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PAPE FRANÇOIS: REGINA CÆLI

À l’issue du Regina Cæli

Chers frères et sœurs!

[…] Je confesse que j’éprouve une grande douleur pour la tragédie qui, encore une fois, a eu lieu ces jours derniers en Méditerranée. Cent trente migrants sont morts en mer. Ce sont des personnes, ce sont des vies humaines, qui pendant deux jours entiers ont imploré en vain de l’aide, une aide qui n’est pas arrivée. Frères et sœurs, interrogeons-nous tous sur cette énième tragédie. C’est le moment de la honte. Prions pour ces frères et sœurs, et pour les nombreuses personnes qui continuent à mourir au cours de ces voyages dramatiques. Prions également pour ceux qui pourraient apporter de l’aide mais qui préfèrent détourner le regard. Prions en silence pour eux. […]

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PAPE FRANÇOIS: REGINA CÆLI

Avant de conclure cette célébration, je voudrais remercier ceux qui ont collaboré à sa préparation et à sa diffusion en direct. Et je salue tous ceux qui sont reliés à travers les médias.

J’adresse un salut particulier à vous qui êtes ici présents dans l’église Santo Spirito in Sassia, sanctuaire de la Divine Miséricorde: fidèles habituels, personnel soignant, détenus, personnes porteuses de handicap, réfugiés et migrants, sœurs hospitalières de la Divine Miséricorde, bénévoles de la protection civile.

Vous représentez plusieurs organisations dans lesquelles la miséricorde se fait concrète, se fait proximité, service, attention aux personnes en difficulté. Je vous souhaite de vous sentir toujours «miséricordiés», pour être à votre tout miséricordieux.

Que la Vierge Marie, Mère de la Miséricorde, obtienne cette grâce pour nous tous.

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LETTRE DU PAPE FRANÇOIS AUX PARTICIPANTS AUX RÉUNIONS DE PRINTEMPS 2021 DU FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL ET DE LA BANQUE MONDIALE

Je suis reconnaissant pour votre invitation cordiale à m’adresser aux participants aux réunions de printemps 2021 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à travers cette lettre, que j’ai confiée au cardinal Peter Turkson, préfet du dicastère du Saint-Siège pour la promotion du développement humain intégral.

Au cours de l’année écoulée, suite à la pandémie de Covid-19, notre monde a été contraint d’affronter une série de graves crises socio-économiques, écologiques et politiques liées entre elles. Je forme le vœu que vos débats contribueront à un modèle de «reprise» capable d’engendrer des solutions nouvelles, plus inclusives et durables pour soutenir l’économie réelle, en aidant les personnes et les communautés à atteindre leurs aspirations les plus profondes ainsi que le bien commun universel. La notion de reprise ne peut se contenter d’un retour à un modèle inéquitable et non durable de vie économique et sociale, où une petite minorité de la population mondiale possède la moitié de ses richesses.

Malgré nos convictions profondes selon lesquelles tous les hommes et les femmes sont créés égaux, un grand nombre de nos frères et sœurs dans la famille humaine, en particulier ceux en marge de la société, sont en réalité exclus du monde financier. Toutefois, la pandémie nous a rappelé une fois de plus que personne ne se sauve seul. Si nous voulons sortir de cette situation en tant que monde meilleur, plus humain et solidaire, de nouvelles formes créatives de participation sociale, politique et économique doivent être imaginées, qui soient sensibles à la voix des pauvres et engagées à les inclure dans l’édification de notre avenir commun (cf. Fratelli tutti, n. 169). En tant qu’experts en finance et en économie, vous savez bien que la confiance, qui découle de l’interconnexion entre les personnes, est la pierre d’angle de toutes les relations, y compris les relations financières. Ces relations ne peuvent être édifiées qu’à travers le développement d’une «culture de la rencontre», dans laquelle chaque voix peut être entendue et tous peuvent s’épanouir, en trouvant des points de contact, en construisant des ponts, et en envisageant des projets à long-terme qui incluent tout le monde (cf. ibid., n. 216).

Tandis que de nombreux pays consolident actuellement des plans de relance individuels, il reste le besoin urgent d’un plan mondial qui puisse créer de nouvelles institutions ou renouveler celles existantes, en particulier les institutions de la gouvernance mondiale, et contribuer à édifier un nouveau réseau de relations internationales en vue de faire progresser le développement humain intégral de tous les peuples. Cela implique nécessairement de permettre aux pays les plus pauvres et les moins développés de participer de façon concrète aux prises de décision et de faciliter l’accès au marché international. Un esprit de solidarité mondiale exige également au minimum une réduction significative du fardeau de la dette des pays les plus pauvres, qui a été exacerbé par la pandémie. Alléger le fardeau de la dette de si nombreux pays et communautés aujourd’hui représente un geste profondément humain qui peut aider les personnes à progresser, à avoir accès aux vaccins, à la santé, à l’éducation et à l’emploi.

Nous ne pouvons pas non plus ignorer un autre type de dette: la «dette écologique» qui existe en particulier entre le nord et le sud du monde. Nous avons, en fait, une dette envers la nature elle-même, ainsi qu’envers les peuples et les pays affectés par la dégradation de l’environnement et la perte de la biodiversité provoquées par l’homme. A cet égard, je pense que l’industrie financière, qui se distingue par sa grande créativité, se montrera capable de développer des mécanismes souples pour calculer cette dette écologique, afin que les pays développés puissent la solder, non seulement en limitant de façon significative leur consommation d’énergie non renouvelable ou en aidant les pays plus pauvres à mettre en œuvre des politiques et des programme de développement durable, mais aussi en assumant les coûts de l’innovation nécessaire à cet effet (cf. Laudato si’, nn. 51-52).

Une profonde appréciation de l’objectif essentiel et de la fin de toute vie économique, à savoir le bien commun universel, est essentielle pour un développement juste et intégré. Il s’ensuit que l’argent public ne peut jamais être dissocié du bien public, et que les marchés financiers devraient être soutenus par des lois et des réglementations visant à assurer qu’elles œuvrent véritablement pour le bien commun. Un engagement à la solidarité économique, financière et sociale implique donc beaucoup plus qu’accomplir des gestes ponctuels de générosité. «C’est penser et agir en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens de la part de certains. C’est également lutter contre les causes structurelles de la pauvreté, de l’inégalité, du manque de travail, de terre et de logement, de la négation des droits sociaux et du travail… La solidarité, entendue dans son sens le plus profond, est une façon de faire l’histoire» (Fratelli tutti, n. 116).

Il est temps de reconnaître que les marchés — en particulier les marchés financiers — ne se gouvernent pas seuls. Les marchés ont besoin d’être soutenus par des lois et des réglementations qui garantissent qu’ils œuvrent en vue du bien commun, en assurant que la finance — au lieu d’être simplement spéculative ou se financer elle-même — œuvre en vue des objectifs sociaux si nécessaires dans le contexte de l’urgence sanitaire mondiale.

A cet égard, nous avons particulièrement besoin d’une solidarité en matière de vaccin financée de façon juste, car nous ne pouvons pas permettre à la loi du marché de prendre le pas sur la loi de l’amour et de la santé pour tous. Je réitère ici mon appel aux responsables de gouvernements, aux entreprises et aux organisations internationales à travailler ensemble pour fournir des vaccins pour tous, particulièrement aux personnes les plus vulnérables et dans le besoin (cf. Message Urbi et Orbi, Noël 2020).

Je forme le vœu qu’au cours de ces journées, vos rencontres personnelles et vos débats officiels apporteront beaucoup de fruit pour le discernement de solutions sages en vue d’un avenir plus inclusif et durable. Un avenir où la finance soit au service du bien commun, où les personnes vulnérables et marginalisées soient placées au centre, et où l’on prenne soin de la terre, notre maison commune.

En offrant mes meilleurs vœux dans la prière pour la fécondité de vos rencontres, j’invoque sur tous les participants les bénédictions divines de sagesse et de compréhension, de bons conseils, de force et de paix.

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CHEMIN DE CROIX: PRÉSIDÉ PAR LE SAINT-PÈRE FRANÇOIS

Dixième station

Jésus est dépouillé de ses vêtements

[Les soldats] le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun. Ainsi s’accomplissait la parole de l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits ; ils ont tiré au sort mon vêtement (Mc 15, 24 ; Jn 19, 24b).

 

Méditation

Sur les étagères de ma chambre, on pouvait voir beaucoup de poupées, toutes différentes. À chaque occasion, j’en recevais une nouvelle en cadeau, et j’étais très attachée à toutes mes petites amies.

Dimanche, durant les annonces à la fin de la Messe, le curé a parlé d’une collecte de jouets pour les enfants réfugiés du Kossovo.

De retour à la maison, j’ai regardé mes poupées et j’ai pensé : “Me sont-elles vraiment utiles ?”.

J’en ai choisi quelques-unes avec tristesse, les plus anciennes, celles auxquelles j’étais moins attachée.

J’ai préparé une boîte pour les emmener à l’église le dimanche suivant.

Le soir, cependant, j’avais l’impression de n’avoir pas fait assez. Avant d’aller dormir, la boîte était pleine de poupées et les étagères vides.

Nous libérer du superflu allège l’âme et nous libère des égoïsmes.

Donner rend plus heureux que recevoir.

 

Prière des jeunes

Jésus, veille sur mon cœur, rends-le libre de l’esclavage des biens matériels. Aide-moi à donner non seulement le superflu, mais aussi quelque chose de nécessaire.

 

Prions.

Seigneur, Père très bon, comble nos distances,
rends-nous généreux de partager avec les frères
les dons de ta providence.
Par le Christ notre Seigneur. Amen.

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PAPE FRANÇOIS: AUDIENCE GÉNÉRALE

[…] Le Vendredi Saint est un jour de pénitence, de jeûne et de prière. A travers les textes de l’Ecriture Sainte et les prières liturgiques, nous serons comme rassemblés sur le Calvaire pour commémorer la Passion et la Mort rédemptrice de Jésus Christ. Dans l’intensité du rite de l’action liturgique, le Crucifix nous sera présenté pour l’adorer. En adorant la Croix, nous revivrons le chemin de l’Agneau innocent immolé pour notre salut. Nous porterons dans notre esprit et dans notre cœur les souffrances des malades, des pauvres, des exclus de ce monde; nous rappellerons les “agneaux immolés” victimes innocentes des guerres, des dictatures, des violences quotidiennes, des avortements… Devant l’image du Dieu crucifié, nous porterons, dans la prière, les nombreux, trop nombreux crucifiés d’aujourd’hui, qui de Lui uniquement peuvent recevoir le réconfort et le sens de leur souffrance. Et aujourd’hui, il y en a tant: il ne faut pas oublier les crucifiés d’aujourd’hui, qui sont l’image de Jésus Crucifié, et Jésus est en eux. […]

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MESSAGE VIDEO DU CARDINAL-SECRETAIRE D’ETAT PIETRO PAROLIN, ENVOYE AU NOM DU PAPE FRANCOIS, À L’OCCASION DE LA JOURNÉE MONDIALE DE L’EAU 2021

Excellences,

C’est pour moi un honneur de vous saluer cordialement, également au nom du Saint- Père, à l’occasion de la journée mondiale de l’eau 2021.

Le thème choisi pour cette année, «Valoriser l’eau», nous invite à être davantage responsables dans la protection et dans l’utilisation de cet élément si fondamental pour la préservation de notre planète. Sans eau, en effet, il n’y aurait pas eu de vie, ni de centres urbains, ni de productivité agricole, forestière et zootechnique. Pourtant, nous n’avons pas pris soin de cette ressource avec le zèle et l’attention qu’elle mérite. La gaspiller, la négliger ou la polluer a été une erreur qui se répète encore de nos jours.

Non seulement mais même au XXIe siècle, à l’ère du progrès et des développements technologiques, l’accès à l’eau potable et sûre n’est pas à la portée de tous. Le Saint-Père nous rappelle que l’eau «est un droit humain primordial, fondamental et universel […], une condition pour l’exercice des autres droits humains» (encyclique Laudato si’, n. 30); un bien auquel tous les êtres humains, sans exception, ont le droit d’avoir un accès adéquat, afin de pouvoir mener une vie digne. C’est pourquoi «ce monde a une grave dette sociale envers les pauvres qui n’ont pas accès à l’eau potable, parce que c’est leur nier le droit à la vie, enraciné dans leur dignité inaliénable» (ibid.).

A cette triste réalité s’ajoutent aujourd’hui les effets nocifs du changement climatique: inondations, sécheresse, augmentation des températures, variabilité soudaine et imprévisible des précipitations, dégels, diminution des courants des fleuves et épuisement des eaux souterraines. Tous ces phénomènes compromettent et diminuent la qualité de l’eau et, par conséquent, empêchent une vie sereine et féconde. A cet état de choses contribue également la diffusion d’une culture du déchet et la mondialisation de l’indifférence, qui conduisent l’homme à se sentir autorisé à saccager et à piller la création. Sans oublier la crise sanitaire actuelle, qui a augmenté les inégalités sociales et économiques existantes, en mettant en évidence les dommages causés par l’absence ou l’inefficacité des services hydriques parmi les plus pauvres.

En pensant à ceux qui, aujourd’hui, sont privés d’un bien aussi essentiel que l’eau, ainsi qu’aux générations qui nous succèderont, j’invite chacun à œuvrer afin de mettre fin à la pollution des mers et des fleuves, des courants souterrains et des sources, à travers une œuvre éducative qui promeuve le changement de nos styles de vie, la recherche de la bonté, la vérité et la beauté et la communion avec les autres hommes en vue du bien commun. Que ce soient les éléments qui déterminent les choix de la consommation, de l’économie et des investissements (cf. Saint Jean-Paul II , encyclique Centesimus annus, n. 36). […]

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PAPE FRANÇOIS: ANGÉLUS

A l’issue de l’Angelus, le Pape a ajouté les paroles suivantes:

Chers frères et sœurs,

Il y a dix ans commençait le conflit sanglant en Syrie, qui a causé l’une des plus graves catastrophes humanitaires de notre temps: un nombre incalculable de morts et de blessés, des millions de réfugiés, des milliers de personnes disparues, des destructions, des violences en tous genres et des souffrance immenses pour toute la population, en particulier pour les plus vulnérables, comme les enfants, les femmes et les personnes âgées. Je renouvelle mon appel pressant aux parties en conflit, afin qu’elles manifestent des signes de bonne volonté, de manière à ce que puisse s’ouvrir une brèche d’espérance pour la population épuisée. Je souhaite par ailleurs un engagement ferme et renouvelé, constructif et solidaire, de la communauté internationale, afin que, une fois les armes déposées, on puisse reconstituer le tissu social social et commencer la reconstruction et la reprise économique. Prions tous le Seigneur, pour que tant de souffrance, dans la bien-aimée Syrie martyrisée, ne soit pas oubliée et pour que notre solidarité ravive l’espérance. Prions ensemble pour la Syrie bien-aimée et martyrisée. Je vous salue Marie… […]

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PAPE FRANÇOIS: AUDIENCE GÉNÉRALE

[…] Un message de fraternité est venu des deux célébrations eucharistiques: celle de Bagdad, en rite chaldéen, et celle d’Erbil, ville où j’ai été reçu par le président de la région et par son premier ministre, par les autorités – je remercie les nombreuses personnes qui sont venues me recevoir – et j’ai également été reçu par le peuple. L’espérance d’Abraham et de sa descendance s’est réalisée dans le mystère que nous avons célébré, en Jésus, le Fils que Dieu le Père n’a pas épargné, mais a donné pour le salut de tous: à travers sa mort et sa résurrection, Il nous a ouvert le passage vers la terre promise, vers la vie nouvelle où les larmes sont séchées, les blessures guéries, les frères réconciliés. […]

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN IRAK: RENCONTRE INTERRELIGIEUSE

[…] Chers amis, tout cela est-il possible ? Le père Abraham, qui a su espérer contre toute espérance (cf. Rm 4, 18) nous encourage. Au cours de l’histoire, nous avons souvent poursuivi des buts trop terrestres et nous avons cheminé chacun pour son propre compte ; mais avec l’aide de Dieu nous pouvons changer en mieux. Il nous revient, humanité d’aujourd’hui, et surtout à nous, croyants de toute religion, de convertir les instruments de haine en instruments de paix. Il nous revient d’exhorter avec force les responsables des nations afin que la prolifération croissante des armes cède le pas à la distribution de nourriture pour tous. Il nous revient de réduire au silence les accusations réciproques pour donner une voix au cri des opprimés et des rejetés sur la planète : trop sont privés de pain, de médicaments, d’instruction, de droit et de dignité ! Il nous revient de mettre en lumière les manœuvres douteuses qui tournent autour de l’argent et de demander avec force que l’argent ne finisse pas toujours et seulement par alimenter le confort effréné de quelques-uns. Il nous revient de protéger la maison commune de nos intentions prédatrices. Il nous revient de rappeler au monde que la vie humaine vaut pour ce qu’elle est et non pour ce qu’elle a, et que les vies des enfants à naître, des personnes âgées, des migrants, des hommes et des femmes de toutes couleurs et nationalités sont toujours sacrées et comptent comme celles de chacun ! Il nous revient d’avoir le courage de lever les yeux et de regarder les étoiles, les étoiles que notre père Abraham a vues, les étoiles de la promesse. […]

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VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN IRAK: RENCONTRE AVEC LES AUTORITES, LA SOCIETE CIVILE ET LE CORPS DIPLOMATIQUE: DISCOURS DU SAINT-PERE

Monsieur le Président,
Membres du Gouvernement et du Corps diplomatique
Autorités distinguées,
Représentants de la Société civile,
Mesdames et Messieurs,

je suis heureux de l’opportunité qui m’est offerte de faire cette Visite, longtemps attendue et désirée, en République d’Irak, de venir sur cette terre, berceau de la civilisation, étroitement liée, à travers le Patriarche Abraham et de nombreux prophètes, à l’histoire du salut et aux grandes traditions religieuses du judaïsme, du christianisme et de l’islam. J’exprime ma gratitude à Monsieur le Président Salih pour son invitation et pour les aimables paroles de bienvenue qu’il m’a adressées également au nom des autres Autorités et de son bien aimé peuple. Je salue également les Membres du Corps diplomatique et les Représentants de la société civile.

Je salue affectueusement les évêques et les prêtres, les religieux et les religieuses et tous les fidèles de l’Eglise catholique. Je viens en pèlerin pour les encourager dans leur témoignage de foi, d’espérance et de charité dans la société irakienne. Je salue aussi les membres des autres Eglises et Communautés ecclésiales chrétiennes, les musulmans et les représentants des autres traditions religieuses. Que Dieu nous accorde de marcher ensemble, comme des frères et des sœurs, dans « la forte conviction que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix […] de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune » (Document sur la fraternité humaine, Abu Dhabi, 4 février 2019).

Ma visite a lieu au moment où le monde entier cherche à sortir de la crise de la pandémie de la Covid-19 qui non seulement a touché la santé de nombreuses personnes, mais qui a aussi provoqué la détérioration de conditions sociales et économiques déjà marquées par la fragilité et l’instabilité. Cette crise exige des efforts communs de la part de chacun pour faire les nombreux pas nécessaires, parmi lesquels une distribution équitable des vaccins pour tous. Mais cela ne suffit pas : cette crise est surtout un appel à « repenser nos modes de vie, […] le sens de notre existence » (Enc. Fratelli tutti, n. 33). Il s’agit de sortir de ce temps d’épreuve meilleurs que nous étions avant ; de construire un avenir fondé davantage sur ce qui nous unit que sur ce qui nous divise.

Au cours des dernières décennies, l’Irak a souffert des désastres des guerres, du fléau du terrorisme et des conflits sectaires souvent fondés sur un fondamentalisme qui ne peut accepter la coexistence pacifique de différents groupes ethniques et religieux, d’idées et de cultures diverses. Tout cela a apporté mort, destructions, ruines encore visibles, et pas seulement au niveau matériel : les dommages sont encore plus profonds si l’on pense aux blessures des cœurs de tant de personnes et de communautés qui auront besoin d’années pour guérir. Et ici, parmi les nombreuses personnes qui ont souffert, je ne peux pas ne pas rappeler les Yézidis, victimes innocentes de barbaries insensées et inhumaines, persécutés et tués en raison de leur appartenance religieuse dont l’identité même et la survie ont été menacées. Par conséquent, c’est seulement si nous réussissons à nous regarder entre nous avec nos différences, en tant que membres de la même famille humaine, que nous pourrons engager un véritable processus de reconstruction et laisser aux générations futures un monde meilleur, plus juste et plus humain. A cet égard, la diversité religieuse, culturelle et ethnique, qui a caractérisé la société irakienne pendant des millénaires, est une précieuse ressource à laquelle puiser, non pas un obstacle à éliminer. Aujourd’hui, l’Irak est appelé à montrer à tous, en particulier au Moyen Orient, que les différences, plutôt que de donner lieu à des conflits doivent coopérer en harmonie dans la vie civile.

La coexistence fraternelle a besoin du dialogue patient et sincère, protégé par la justice et le respect du droit. Ce n’est pas un exercice facile. Il demande effort et engagement de la part de tous pour dépasser rivalités et oppositions, et il requiert de se parler à partir de l’identité la plus profonde que nous avons, celle de fils de l’unique Dieu et Créateur (cf. Conc. œcum. Vat. II, Décl. Nostra aetaten. 5). Sur la base de ce principe, le Saint-Siège, en Irak comme ailleurs, ne se lasse pas d’en appeler aux Autorités compétentes afin qu’elles accordent à toutes les communautés religieuses reconnaissance, respect, droits et protection. J’apprécie les efforts déjà entrepris en ce sens et j’unis ma voix à celle des hommes et des femmes de bonne volonté pour qu’elles persévèrent au bénéfice du pays.

Une société qui porte l’empreinte de l’unité fraternelle est une société dont les membres vivent dans la solidarité. « La solidarité nous aide à regarder l’autre […] comme notre prochain, compagnon de route » (Message pour la 54ème Journée Mondiale de la Paix, 1er janvier 2021). Elle est une vertu qui nous porte à faire des gestes concrets de soin et de service, avec une attention particulière aux plus vulnérables et aux plus nécessiteux. Je pense à ceux qui, à cause de la violence, de la persécution et du terrorisme, ont perdu des membres de leurs familles et des personnes chères, leur maison ou des biens de première nécessité. Mais je pense à tous ceux qui luttent chaque jour à la recherche de sécurité et de moyens pour avancer, alors que le chômage et la pauvreté augmentent. « La conscience que nous avons d’être responsables de la fragilité des autres » (Fratelli tutti, n. 115) devrait inspirer tout effort pour créer des possibilités concrètes, que ce soit sur le plan économique ou dans le domaine de l’éducation, comme aussi pour le soin de la création, notre maison commune. Après une crise, il ne suffit pas de reconstruire, il faut le faire bien, de manière à ce que tous puissent mener une vie digne. On ne sort pas d’une crise pareils qu’avant : on en sort ou meilleurs, ou pires.

En tant que responsables politiques et diplomatiques, vous êtes appelés à promouvoir cet esprit de solidarité fraternelle. Il est nécessaire de lutter contre la plaie de la corruption, les abus de pouvoir et l’illégalité, mais ce n’est pas suffisant. Il faut en même temps édifier la justice, faire grandir l’honnêteté, la transparence et renforcer les institutions à cet effet. De cette manière, la stabilité peut grandir et une saine politique peut se développer, capable d’offrir à tous, en particulier aux jeunes – si nombreux dans ce pays –, l’espérance d’un avenir meilleur.

Monsieur le Président, Autorités distinguées, chers amis ! Je viens comme un pénitent qui demande pardon au Ciel et aux frères pour de nombreuses destructions et cruautés. Je viens comme pèlerin de paix, au nom du Christ, Prince de la paix. Combien nous avons prié, ces années, pour la paix en Irak ! Saint Jean-Paul II n’a pas épargné les initiatives, et il a surtout offert prières et souffrances pour cela. Et Dieu écoute, écoute toujours! C’est à nous de l’écouter, de marcher dans ses voies. Que se taisent les armes! Que la diffusion en soit limitée, ici et partout ! Que cessent les intérêts partisans, ces intérêts extérieurs qui se désintéressent de la population locale. Que l’on donne la parole aux bâtisseurs, aux artisans de paix ; aux petits, aux pauvres, aux personnes simples qui veulent vivre, travailler, prier en paix ! Assez de violences, d’extrémismes, de factions, d’intolérances ! Qu’on laisse de la place à tous les citoyens qui veulent construire ensemble ce pays dans le dialogue, dans une confrontation franche et sincère, constructive ; à celui qui s’engage pour la réconciliation et qui, pour le bien commun, est prêt à mettre de côté ses intérêts particuliers ! Durant ces années, l’Irak a cherché à poser les bases d’une société démocratique. Il est indispensable en ce sens d’assurer la participation de tous les groupes politiques, sociaux et religieux, et de garantir les droits fondamentaux de tous les citoyens. Que personne ne soit considéré comme citoyen de deuxième classe. J’encourage les pas accomplis jusqu’ici sur ce parcours et j’espère qu’ils renforceront la sécurité et la concorde.

La Communauté internationale a, elle aussi, un rôle décisif à jouer dans la promotion de la paix sur cette terre et dans tout le Moyen Orient. Comme nous l’avons vu pendant le long conflit en Syrie toute proche – commencé cela fait dix ans ces jours-ci ! –, les défis interpellent toujours davantage l’ensemble de la famille humaine. Ceux-ci requièrent une coopération à l’échelle mondiale dans le but d’affronter également les inégalités économiques et les tensions régionales qui menacent la stabilité de ces terres. Je remercie les Etats et les Organisations internationales qui œuvrent en Irak pour la reconstruction et pour procurer assistance aux réfugiés, aux déplacés internes et à ceux qui ont du mal à retourner chez eux, en rendant disponibles dans le pays nourriture, eau, logements, services sanitaires et hygiéniques, comme aussi des programmes en faveur de la réconciliation et de l’édification de la paix. Et là, je ne peux pas ne pas rappeler les nombreuses agences, dont plusieurs catholiques, qui assistent avec grand dévouement depuis des années les populations civiles. Venir à la rencontre des besoins essentiels de tant de frères et sœurs est un acte de charité et de justice, et contribue à une paix durable. Je souhaite que les nations ne retirent pas du peuple irakien la main tendue de l’amitié et de l’engagement constructif, mais qu’elles continuent à œuvrer en esprit de commune responsabilité avec les Autorités locales, sans imposer des intérêts politiques ou idéologiques.

La religion, de par sa nature, doit être au service de la paix et de la fraternité. Le nom de Dieu ne peut pas être utilisé pour « justifier des actes d’homicide, d’exil, de terrorisme et d’oppression » (Document sur la fraternité humaine, Abu Dhabi, 4 février 2019). Au contraire, Dieu, qui a créé les êtres humains égaux en dignité et en droit, nous appelle à répandre amour, bienveillance, concorde. En Irak aussi l’Eglise catholique désire être amie de tous et, par le dialogue, collaborer de façon constructive avec les autres religions, à la cause de la paix. La présence très ancienne des chrétiens sur cette terre et leur contribution à la vie du pays constituent un riche héritage qui veut pouvoir se poursuivre au service de tous. Leur participation à la vie publique, en tant que citoyens jouissant pleinement de droits, de liberté et de responsabilité, témoignera qu’un sain pluralisme religieux, ethnique et culturel peut contribuer à la prospérité et à l’harmonie du pays.

Chers amis, je désire exprimer encore une fois ma sincère gratitude pour tout ce que vous avez fait et continuez de faire afin d’édifier une société empreinte d’unité fraternelle, de solidarité et de concorde. Le service du bien commun qui est le vôtre est une œuvre noble. Je demande au Tout-Puissant de vous soutenir dans vos responsabilités et de vous guider tous sur la voie de la sagesse, de la justice et de la vérité. Sur chacun de vous, sur vos familles et sur les personnes qui vous sont chères, et sur tout le peuple irakien, j’invoque l’abondance des bénédictions divines.

Merci.