[…] Notre époque est caractérisée par de grandes problématiques et interrogations
à l’échelle mondiale. Il nous arrive de traverser un temps où émergent de nouveau
de manière épidémique, dans nos sociétés, la polarisation et l’exclusion comme
l’unique façon possible de résoudre les conflits. Nous voyons, par exemple,
comment rapidement celui qui est à côté de nous non seulement possède le statut
d’inconnu ou d’immigré ou de réfugié, mais [encore] devient une menace, acquiert
le statut d’ennemi. Ennemi parce qu’il vient d’un pays lointain ou parce qu’il a
d’autres coutumes. Ennemi par la couleur de sa peau, par sa langue ou par sa
condition sociale, ennemi parce qu’il pense différemment et aussi parce qu’il a une
autre foi. Ennemi par… Et, sans que nous ne nous en rendions compte, cette
logique s’installe dans notre manière de vivre, d’agir et de procéder. Donc, tout et
tous commencent à avoir une saveur d’inimitié. Peu à peu, les différences sont
transformées en symptômes d’hostilité, de menace et de violence. Que de blessures
s’élargissent à cause de cette épidémie d’inimitié et de violence, qui s’imprime dans
la chair de beaucoup de sans-voix, parce que leur cri s’est affaibli et est réduit au
silence à cause de cette pathologie de l’indifférence! Que de situations de précarité
et de souffrance sont semées à travers cette prolifération de l’inimitié entre les
peuples, entre nous! Oui, entre nous, dans nos communautés, dans nos
presbytères, dans nos réunions. Le virus de la polarisation et de l’inimitié imprègne
nos façons de penser, de sentir et d’agir. Nous ne sommes pas immunisés contre
cela et nous devons être attentifs afin que cette attitude n’occupe pas notre cœur,
car cela serait contre la richesse et l’universalité de l’Église que nous pouvons
toucher de la main dans ce Collège Cardinalice. Nous provenons de pays lointains,
nous avons des coutumes, des couleurs de peau, des langues et des conditions
sociales différents; nous pensons de manières différentes et nous célébrons aussi la
foi par des rites différents. Et rien de tout cela ne nous rend ennemis, au contraire,
c’est l’une de nos plus grandes richesses. […]