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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS À L’ASSEMBLÉE PLÉNIÈRE DU COMITÉ PONTIFICAL POUR LES CONGRÈS EUCHARISTIQUES INTERNATIONAUX

[…] La deuxième attitude est celle du service. La communauté eucharistique, en communiant au destin de Jésus Serviteur, devient elle-même «servante»: en mangeant le «corps livré» elle devient «corps offert pour la multitude». En revenant continuellement à la «chambre haute» (cf. Ac 1, 13), sein de l’Eglise, où Jésus a lavé les pieds de ses disciples, les chrétiens servent la cause de l’Evangile en s’insérant dans les lieux de la faiblesse et de la croix pour partager et guérir. Il existe de nombreuses situations dans l’Eglise et dans la société, sur lesquelles verser le baume de la miséricorde à travers les œuvres spirituelles et corporelles: il existe des familles en difficulté, des jeunes et des adultes sans travail, des malades et des personnes âgées seules, des migrants marqués par les fatigues et les violences — et repoussés —, et aussi d’autres pauvretés. Dans ces lieux de l’humanité blessée, les chrétiens célèbrent le mémorial de la Croix et rendent vivant et présent l’Evangile du Serviteur Jésus qui s’est livré par amour. Les baptisés sèment ainsi une culture eucharistique en devenant serviteurs des pauvres, non pas au nom d’une idéologie, mais de l’Evangile lui-même, qui devient règle de vie des personnes et des communautés, comme en témoigne la chaîne ininterrompue de saints et de saintes de la charité. […]

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SALUT DU PAPE FRANÇOIS À SA SAINTETÉ MAR GEWARGIS III, CATHOLICOS PATRIARCHE DE L’ÉGLISE ASSYRIENNE DE L’ORIENT

[…] 3. Dans notre pèlerinage vers l’unité visible, nous faisons l’expérience d’une souffrance commune, qui provient de la situation dramatique de nos frères et sœurs chrétiens au Moyen-Orient, en particulier en Irak et en Syrie. L’importance de la présence et de la mission chrétienne au Moyen-Orient a été soulignée une fois de plus clairement au cours de la journée de prière et de réflexion qui s’est tenue le 7 juillet 2018, à Bari, quand les responsables des Eglises et des communautés chrétiennes du Moyen-Orient se sont rassemblés pour prier et parler les uns avec les autres. La Bonne Nouvelle de Jésus, crucifié et ressuscité par amour, est venue du Moyen-Orient et a conquis les cœurs humains au cours des siècles, non pas avec la force terrestre, mais avec la force désarmée de la Croix. Pourtant, depuis des décennies désormais, le Moyen-Orient est un épicentre de violence où, chaque jour, des populations entières endurent des épreuves douloureuses. Des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants innocents souffrent immensément à cause de conflits violents que rien ne peut justifier. Les guerres et les persécutions ont accru l’exode des chrétiens des terres où ils ont vécu côte à côte avec d’autres communautés religieuses depuis les temps des apôtres. Sans distinction de rite ou de confession, ils souffrent parce qu’ils professent le nom du Christ. En eux, nous voyons le Corps du Christ qui, aujourd’hui encore, est tourmenté, battu et bafoué. Nous sommes profondément unis dans notre prière d’intercession et dans notre proximité charitable envers ces membres souffrants du corps du Christ. […]

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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE « LA GOUVERNANCE D’UN BIEN COMMUN : L’ACCÈS À L’EAU POTABLE POUR TOUS »

[…] J’ai déjà proposé certaines considérations sur cette question dans l’encyclique Laudato si’ et dans le récent Message à l’occasion de la journée de prière pour la sauvegarde de la création. J’espère que les intervenants et les participants à cette conférence pourront communiquer dans leurs milieux professionnels et politiques l’urgence, la volonté et la détermination nécessaires. Le Saint-Siège et l’Eglise s’engagent en faveur de l’accès à l’eau potable pour tous. Cet engagement se manifeste dans de multiples initiatives comme la réalisation d’infrastructures, la formation, l’advocacy, l’aide aux populations en danger dont l’approvisionnement en eau est compromis, parmi lesquels les migrants, et le rappel à cet ensemble de références éthiques et de principes qui jaillissent de l’Evangile et d’une saine anthropologie. […]

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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU FORUM SOCIAL MONDIAL DES MIGRATIONS 2018

Au Forum social mondial sur les migrations Mexico – 2 novembre 2018 Chers frères et sœurs, Je vous remercie pour l’invitation qui m’a été faite par les organisateurs du Forum social mondial des migrations à vous adresser quelques paroles d’encouragement au début des sessions de travail. Le programme d’action de la huitième édition du Forum social mondial des migrations rappelle la mission du prophète Jérémie, envoyé par Dieu «pour arracher et renverser, pour exterminer et démolir, pour bâtir et planter» (Jr 1, 10). Comme au temps du prophète, aujourd’hui il y a des méchancetés à arracher, des injustices à renverser, des discriminations à détruire, des privilèges à démolir, une dignité à bâtir et des valeurs à planter. La transformation positive de nos sociétés commence par le rejet de toutes les injustices, qui aujourd’hui cherchent leur justification dans la «culture du rebut», une maladie «pandémique» du monde contemporain. Cette opposition se pose comme une première réalisation de justice, surtout quand elle réussit à donner voix aux «sans voix». Et parmi ces derniers, il y a les migrants, les réfugiés et les déplacés, qui sont ignorés, exploités, violés et abusés dans le silence coupable de beaucoup. L’action transformatrice ne se limite cependant pas à dénoncer les injustices. Il est nécessaire d’identifier des modèles de solutions concrètes et réalisables, en éclaircissant les rôles et les responsabilités de tous les acteurs. Dans le domaine migratoire (migrer), la transformation (transformer) se nourrit de la résilience (résister) des migrants, des réfugiés et des déplacés, et se sert de leurs capacités et de leurs aspirations pour la construction (construire) de «sociétés inclusives, justes et solidaires, capables de rendre la dignité à tous ceux qui vivent dans une grande incertitude et ne réussissent pas à rêver un monde meilleur» (Message au président exécutif du Forum économique mondial, 23-26 janvier 2018). Ce Forum se propose d’affronter sept thèmes centraux directement liés aux migrations contemporaines: droits humains, frontières, incidence politique, capitalisme, genre, changement climatique et dynamiques transnationales. Il s’agit de thèmes très importants, qui méritent une réflexion attentive et partagée par tous les acteurs, une réflexion qui cherche l’intégration des différentes perspectives, en reconnaissant la complexité du phénomène migratoire. Et c’est justement en raison de cette complexité que depuis deux ans, la communauté internationale s’est engagée dans le développement de deux processus de consultations et de négociations, qui ont comme objectif l’adoption de deux pactes mondiaux, pour une migration sûre, ordonnée et régulière, et l’autre sur les réfugiés. Comme contribution à ces processus, la section migrants et réfugiés, sous ma direction, a préparé un document, intitulé 20 points d’actions pour les pactes mondiaux, qui soutient une série de mesures efficaces et confirmées qui, dans leur ensemble, constituent une réponse cohérente aux défis qui se posent actuellement. Les 20 points s’articulent autour de quatre verbes — accueillir, protéger, promouvoir et intégrer — qui synthétisent la réponse aux «défis posés à la communauté politique, à la société civile et à l’Eglise» (Discours aux participants au Forum international sur «Migrations et paix», 21 février 2017), par le phénomène migratoire aujourd’hui. Un grand nombre des principes déclarés et des mesures suggérées dans les 20 points d’action coïncident avec les déclarations que les organisations de la société civile ont signées dans l’intention de contribuer au processus lancé par les Nations unies en vue des pactes mondiaux. En outre, il existe un grand nombre de principes et de mesures communes entre les 20 points et les textes finaux des pactes. Au-delà de leurs limites, que le Saint- Siège n’a pas manqué de signaler, et de leur nature non contraignante, les pactes mondiaux constituent «un cadre de référence pour avancer des propositions politiques et mettre en œuvre des mesures pratiques» (Message pour la journée mondiale de la paix 2018, 13 novembre 2017). Comme pour n’importe quelle action de portée mondiale, la mise en pratique des recommandations et des suggestions contenues dans les pactes mondiaux demande la coordination des «efforts de tous les acteurs, parmi lesquels, vous pouvez en être certains, il y aura toujours l’Eglise» (Discours aux participants au Forum international sur «Migrations et paix», 21 février 2017). A cette fin, j’espère pouvoir compter sur votre collaboration à tous ainsi que sur celle des organisations que vous représentez dans ce Forum. La même collaboration est demandée pour améliorer les accords bilatéraux et multilatéraux dans le domaine migratoire, afin qu’ils soient toujours au plus grand bénéfice de tous: les migrants, les réfugiés, les déplacés, leurs familles, leurs communautés d’origine et les sociétés qui les accueillent. Cela ne peut s’obtenir que dans le cadre d’un dialogue transparent, sincère et constructif entre tous les acteurs, dans le respect des rôles et des responsabilités de chacun. Je voudrais saisir cette occasion pour encourager les organisations de la société civile et les mouvements populaires à collaborer à la diffusion massive de ces points des pactes mondiaux qui visent à la promotion humaine intégrale des migrants et des réfugiés — ainsi que des communautés qui les accueillent —, en soulignant les bonnes initiatives proposées. Les organisations et les mouvements eux-mêmes sont invités à s’engager en vue de promouvoir une répartition de responsabilité plus équitable dans l’assistance aux demandeurs d’asile et aux réfugiés. Leur action est en outre déterminante pour identifier rapidement les victimes de la traite, en réalisant tous les efforts nécessaires pour les libérer et les réhabiliter. Je demande enfin l’intercession de la Vierge Marie, sous le titre de Notre-Dame de Guadalupe, afin qu’elle vous protège et qu’elle vous soutienne de son aide maternelle dans vos activités en faveur des migrants, des réfugiés et des déplacés. Dieu bénisse votre travail dans les prochains jours.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU XVe CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DES MISSIONNAIRES DE SAINT CHARLES (SCALABRINIENS)

Discours improvisé J’ai préparé quelques mots à vous dire, mais je les remets au père général et je préfère parler un peu avec le cœur et, s’il y a le temps, donner l’occasion de poser quelques questions. J’aimerais commencer par vous remercier pour ce que vous faites. J’ai eu la grâce de vous connaître avant d’être archevêque de Buenos Aires, parce que vos élèves étudiaient dans notre faculté. Ils étaient forts! Puis, en tant qu’archevêque, j’ai eu votre aide dans cette ville qui avait tant de problèmes d’immigration. Merci beaucoup! Et à présent, merci de nous avoir donné l’un des deux sous-secrétaires pour les migrants. Ils travaillent très bien tous les deux. «J’étais un étranger». Ce mot m’a interpellé quand vous l’avez dit… Il est plus facile d’accueillir un étranger que d’être accueilli, et vous devez faire les deux choses. Vous devez enseigner, aider à accueillir l’étranger, et donner toutes les possibilités aux pays qui ont tout, ou ce qui est suffisant, pour utiliser ces quatre mots que vous avez prononcés. Comment accueillir un étranger. La Parole de Dieu me touche beaucoup: déjà dans l’Ancien Testament, elle souligne cela: accueillir l’étranger, «parce que souviens-toi que tu as été un étranger». Il est vrai qu’il y a aujourd’hui une vague de fermeture à l’égard de l’étranger, et qu’il y a aussi de nombreuses situations de trafic de personnes étrangères: l’étranger est exploité. Je suis fils de migrants, et je me souviens après la guerre — j’étais un petit garçon de 10 ou 12 ans — quand, là où mon père travaillait, les Polonais sont arrivés pour travailler, tous des migrants, et comment ils ont été bien reçus. L’Argentine a cette expérience d’accueil, parce qu’il y avait du travail et il y avait aussi un besoin. Et l’Argentine — d’après mon expérience — est un cocktail de vagues migratoires, vous le savez mieux que moi. Parce que les migrants construisent un pays, comment ils ont construit l’Europe. Parce que l’Europe n’est pas née ainsi, l’Europe a été faite par de nombreuses vagues de migration au cours des siècles. A un moment, vous avez utilisé un mot laid: «bien-être». Mais le bien-être est suicidaire, parce qu’il conduit à deux choses. A fermer les portes, pour ne pas être dérangé: seules les personnes qui servent à mon bien-être peuvent entrer. Et il conduit également, à cause de ce bien-être, à ne pas être féconds. Nous connaissons ce drame aujourd’hui: un hiver démographique et une fermeture des portes. Cela doit nous aider à comprendre un peu ce problème de l’accueil de l’étranger: oui, c’est un étranger, il n’est pas des nôtres, il vient de l’extérieur. Mais comment accueillir quelqu’un qui est étranger? Et c’est le travail que vous faites et que vous aidez à faire: former des consciences pour bien le faire. Et je vous en remercie. Mais il y a l’autre dimension. Nous ne sommes pas les maîtres qui disent: «Ah, vous, si vous êtes étrangers, venez». Non, nous aussi, nous sommes des étrangers. Et si nous n’essayons pas d’être accueillis par les gens, par ceux qui sont migrants et par ceux qui ne le sont pas, il manque une autre partie de notre conscience: nous deviendrons des «maîtres», les maîtres de l’immigration, ceux qui en savent le plus sur les migrations. Non, il faut avoir fait, dans votre expérience religieuse, cette expérience: être vous aussi des migrants, au moins des migrants culturels. C’est pourquoi j’ai toujours aimé, dans votre itinéraire de formation, le fait que vous faites tourner les étudiants: faire de la théologie ici, de la philosophie là-bas…, pour qu’ils puissent connaître plusieurs cultures. Etre un étranger. Et c’est très important. A partir de la propre expérience d’avoir été étranger, que ce soit pour les études ou pour les destinations, grandit la connaissance de ce que veut dire accueillir un étranger. Ces deux choses, ces deux directions sont très importantes, et vous devez bien les faire. C’est la première chose que je voulais dire. Et puis vous avez aussi utilisé un autre mot: prier. Le migrant prie. Il prie parce qu’il a besoin de tant de choses. Et il prie à sa manière, mais il prie. Un danger pour nous tous, hommes et femmes d’Eglise, mais pour vous encore plus, pour votre vocation, serait de ne pas avoir besoin de prière. «Oui, oui, je pense, j’étudie, je fais, mais je ne sais pas mendier, je ne sais pas demander d’être accueilli par le Seigneur, puisque moi aussi je suis un migrant à l’égard du Seigneur». C’est pourquoi, j’ai aimé quand vous avez parlé de prière: une prière qui très souvent est ennuyeuse ou qui vous angoisse. Mais se tenir devant le Seigneur et frapper à la porte, comme fait le migrant, qui frappe à la porte. Comme l’a fait cette «migrante» en Israël — une syrophénicienne — qui a même réussi à discuter avec le Seigneur (cf. Mt 15, 21-28). Frapper à la porte de la prière. Etre migrants dans l’expérience de la migration, comme vous le faites dans les destinations, et être migrants dans la prière, frapper à la porte pour être reçus par le Seigneur: c’est une aide très importante. Et un autre phénomène des migrants — pensons à la caravane qui va du Honduras aux Etats-Unis — c’est le regroupement. Le migrant cherche généralement à partir en groupe. Parfois, il doit partir seul, mais il est normal de se regrouper, parce que nous nous sentons plus forts dans la migration. Et il y a là la communauté. Dans le football, il peut y avoir des joueurs «libres», qui peuvent se déplacer en fonction des opportunités, mais chez vous il n’y a pas de possibilité, chez vous les joueurs «libres» échouent. Toujours la communauté. Toujours en communauté, parce que votre vocation est précisément pour les migrants qui se déplacent en groupe. Sentez-vous des migrants. Sentez-vous, oui, des migrants face aux besoins, des migrants face au Seigneur, des migrants parmi vous. Et pour cela le besoin de se regrouper. Ces trois choses me sont venues à l’esprit quand vous parliez. Ces idées peuvent peut-être vous aider. Je vous remercie pour tout ce que vous faites. Vous êtes un exemple. Et vous êtes aussi courageux, parce que vous allez souvent au-delà des limites, vous prenez des risques. Et le risque est aussi une caractéristique du migrant. Il est en danger. Il risque aussi parfois sa vie. Et c’est une chose qui aide: courageux, ils savent prendre des risques. La prudence chez vous a une autre tonalité, par rapport à la prudence d’un moine de clôture: ce sont des prudences différentes. Toutes les deux des vertus, mais de tonalités différentes. Prendre des risques. Il reste encore un peu de temps. Je ne sais pas si quelqu’un veut poser des questions pour enrichir la rencontre. Allez-y! [Question d’un scalabrinien en italien] Je voudrais tout d’abord vous remercier pour cette rencontre — même si le supérieur général l’a déjà fait — et vous remercier au nom de tant de migrants qui m’ont demandé aujourd’hui de vous dire qu’ils vous aiment beaucoup. Nous voulons vous remercier pour tous vos enseignements, nous voulons vous remercier en particulier pour ce que vous faites — le supérieur l’a rappelé aujourd’hui — et nous voulons aussi vous demander de ne jamais vous lasser de demander à l’Eglise et à nous, scalabriniens, en particulier aujourd’hui, d’être des «évangélisateurs avec l’Esprit», comme vous l’avez si bien dit dans «Evangelii gaudium» et dans «Gaudete et exsultate». Merci et demandez-nous toujours cela! Merci à toi! Un autre courageux Sainteté, de votre point de vue, qui est universel, où devrions-nous aller? Vous n’êtes pas si nombreux pour aller là où il y a besoin: aujourd’hui, il y a besoin partou. Le choix des lieux se fait par le discernement, le discernement devant le Seigneur et face aux besoins qui existent dans le monde. Et ce n’est pas facile, ce n’est pas facile de choisir celui-ci. Il y a deux mots qui peuvent m’aider à te répondre. L’un est toujours le magis: toujours plus, toujours plus, parce que Dieu t’attire ainsi. Allez plus loin. Aller sans se lasser d’aller au-delà, au-delà, vers de nouvelles frontières. C’est la dimension d’un bon choix. Et l’autre est une devise que saint Thomas dit en latin dans la première partie de la Summa Theologica: «Non coerceri a maximo, contineri tamen a minimo divinum est». «Ne pas être sujets à de grandes choses, mais tenir compte des plus petites, cela est divin». Et il n’est pas facile de choisir dans cette tension: «Non coerceri a maximo» non, avoir un horizon, sans avoir de crainte, mais «contineri tamen a minimo»: «cela est divin». Et Dieu agit ainsi, parce que Dieu est le Dieu de l’univers, de l’histoire du salut, il est le Maximus. C’est le Dieu du sacrifice de la croix: l’amour suprême. Et c’est aussi le Dieu qui prend soin de chaque personne, du «plus petit»: il est capable d’ouvrir la porte du paradis à un voleur. Avec ces deux critères: le magis, et également cette tension, je crois que vous pouvez faire de bons choix. Et un bon choix c’est la capacité de dire au revoir. Cela n’arrive pas seulement à vous, mais à tout le monde. Le moment venu où Dieu demande, par obéissance à Lui, ou par obéissance aux supérieurs, de prendre congé, il faut le faire. Prendre congé n’est pas facile. Il y a de bons congés: vous êtes heureux de dire au revoir au poste de supérieur général, aujourd’hui! Il est heureux. Mais prendre congé est difficile, parce qu’on s’habitue au travail, on s’habitue à la communauté, on s’habitue au peuple, on s’habitue… Et pour dire non et reculer, il faut du courage, et il faut de la sainteté pour bien le faire. La capacité de prendre congé quand c’est la volonté de Dieu, que ce soit par obéissance ou pour d’autres raisons, ou par l’inspiration, qui vous dit: «ça suffit». Cela aide à faire de bons choix. Je ne sais pas si j’ai répondu, mais ces deux principes aideront suffisamment. Je suis d’ici, j’ai grandi aux Etats-Unis à partir de 16 ans et à présent je travaille avec les migrants latins, en particulier avec les Mexicains. Leur plus grande douleur est quand il ne peuvent pas revenir enterrer leur père, après vingt ans passés aux EtatsUnis. J’aimerais que vous leur adressiez un message. C’est probablement l’œuvre de miséricorde que l’on comprend le moins. Et celle que, permettez-moi le mot, nous sous-évaluons le plus: enterrer les morts. Nous la sousévaluons parce que généralement les personnes âgées meurent et on dit: bien, finalement il a cessé de souffrir et finalement il a cessé d’être une préoccupation pour moi. Et tous les égoïsmes s’unissent ici. Excusez-moi, je parle en espagnol… Mais quand nous nous trouvons face à ces gens qui souffrent de ne pas pouvoir aller enterrer leurs parents, nous nous trouvons face à la grandeur de notre peuple fidèle, car derrière cela il n’y a pas seulement l’œuvre de miséricorde, il y a le quatrième commandement et le peuple fidèle de Dieu aime le quatrième commandement. Il a le flair pour comprendre que, là aussi, il y a une bénédiction. Les catholiques qui ne sont pas très fidèles, ceux qui aiment regarder de l’avant, peuvent avoir la tentation d’oublier leurs parents, et ne pas les amener. Une fois, en expliquant les commandements — j’étais enfant — ma grand-mère me raconta une histoire: il y avait une famille très catholique, très bonne… le grand-père veuf habitait avec eux, mais à la fin le grand-père avait trop vieilli et à table il salissait ses vêtements, le bouillon coulait et la nourriture aussi. Et à un certain moment le père a décidé, et il l’a expliqué à ses enfants, que pour pouvoir inviter des amis, le grand-père aurait mangé à la cuisine, seul. Et il a acheté une table pour le grand-père: bien faite, de bonne qualité, mais il aurait été seul. Ainsi la famille pouvait manger sans cette chose qui n’était pas très belle. Quelques jours après, en revenant du travail, le père trouva son fils le plus petit avec un marteau, des clous et des morceaux de bois, qui travaillait. «Qu’est-ce que tu fais?» — «Je construis une table» — «Mais pourquoi une table?» — «Pour toi, pour pouvoir l’utiliser quand tu seras vieux». Je n’ai jamais oublié cet épisode. Une histoire, une histoire qui touche ce que tu as dit: l’amour pour les parents. Et le peuple fidèle de Dieu aime ses parents, il aime les personnes âgées. La société d’aujourd’hui, en général, cette culture, court le danger de considérer les personnes âgées comme du matériel de rebut. Quand il ne les laisse pas aller vers les nombreuses formes d’euthanasie cachée, comme celles de ne pas donner les bons médicaments, ou d’en donner moins parce qu’ils sont coûteux, et ainsi ils meurent plus vite. Nous tous avons également des grands-parents spirituels, des pères spirituels, même dans la congrégation. Ta question me suggère cela: vos parents spirituels, dans la congrégation, sont-ils bien soignés? Faites-vous tout ce que pouvez pour qu’ils vivent en communauté tant que cela est possible, ou êtesvous trop pressés de les envoyer dans une maison de repos dès que possible? Excusez-moi, mais c’est toi qui a abordé le sujet! D’Amérique centrale, juste quelques mots. Je suis en mission au Guatémala. En ce moment l’Amérique centrale pleure, l’Amérique centrale crie. Et nous rencontrons des signes d’accueil et des signes de fermeture, dont un grand nombre viennent de la part même des laïcs engagés. L’Eglise, avec ses évêques, commence à ouvrir davantage ses portes, grâce à vos paroles et à l’impulsion que vous donnez. Notre tentation la plus grande est de ne pas nous sentir écouté par Dieu face à tant de souffrance et tant de cris, et nous vous apportons ces cris, à vous qui êtes ici, car je sais que vous les connaissez, que vous les entendez. Et un remerciement de la part de l’Amérique centrale pour vos paroles d’encouragement, vos paroles de force. Merci, Sainteté. Merci à toi. Je comprends cette tentation, je comprends. C’est une tentation, mais il faut frapper, frapper à la porte, frapper sans se lasser. Mais en communauté, tous ensemble. Le faire ensemble. Chacun, mais en sachant que toute la communauté prie pour ce peuple qui souffre tant. Merci, Sainteté. Je suis un Colombien engagé dans le service de guide en Australie et en Asie, où le Seigneur nous bénit par le nombre de vocations. Une grande bénédiction pour notre congrégation. Je vous demande un message pour nos séminaristes, pas seulement asiatiques, mais de toute la congrégation, et pour ce peuple d’Orient. Bien, je dirai quelque chose en résumant ce que j’ai déjà dit: il faut qu’ils soient des migrants pour pouvoir travailler avec les migrants. Migrants de Dieu, migrants avec la communauté, migrants d’un peuple, qu’ils se sentent en chemin, en chemin. Et qu’ils soient des migrants de Dieu qui apportent dans la prière des choses concrètes: le fait que la prière est faite pour lutter, pour lutter avec Dieu! Et si on lutte, on obtient les choses. Dites-leur cela: qu’ils aient du courage. A présent, prions la Vierge: «Je vous salue Marie…».

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

[…] Cette Parole de Dieu exprime bien l’expérience que nous avons vécue pendant les semaines du synode: cela a été un temps de consolation et d’espérance. Cela l’a été avant tout comme moment d’écoute: écouter demande en effet temps, attention, ouverture d’esprit et de cœur. Mais cet engagement se transformait chaque jour en consolation, surtout parce que nous avions parmi nous la présence animée et stimulante des jeunes, avec leurs histoires et leurs contributions. A travers les témoignages des pères synodaux, la réalité multiforme des nouvelles générations est entrée dans le synode, pour ainsi dire, de tous les côtés: de tous les continents et de tant de situations humaines et sociales différentes. Avec cette attitude fondamentale d’écoute, nous avons cherché à lire la réalité, à saisir les signes de notre temps. Un discernement communautaire, fait à la lumière de la Parole de Dieu et de l’Esprit Saint. C’est l’un des plus beaux dons que le Seigneur fait à l’Eglise catholique, celui de rassembler des voix et des visages de milieux les plus variées et ainsi de pouvoir tenter une interprétation qui tienne compte de la richesse et de la complexité des phénomènes, toujours à la lumière de l’Evangile. Ainsi, en ces jours, nous nous sommes confrontés sur la façon de marcher ensemble à travers de nombreux défis, tels que le monde numérique, le phénomène des migrations, le sens du corps et de la sexualité, le drame des guerres et de la violence. […]

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SHARING THE WISDOM OF TIME DIALOGUE DU PAPE FRANÇOIS AVEC LES JEUNES ET LES PERSONNES ÂGÉES

[…] Merci. J’ai aimé ce: «Je ne parle pas de politique mais je parle de l’humanité». C’est sage. Les jeunes n’ont pas l’expérience des deux guerres. J’ai appris de mon grand-père, qui a fait la première, sur le Piave, j’ai beaucoup appris, de son récit. Egalement les chansons un peu ironiques contre le roi et la reine, j’ai appris tout cela. Les souffrances, les souffrances de la guerre… Que laisse une guerre? Des millions de mort, dans un grand massacre. Et puis il y a eu la seconde, et celle-là, je l’ai connue à Buenos Aires, avec tant de migrants qui sont arrivés: ils étaient très, très nombreux, après la seconde guerre mondiale. Italiens, Polonais, Allemands… très, très nombreux. Et en les écoutant, j’ai compris, nous comprenions tous ce qu’était une guerre, ce que nous ne connaissions pas chez nous. Je crois qu’il est important que les jeunes connaissent les effets des deux guerres du siècle dernier: c’est un trésor, négatif, mais un trésor à transmettre, pour créer des consciences. Un trésor qui a aussi fait grandir l’art italien: le cinéma de l’après-guerre est une école d’humanisme. C’est important qu’ils connaissent cela, pour ne pas tomber dans la même erreur. Qu’ils sachent comment se développe le populisme: par exemple, pensons aux années 32-33 de Hitler, ce jeune homme qui avait promis le développement de l’Allemagne après un gouvernement qui avait échoué. Qu’ils sachent comment commencent les populismes. Vous avez employé des mots très laids, mais très vrais: «semer la haine». Et on ne peut pas vivre en semant la haine. Dans l’expérience religieuse de l’histoire de la religion, nous pensons à la Réforme: nous avons semé la haine, beaucoup, de la part des deux côtés, protestants et catholiques. Je l’ai dit explicitement à Lund [en Suède, lors de la rencontre œcuménique] et maintenant, depuis 50 ans, lentement, nous nous sommes aperçus que ce n’était pas la bonne voie et nous cherchons à semer des gestes d’amitié et non de division. Il est facile de semer la haine, et pas seulement sur la scène internationale, mais aussi dans nos quartiers. On sort, on dit du mal d’une voisine, d’un voisin, on sème la haine et quand on sème la haine, il y a la division, il y a la méchanceté, dans la vie quotidienne. Semer la haine par les commentaires, par les bavardages… De la grande guerre, je passe aux bavardages, mais c’est le même genre. Semer la haine également par les bavardages en famille, dans le quartier, c’est tuer: tuer la réputation de l’autre, tuer la paix et la concorde en famille, dans le quartier, sur le lieu de travail, faire grandir les jalousies, les compétitions dont parlait la première jeune femme. Qu’est-ce que je fais — c’était votre question — quand je vois que la Méditerranée est un cimetière? Moi, je vous dis la vérité, je souffre, je prie et je parle. Nous ne devons pas accepter cette souffrance. Ne disons pas: «Mais, on souffre partout, avançons…». Non, cela ne va pas. Aujourd’hui, il y a la troisième guerre mondiale par morceaux, là, et là, et là… Regardez les lieux de conflit. Manque d’humanité, agression, haine entre les cultures, entre les tribus, et même une déformation de la religion pour pouvoir mieux haïr. Ce n’est pas une route: c’est la route du suicide de l’humanité. Semer la haine, préparer la troisième guerre mondiale, qui est en cours par morceaux. Et je crois que je n’exagère pas. Il me vient à l’esprit — et il faut dire cela aux jeunes — cette prophétie d’Einstein: «La quatrième guerre mondiale se fera avec les pierres et les bâtons», parce que la troisième aura tout détruit. Semer la haine et faire grandir la haine, créer violence et division est un chemin de destruction, de suicide, d’autres destructions. Et on peut couvrir [justifier] cela par la liberté, on peut le couvrir par tant de motifs! Ce jeune homme du siècle dernier, dans les années 30, le couvrait par la pureté de la race; et à présent, les migrants. Accueillir le migrant est un mandat biblique, parce que «toi-même tu as été migrant en Egypte» (cf. Lv 19, 34). Et puis réfléchissons: l’Europe a été faite par les migrants, de nombreux courants migratoires, au cours des siècles, ont fait l’Europe d’aujourd’hui, les cultures se sont mélangées. Et l’Europe sait bien que, dans les moments durs, d’autres pays, d’Amérique par exemple, du nord ou du sud, ont accueilli les migrants européens, elle sait ce que cela signifie. Nous devons reprendre, avant d’exprimer un jugement sur le problème des migrations, reprendre notre histoire européenne. Je suis fils d’un migrant qui est allé en Argentine et beaucoup de personnes, en Amérique, beaucoup ont un nom de famille italien, ce sont des migrants. Accueillis avec le cœur et les portes ouvertes. Mais la fermeture est le début du suicide. Il est vrai qu’il faut accueillir les migrants, il faut les accompagner, mais surtout il faut les intégrer. Si nous accueillons «comme ça» [comme cela vient, sans un plan], nous ne rendons pas un beau service: il y a le travail d’intégration. La Suède a été un exemple sur ce plan depuis plus de 40 ans. Je l’ai vécu de près: beaucoup d’Argentins et d’Uruguayens, au temps de nos dictatures militaires, se sont réfugiés en Suède. Et ils ont été intégrés tout de suite, tout de suite. Ecole, travail… Intégrés dans la société. Et l’année dernière, quand je suis allé à Lund, j’ai été reçu à l’aéroport par le premier ministre et ensuite, comme il ne pouvait pas venir lui-même à mon départ, il a envoyé une ministre, de la culture je crois… En Suède, où ils sont tous blonds, elle était un peu brune: une ministre de la culture comme cela… Et puis j’ai appris qu’elle était la fille d’une Suédoise et d’un migrant de l’Afrique. Tellement intégrée qu’elle a réussi à être ministre du pays. C’est ainsi que l’on intègre. En revanche, la tragédie dont nous nous souvenons tous, à Zaventem [en Belgique], n’a pas été l’œuvre d’étrangers: elle est venue de jeunes Belges! Mais des jeunes Belges qui avaient été ghettoïsés dans un quartier. Oui, on les a reçus mais pas intégrés. Et ce n’est pas la bonne voie. Un gouvernement doit avoir — ce sont les critères — le cœur ouvert pour recevoir, de bonnes structures pour permettre la voie de l’intégration et aussi la prudence de dire: jusqu’à ce point, je peux, au-delà je ne peux pas. Et c’est pourquoi il est important que toute l’Europe se mette d’accord sur ce problème. En revanche, le poids le plus lourd, c’est l’Italie, la Grèce, l’Espagne, un peu Chypre, ces trois ou quatre pays qui le portent… C’est important. Mais s’il vous plaît, ne semez pas la haine. Et aujourd’hui, je demanderais s’il vous plaît à tous de regarder le nouveau cimetière européen: il s’appelle mer Méditerranée, il s’appelle mer Egée. Voilà ce qu’il me vient à l’esprit de vous dire. Et merci d’avoir posé cette question, pas politique, mais d’humanité. Merci! […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU 47e CHAPITRE GÉNÉRAL DE LA CONGRÉGATION DE LA PASSION DE JÉSUS-CHRIST (PASSIONISTES)

[…] Aujourd’hui, l’Eglise sent un appel fort à sortir d’elle-même et à aller vers les périphéries, géographiques comme existentielles. Votre engagement à embrasser les nouvelles frontières de la mission implique non seulement d’aller dans des territoires nouveaux pour y apporter l’Evangile, mais aussi à affronter les nouveaux défis de notre temps, comme les migrations, le sécularisme et le monde numérique. Cela signifie être présents dans les situations où les gens ressentent l’absence de Dieu et chercher à être proches de ceux qui souffrent, de quelque façon ou forme que ce soit. […]

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

A l’issue de l’Angélus […] J’adresse une pensée spéciale au groupe de la Caritas Internationalis, guidé par le président, le cardinal Luís Antonio Tagle, avec des évêques et des personnes provenant de divers pays du monde. Vous avez accompli un bref pèlerinage à Rome, pour exprimer le désir de marcher ensemble en apprenant ainsi à mieux vous connaître. J’encourage cette initiative de «partager le chemin», qui est promue dans de nombreuses villes et qui peut transformer notre rapport avec les migrants. Merci beaucoup à la Caritas! […]

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DISCOURS DU SAINT PÈRE FRANCIS AUX PÈLERINS DE EL SALVADOR

[…] De là, j’adresse également mes salutations à tout le peuple de Dieu sacré errant au Salvador. Aujourd’hui, ils vibrent pour la joie de voir l’un de ses fils élevé aux honneurs des autels. Son peuple a une foi vivante qui s’exprime sous différentes formes de religiosité populaire et qui façonne sa vie sociale et familiale: la foi du peuple fidèle et sacré de Dieu. À vous, prêtres et évêques, je demande: « prenez soin du peuple fidèle et sacré de Dieu, ne soyez pas scandalisé, prenez-en soin ». Et il y avait des difficultés, le fléau de la division, le fléau de la guerre; la violence a fortement ressenti dans son histoire récente, mais ce peuple résiste et continue. Peu de Salvadoriens ont dû quitter leur pays d’origine à la recherche d’un avenir meilleur. La mémoire de saint Oscar Romero est une occasion exceptionnelle de lancer un message de paix et de réconciliation à tous les peuples de l’Amérique latine. Le peuple aimait Monseigneur Romero, le Peuple de Dieu l’aimait. Et savez-vous pourquoi? Parce que le peuple de Dieu peut sentir bon là où il y a la sainteté. Et ici parmi vous, je voudrais remercier beaucoup de gens, tous ceux qui l’ont accompagné, qui l’ont suivi, qui étaient proches de lui. Mais comment puis-je remercier tout le monde? J’ai donc choisi une personne, une personne très proche de lui, qui l’accompagnait et le suivait; une personne très humble du peuple: Angelita Morales. Je vois en elle la représentation du peuple de Dieu et je demanderais à Angelita si elle peut venir ici [applaudissements et chants pendant que Mme Morales approche]. […]