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DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU CHAPITRE GÉNÉRAL DE MISSIONNAIRES OBLATS DE L’IMMACULÉE MARIE

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Chers frères, bonjour et bienvenue!
Je suis heureux de vous rencontrer à l’occasion de votre Chapitre général. Je
remercie le Supérieur général – pauvre garçon, enlevé du désert et amené ici à
Rome ! – pour son introduction, et je lui souhaite, ainsi qu’au nouveau Conseil, un
travail serein et fructueux. Et nous remercions le Supérieur et les Conseillers qui
ont terminé leur service.
Vous êtes une famille religieuse vouée à l’évangélisation et vous êtes réunis pour
discerner ensemble l’avenir de votre mission dans l’Église et dans le monde. Vous
avez choisi, pour ce Chapitre, un thème exigeant, très semblable à celui choisi pour
le prochain Jubilé de l’Église : « Pèlerins d’espérance en communion ». C’est un
thème qui résume votre identité sur les routes du monde, auxquelles, en tant que
disciples de Jésus et disciples de votre fondateur saint Eugène de Mazenod, vous
êtes appelés à apporter l’Evangile de l’espérance, de la joie et de la paix. C’est un
monde qui, si d’une part il semble avoir atteint des objectifs qui semblaient
inaccessibles, d’autre part il est encore esclave de l’égoïsme et plein de
contradictions et de divisions. Le cri de la terre et celui des pauvres, les guerres et
les conflits qui ont ensanglanté l’histoire humaine, la situation affligeante de
millions de migrants et de réfugiés, une économie qui rend les riches plus riches et
les pauvres plus pauvres, sont quelques aspects d’un scénario où seul l’Evangile
peut garder allumée la lumière de l’espérance.
Vous avez choisi d’être des pèlerins, de retrouver et de vivre votre condition de
voyageurs dans ce monde, aux côtés des hommes et des femmes, des pauvres et
des petits de la terre, à qui le Seigneur vous envoie pour annoncer son Royaume.
Votre Fondateur était aussi un voyageur, aux origines de votre famille religieuse,
lorsqu’il se promenait avec ses premiers compagnons dans les villages de sa
Provence natale, prêchant les missions populaires et ramenant à la foi les pauvres

qui s’étaient éloignés et que le ministres aussi de l’Église avaient abandonné. C’est
une tragédie quand les ministres de l’Église abandonnent les pauvres.
Pèlerins et voyageurs, toujours prêts à partir, comme Jésus avec ses disciples dans
l’Evangile. En tant que Congrégation missionnaire, vous êtes au service de l’Église
dans 70 pays à travers le monde. A cette Église, que le Fondateur t’a appris à aimer
comme une mère, offre ton élan missionnaire et ta vie, en participant à son exode
vers les périphéries du monde aimé de Dieu, et en vivant un charisme qui te
conduit vers les plus lointaines. , les plus pauvres, ceux que personne n’atteint. En
marchant sur ce chemin avec amour et fidélité, vous, chers frères, rendez un grand
service à l’Église.
Vous avez ressenti l’appel à redécouvrir votre identité de prêtres et de frères unis
par les liens de la consécration religieuse. Pèlerins de l’espérance, cheminez avec le
saint peuple de Dieu, en vivant fidèlement votre vocation missionnaire, avec les
laïcs et les jeunes qui partagent dans l’Église le charisme de votre saint Fondateur
et qui souhaitent participer activement à votre mission. Saint Eugène vous a appris
à regarder le monde avec les yeux du Sauveur crucifié, ce monde pour le salut
duquel le Christ est mort sur la croix.
Vous avez déjà consacré l’un de vos Chapitres généraux précédents au thème de
l’espérance, alors que vous ressentiez un appel particulier à être témoins de cette
vertu dans un monde qui semble l’avoir perdue et qui cherche ailleurs la source de
son bonheur. Être missionnaires de l’espérance, c’est savoir lire les signes de sa
présence cachée dans la vie quotidienne des gens. Apprenez à reconnaître
l’espérance chez les pauvres vers qui vous êtes envoyés, qui parviennent souvent à
la trouver au milieu des situations les plus difficiles. Laissez-vous évangéliser par
les pauvres que vous évangélisez : ils vous enseignent le chemin de l’espérance,
pour l’Église et pour le monde.
De plus, vous voulez être des témoins d’espérance dans la communion. La
communion aujourd’hui est un défi dont peut dépendre l’avenir du monde, de
l’Église et de la vie consacrée. Pour être missionnaires de la communion, nous
devons d’abord la vivre entre nous, dans nos communautés et dans les relations
mutuelles, puis la cultiver avec tous sans exception. Au cours de votre Chapitre,
vous avez souvent évoqué le cheminement ecclésial de ce temps, qui redécouvre la
beauté et l’importance du « chemin ensemble ». Je vous exhorte à être des
promoteurs de communion à travers des expressions de solidarité, de proximité, de
synodalité et de fraternité avec tous. Que le Bon Samaritain de l’Evangile soit un
exemple et un stimulant pour vous rapprocher de tous, avec l’amour et la tendresse
qui l’ont poussé à prendre soin de l’homme volé et blessé (cf. Lc 10, 29-37). Être
proche est un travail de tous les jours, parce que l’égoïsme vous attire, vous tire
vers le bas, être proche, c’est sortir.

Dans ce Chapitre, vous avez aussi souvent évoqué votre engagement pour la
maison commune, essayant de le traduire en décisions et actions concrètes. Il vous
encourage Je continue à travailler dans ce sens. Notre mère la terre nous nourrit
sans rien demander en retour ; c’est à nous de comprendre qu’il ne peut pas
continuer à le faire si nous ne nous en occupons pas aussi. Ce sont tous des aspects
de cette conversion à laquelle le Seigneur nous appelle continuellement. Revenir au
Père commun, revenir aux sources, revenir au premier amour qui t’a poussé à tout
quitter pour suivre Jésus : c’est l’âme de la consécration et de la mission !
Que votre Fondateur, le charisme qu’il vous a transmis et sa vision missionnaire
soient et restent des points de référence pour votre vie et votre travail ; rester
enraciné dans votre vocation missionnaire, surtout en vivant le testament du
Fondateur, dans l’amour mutuel entre vous et dans le zèle pour le salut des âmes.
C’est le cœur de votre mission et le secret de votre vie, et pour cela l’Église a
encore besoin de vous. Dans l’immense champ de mission qu’est le monde entier,
que Jésus soit toujours votre modèle, comme il l’a été pour saint Eugène. Devant le
Sauveur crucifié, il décida un jour d’offrir sa vie pour que tous, surtout les pauvres,
puissent connaître le même amour de Dieu qui l’avait ramené sur le chemin de la
foi.
Cette année, vous avez célébré le souvenir d’une grâce particulière que saint
Eugène a reçue il y a deux siècles devant la statue de la Vierge Immaculée dans
l’église de la mission d’Aix-en-Provence. Cela vous renouvelle l’invitation à prendre
Marie comme compagne de voyage, afin qu’elle vous accompagne toujours dans
votre pèlerinage. Marie en pèlerine, Marie en voyage, Marie qui s’est levée en hâte
pour aller servir. Après avoir dit son « oui » à Dieu par l’archange Gabriel, elle partit
précipitamment pour aller chez sa cousine Elisabeth, partager le don et se mettre à
son service. Que Marie soit un exemple en cela aussi, pour votre vie et pour votre
mission.
Chers frères, je vous souhaite une bonne conclusion du Chapitre et je vous
accompagne par la prière. Je vous bénis de tout cœur ainsi que tous vos confrères,
en particulier ceux qui sont malades et plus fragiles et ceux qui sont en difficulté en
ce moment. Et vous aussi, s’il vous plaît, priez pour moi. Merci!

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À LA CONFÉRENCE SUR LES RÉFUGIÉS ET LES MIGRANTS ORGANISÉE PAR L’UNIVERSITÉ PONTIFICALE GRÉGORIENNE

Je vous accueille au terme du congrès sur les «Initiatives dans l’éducation des
réfugiés et des migrants». Je remercie le professeur Cernera pour les paroles avec
lesquelles il a introduit cette rencontre.
Lors de votre congrès, vous avez mis en place une réflexion enracinée dans les
besoins de nos frères et sœurs migrants, en particulier ceux des plus petits et des
jeunes. Vous avez écouté leur désir d’aller à l’école et de poursuivre leurs études,
même s’ils sont déracinés de leurs terres. Je vous félicite. Et je voudrais souligner
l’importance de votre contribution dans trois domaines qui sont de votre
compétence: celui de la recherche, celui de l’enseignement et celui de la promotion
sociale. Parce qu’il ne suffit pas d’accueillir les migrants, les migrants doivent être
accueillis, accompagnés, promus et intégrés. Quatre étapes: accueillis,
accompagnés, promus et intégrés.
En ce qui concerne la recherche, je pense qu’il est opportun de poursuivre les
études sur ce que l’on appelle le «droit de ne pas émigrer». Il est important de
réfléchir aux causes des flux migratoires et aux formes de violence qui poussent à
partir vers d’autres pays. Je me réfère bien sûr aux conflits qui ravagent de
nombreuses régions du monde. Mais je voudrais aussi souligner un autre type de
violence, qui est l’abus de notre maison commune. La planète est affaiblie par la
surexploitation de ses ressources et minée par des décennies de pollution. De ce
fait, de plus en plus de personnes sont contraintes de quitter leurs terres, devenues
inhabitables. Le monde académique — en particulier le monde catholique — est
appelé à exercer un rôle de premier plan pour fournir des réponses aux défis
écologiques. Sur la base de données scientifiques, vous pouvez contribuer à éclairer
et orienter les choix des gouvernants vers une sauvegarde efficace de la maison
commune.
En ce qui concerne le domaine de l’enseignement, je tiens à vous remercier pour
votre engagement dans la mise en œuvre de programmes visant à favoriser
l’éducation des réfugiés. Beaucoup a été fait, mais il reste encore beaucoup à faire.29

A cet égard, il sera important de continuer à accorder la priorité aux plus
vulnérables. L’offre de cours répondant à leurs besoins, l’organisation de parcours
éducatifs à distance et l’attribution de bourses d’études permettant leur
relocalisation peuvent être efficaces dans ce sens. Grâce au réseau académique
international, les universités peuvent également faciliter la reconnaissance des
diplômes et des compétences professionnelles des migrants et des réfugiés, au
bénéfice tant de ces derniers que des sociétés qui les accueillent.
L’école et l’université sont des espaces privilégiés non seulement d’enseignement,
mais aussi de rencontre et d’intégration. «Nous pouvons mûrir en humanité et
construire ensemble un plus grand “nous”. Dans la disponibilité mutuelle, des
espaces sont créés pour une comparaison fructueuse entre différentes visions et
traditions, qui ouvrent l’esprit à de nouvelles perspectives (Message pour la Journée
mondiale du migrant et du réfugié 2022). Afin de répondre de manière adéquate
aux nouveaux défis migratoires, il est nécessaire de former de manière spécifique
et professionnelle les agents et les enseignants qui travaillent avec les migrants et
les réfugiés. Les universités catholiques sont appelées à éduquer leurs étudiants,
qui seront demain administrateurs, entrepreneurs et artisans de culture, à une
lecture attentive du phénomène migratoire, dans une perspective de justice et de
coresponsabilité mondiale et de communion dans la diversité. Il convient de
promouvoir des rencontres significatives avec les protagonistes, afin que les
enseignants et les étudiants aient la possibilité de connaître les histoires d’hommes
et de femmes migrants, réfugiés, déplacés ou victimes de la traite.
Le domaine de la promotion sociale voit l’université comme une institution qui
interagit avec le contexte social dans lequel elle opère. Elle peut contribuer à
identifier et indiquer les bases d’une société interculturelle, où les diversités
ethniques, linguistiques et religieuses sont considérées comme une richesse et non
comme un obstacle pour l’avenir commun. En outre, les universités sont un cadre
privilégié pour promouvoir auprès des jeunes le bénévolat en faveur des réfugiés,
des demandeurs d’asile et des migrants les plus vulnérables.
A l’occasion de la Journée mondiale du migrant et du réfugié, qui a été célébrée
dimanche dernier, j’ai invité chacun à s’engager dans la construction de l’avenir
avec les migrants. En effet, «l’histoire nous enseigne que la contribution des
migrants et des réfugiés a été fondamentale pour la croissance sociale et
économique de nos sociétés. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Leur travail, leur
capacité de sacrifice, leur jeunesse et leur enthousiasme enrichissent les
communautés qui les accueillent. Mais cette contribution pourrait être bien plus
importante si elle était valorisée et soutenue par des programmes ciblés. Il s’agit
d’un potentiel énorme, prêt à s’exprimer, si seulement on lui en donne la
possibilité» (ibid.).

Chers amis, l’œuvre que vous menez dans ces grands domaines — recherche,
enseignement et promotion sociale — trouve ses coordonnées dans les quatre
verbes qui synthétisent l’engagement de l’Eglise auprès des migrants et des
réfugiés: accueillir, protéger ou accompagner, promouvoir et intégrer. Toutes les
institutions éducatives sont appelées à être des lieux d’accueil, de protection ou
d’accompagnement, de promotion et d’intégration pour tous, sans exclure
personne.
Je vous remercie pour vos efforts et je vous souhaite de les poursuivre avec succès.
Je bénis de tout cœur chacun de vous et vos collaborateurs. Et je vous demande s’il
vous plaît de prier pour moi. Merci.

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VISITE PASTORALE À MATERA POUR LA CLÔTURE DU 27e CONGRÈS EUCHARISTIQUE NATIONAL

Au terme de cette célébration, je désire vous remercier, vous tous qui vous avez
pris part, représentant le Peuple saint de Dieu qui est en Italie. Et je suis
reconnaissant au cardinal Zuppi qui s’en est fait le porte-parole. Je félicite la
communauté diocésaine de Matera-Irsina pour l’effort d’organisation et d’accueil; et
je remercie tous ceux qui ont collaboré à ce Congrès eucharistique.
Maintenant, avant de conclure, nous nous adressons à la Vierge Marie, Femme
eucharistique. Nous Lui confions le chemin de l’Eglise en Italie, afin que dans
chaque communauté, on sente le parfum du Christ Pain vivant descendu du Ciel.
J’oserais aujourd’hui demander pour l’Italie: plus de naissances, plus d’enfants. Et
nous invoquons son intercession maternelle pour les besoins les plus urgents du
monde.
Je pense en particulier à la Birmanie. Depuis plus de deux ans, ce noble pays est
marqué par de graves affrontements armés et des violences, qui ont provoqué de
nombreuses victimes et déplacés. Cette semaine, m’est parvenu le cri de douleur
pour la mort d’enfants dans une école bombardée. On voit que c’est la mode,
bombarder les écoles, aujourd’hui, dans le monde! Que le cri de ces petits ne reste
pas sans réponse! Ces tragédies ne doivent plus se produire!
Que Marie, Reine de la Paix, réconforte le peuple ukrainien martyr et obtienne pour
les chefs des nations la force de volonté pour trouver immédiatement des initiatives
efficaces conduisant à la fin de la guerre.
Je m’unis à l’appel des évêques du Cameroun pour la libération de certaines
personnes séquestrées dans le diocèse de Mamfe, dont cinq prêtres et une
religieuse. Je prie pour eux et pour les populations de la province ecclésiastique de
Bamenda: que le Seigneur donne la paix aux cœurs et à la vie sociale de ce cher
pays.
Aujourd’hui, en ce dimanche, l’Eglise célèbre la Journée mondiale du migrant et du
réfugié, sur le thème: «Construire l’avenir avec les migrants et les réfugiés».

Renouvelons notre engagement pour édifier l’avenir selon le dessein de Dieu: un
avenir où chaque personne trouve sa place et soit respectée; où les migrants, les
réfugiés, les déplacés et les victimes de la traite puissent vivre en paix et avec
dignité. Parce que le Royaume de Dieu se réalise avec eux, sans exception. C’est
aussi grâce à ces frères et sœurs que les communautés peuvent croître au niveau
social, économique, culturel et spirituel; et le partage de différentes traditions
enrichit le Peuple de Dieu. Engageons-nous tous à construire un avenir plus inclusif
et fraternel! Les migrants doivent être accueillis, accompagnés, promus et intégrés.

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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA 108ème JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ 2022

« La ville que nous avons ici-bas n’est pas définitive : nous recherchons la ville qui
doit venir » (He 13,14).
Chers frères et sœurs !
Le sens ultime de notre « voyage » en ce monde est la recherche de la vraie patrie,
le Royaume de Dieu inauguré par Jésus-Christ, qui trouvera sa pleine réalisation
lors de son retour dans la gloire. Son Royaume n’est pas encore complet, mais il est
déjà présent chez ceux qui ont accueilli le salut. « Le Royaume de Dieu est en nous.
Bien qu’il soit encore eschatologique, qu’il soit l’avenir du monde, de l’humanité, en
même temps il est en nous ». (S. Jean-Paul II, Discours lors de la visite à la
paroisse romaine des Saints François d’Assise et Catherine de Sienne, patrons
d’Italie, 26 novembre 1989)
La ville future est une « cité aux fondements solides, dont l’architecte et le
bâtisseur est Dieu lui-même » (He 11,10). Son projet implique un processus de
construction intense dans lequel nous devons tous nous sentir personnellement
impliqués. Il s’agit d’un travail minutieux de conversion personnelle et de
transformation de la réalité pour correspondre de plus en plus au plan divin. Les
drames de l’histoire nous rappellent combien nous sommes loin d’atteindre notre
but, la Nouvelle Jérusalem, « la demeure de Dieu avec les hommes » (Ap 21,3).
Mais nous ne devons pas perdre courage pour autant. À la lumière de ce que nous
avons appris par les tribulations de ces derniers temps, nous sommes appelés à
renouveler notre engagement à construire un avenir qui corresponde davantage au
projet de Dieu, un monde où tous peuvent vivre en paix et avec dignité.
« Nous attendons avec impatience un nouveau ciel et une nouvelle terre, où
résidera la justice » (2P 3,13). La justice est l’un des éléments constitutifs du
Royaume de Dieu. Dans la recherche quotidienne de sa volonté, il faut la construire
avec patience, sacrifice et détermination, afin que tous ceux qui en ont faim et soif
soient rassasiés (cf. Mt 5,6). La justice du Royaume doit être comprise comme
l’accomplissement de l’ordre divin, de son dessein harmonieux, où, dans le Christ
mort et ressuscité, toute la création redevient « une bonne chose » et l’humanité «
une très bonne chose » (cf. Gn 1,1-31). Mais pour que cette merveilleuse harmonie
règne, il faut accueillir le salut du Christ, son Évangile d’amour, afin que les
inégalités et les discriminations du monde actuel soient éliminées.
Personne ne doit être exclu. Son projet est essentiellement inclusif et place les
habitants des périphéries existentielles au centre. Parmi eux, on compte beaucoup
de migrants et de réfugiés, des personnes déplacées et des victimes de la traite. La
construction du Royaume de Dieu se fait avec eux, car sans eux, ce ne serait pas le
Royaume que Dieu veut. L’inclusion des plus vulnérables est une condition
nécessaire pour y obtenir la pleine citoyenneté. Car le Seigneur dit : « Venez, les
bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la
fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif,
et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli, j’étais
nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison,
et vous êtes venus jusqu’à moi » (Mt 25, 34-36).
Construire l’avenir avec les migrants et les réfugiés signifie également reconnaître
et valoriser ce que chacun d’entre eux peut apporter au processus de construction.
J’aime voir cette approche du phénomène de la migration dans la vision
prophétique d’Isaïe, dans laquelle les étrangers n’apparaissent pas comme des
envahisseurs et des destructeurs, mais comme des ouvriers volontaires qui
reconstruisent les murs de la nouvelle Jérusalem, la Jérusalem ouverte à tous les
peuples (cf. Is 60,10-11).
Dans la même prophétie, l’arrivée d’étrangers est présentée comme une source
d’enrichissement : « Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi
viendront les richesses des nations » (60,5). En effet, l’histoire nous enseigne que
la contribution des migrants et des réfugiés a été fondamentale pour la croissance
sociale et économique de nos sociétés. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Leur
travail, leur capacité de sacrifice, leur jeunesse et leur enthousiasme enrichissent
les communautés qui les accueillent. Mais cette contribution pourrait être bien plus
importante si elle était valorisée et soutenue par des programmes ciblés. Il s’agit
d’un potentiel énorme, prêt à s’exprimer, si seulement on lui en donne la possibilité.
Les habitants de la nouvelle Jérusalem – prophétise encore Isaïe – garderont
toujours les portes de la ville grandes ouvertes, afin que les étrangers puissent
entrer avec leurs dons : « On tiendra toujours tes portes ouvertes, elles ne seront
jamais fermées, ni de jour ni de nuit, afin qu’on fasse entrer chez toi les richesses
des nations » (60,11). La présence de migrants et de réfugiés représente un grand
défi, mais aussi une opportunité de croissance culturelle et spirituelle pour tous.
Grâce à eux, nous avons la possibilité de mieux connaître le monde et la beauté de
sa diversité. Nous pouvons mûrir en humanité et construire ensemble un plus grand
« nous ». Dans la disponibilité mutuelle, des espaces sont créés pour une
comparaison fructueuse entre différentes visions et traditions, qui ouvrent l’esprit à
de nouvelles perspectives. Nous découvrons aussi la richesse contenue dans des
religions et des spiritualités qui nous sont inconnues, et cela nous pousse à
approfondir nos propres convictions.
Dans la Jérusalem des Gentils, le temple du Seigneur est embelli par les offrandes
qui viennent des pays étrangers : « Tous les troupeaux de Qédar s’assembleront
chez toi, avec les béliers de Nebayoth pour ton service : sur mon autel, ils seront
présentés en sacrifice agréable ; et je donnerai au temple l’éclat de ma splendeur »
(60,7). Dans cette perspective, l’arrivée de migrants et de réfugiés catholiques offre
une nouvelle énergie à la vie ecclésiale des communautés qui les accueillent. Ils
sont souvent porteurs de dynamiques revitalisantes et animateurs de célébrations
vibrantes. Le partage de différentes expressions de foi et de dévotion représente
une occasion privilégiée de vivre plus pleinement la catholicité du peuple de Dieu.
Chers frères et sœurs, et surtout vous, les jeunes ! Si nous voulons coopérer avec
notre Père céleste pour construire l’avenir, faisons-le ensemble avec nos frères et
sœurs migrants et réfugiés. Construisons-le aujourd’hui ! Car l’avenir commence
aujourd’hui, et il commence avec chacun de nous. Nous ne pouvons pas laisser aux
générations futures la responsabilité des décisions qui doivent être prises
maintenant pour que le projet de Dieu sur le monde puisse se réaliser et que son
Royaume de justice, de fraternité et de paix arrive.
Prière
Seigneur, fais de nous des porteurs d’espoir
afin que, là où sont les ténèbres, règne ta lumière,
et que, là où il y a résignation, renaisse la confiance dans l’avenir.
Seigneur, fais de nous des instruments de ta justice,
afin que, là où il y a exclusion, fleurisse la fraternité,
et que, là où il y a de la cupidité, prospère le partage.
Seigneur, fais de nous des bâtisseurs de ton Royaume
Ensemble avec les migrants et les réfugiés
et avec tous les habitants des périphéries.
Seigneur, fais-nous apprendre combien il est beau
de vivre tous comme des frères et sœurs. Amen.
Rome, Saint Jean de Latran, 9 mai 2022

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OUVERTURE ET SESSION PLÉNIÈRE DU VIIe CONGRÈS DES LEADERS DES RELIGIONS MONDIALES ET TRADITIONNELLES

[…] Après les défis de la pandémie et de la paix, nous relevons un troisième défi,
celui de l’accueil fraternel. Aujourd’hui, la difficulté d’accepter l’être humain est
grande. Chaque jour, des enfants à naître et des enfants, des migrants et des
personnes âgées sont rejetés. Il existe une culture du rejet. Beaucoup de frères et
sœurs meurent sacrifiés sur l’autel du profit, enveloppés par l’encens sacrilège de
l’indifférence. Pourtant, chaque être humain est sacré. « Homo sacra res homini »,
disaient les anciens (Seneca, Epistulae morales ad Lucilium, 95, 33) : c’est notre
devoir, le devoir des religions, de le rappeler au monde ! Jamais comme aujourd’hui
nous n’avons assisté à de grands déplacements de populations, causés par des
guerres, la pauvreté, les changements climatiques, par la recherche d’un bien-être
que le monde globalisé permet de connaître, mais auquel il est souvent difficile
d’accéder. Un grand exode est en cours : des régions les plus défavorisées, on
cherche à atteindre les plus riches. Nous le voyons tous les jours, dans les
différentes migrations dans le monde. Ce n’est pas un fait divers, c’est un fait
historique qui exige des solutions partagées et clairvoyantes. Certes, il est instinctif
de défendre ses sécurités acquises et de fermer les portes par peur ; il est plus
facile de suspecter l’étranger, de l’accuser et de le condamner que de le connaître et
de le comprendre. Mais il est de notre devoir de rappeler que le Créateur, qui veille
sur les pas de chaque créature, nous exhorte à avoir un regard semblable au sien,
un regard qui reconnaisse le visage du frère. Il faut recevoir le frère migrant,
l’accompagner, le promouvoir et l’intégrer. […]

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DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À L’ASSEMBLÉE PUBLIQUE DE CONFINDUSTRIA

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[…] Toujours au sujet de la natalité : parfois, une femme qui travaille ici ou qui
travaille là-bas, a peur de tomber enceinte, parce qu’il y a une réalité – je ne dis
pas entre vous – mais il y a une réalité qui dès que vous commencent à voir le
ventre, ils le chassent. « Non, non, tu ne peux pas tomber enceinte. » S’il vous plaît,
c’est un problème de femmes qui travaillent: étudiez-le, voyez comment faire
avancer une femme enceinte, à la fois avec l’enfant qui attend et avec le travail. Et
toujours en parlant de travail, il y a un autre thème à souligner. L’Italie a une forte
vocation communautaire et territoriale : le travail a toujours été considéré dans un
pacte social plus large, où l’entreprise fait partie intégrante de la communauté. Le
territoire vit de l’entreprise et l’entreprise puise sa nourriture dans les ressources
locales, contribuant substantiellement au bien-être des lieux dans lesquels elle est
implantée. À cet égard, il convient de souligner le rôle positif que jouent les
entreprises sur la réalité de l’immigration, favorisant une intégration constructive et
valorisant les compétences essentielles à la survie de l’entreprise dans le contexte
actuel. Dans le même temps, il est nécessaire de réaffirmer avec force le « non » à
toute forme d’exploitation des personnes et de négligence dans leur sécurité. Le
problème des migrants : le migrant doit être accueilli, accompagné, soutenu et
intégré, et le moyen de l’intégrer est le travail. Mais si le migrant est rejeté ou
simplement utilisé comme ouvrier agricole sans droits, c’est une grande injustice et
blesse aussi son pays. […]

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CONSISTOIRE ORDINAIRE PUBLIC POUR LA CRÉATION DE NOUVEAUX CARDINAUX ET POUR LE VOTE DE CERTAINES CAUSES DE CANONISATION

[…] Chers frères et sœurs, revenons avec le regard à Jésus : Lui seul connaît le
secret de cette magnanimité humble, de cette puissance douce, de cette
universalité attentive aux détails. Le secret du feu de Dieu, qui descend du ciel en
l’éclairant d’une extrémité à l’autre et qui prépare lentement la nourriture des
familles pauvres, des personnes migrantes, ou sans maison. Jésus veut jeter
aujourd’hui encore ce feu sur la terre ; il veut encore l’allumer sur les rives de nos
histoires quotidiennes. Il nous appelle par notre nom, chacun de nous, il nous
appelle par notre nom : nous ne sommes pas un numéro ; il nous regarde dans les
yeux, chacun de nous, laissons-nous regarder dans les yeux, et il nous demande
:toi, nouveau cardinal – et vous tous, frères cardinaux –, puis-je compter sur toi ?
Cette demande du Seigneur. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AU PÈLERINAGE DES SERVANTS D’AUTEL

[…] Mais servir la messe demande une suite : “sers et va”. Vous savez que Jésus
est présent dans la personne des frères que l’on rencontre. Après avoir servi Jésus
à la messe, il vous envoie le servir dans les personnes que vous rencontrez dans la
journée, surtout si elles sont pauvres et malheureuses, car ils est particulièrement
avec elles.
Vous avez peut-être des amis qui vivent dans des quartiers difficiles ou qui
connaissent de grandes souffrances, des dépendances ; vous connaissez des jeunes
qui sont déracinés, migrants ou réfugiés. Je vous invite à les accueillir
généreusement, à les sortir de leur solitude et en faire vos amis
Beaucoup de jeunes de ton âge ont besoin que quelqu’un leur dise que Jésus les
connaît, qu’Il les aime, qu’Il leur pardonne, qu’Il partage leurs problèmes, qu’Il les
regarde avec tendresse sans les juger. Avec votre courage, votre enthousiasme,
votre spontanéité, vous pouvez les atteindre facilement. Je vous invite à vous faire
proches les uns des autres. J’insiste là-dessus : proximité entre vous, proximité
avec les membres de vos familles, proximité avec les autres jeunes.
Évite de tomber dans la tentation du repli sur soi, de l’égoïsme, de t’enfermer dans
ton monde, dans tes petits cercles, dans tes réseaux sociaux. Tu feras mieux de
privilégier les relations amicales réelles, pas celles virtuelles, qui sont des illusions
qui t’emprisonnent et te coupent de la réalité. […]

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DISCOURS DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS AU PÈLERINAGE DU DIOCÈSE DE LODI

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Chers frères et sœurs, bonjour et bienvenue !
Je remercie l’Evêque pour le salut qu’il m’a adressé en votre nom et au nom de
toute la communauté de Lodi, que vous représentez bien tant dans la dimension
ecclésiale que civique. Et je remercie l’évêque émérite, car j’aime que les émérites
continuent à participer à la vie de l’Église, et ne s’enferment pas… Allez, courage !
En effet, vous êtes prêtres, femmes consacrées, séminaristes et fidèles laïcs,
délégués synodaux et représentants de paroisses et d’associations, bénévoles et
opérateurs de communication, en collaboration avec les pouvoirs publics de la
Province et de la zone de Lodi, avec les Maires, en particulier ceux de la première
« zone rouge » en Occident pour l’épidémie de covid-19.
Les raisons qui vous ont poussé à venir sont différentes. J’aime rappeler d’abord ce
qui me lie à vous par une sorte de « parenté » que j’appellerais « baptismale ».
Comme vous le savez, le prêtre qui m’a baptisé, le Père Enrico Pozzoli, et qui m’a
ensuite aidé à entrer dans la Compagnie [de Jésus] et m’a suivi toute ma vie, est
un fils de votre terre, originaire de Senna Lodigiana, dans le  » bas ”, Près du fleuve
Po. Attiré par le charisme de Don Bosco, il partit jeune pour Turin et, devenu
salésien, fut immédiatement envoyé en Argentine, où il resta toute sa vie. Il s’est
lié d’amitié avec mes parents et les a également aidés à accepter mon appel à la
prêtrise. J’ai été heureux lorsque votre bon compatriote – qui est ici présent – a
recueilli des documents et des nouvelles à son sujet et a écrit sa biographie. Je l’ai
eu tout de suite, bien sûr, mais aujourd’hui je le reçois sous une forme officielle,
pour ainsi dire, et avec émotion, parce que vous me l’apportez, amis de Senna
Lodigiana, concitoyens de Don Pozzoli, qui était un vrai salésien ! Un homme sage,
bon et travailleur; un apôtre du confessionnal – il ne se lasse pas de se confesser -,
miséricordieux, capable d’écouter et de donner de bons conseils. Merci beaucoup!
C’est pourquoi je dis que nous sommes un peu apparentés, mais pas par le sang,
non, le fil qui nous unit est bien plus fort et plus sacré car c’est celui du Baptême !

En parlant de liens avec votre terre de Lodi, nous ne pouvons pas oublier qu’il y en
a un autre, cette fois à cause d’un grand saint : Francesca Saverio Cabrini,
originaire de Sant’Angelo Lodigiano, qui a fondé les Missionnaires du Sacré-Cœur à
Codogno et est la patronne des migrants. Je suis fils de migrants ; L’Argentine est
devenue le foyer de nombreuses et nombreuses familles de migrants,
principalement des Italiens, et Santa Cabrini et les Cabriniane sont une présence
importante à Buenos Aires. Aujourd’hui, je veux vous exprimer mon admiration et
ma gratitude pour cette femme qui – avec Mgr Scalabrini – est un témoin de la
proximité de l’Église avec les migrants : son charisme est plus que jamais
d’actualité ! Je demande votre intercession pour que votre communauté diocésaine
soit toujours attentive aux signes des temps et puise dans la charité du Christ le
courage de vivre la mission aujourd’hui.
Le Père Pozzoli et surtout saint Cabrini nous rappellent que l’évangélisation se fait
essentiellement avec la sainteté de la vie, témoignant de l’amour dans les faits et
dans la vérité (cf. 1 Jn 3, 18). Il en va de même pour la transmission de la foi dans
les familles, à travers un témoignage simple et convaincu. Je pense aux
grands-parents et aux grands-mères qui transmettent la foi par l’exemple et avec la
sagesse de leurs conseils. Parce que la foi doit être transmise « en dialecte »,
toujours, pas autrement. Grands-parents, papa, maman… La foi doit se
transmettre en patois. Nous savons bien qu’aujourd’hui le monde a changé, en
effet, il change constamment. Il faut chercher de nouvelles voies, de nouvelles
méthodes, de nouveaux langages. La voie principale reste cependant la même :
celle du témoignage, d’une vie façonnée par l’Evangile. Le Concile Vatican II nous a
montré cette voie, et les Églises particulières sont appelées à y marcher avec une
attitude d’ouverture, avec une conversion missionnaire qui implique tous et tout.
Votre Église Laudense a déjà vécu deux Synodes après le Concile Vatican II : le
treizième et, récemment, le quatorzième. Or, le chemin synodal que nous
entreprenons comme Église universelle voudrait aider tout le Peuple de Dieu à
grandir précisément dans cette dimension essentielle, constitutive, permanente de
l’Église : marcher ensemble, dans l’écoute mutuelle, dans la variété des charismes
et des ministères. , sous la conduite de l’Esprit Saint, qui crée l’harmonie et l’unité
à partir de la diversité. J’accueille de votre part le Livre de votre récent Synode
diocésain en signe de communion, et je vous exhorte à poursuivre le chemin,
fidèles aux racines et ouverts sur le monde, avec la sagesse et la patience des
paysans et la créativité des artisans ; engagés à prendre soin des pauvres et à
prendre soin de la terre que Dieu nous a confiée. Le cheminement synodal est le
développement d’une dimension de l’Église. J’ai entendu dire une fois : « Nous
voulons une Église plus synodale et moins institutionnelle » : ce n’est pas juste. Le
cheminement synodal est institutionnel, car il apparaît elle appartient à l’essence
même de l’Église. Nous sommes en synode parce que c’est une institution. […]

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À LA RENCONTRE ORGANISÉE PAR L’INTERNATIONAL CATHOLIC LEGISLATORS NETWORK

Béatitude,
Eminences, Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue à vous qui participez à la réunion de
l’International Catholic Legislators Network. Je remercie le cardinal Schönborn et
M. Alting von Geusau pour leurs paroles de salut, et je suis également
reconnaissant à tous ceux qui ont organisé cette rencontre. Je salue également Sa
Sainteté Ignace Aphrem II, patriarche de l’Eglise syro-orthodoxe, et je suis heureux
qu’il soit présent parmi nous.
Vous êtes réunis pour réfléchir à l’importante question de la promotion de la justice
et de la paix dans la situation géopolitique actuelle, marquée par les conflits et les
divisions qui frappent de nombreuses régions du monde. A cet égard, je voudrais
proposer quelques brèves réflexions sur trois mots clés qui peuvent aider à guider
vos discussions ces jours-ci: justice, fraternité et paix.
Le premier mot, justice, traditionnellement défini comme la volonté de donner à
chacun ce qui lui est dû, implique, selon la tradition biblique, des actions concrètes
visant à promouvoir des relations justes avec Dieu et avec les autres, afin que le
bien des individus et de la communauté puisse s’épanouir. Dans le monde
d’aujourd’hui, de nombreuses personnes réclament la justice, en particulier les plus
vulnérables qui n’ont souvent pas de voix et qui attendent des responsables civils et
politiques qu’ils protègent, à travers des politiques et des lois publiques efficaces,
leur dignité de fils de Dieu et l’inviolabilité de leurs droits humains fondamentaux.
Je pense, par exemple, aux pauvres, aux migrants, aux réfugiés, aux victimes de la
traite d’êtres humains, aux malades, aux personnes âgées et à bien d’autres
individus qui risquent d’être exploités ou rejetés par l’actuelle culture du « jetable
», la culture du rebut. Votre défi consiste à travailler pour sauvegarder et valoriser
dans la sphère publique les relations justes qui permettent à chaque personne
d’être traitée avec le respect et l’amour qui lui sont dus. Comme nous le rappelle le

Seigneur : « Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le
vous-mêmes pour eux » (Mt 7, 12 ; cf. Lc 6, 31).
Cela nous amène au deuxième mot-clé : la fraternité. En effet, une société juste ne
peut exister sans le lien de la fraternité, c’est-à-dire sans le sens de la
responsabilité partagée et le souci du développement et du bien-être intégral de
chaque membre de notre famille humaine. Pour cette raison, « une meilleure
politique, mise au service du vrai bien commun, est nécessaire pour permettre le
développement d’une communauté mondiale, capable de réaliser la fraternité à
partir des peuples et des nations qui vivent l’amitié sociale » (Enc. Fratelli tutti, n.
154). Si nous voulons guérir notre monde, si durement éprouvé par les rivalités et
les formes de violence qui naissent du désir de dominer plutôt que de servir, nous
avons besoin non seulement de citoyens responsables, mais aussi de dirigeants
compétents, animés d’un amour fraternel adressé avant tout à ceux qui se trouvent
dans les conditions de vie les plus précaires. Dans cet esprit, j’encourage vos efforts
continus, aux niveaux national et international, pour l’adoption de politiques et de
lois visant à remédier, dans un esprit de solidarité, aux nombreuses situations
d’inégalité et d’injustice qui menacent le tissu social et la dignité intrinsèque de
toutes les personnes.
Enfin, l’effort de construction de notre avenir commun passe par la recherche
constante de la paix. La paix n’est pas simplement l’absence de guerre. D’autre
part, le chemin vers une paix durable exige en revanche la coopération, en
particulier de la part de ceux qui ont de plus grandes responsabilités, dans la
poursuite d’objectifs qui profitent à tous. La paix découle d’un engagement durable
en vue du dialogue réciproque, d’une recherche patiente de la vérité et du désir de
faire passer le bien authentique de la communauté avant l’avantage personnel.
Dans cette perspective, votre travail de législateurs et de dirigeants politiques est
plus important que jamais. Car la vraie paix ne peut être atteinte que lorsque nous
nous efforçons, à travers des processus politiques et législatifs clairvoyants, de
construire un ordre social fondé sur la fraternité universelle et la justice pour tous.
Chers amis, que le Seigneur vous aide à devenir un levain pour le renouveau de la
vie civile et politique, des témoins d’« amour politique» (cf. ibid., 180sq.) pour les
plus nécessiteux. J’espère que votre engagement pour la justice et la paix, nourri
par un esprit de solidarité fraternelle, continuera de vous guider dans la noble tâche
de contribuer à l’avènement du Royaume de Dieu dans le monde.
Je vous bénis, ainsi que vos familles et votre travail. Et je vous demande, s’il vous
plaît, de prier pour moi. Merci.