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MESSAGE VIDÉO DU PAPE FRANÇOIS AVEC LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES, M. ANTÓNIO GUTERRES

Il est beau que cette rencontre ait lieu en ces jours qui précèdent Noël. Ce sont des jours où nos regards se tournent vers le ciel pour confier à Dieu les personnes et les situations que nous avons le plus à cœur. Dans ce regard, nous nous reconnaissons comme les fils d’un seul Père, des frères. Nous rendons grâce pour tout le bien qu’il y a dans le monde, pour les nombreuses personnes qui s’engagent gratuitement, pour celles qui prodiguent leur vie dans le service, pour celles qui ne renoncent pas et construisent une société plus humaine et plus juste. Nous le savons: nous ne pouvons pas nous sauver tout seuls. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas détourner le regard devant les injustices, les inégalités, le scandale de la faim dans le monde, de la pauvreté, des enfants qui meurent faute d’eau, de nourriture, de soins nécessaires. Nous ne pouvons pas détourner notre regard face à tout type d’abus à l’égard des plus petits. Nous devons tous combattre ensemble ce fléau. Nous ne pouvons pas fermer les yeux face à nos frères qui, à cause des conflits et de la violence, de la misère ou des changements climatiques, quittent leur pays et vont souvent à la rencontre d’un triste destin. Nous ne pouvons rester indifférents face à la dignité humaine bafouée et exploitée, aux attaques contre la vie humaine, que ce soit celle qui n’est pas encore née ou celle d’une personne qui a besoin de soins. Nous ne pouvons ni ne devons détourner notre regard quand les croyants de diverses confessions sont persécutés dans différentes parties du monde. Le recours à la religion pour inciter à la haine, à la violence, à l’oppression, à l’extrémisme et au fanatisme aveugle, ainsi que son utilisation pour forcer à l’exil ou à la marginalisation, crie vengeance devant Dieu. La course aux armements et au réarmement nucléaire crie elle aussi vengeance devant Dieu. Et il est immoral non seulement d’utiliser, mais aussi de posséder, des armes nucléaires qui ont une telle capacité destructrice, que même le simple danger d’un accident représente une sombre menace pour l’humanité. Ne restons pas indifférents face aux nombreuses guerres qui se poursuivent et qui voient mourir tant d’innocents. La confiance dans le dialogue entre les personnes et entre les nations, dans le multilatéralisme, dans le rôle des organisations internationales, dans la diplomatie en tant qu’instrument de compréhension et d’entente, est indispensable pour construire un monde pacifique. Reconnaissons-nous comme les membres d’une seule humanité et prenons soin de notre terre qui nous a été confiée par Dieu, génération après génération, afin que nous la cultivions et la laissions en héritage à nos enfants. L’engagement à réduire les émissions polluantes et pour une écologie intégrale est urgent et nécessaire: faisons quelque chose avant qu’il ne soit trop tard! Ecoutons la voix de tant de jeunes qui nous aident à prendre conscience de ce qui se passe dans le monde aujourd’hui et nous demandent d’être des semeurs de paix et des bâtisseurs, ensemble et non seuls, d’une civilisation plus humaine et plus juste. Noël, dans sa simplicité authentique, nous rappelle que ce qui compte vraiment dans la vie, c’est l’amour.

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LE SAINT-PÈRE RENCONTRE LES RÉFUGIÉS ARRIVÉS RÉCEMMENT DE LESBOS À TRAVERS LES COULOIRS HUMANITAIRES DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

C’est le deuxième gilet de sauvetage que je reçois en don. Le premier m’a été offert il y a quelques années par un groupe de secouristes. Il appartenait à une enfant qui s’est noyée en Méditerranée. Je l’ai ensuite donné aux deux sous-secrétaires de la section migrants et réfugiés du dicastère pour le service du développement humain intégral. Je leur ai dit: «Voilà votre mission!». J’ai voulu exprimer à travers cela l’engagement incontournable de l’Eglise à sauver les vies des migrants, pour pouvoir ensuite les accueillir, les protéger, les promouvoir et les intégrer. Voici un deuxième gilet de sauvetage, qui m’a été remis par un autre groupe de secouristes il y a quelques jours, il a appartenu à un migrant disparu en mer en juillet dernier. Personne ne sait qui il était ni d’où il venait. On sait seulement que son gilet de sauvetage a été récupéré à la dérive au centre de la Méditerranée, le 3 juillet 2019, à des coordonnées géographiques précises. Nous sommes face à une autre mort causée par l’injustice. Oui, parce que c’est l’injustice qui contraint de nombreux migrants à quitter leurs terres. C’est l’injustice qui les oblige à traverser les déserts et à subir des abus et des tortures dans les camps de détention. C’est l’injustice qui les repousse et les fait mourir en mer. Une croix en résine colorée est «revêtue» du gilet qui veut exprimer l’expérience spirituelle que j’ai pu percevoir dans les paroles des secouristes. En Jésus Christ, la croix est source de salut «folie pour ceux qui se perdent — dit saint Paul —, mais pour ceux qui se sauvent, pour nous, elle est puissance de Dieu» (1 Co 1, 18). Dans la tradition chrétienne, la croix est symbole de souffrance et de sacrifice et dans le même temps, de rédemption et de salut. Cette croix est transparente: elle se présente comme un défi à regarder avec une plus grande attention et à chercher toujours la vérité. La croix est lumineuse: elle veut renforcer notre foi dans la Résurrection, le triomphe du Christ sur la mort. Le migrant inconnu, mort dans l’espoir d’une nouvelle vie, participe lui aussi à cette victoire. Les secouristes m’ont raconté qu’ils apprennent l’humanité des personnes auxquelles ils portent secours. Ils m’ont révélé que dans chaque mission, ils redécouvrent la beauté d’être une unique grande famille humaine, unie dans la fraternité universelle. J’ai décidé d’exposer ici ce gilet de sauvetage, «crucifié» sur cette croix, pour nous rappeler que nous devons garder les yeux ouverts, garder notre cœur ouvert, pour rappeler à tous l’engagement impératif de sauver chaque vie humaine, un devoir moral qui unit les croyants et les non-croyants. Comment pouvons-nous ne pas écouter le cri désespéré de nos nombreux frères et sœurs qui préfèrent affronter une mer démontée plutôt que mourir lentement dans des camps de détention libyens, lieux de torture et d’esclavage ignobles? Comment pouvons-nous rester indifférents face aux abus et aux violences dont sont victimes des innocents, les laissant à la merci de trafiquants sans scrupules? Comment pouvons-nous «passer notre chemin», comme le prêtre et le lévite de la parabole du Bon Samaritain (cf. Lc 10, 31-32), nous rendant ainsi responsables de leur mort? Notre passivité est un péché! Je rends grâce au Seigneur pour tous ceux qui ont décidé ne pas rester indifférents et se prodiguent pour porter secours au malheureux, sans se poser trop de questions sur comment et pourquoi cette pauvre personne à demi-morte s’est retrouvée sur leur chemin. Ce n’est pas en bloquant les embarcations que l’on résout le problème. Il faut s’engager sérieusement à vider les camps de détention en Libye en étudiant et en mettant en œuvre toutes les solutions possibles. Il faut dénoncer et poursuivre les trafiquants qui exploitent et maltraitent les migrants, sans crainte de révéler les connivences et les complicités avec les institutions. Il faut mettre de côté les intérêts économiques afin qu’au centre, il y ait la personne, chaque personne, dont la vie et la dignité sont précieuses aux yeux de Dieu. Il faut secourir et sauver, parce que nous sommes tous responsables de la vie de notre prochain, et nous devrons en rendre compte au Seigneur au moment du jugement dernier. Merci.

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MESSE SAINTE POUR LA COMMUNAUTÉ CATHOLIQUE PHILIPPINE HOMÉLIE DU SAINT-PÈRE FRANÇOIS

(…) Aux Philippines, pendant des siècles, il y a eu une neuvaine en préparation pour le Saint Noël appelée Simbang-Gabi (Messe de la nuit). Pendant neuf jours, les fidèles philippins se sont rencontrés à l’aube dans leurs paroisses pour une célébration eucharistique spéciale. Au cours des dernières décennies, grâce aux migrants philippins, cette dévotion a franchi les frontières nationales et a atterri dans de nombreux autres pays. Pendant des années, Simbang-Gabi a également été célébré dans le diocèse de Rome, et aujourd’hui nous le célébrons ensemble ici, dans la basilique Saint-Pierre. A travers cette célébration, nous voulons préparer Noël selon l’esprit de la Parole de Dieu que nous avons écouté, en restant constants jusqu’à la venue définitive du Seigneur, comme le recommande l’apôtre Jacques (cf. Jas 5:7). Nous voulons nous engager à manifester l’amour et la tendresse de Dieu envers tout le monde, en particulier envers les moins. Nous sommes appelés à fermenter dans une société qui souvent ne peut plus goûter la beauté de Dieu et expérimenter la grâce de sa présence. Et vous, chers frères et sœurs, qui avez quitté votre terre à la recherche d’un avenir meilleur, avez une mission spéciale. Que votre foi soit « levain » dans les communautés paroissiales auxquelles vous appartenez aujourd’hui. Je vous encourage à multiplier vos occasions de rencontres pour partager votre richesse culturelle et spirituelle, tout en vous laissant enrichi par les expériences des autres. Nous sommes tous invités à construire ensemble cette communion dans la diversité qui constitue un trait distinctif du Royaume de Dieu, inauguré par Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme. Nous sommes tous appelés à pratiquer ensemble la charité envers les habitants des périphéries existentielles, mettant nos différents dons au service, afin de renouveler les signes de la présence du Royaume. Nous sommes tous appelés à annoncer ensemble l’Evangile, la Bonne Nouvelle du salut, dans toutes les langues, afin d’atteindre le plus de personnes possible. (…)

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SAINTE MESSE POUR LA COMMUNAUTE CONGOLAISE HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Le Pape François: Boboto [paix] L’Assemblée: Bondeko [fraternité] Le Pape François: Bondeko L’Assemblée: Esengo [joie] Dans les Lectures d’aujourd’hui figure un verbe, venir, qu’on retrouve trois fois dans la première Lecture, tandis que l’Évangile, pour conclure, affirme que «le Fils de l’homme viendra» (Mt 24, 44). Jésus vient : l’Avent nous rappelle cette certitude déjà par son sens même, car le mot Avent signifie venue. Le Seigneur vient: voici la racine de notre espérance, la certitude qu’au milieu des tribulations du monde arrive la consolation de Dieu, une consolation qui n’est pas faite de paroles, mais de présence, de la présence de celui qui vient parmi nous. Le Seigneur vient; aujourd’hui, premier jour de l’Année liturgique, cette annonce représente notre point de départ: nous savons qu’au-delà de tout événement favorable ou contrariant, le Seigneur ne nous laisse pas seuls. Il est venu il y a deux mille ans et il viendra encore à la fin des temps, mais il vient aujourd’hui également dans ma vie, dans ta vie. Oui, notre vie, avec tous ses problèmes, ses angoisses et ses incertitudes, reçoit la visite du Seigneur. Voilà la source de notre joie : le Seigneur ne s’est pas lassé et ne se lassera jamais de nous, il désire venir, il désire nous rendre visite. Aujourd’hui, le verbe venir a non seulement comme sujet Dieu, mais nous aussi. En effet, dans la première Lecture Isaïe prédit: «Viendront des peuples nombreux. Ils diront: «Venez ! montons à la montagne du Seigneur» (2, 3). Tandis que le mal sur la terre vient du fait que chacun suit son propre chemin sans les autres, le prophète offre une vision merveilleuse: tous les peuples viennent ensemble à la montagne du Seigneur. Sur la montagne, il y avait le temple de Dieu, la maison de Dieu. Isaïe nous transmet donc une invitation de la part de Dieu à aller chez lui. Nous sommes les invités de Dieu, et celui qui est invité est attendu, désiré. ‘‘Venez, dit Dieu, car dans ma maison il y a de la place pour tout le monde. Venez, car je ne porte pas dans mon cœur seulement un peuple, mais chaque peuple’’. Chers frères et sœurs, vous êtes venus de loin. Vous avez quitté vos maisons, vous avez quitté des proches et des choses qui vous sont chères. Arrivés ici, vous avez trouvé à la fois accueil, difficultés et imprévus. Mais pour Dieu, vous êtes toujours des invités bienvenus. Pour lui, nous ne sommes pas des étrangers, mais des enfants attendus. Et l’Église est la maison de Dieu: sentez-vous donc toujours chez vous ici. Nous venons ici pour marcher ensemble vers le Seigneur et réaliser les paroles par lesquelles se conclut la prophétie d’Isaïe: «Venez […] ! Marchons à la lumière du Seigneur » (v. 5). Mais on peut préférer les ténèbres à la lumière du Seigneur. Au Seigneur qui vient et qui nous invite à aller chez lui, on peut répondre ‘‘non, je n’y vais pas’’. Souvent, il ne s’agit pas d’un ‘‘non’’ direct, insolent, mais sournois. C’est le ‘‘non’’ contre lequel Jésus met en garde dans l’Évangile, en nous exhortant à ne pas faire comme « aux jours de Noé » (Mt 24, 37). Que s’est-il passé aux jours de Noé ? Il est arrivé que, alors que quelque chose de nouveau et de bouleversant était sur le point de se produire, personne n’y faisait attention, car tout le monde ne pensait qu’à manger et à boire (cf. v. 38). En d’autres termes, chacun réduisait la vie à ses besoins, se contentait d’une vie plate, horizontale, sans élan. Il n’y avait pas l’attente de quelqu’un, mais uniquement la prétention d’avoir quelque chose pour soi, à consommer. L’attente du Seigneur qui vient, et non la prétention d’avoir, nous, quelque chose à consommer. C’est cela le consumérisme. Le consumérisme est un virus qui attaque la foi à la racine, car il te fait croire que la vie dépend uniquement de ce que tu fais, et ainsi tu oublies Dieu qui vient à ta rencontre et celui qui est à côté de toi. Le Seigneur vient, mais tu suis plutôt tes appétits ; ton frère frappe à ta porte, mais il te dérange, parce qu’il perturbe tes plans – et cela, c’est l’attitude égoïste du consumérisme. Dans l’Évangile, quand Jésus signale les dangers pour la foi, il ne se soucie pas des ennemis puissants, des hostilités et des persécutions. Tout cela a existé, existe et existera, mais n’affaiblit pas la foi. Le vrai danger, c’est plutôt ce qui anesthésie le cœur : c’est de dépendre de la consommation, c’est de laisser les besoins appesantir et dissiper le cœur (cf. Lc 21, 34). On vit alors des choses et on ne sait plus pour quoi ; on a beaucoup de biens mais on ne fait plus le bien; les maisons se remplissent de choses mais se vident d’enfants. Voilà le drame d’aujourd’hui : des maisons remplies de choses mais sans enfants, c’est l’hiver démographique que nous sommes en train de traverser. On gaspille le temps dans des passetemps, mais on n’a plus du temps pour Dieu et pour les autres. Et quand on vit pour les choses, elles ne suffisent jamais, l’avidité grandit et les autres deviennent des entraves dans la course et ainsi, on finit par se sentir menacé et, toujours insatisfait et énervé; la haine gagne du terrain. ‘‘Je veux plus, je veux plus, je veux plus…’’. Nous le voyons aujourd’hui là où le consumérisme règne en maître : que de violence et de volonté de chercher un ennemi à tout prix ! Ainsi, tandis que le monde est rempli d’armes qui causent des morts, nous ne nous rendons pas compte que nous continuons à armer notre cœur de rage. Jésus veut nous réveiller de tout cela. Il le fait en se servant d’un verbe : «Veillez» (Mt 24, 42). ‘‘Soyez attentifs, veillez’’. Veiller, c’était le travail de la sentinelle, qui veillait en restant en éveil tandis que tout le monde dormait. Veiller, c’est résister au sommeil qui nous gagne tous. Pour pouvoir veiller, il faut avoir une espérance certaine : que la nuit ne durera pas toujours, que bientôt l’aube pointera. Il en est de même pour nous : Dieu vient et sa lumière éclairera même les ténèbres les plus épaisses. Mais nous, il nous faut aujourd’hui veiller, veiller: vaincre la tentation qui fait croire que le sens de la vie réside dans l’accumulation – c’est une tentation; le sens de la vie ne se trouve pas dans l’accumulation -; il nous faut démasquer l’illusion qu’on est heureux si on a beaucoup de chose; résister aux lumières aveuglantes de la consommation qui brillent partout en ce mois et croire que la prière et la charité ne sont pas du temps perdu, mais les plus grands trésors. Quand nous ouvrons le cœur au Seigneur et à nos frères, arrive le bien précieux que les choses ne pourront jamais nous donner et qu’Isaïe annonce dans la première Lecture, la paix: «De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée; ils n’apprendront plus la guerre» (Is 2, 4). Ce sont des paroles qui nous font penser aussi à votre patrie. Aujourd’hui, nous prions pour la paix, gravement menacée dans l’est du pays, surtout dans les territoires de Béni et de Minembwe, où font rage des conflits, nourris également de l’extérieur, alors que beaucoup se taisent; des conflits alimentés par ceux qui s’enrichissent en vendant les armes. Aujourd’hui, vous faites mémoire d’une très belle figure, la Bienheureuse Marie-Clémentine Anuarite Nengapeta, violemment tuée, non sans avoir dit à son bourreau, comme Jésus: «Je te pardonne, parce que tu ne sais pas ce que tu fais». Par son intercession, demandons qu’au nom du Dieu-Amour, et avec l’aide des populations voisines, on renonce aux armes, en vue d’un avenir où les uns ne soient plus contre les autres, mais où les uns soient avec les autres, et où l’on se détourne d’une économie qui se sert de la guerre pour une économie qui sert la paix! Le Pape François: Celui qui a des oreilles pour entendre L’Assemblée: qu’il entende! Le Pape François: Celui qui a un cœur pour acquiescer L’Assemblée: qu’il acquiesce!

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS MONDIAL DE L’ASSOCIATION INTERNATIONALE DE DROIT PÉNAL

Le capital financier mondial est à l’origine de graves délits non seulement contre la propriété, mais aussi contre les personnes et l’environnement. Il s’agit de criminalité organisée responsable, entre autres, du surendettement des Etats et du pillage des ressources naturelles de notre planète. Le droit pénal ne peut rester étranger à des conduites où, profitant de situations asymétriques, une position dominante est exploitée au détriment du bien-être collectif. Cela se produit par exemple, quand on provoque la diminution artificielle des prix des titres de dette publique, au moyen de la spéculation, sans se préoccuper du fait que cela puisse influencer ou aggraver la situation économique de nations entières (cf. Oeconomicae et pecuniariae quaestiones. Considérations pour un discernement éthique sur certains aspects du système économique et financier actuel, n. 17). Il s’agit de délits qui ont la gravité de crimes contre l’humanité, lorsqu’ils provoquent la faim, la misère, la migration forcée et la mort à cause de maladies évitables, les catastrophes environnementales et l’ethnocide des peuples autochtones. La protection juridique et pénale de l’environnement Il est vrai que la réponse pénale arrive quand le délit a été commis, qu’elle ne permet pas de réparer le préjudice ni de prévenir la réitération et qu’elle a rarement des effets dissuasifs. Il est aussi vrai qu’en raison de sa sélectivité structurelle, la fonction de sanction retombe généralement sur les secteurs les plus vulnérables. Je n’ignore pas non plus qu’il existe un courant punitif qui prétend résoudre, à travers le système pénal, les problèmes sociaux les plus divers.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AU CONGRÈS «CHILD DIGNITY IN THE DIGITAL WORLD»

(…) La diffusion de la pornographie dans le monde numérique augmente de manière vertigineuse. Cela est déjà en soi un fait très grave, fruit d’une perte générale du sens de la dignité humaine et lié souvent aussi à la traite de personnes. Le phénomène est encore plus dramatique dans la mesure où ce matériel est largement accessible aussi aux mineurs à travers internet et surtout à travers les appareils mobiles. La majorité des études scientifiques concorde à mettre en lumière les lourdes conséquences qui en découlent sur le psychisme et sur les comportements des mineurs. Ce sont des conséquences qui dureront toute leur vie, avec des phénomènes de grave dépendance, de propension à des comportements violents et des relations émotives et sexuelles profondément perturbées. (…) (…) Le potentiel des outils numériques est énorme mais les conséquences négatives possibles de leur utilisation abusive dans le domaine de la traite des êtres humains, dans l’organisation du terrorisme, dans la propagation de la haine et de l’extrémisme, dans la manipulation des informations et – nous devons insister – aussi dans la maltraitance des enfants peut être tout aussi importante. (…)

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SALUT DU PAPE FRANÇOIS À LA DÉLÉGATION DE L’ARMÉE DU SALUT

Monsieur le général, chers frères et soeurs! Je suis heureux d’avoir cette occasion de renouveler à vous et à tous les membres et bénévoles de l’Armée du Salut ma reconnaissance pour le témoignage que vous donnez à la primauté du discipulat et du service aux pauvres. Cela fait de vous un signe reconnaissable et crédible de l’amour évangélique, dans l’obéissance au commandement du Seigneur: «Aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimé, aimez-vous aussi. Par cela, tout le monde saura que vous êtes mes disciples » (Jn 13, 34). Comme je l’ai parfois rappelé – même maintenant, dans l’interview -, c’est en rencontrant des membres de l’Armée du Salut que j’ai reçu ma première leçon d’œcuménisme de ma grand-mère, il y a de nombreuses années… J’en ai eu quatre! Leur exemple de service humble envers les moindres de nos frères et sœurs est plus éloquent que n’importe quel mot. Je me souviens de l’expression sage de votre prédécesseur, M. Général, lorsque nous nous sommes rencontrés il y a cinq ans: « La sainteté transcende les frontières confessionnelles ». La sainteté qui se manifeste dans des actions concrètes de bonté, de solidarité et de guérison parle au cœur et atteste de l’authenticité de notre discipulat. Sur cette base, les catholiques et les membres de l’Armée du Salut peuvent s’entraider et collaborer de plus en plus dans le respect mutuel, même dans la vie de sainteté. Ce témoignage commun est comme la levure que, dans la parabole de Jésus, une femme prenait et mélangeait avec de la farine jusqu’à ce que toute la pâte soit levée (voir Lc 13, 21). L’amour libre qui inspire les gestes de service aux nécessiteux n’est pas seulement la levure, mais aussi le parfum du pain frais. Il attire et convainc. Les jeunes en particulier ont besoin de ressentir ce parfum, car dans de nombreux cas, il fait défaut dans leur expérience quotidienne. Dans un monde où l’égoïsme et la division abondent, c’est précisément le noble goût de l’amour inconditionnel qui sert d’antidote et ouvre la voie au sens transcendant de notre existence. En tant qu’évêque de Rome, de ce diocèse, je tiens également à remercier l’Armée du Salut pour ce qu’elle fait dans cette ville en faveur des sans-abri et des personnes marginalisées; il y en a beaucoup à Rome, beaucoup. Et je connais également votre large implication dans la lutte contre la traite des êtres humains et d’autres formes actuelles d’esclavage. Que Dieu vous bénisse! Merci encore pour votre visite. Souvenons-nous les uns des autres dans la prière et continuons à travailler à répandre l’amour de Dieu à travers des œuvres de service et de solidarité.

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DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS À LA RÉUNION DU SECRÉTARIAT POUR LA JUSTICE SOCIALE ET L’ÉCOLOGIE DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS

(…) Certains d’entre vous, et de nombreux autres jésuites qui vous ont précédés, ont commencé des travaux de service aux plus pauvres, des travaux d’éducation, une attention aux réfugiés, la défense des droits de l’homme et des services sociaux dans de nombreux domaines. Poursuivre cet engagement créatif, toujours en quête de renouveau dans une société aux changements accélérés. Aidez l’Église dans le discernement qu’aujourd’hui nous devons aussi mener à bien nos apostolats. N’arrêtez pas de collaborer sur le net entre vous et avec d’autres organisations ecclésiales et civiles pour avoir un mot à la défense des plus nécessiteux de ce monde de plus en plus globalisé. Avec cette mondialisation sphérique, qui annule les identités culturelles, les identités religieuses, les identités personnelles, tout est pareil. La véritable mondialisation doit être multiforme. Rejoignez-nous, mais chacun conservant sa propre particularité. Dans la douleur de nos frères et de notre maison commune menacée, il est nécessaire de contempler le mystère du crucifix pour pouvoir donner vie à la fin, comme l’ont fait de nombreux compagnons jésuites de 1975. Cette année, nous célébrons le 30e anniversaire du martyre du Les jésuites de l’Université centraméricaine d’El Salvador, qui ont causé tant de souffrances au père Kolvenbach et qui l’ont poussé à demander l’aide des jésuites dans toute la Compagnie. Beaucoup ont répondu généreusement. La vie et la mort des martyrs sont pour le moins un encouragement à notre service. (…)

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PAPE FRANÇOIS ANGÉLUS

(…) Et ma pensée va encore une fois au Moyen-Orient. En particulier, à la Syrie bien-aimée et martyrisée, d’où parviennent à nouveau des nouvelles dramatiques sur le sort des populations du nord-est du pays, contraintes d’abandonner leurs maisons à cause des actions militaires: parmi ces populations se trouvent également de nombreuses familles chrétiennes. Je vous en prie, je renouvelle à toutes les parties concernés, et également à la communauté internationale, l’appel à s’engager avec sincérité, avec honnêteté et transparence sur la voie du dialogue pour chercher des solutions efficaces. Avec tous les membres du synode pour la région panamazonienne, en particulier ceux provenant de l’Equateur, je suis avec préoccupation ce qui se passe dans le pays ces dernières semaines. Je le confie à la prière commune et à l’intercession des nouveaux saints, et je m’unis à la douleur pour les morts, les blessés et les personnes portées disparues. J’encourage à rechercher la paix sociale, avec une attention particulière aux populations les plus vulnérables, aux pauvres et aux droits humains. (…)

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MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA 105e JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ 2019

Chers frères et sœurs, la foi nous assure que le Royaume de Dieu est déjà présent sur la terre de façon mystérieuse (cf. Conc. Œcum. Vat. II, Const.Gaudium et spes, n. 39) ; cependant, de nos jours encore, nous devons constater avec douleur qu’il rencontre des obstacles et se heurte à des forces contraires. De violents conflits et de véritables guerres ne cessent de déchirer l’humanité ; les injustices et les discriminations se succèdent ; on peine à surmonter les déséquilibres économiques et sociaux, à l’échelle locale ou mondiale. Et ce sont surtout les plus pauvres et les plus défavorisés qui font les frais de tout ceci. Les sociétés économiquement les plus avancées ont tendance à développer en leur sein un individualisme accentué qui, uni à une mentalité utilitariste et multiplié par le réseau médiatique, produit la “ mondialisation de l’indifférence ”. Dans ce contexte, les migrants, les réfugiés, les personnes déplacées et les victimes de la traite des personnes sont devenus l’emblème de l’exclusion car, au-delà des malaises que comporte en soi leur condition, on fait peser sur eux un jugement négatif qui les considère comme cause des maux de la société. L’attitude à leur égard constitue une sonnette d’alarme qui nous avertit du déclin moral qui nous guette si l’on continue à concéder du terrain à la culture du rejet. De fait, sur cette voie, tout sujet qui ne rentre pas dans les canons du bien-être physique, psychique et social court le risque de la marginalisation et de l’exclusion. C’est pourquoi la présence des migrants et des réfugiés – comme, en général, des personnes vulnérables – représente aujourd’hui une invitation à retrouver certaines dimensions essentielles de notre existence chrétienne et de notre humanité, qui risquent de s’assoupir dans un style de vie rempli de confort. C’est en cela que l’expression « il ne s’agit pas seulement de migrants » signifie qu’en nous intéressant à eux, nous nous intéressons aussi à nous et à tous ; en prenant soin d’eux, nous grandissons tous ; en les écoutant, nous laissons aussi parler cette part de nous que nous gardons peut-être cachée parce qu’aujourd’hui elle n’est pas bien vue. « Courage, c’est moi, n’ayez pas peur ! » (Mt 14, 27). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit aussi de nos peurs. Les méchancetés et les laideurs de notre temps accroissent « notre crainte des “ autres ”, les inconnus, les marginalisés, les étrangers […]. Cela se constate particulièrement aujourd’hui, face à l’arrivée de migrants et de réfugiés qui frappent à notre porte à la recherche de protection, de sécurité et d’un avenir meilleur. La crainte est légitime, notamment parce qu’il manque une préparation à cette rencontre » (Homélie, Sacrofano, 15 février 2019). Le problème n’est pas tant d’avoir des doutes et des craintes. Le problème, c’est quand ceux-ci conditionnent notre façon de penser et d’agir au point de nous rendre intolérants, fermés, et peut-être même – sans nous en rendre compte – racistes. Ainsi la peur nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre, la personne qui est différente de moi ; elle me prive d’une occasion de rencontre avec le Seigneur (cf. Homélie de la Messe pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié, 14 janvier 2018). « Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ? » (Mt 5, 46). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de charité. Grâce aux œuvres de charité, nous démontrons notre foi (cf. Jc 2, 18). Or, la charité la plus élevée est celle qui s’exerce envers ceux qui ne sont pas en mesure de rendre la pareille, ni même peut-être de remercier. « Ce qui est en jeu, c’est le visage que nous voulons nous donner comme société et la valeur de toute vie. […] Le progrès de nos peuples […] dépend surtout de la capacité de se laisser remuer et toucher par celui qui frappe à la porte et qui, avec son regard, discrédite et prive d’autorité toutes les fausses idoles qui hypothèquent la vie et la réduisent en esclavage ; idoles qui promettent un bonheur illusoire et éphémère, construit aux marges de la réalité et de la souffrance des autres » (Discours à la Caritas Diocésaine de Rabat, 30 mars 2019). « Mais un Samaritain, qui était en voyage, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié » (Lc 10, 33). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de notre humanité. Ce qui pousse ce Samaritain – un étranger par rapport aux juifs – à s’arrêter, c’est la compassion : un sentiment qui ne s’explique pas seulement au niveau rationnel. La compassion fait vibrer les cordes les plus sensibles de notre humanité, provoquant un élan irrépressible à nous “ faire le prochain” de ceux que nous voyons en difficulté. Comme Jésus lui-même nous l’enseigne (cf. Mt 9, 35-36 ; 14, 13-14 ; 15, 32-37), avoir de la compassion signifie reconnaître la souffrance de l’autre et passer tout de suite à l’action pour soulager, soigner et sauver. Avoir de la compassion signifie faire de la place à la tendresse, que la société contemporaine nous demande si souvent, au contraire, de réprimer. « S’ouvrir aux autres n’appauvrit pas mais enrichit, car cela aide à être plus humain ; à se reconnaître partie active d’un ensemble plus grand et à interpréter la vie comme un don pour les autres ; à voir comme but, non pas ses propres intérêts mais le bien de l’humanité » (Discours à la mosquée “ Heydar Aliyev ” de Bakou, Azerbaïdjan, 2 octobre 2016). 168 « Gardez-vous de mépriser aucun de ces petits : car, je vous le dis, leurs anges aux cieux voient constamment la face de mon père qui est aux cieux » (Mt 18, 10). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de n’exclure personne. Le monde actuel est chaque jour plus élitiste et cruel envers les exclus. Les pays en voie de développement continuent d’être appauvris de leurs meilleures ressources naturelles et humaines au profit de quelques marchés privilégiés. Les guerres ne concernent que quelques régions du monde, mais les armes pour les faire sont produites et vendues dans d’autres régions qui, ensuite, ne veulent pas se charger des réfugiés produits par ces conflits. Ceux qui en font les frais, ce sont toujours les petits, les pauvres, les plus vulnérables, qu’on empêche de s’asseoir à table et à qui on laisse les “ miettes ” du banquet (cf. Lc 16, 19-21). « L’Église “ en sortie ” […] sait prendre l’initiative sans crainte, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux croisées des chemins pour inviter les exclus » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 24). Le développement qui exclut rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Le développement véritable est celui qui se propose d’inclure tous les hommes et toutes les femmes du monde, en favorisant leur croissance intégrale, et qui se préoccupe aussi des générations futures. « Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur, et celui qui voudra être le premier parmi vous, sera l’esclave de tous » (Mc 10, 43-44). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de mettre les derniers à la première place. JésusChrist nous demande de ne pas céder à la logique du monde, qui justifie la prévarication sur les autres pour mon avantage personnel ou celui de mon groupe : moi d’abord et les autres après ! Or la vraie devise du chrétien, c’est “ d’abord les derniers ! ”. « Un esprit individualiste est un terrain fertile pour la maturation de cette attitude d’indifférence envers le prochain, qui porte à le traiter comme simple objet d’achat et de vente, qui pousse à se désintéresser de l’humanité des autres et finit par rendre les personnes craintives et cyniques. Ces sentiments ne sont-ils pas ceux que nous éprouvons souvent devant les pauvres, les marginaux, les derniers de la société ? Et combien de derniers avons-nous dans nos sociétés ! Parmi ceux-ci, je pense surtout aux migrants, avec leur poids de difficultés et de souffrances qu’ils affrontent chaque jour dans la recherche, parfois désespérée, d’un lieu où vivre en paix et avec dignité » (Discours au Corps diplomatique, 11 janvier 2016). Dans la logique de l’Évangile, les derniers viennent en premier et nous devons nous mettre à leur service. « Je suis venu pour qu’ils aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10, 10). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de toute la personne, de toutes les personnes. Dans cette affirmation de Jésus, nous trouvons le cœur de sa mission : faire en sorte que tous reçoivent le don de la vie en plénitude, selon la volonté du Père. Dans toute activité politique, dans tout programme, dans toute action pastorale, nous devons toujours mettre au centre la personne, sous ses multiples dimensions, y compris sa dimension spirituelle. Cela vaut pour toutes les personnes, auxquelles doit être reconnue l’égalité fondamentale. Par conséquent, « le développement ne se réduit pas à la simple croissance économique. Pour être authentique, il doit être intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme » (Saint Paul VI, Enc. Populorum progressio, n. 14). « Ainsi donc vous n’êtes plus des étrangers ni des hôtes ; vous êtes concitoyens des saints, vous êtes de la maison de Dieu » (Ep 2, 19). Il ne s’agit pas seulement de migrants : il s’agit de construire la cité de Dieu et de l’homme. À notre époque, appelée aussi l’ère des migrations, nombreuses sont les personnes innocentes qui tombent en victimes dans le “ grand piège ” du développement technologique et de la consommation sans limites (cf. Enc. Laudato si’, n. 34). Aussi se mettent-elles en voyage vers un “ paradis ” qui trahit inexorablement leurs attentes. Leur présence, parfois dérangeante, contribue à dissiper les mythes d’un progrès réservé à quelquesuns, mais bâti sur l’exploitation de la multitude. « Il s’agit alors de voir, nous d’abord et d’aider ensuite les autres à voir dans le migrant et dans le réfugié non pas seulement un problème à affronter, mais un frère et une sœur à accueillir, à respecter et à aimer, une occasion que la Providence nous offre pour contribuer à la construction d’une société plus juste, une démocratie plus accomplie, un pays plus solidaire, un monde plus fraternel et une communauté chrétienne plus ouverte, selon l’Évangile » (Message pour la Journée mondiale du Migrant et du Réfugié 2014). Chers frères et sœurs, la réponse au défi posé par les migrations contemporaines peut se résumer en quatre verbes : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. Mais ces verbes ne valent pas seulement pour les migrants et pour les réfugiés. Ils expriment la mission de l’Église envers tous les habitants des périphéries existentielles, qui doivent être accueillis, protégés, promus et intégrés. Si nous mettons ces verbes en pratique, nous contribuons à construire la cité de Dieu et de l’homme, nous encourageons le développement humain intégral de toutes les personnes et nous aidons aussi la communauté mondiale à s’approcher des objectifs du développement durable qu’elle s’est donnés et qu’il sera difficile d’atteindre autrement. Donc, ce n’est pas seulement la cause des migrants qui est en jeu, ce n’est pas seulement d’eux qu’il s’agit, mais de nous tous, du présent et de l’avenir de la famille humaine. Les migrants, et spécialement ceux qui sont plus vulnérables, nous aident à lire les “ signes des temps ”. À travers eux, le Seigneur nous appelle à une conversion, à nous libérer des exclusions, de l’indifférence et de la culture du déchet. À travers eux, le Seigneur nous invite à nous réapproprier notre vie chrétienne dans son entier et à contribuer, chacun selon sa vocation, à l’édification d’un monde qui corresponde toujours davantage au projet de Dieu. C’est le vœu que j’accompagne de ma prière en invoquant, par l’intercession de la Vierge Marie, Notre-Dame de la Route, d’abondantes bénédictions sur tous les migrants et les réfugiés du monde entier et sur ceux qui se font leurs compagnons de voyage.