dit que «pour être vraiment efficace, l’engagement commun pour la construction d’une conscience écologique et pour faire obstacle aux esclavages modernes — trafic d’êtres humains et d’organes, prostitution, travail au noir — doit partir des périphéries».[5] Nous aussi, les jeunes, nous vivons souvent dans la périphérie et nous souffrons de l’exclusion, de l’insécurité car nous n’avons ni travail ni accès à une éducation de qualité, nous vivons dans des situations de guerre, de violence, nous sommes obligés de quitter nos terres, car nous appartenons à des minorités ethniques ou religieuses. En particulier nous, les femmes, sommes pénalisées et sommes les principales victimes. Quelle place donnera-t-on dans le synode des jeunes aux jeunes garçons et filles qui proviennent des périphéries de l’exclusion, provoquée par un modèle de développement désormais dépassé, qui continue à déboucher sur la dégradation humaine? Comment faire en sorte que ces jeunes filles et ces garçons soient les protagonistes du changement dans la société et dans l’Eglise? Je désire, pour ceux qui sont les témoins réels des risques de la traite dans leurs pays d’origine, qu’ils puissent trouver dans le synode un lieu pour s’exprimer eux-mêmes, d’où appeler l’Eglise à l’action. C’est pourquoi mon grand désir est que les jeunes représentants des «périphéries» soient les protagonistes de ce synode. Je souhaite qu’ils puissent voir le synode comme un lieu d’où lancer un message aux gouvernants des pays d’origine et d’arrivée, pour demander protection et soutien. Je souhaite que ces jeunes lancent un message global pour une mobilisation de la jeunesse mondiale, pour construire ensemble une maison commune inclusive et accueillante. Je souhaite qu’ils deviennent des exemples d’espérance pour ceux qui traversent le drame existentiel du découragement. L’Eglise catholique entend intervenir aujourd’hui à chaque phase de la traite des êtres humains: elle veut les protéger de la tromperie et des propositions illusoires; elle veut les trouver et les libérer quand ils sont déplacés et réduits en esclavage; elle veut les assister une fois libérés. Souvent les personnes qui ont été piégés et maltraitées perdent la capacité d’avoir confiance dans les autres, et l’Eglise apparaît souvent comme la dernière planche de salut. Il est très important de répondre de manière concrète à la vulnérabilité de ceux qui sont à risque, pour ensuite accompagner les processus de libération, en commençant par mettre leurs vies en sécurité. Les groupes ecclésiaux peuvent ouvrir des espaces de sécurité là où cela est nécessaire, dans les lieux de recrutement, sur les routes du trafic et dans les pays d’arrivée. Mon espérance est que le synode soit également une opportunité pour les Eglises locales d’apprendre à travailler ensemble et à devenir «un réseau de salut». Je voudrais enfin conclure en citant sainte Joséphine Bakhita. cette grande soudanaise «est aujourd’hui encore un témoin exemplaire d’espérance pour les nombreuses victimes de l’esclavage et elle peut soutenir les efforts de ceux qui se consacrent à la lutte contre cette “plaie dans le corps de l’humanité contemporaine, une plaie dans la chair du Christ”».[6] Puisse-t-elle nous inspirer à accomplir des gestes de fraternité avec ceux qui se trouvent dans un état de soumission; à nous laisser interpeller, à nous laisser inviter par la rencontre. Prions: Sainte Joséphine Bakhita, enfant tu as été vendue comme esclave et tu as dû affronter des difficultés et des souffrances indicibles. Une fois libérée de ton esclavage physique, tu as trouvé la vraie rédemption dans la rencontre avec le Christ et son Eglise. Sainte Joséphine Bakhita, aide tous ceux qui sont emprisonnés dans l’esclavage. En leur nom, intercède auprès du Dieu de la Miséricorde, de façon à ce que les chaînes de leur prison puissent être brisées. Puisse Dieu lui-même libérer tous ceux qui ont été menacés, blessés ou maltraités par la traite et par le trafic d’êtres humains. Apporte le soulagement à ceux qui survivent à cet esclavage et enseigne-leur à voir Jésus comme un modèle de foi et d’espérance, pour qu’ils puissent ainsi guérir leurs blessures. Nous te supplions de prier et d’intercéder pour nous tous: afin que nous ne tombions pas dans l’indifférence, afin que nous ouvrions les yeux et que nous puissions regarder les misères et les blessures de tant de nos frères et sœurs privés de leur dignité et de leur liberté et entendre leur appel à l’aide. Amen.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DES SAINTS STIGMATES DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CHRIST

[…] Chers missionnaires Stigmatine, apportez ce feu aux communautés chrétiennes, où la foi de nombreuses personnes doit être ravivée, afin de trouver la force d’être contagieuse. En même temps, allez annoncer l’Évangile aux pauvres, à ceux qui ne se sentent pas aimés par qui que ce soit, à ceux qui vivent dans la tristesse et le désespoir, aux prisonniers, aux sans-abri et aux sans-abri, aux immigrants, à ceux qui fuient guerres. Saint Gaspar Bertoni vous a transmis l’amour des saints Sposi, Maria et Giuseppe. Par conséquent, accordez une attention particulière à la famille. avec les laïcs, annoncez la joie de l’amour. Apportez le feu du Christ aux jeunes qui ont besoin de quelqu’un pour les écouter et les aider à trouver un sens à la vie. Si vous annoncez Jésus, ils seront attirés; conduis-les à lui avec patience et persévérance. Soyez des missionnaires joyeux et gentils, bien préparés à rencontrer chaque personne. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX MEMBRES DU GROUPE SAINTE-MARTHE

Chers frères évêques, chers amis, Je vous souhaite la bienvenue, membres du Groupe Sainte-Marthe, au terme de votre conférence consacrée cette année à fournir une perspective mondiale sur la traite des êtres humains et sur les formes modernes d’esclavage. En tant que responsables dans les forces de l’ordre, dans la recherche, dans les politiques publiques et dans l’assistance pastorale, vous offrez une contribution essentielle pour affronter les causes et les effets de ce fléau moderne qui continue d’être la cause d’indicibles souffrances humaines. Mon espoir est que ces journées de réflexion et d’échange d’expériences aient porté davantage à la lumière l’interaction des problématiques mondiales et locales de la traite de personnes humaines. L’expérience montre que ces formes modernes d’esclavage sont bien plus répandues qu’on ne peut l’imaginer, même — cela est pour nous une honte et un scandale — au sein de nos sociétés les plus prospères. Le cri de Dieu à Caïn, qui se trouve dans les premières pages de la Bible — «Où est ton frère?» — nous pousse à examiner sérieusement les différentes formes de complicité à travers lesquelles la société tolère et encourage, particulièrement à propos de la traite à des fins sexuelles, l’exploitation d’hommes, de femmes et d’enfants vulnérables (cf. Exhort. apost. Evangelii gaudium, n. 211). Les initiatives visant à combattre la traite de personnes humaines, dans leur objectif concret de démanteler les réseaux criminels, doivent considérer toujours plus les vastes secteurs qui y sont liés, comme par exemple l’usage responsable des technologies et des moyens de communication, sans parler de l’étude des implications éthiques des modèles de croissance économique qui privilégient le profit sur les personnes. Je suis convaincu que vos discussions de ces jours contribueront aussi à accroître la prise de conscience de la nécessité croissante d’aider les victimes de ces crimes, en les accompagnant sur un chemin de réintégration dans la société et de rétablissement de leur dignité humaine. L’Eglise est reconnaissante pour tous les efforts faits pour apporter le baume de la miséricorde divine à ceux qui souffrent, parce que cela représente aussi un pas essentiel pour l’assainissement et le renouveau de la société dans son ensemble. Chers amis, avec ma gratitude pour votre engagement et votre collaboration dans ce secteur crucial, je vous assure de mes meilleurs vœux, accompagnés de ma prière, pour la poursuite de votre travail. Sur vous, sur vos familles et sur tous ceux que vous servez, j’invoque la bénédiction du Seigneur qui donne sagesse, force et paix. Et je vous demande, s’il vous plaît, de prier pour moi.

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

Après l’angélus […] Je vous salue tous, fidèles de Rome et pèlerins d’Italie et de divers pays. Je salue le groupe du diocèse de Cadix et Ceuta (Espagne), les étudiants du collège « Charles Péguy » de Paris, les fidèles de Sestri Levante, Empoli, Milan et Palerme et la représentation de la ville d’Agrigente à qui j’exprime ma reconnaissance pour le engagement à accueillir et à intégrer les migrants. Merci! Merci pour ce que vous faites. Un salut cordial aux bénévoles et collaborateurs de l’association « Fraterna Domus » qui travaille à Rome depuis 50 ans pour l’hospitalité et la solidarité. […]

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DISCOURS DU SAINT PÈRE FRANCIS AUX MEMBRES DE LA CROIX-ROUGE ITALIENNE

[…] Votre action mérite donc encore plus la gratitude de chaque citoyen, car elle se déroule dans les situations les plus diverses et doit faire face à la fatigue et aux dangers de toutes sortes. C’est donc le cas de l’assistance apportée aux victimes des tremblements de terre et autres catastrophes naturelles, ce qui allège les preuves des populations touchées, ce qui représente un signe de la proximité de l’ensemble du peuple italien. Votre engagement à aider les migrants lors de leur difficile voyage en mer et à accueillir ceux qui débarquent et souhaitent être accueillis et intégrés est tout aussi précieux. La main que vous leur tendez et qu’ils saisissent est un signe élevé, qui devrait se traduire par: « Je ne vous aide pas seulement en ce moment, pour vous sortir de la mer et vous mettre à l’abri, mais je vous assure que je serai là et que je prendrai votre coeur à cœur. destin ». Pour cette raison, votre présence aux côtés des immigrés est un signe prophétique, indispensable à notre époque. J’ai dit le mot « signe prophétique »: le prophète – pour le dire dans une langue que nous comprenons tous – le prophète est celui qui « gifle »; avec son mode de vie, avec le service qu’il rend et les mots … « gifle »: réveillez-vous, il donne de vraies gifles à l’égoïsme social, à l’égoïsme des sociétés. Et cela réveille le meilleur du cœur! Mais donnez la gifle avec la parole et le témoignage, pas avec la main! […]

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CÉLÉBRATION DES VÊPRES EN LA SOLENNITÉ DE LA CONVERSION DE SAINT PAUL APÔTRE HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

[…] Après la libération, le peuple élu a entrepris un voyage long et difficile à travers le désert, souvent en vacillant, mais en puisant une force dans le souvenir de l’œuvre salvifique de Dieu et de sa présence toujours proche. Les chrétiens d’aujourd’hui rencontrent également de nombreuses difficultés sur leur chemin, entourés de tant de déserts spirituels qui rendent arides l’espérance et la joie. Sur le chemin, il y a aussi de graves dangers, qui mettent la vie en péril: combien de frères, aujourd’hui, subissent des persécutions à cause du nom de Jésus! Lorsque leur sang est versé, même s’ils appartiennent à des confessions différentes, ils deviennent ensemble des témoins de la foi, des martyrs, unis dans le lien de la grâce du baptême. Et encore, avec les amis d’autres traditions religieuses, les chrétiens affrontent aujourd’hui des défis qui avilissent la dignité humaine: ils fuient des situations de conflit et de misère; ils sont victimes de la traite des êtres humains et d’autres esclavages modernes; ils souffrent des privations et de la faim dans un monde de plus en plus riche de moyens et pauvre d’amour, où les inégalités continuent d’augmenter. Mais, comme les Israélites de l’Exode, les chrétiens sont appelés à conserver ensemble le souvenir de ce que Dieu a accompli en eux. En ravivant ce souvenir, nous pouvons nous soutenir les uns les autres et affronter, armés seulement de Jésus et de la douce force de son Evangile, tous les défis avec courage et espérance. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À UN GROUPE DE REPRÉSENTANTS DE LA COMMUNAUTÉ DE YÉZIDIS QUI VIVENT EN ALLEMAGNE

[…] Je pense en outre aux membres de votre communauté qui sont encore entre les mains des terroristes: j’espère vivement que l’on fait tout ce qui est possible pour les sauver; ainsi que pour retrouver les personnes dispersées et donner une identité et une digne sépulture à ceux qui ont été tués. La communauté internationale ne peut rester spectatrice muette et inerte devant votre drame. J’encourage par conséquent les institutions et les personnes de bonne volonté qui appartiennent à d’autres communautés à contribuer à la reconstruction de vos maisons et de vos lieux de culte. Que l’on ne néglige aucun effort concret pour créer les conditions appropriées au retour des réfugiés dans leurs maisons et pour préserver l’identité de la communauté des yézidis. Que Dieu nous aide à construire ensemble un monde où l’on puisse vivre dans la paix et la fraternité […]